Nous travaillons pour réunir, non pour diviser. La rencontre du Frère Dominique Freymond, President du Groupe de Recherche Alpina avec les Frères de la R:.L:. Phoenix est exemplaire du vrai dialogue entre hommes libres, franc, respectueux et vraiment fraternel.
Réd.
Voir aussi notre propre recension du Guide Suisse du Franc-Maçon, Tome I - Groupe de Recherche Alpina, 2017
Loge Phoenix à l’Orient de Clarens – GOS
« Dialogue inter-obédientiel »
Une Planche de Dominique Alain Freymond
1. Introduction et clarification
1.1. Pourquoi suis-je ce soir dans votre loge ?
Je vous remercie de m’avoir invité à m’exprimer dans votre loge et de votre accueil. En guise d’introduction, permettez-moi de vous rappeler les circonstances qui m’ont amenés à être parmi vous ce soir.
Le Groupe de Recherche Alpina que j’ai l’honneur de présider a organisé un colloque du tricentenaire à Genève le 21 octobre 2017 qui rencontra un grand succès avec plus de 110 participants, dont des représentants de différentes obédiences, GOS compris, et des profanes. Après quelques péripéties paraissait le 20 octobre, une interview rédigée par Philippe Le Bé dans le supplément du samedi du journal de Le Temps. Vous avez aussitôt réagi sur votre page Facebook avec le commentaire suivant :
"Enfin un article sur les francs-maçons dans Le Temps par un journaliste avisé Philippe Le. Dommage, comme très souvent dans pareil cas, qu'il soit resté à la surface du sujet. Il aurait dû demander à Dominique Alain Freymond Grande Loge suisse Alpina pourquoi son obédience n'appliquait pas les principes de la Franc Maçonnerie, notamment la fraternité universelle. Tout le monde sait que toutes les autres obédiences sont "hérétiques" et qu'il est fortement déconseillé aux frères de la GLSA de visiter les loges hors GLSA. Et quand des visiteurs "hérétiques" visitent une loge de la GLSA, interdiction leur est faite de prendre la parole, signer le registre des présents, adresser les salutations et siéger à l'orient pour les dignitaires.
La réciproque est aussi vraie pour les frères de la GLSA visitant des loges "impies". C'est risible, et pathétique et affligeant en réalité. Le journaliste aurait aussi dû se poser la question sur le "guide suisse du franc maçon". Il donne une vision qui est celle de la toute puissante Grande Loge suisse Alpina. Un vrai de travail de journalisme aurait consisté à partir du corpus des valeurs de la franc maçonnerie (les constitutions d'Anderson) et de les confronter à la pratique par une obédience comme la GLSA. Pour notre part, nous restons à disposition de Philippe Le Bé pour lui montrer ce qu'est la maçonnerie de terrain, engagée dans son tissu social et surtout en cohérence avec les principes pour lesquelles elle s'est engagée, qu'elle promeut et applique. Nous accueillons depuis plus de 40 ans maintenant les sœurs et les frères de toute obédience et avons été la toute première loge en Suisse à accueillir les sœurs en visite."
Touché par ces critiques, j’ai décidé de réagir en envoyant un email à votre loge. J’y écrivais que "Je n’aime pas beaucoup les échanges par email et préfère de loin les rencontres. Je vous propose donc, si vous le souhaitez, de venir vous rendre visite à Clarens afin de discuter de vos remarques et critiques, vous présenter nos travaux et le Guide suisse. D’autre part, vous êtes les bienvenus à nos prochaines conférences qui sont annoncées sur notre site Internet."
Quelques semaines plus tard, le rendez-vous était pris et me voici, ainsi devant vous, pour comprendre votre réaction, vos attentes et critiques et pour tenter d’y répondre au mieux de mes connaissances.
1.2. Le Groupe de recherche Alpina
Le GRA, fondé à Berne le 28 septembre 1985, est constitué sous forme d’association à but non lucratif. Il a pour but de réunir des Maîtres Francs-maçons ayant intérêt à la recherche dans les domaines du symbolisme, des rituels, de la philosophie, de l’histoire, de la littérature et de l’art en Franc-maçonnerie. Dans ces domaines, le GRA effectue des études et recherches, organise deux conférences par an et publie une revue semestrielle, MASONICA, contenant notamment les résultats de ses travaux et des articles de ses membres. Nous organisons aussi parfois des colloques et des manifestations comme la prochaine projection publique du film « Terra Masonica ou le tour du monde en 80 loges », le 19 mai à Genève.
Le GRA a pour devise : « Rechercher, partager et publier avec curiosité, ouverture et qualité ». En 2002, le GRA a été officiellement reconnu par la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) en tant que Groupe de recherche maçonnique suisse. Il est jumelé avec Quatuor Coronati de Bayreuth depuis 1992 et membre associé de l’Australian & New Zealand Masonic Research Council depuis 2004.
Nous sommes 23 membres actifs et plus de 400 membres correspondants, principalement en Suisse, France et Allemagne.
Sachez toutefois que je vais m’exprime ce soir à titre personnel et non en tant que président du Groupe de Recherches Alpina, et encore moins au nom de la GLSA, au sein de laquelle je n’ai aucune fonction officielle.
2. Niveau « politique » - Les obédiences et la régularité - Les relations formelles
Avant d’aborder la question de la fraternité universelle, permettez-moi de faire un rappel historique sur la question de la régularité et de la reconnaissance maçonnique
2.1. La Régularité maçonnique
La Régularité Maçonnique consiste dans le respect des principes fondamentaux de la Franc- Maçonnerie, principes hérités des «Anciens Devoirs» de 1723 et des «landmarks» mais surtout du conflit qui divisa la Franc-Maçonnerie anglaise entre la Grande Loge d’Angleterre, dite des
«Moderns», fondée en 1717, et la Grande Loge des Anciens, fondée en 1751 par Laurence Dermott qui élabora une nouvelle Constitution appelée Ahiman Rezon, s’inspirant de la Maçonnerie d’York datant selon lui de 926…
En 1755, surgit donc une rivalité accrue quant à la question de savoir ce qu’était vraiment la Franc- Maçonnerie régulière. La question était plutôt religieuse que rituelle ou sociale : les Modernes étaient plutôt des aristocrates élitistes d’inspiration anglicane, souvent déiste ou agnostique et les Anciens, adhérant à une vision importée d’Irlande sur les très anciens et immuables corps de métier d’inspiration gallicane, théiste et nationaliste.[1].
Ces tensions durèrent jusqu’à la signature, en 1813, de l’ « Act of Union », réunissant 647 loges dans la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA). Un compromis entre le déisme des Modernes et l’exigence du christianisme des Anciens fut trouvé avec l’exigence de la croyance en un Dieu révélé. De cette question surgit notamment le problème de la régularité.
Les structures de l'Ordre maçonnique étant purement nationales, il n’existe pas d’organisation centrale mondiale ayant autorité pour définir ce qu’est la régularité maçonnique. Cette compétence est exclusivement réservée aux Obédiences nationales. Bien qu’en règle générale tous les Francs- Maçons du monde tiennent le même langage, la conception de la Franc-Maçonnerie régulière laisse apparaître quelques différences de pays à pays. Cela s’explique par le fait que chaque Grande Loge est le reflet d’influences culturelles et historiques aussi bien que de la mentalité ambiante et les traditions locales.
Dans les pays latins, l’on observe différentes conceptions de la Franc-Maçonnerie, certaines GL mettant l’accent sur la laïcité. Cette caractéristique est à mettre en rapport avec l’histoire de ces Obédiences, marquée dans le passé par de nettes tendances anticléricales, provoquées en son temps par les diffamations de Rome, mais aussi par l’engagement conservateur de l’Église catholique dans la vie politique. Une toute autre conception règne dans les pays anglo-saxons où la Franc- Maçonnerie est traditionnellement un soutien de l’État (et où celui-ci contrôle de loin ou de près l’Église protestante ou anglicane), ou encore en Scandinavie et dans plusieurs Grandes Loges d’Allemagne, qui sont encore d’orientation chrétienne.
Raison pour laquelle chaque Grande Loge fixe souverainement ses propres règles de régularité. Ces règles prennent souvent la forme d’une liste de «landmarks» posant les limites au-delà desquelles la pratique maçonnique perdrait son identité et serait considérée comme déviante et inauthentique. En 1929, la GLUA a remplacé le terme «landmark» par celui de «principes fondamentaux».
2.2. La Régularité définie par la GLUA
Soixante ans plus tard, en 1989, la GLUA publia une mise à jour de ses principes fondamentaux en subdivisant les critères de régularité en quatre groupes:
• Régularité de son origine : Une Grande Loge doit avoir été fondée par une autre Grande Loge régulière ou par au moins trois Loges régulièrement constituées.
• Régularité des travaux rituels : Une Grande Loge doit ouvrir ses travaux à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, avec l’exposition des trois Grandes Lumières et l’obligation doit être prêtée sur le Volume de la Loi Sacrée. Par ailleurs, les débats politiques ou les controverses religieuses ne sont pas autorisés en Loge ouverte.
• Régularité de ses membres : Une Grande Loge doit être exclusivement composée d’hommes. Ceux-ci doivent être libres et de bonnes mœurs.
• Régularité de Souveraineté : Il ne peut en principe y avoir qu’une seule Grande Loge par pays.
Au terme de la règle n° 4, il ne devrait exister qu’une seule Obédience pour un même pays, mais l’exception confirme la règle. En 1994, la GLUA accepta de reconnaître plusieurs Grandes Loges sur un même territoire national, si celles-ci sont d’accord de partager leur territoire et à la stricte condition que leur autorité sur la Maçonnerie bleue de leur juridiction ne soit pas partagée.
Retenons les États-Unis d’Amérique, où quasi chaque État a son Obédience et où, parallèlement, la Grande Loge de Prince Hall est établie partout. En Allemagne, il existe cinq Obédiences, réunies en une Confédération de Grandes Loges, à savoir les « Grandes Loges Unies d’Allemagne ». Dans quelques pays d’Amérique latine, mais aussi en Australie et en Afrique du Sud, la GLUA reconnaît plusieurs GL.
2.3. La Régularité définie par la GLSA
La Suisse, avec la diversité de ses cultures, est en constante recherche de solutions en vue de concilier différentes conceptions de la Franc-Maçonnerie. C’est une chance et aussi une force qui l’oblige fréquemment à trouver des solutions de compromis justifiables et applicables de part et d’autre. Cet esprit unique se reflète clairement à l’art. IV des Principes maçonniques généraux de la GLSA où la régularité est définie comme suit :
« L’Alliance maçonnique travaille à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Elle affirme la liberté de conscience, de croyance et de pensée et repousse toute entrave à ces libertés. Elle respecte toutes les convictions sincères et réprouve toute opposition à la liberté de pensée. Conformément aux anciens usages, le Livre de la Loi Sacrée, l’Équerre et le Compas, les Trois Grandes Lumières de la Maçonnerie, figurent comme symbole sur l’autel lors de tous les travaux rituels.»
2.4. La reconnaissance maçonnique
En matière maçonnique, la reconnaissance est un acte bilatéral formel entre deux entités souveraines. Elle n’est pas un droit, mais un privilège. Elle marque l’ouverture de relations amicales et fraternelles entre deux Obédiences et signifie que les deux Grandes Loges se considèrent mutuellement comme régulières. Elle implique en outre le droit de visite réciproque, lié aussi à l’échange éventuel de garants d’amitiés.
En revanche, les Grandes Loges régulières ne peuvent « reconnaître» et entretenir des relations avec des Grandes Loges en désaccord avec les principes maçonniques définis dans les Anciens Devoirs et les principes fondamentaux de 1989 promulgués par la GLUA.
2.5. Le Grand Orient de Suisse
En 1951 deux loges de la GLSA : la loge «Évolution» et la loge «Anderson» à Lausanne, rejointes par une troisième loge de Zurich, « À l'étoile flamboyante » avaient décidé de l’ouverture auprès du Grand Orient de France, auprès de la Ligue Universelle des Francs-maçons, auprès du Grand Orient de Belgique et envers tous les Francs-maçons « libres dans des loges libres » initiés « dans une Loge juste et parfaite ». Cette ouverture devait primer sur le principe de régularité requis par la Grande Loge unie d'Angleterre. Les loges mentionnées fondent alors, le 24 juin 1959 une «puissance maçonnique symbolique libre, libérale, adogmatique et souveraine», qui prend le nom de Grand Orient de Suisse (GOS) et promeut la liberté absolue de conscience, le libre-examen et l’esprit critique.
Ainsi, d’un point de vue strictement formel, sur la base des choix fait par le GOS et des principes fondamentaux de la GLUA, la GLSA ne peut reconnaître l’existence du Grand Orient de Suisse et entretenir avec lui des relations régulières officielles. Comme vous l’indiquez dans votre message, vous ne pouvez pas formellement prendre la parole, signer le registre des présents, adresser les salutations de votre atelier ni siéger à l'orient pour les dignitaires. Nous sommes sur le terrain officiel, politique avec des règles connues de tous, ainsi que leurs conséquences.
A titre personnel, la non-reconnaissance est liée à la notion unilatérale de régularité définie par la GLUA et n’implique pas un jugement de valeur quant aux valeurs fondamentales et à la qualité des travaux maçonniques des autres obédiences.
Le Tome I du Guide Suisse du Franc-Maçon, est consacré à l’histoire de la Grande Loge Suisse Alpina et de ses 83 loges. Le Tome II qui va paraître en septembre, sera lui consacré aux autres obédiences et aux 67 loges maçonniques en Suisse, dont celles du GOS. Nous présenterons aussi la maçonnerie dans le monde, les mouvements paramaçonniques ainsi que les relations de la FM avec les Eglises et les arts.
3. Niveau « fraternel » - Les plateformes d’échanges - Les relations informelles
Les opportunités de rencontres entre francs-maçons, frères ou sœurs, sont très nombreuses et permettent ainsi des échanges de qualité entre différentes obédiences, mais aussi d’une manière plus large simplement entre initiés.
Le GOS est le co-fondateur, en 1961, du Centre de Liaison et d'Information des Puissances maçonniques Signataires de l'Appel de Strasbourg (CLIPSAS) qui réunit aujourd’hui 104 obédiences à travers le monde. Il est également membre fondateur de l’Alliance Maçonnique Européenne (AME) qui a pour but la diffusion et la promotion auprès des institutions européennes des valeurs et principes dont la Franc-Maçonnerie est l'héritière vigilante, en particulier la liberté de conscience comme droit inaliénable, et les idéaux de démocratie, de fraternité et de dignité humaine.
En Suisse, il fait part du Groupe de Reconnaissance « Franc-Maçonnerie Libérale de Suisse » (FMLS) qui regroupe à ce jour le Grand Orient de Suisse, la Fédération Suisse du Droit Humain et la Grande Loge Féminine de Suisse.
En 1903 se créait le Bureau International des Relations Maçonniques, destiné à rapprocher les obédiences. Deux ans plus tard, en 1905, se tenait un Congrès mondial espérantiste à Boulogne- sur-Mer au cours duquel la majorité des participants se reconnurent comme Francs-Maçons. Ils décidèrent de nommer leur mouvement Esperanto Masona. Ce Congrès mondial de 1906 à Genève était présidé par John Pollen, colonel de l’armée anglaise et gouverneur en Inde. Au cours du Congrès de Berne en 1913, le F Fritz Uhlmann de la GLSA fit voter une motion aux termes de laquelle Esperanto Masona devenait la Universala Framasona Ligo (U.F.L.) ou en français Ligue Universelle de Francs-Maçons (L.U.F.). Le but passait de la propagation de l’esperanto à la réalisation d’une chaîne d’union par le rassemblement, à titre individuel et sans distinction d’Obédience ou de Rite, de tous les Frères disséminés par le monde. Les principes de fonctionnement de la LUF sont : Fraternité, Tolérance, Universalité et refus de toute ingérence dans les affaires obédientielles. Les débats bannissent également toute discussion à caractère religieux ou politique.
Dialogue & Démocratie française est une O.N.G. française essentiellement constituée de Francs- Maçons, FF et SS, de toutes obédiences et de tous grades ; ce n’est ni une obédience ni une fraternelle. Ses membres se réunissent dans le monde profane. C’est une sorte de carrefour fraternel entre toutes les obédiences françaises. Elle est aussi ouverte à des profanes humanistes côtoyant sans à priori des Francs-Maçons dans le cadre de leur engagement dans la cité. D&DF déclare respecter l'indépendance et la diversité des institutions maçonniques dans la tradition éclectique dont elles sont les héritières. Sa devise est : Il y a plus de lumière et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul.
Dans le préambule de sa charte, D&DF précise : L'esprit d'ouverture et de tolérance réciproque que Dialogue et démocratie française veut contribuer à promouvoir, entre ses membres, mais aussi envers tous les hommes, nos Frères et Sœurs en humanité, ignore leurs croyances, leurs philosophies, leurs religions, leurs origines sociales et leurs engagements politiques éventuels.
Dialogue & Démocratie Suisse (D&DS), est une ONG, avec un statut consultatif à l'ECOSOC [2], ONU (New York, Genève) depuis 2012. Elle est une association à but non lucratif et neutre sur les plans politique, philosophique et religieux. À ce jour, existent la section centrale à Genève et la section vaudoise à Lausanne.
Il existe aussi de nombreuses fraternelles, dont, en France, la C.I.O. : Commission inter- obédientielle chargée des relations avec les fraternelles et la F.C.E.F. : Fédération du Cercle Européen des Fraternelles, chargée des relations avec celles-ci et indépendantes des obédiences.
Parmi les fraternelles, on remarque le G.I.T.E. (Groupement International de Tourisme et d'Entraide). Il publie annuellement un annuaire donnant la nomenclature de tous ses membres, parmi lesquels on remarquera nombre de restaurateurs et d’hôteliers. Le G.I.T.E. est très discret. Ses membres sont invités à coller un macaron sur la vitre de leur voiture pour manifester discrètement leur appartenance. Ses membres sont au nombre d’environ 2.000 répartis dans une cinquantaine de pays.
Les clubs 50 ont pour vocation de réunir des frères Maitres Maçons en dehors des tenues pour des échanges amicaux et fraternels et d’organiser des conférences. Elle rassemble aujourd’hui quelques deux mille frères répartis dans une quarantaine de clubs en France et à l’étranger, dont un à Genève.
Pour terminer, je mentionnerai la Confrérie des Chevalier du Malt et de la Musique qui revendique en effet ne vouloir réunir ses membres qu’autour d’une passion commune et chercher à combler leurs rêves d’épicurisme. On notera au passage le clin d’œil à la tradition chevaleresque authentique (Chevaliers de Malte ?). Son objet déclaré est la promotion du whisky et de la musique. Elle admet les hommes comme les femmes dès lors qu’ils sont Maîtres Francs-Maçons. Son succès est indéniable si l’on juge de la qualité de ses partenaires : Fédération française du Droit Humain : Grande Loge de France, Grand Orient de France, Grande Loge Nationale française, Grande Loge Féminine de France, Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm, Loge Nationale française, Grande Loge Mixte de France, Grande Loge Mixte Universelle. Elle se réunit une fois par mois dans des lieux variés où peuvent être proposés simultanément des dégustations et des concerts de musique classique ou de jazz. De fréquents voyages en commun sont organisés… les plus souvent en Écosse !
Il existe ainsi de nombreuses opportunités de se rencontrer entre francs-maçons au-delà du travail en Loge. La plupart de ces émanations maçonniques sont indépendantes et n’ont aucun lien avec les obédiences.
Vous pouvez aussi rejoindre la Loge de recherche Sub Rosa qui travaille au garde de Maître à la rue de la Scie et qui publie d’excellents travaux de recherche.
4. Niveau « humain » - La rencontre cœur-à-cœur au-delà des différences – Les relations spirituelles
Au-delà des rencontres en ateliers ou dans les nombreuses fraternelles ou autres associations maçonniques, il reste, et c’est ce qui m’importe le plus, la relation cœur-à-cœur. La fraternité universelle existe bien à ce niveau et cela correspond à mon expérience personnelle depuis plus de 30 ans.
J’ai été initié à la Grande Loge de France, accueilli dans une Loge à Paris où je ne connaissais personne et où j’ai ressenti, lors de mon initiation, la puissance de la fraternité. Déplacé pour des raisons professionnelles à Zurich, je suis arrivé dans une loge régulière de l’Alpina. Malgré mon
« origine irrégulière », j’ai été accepté comme visiteur, puis affilié à la Loge après rectification afin que les aspects formels soient réglés. Cela ne m’a jamais empêché de garder le lien avec ma Loge mère.
Le 5 avril 1999, juste après la chute du mur de Berlin et la fin du communisme, je me suis retrouvé à Prague avec notre frère MD :. et de nombreux frères de la Loge « Evolution » du GOS. Grâce à ses relations et avec l’appui de son épouse tchèque, J-P MD avait organisé ce voyage pour allumer les feux d’une loge. Nous avons réussi à monter le temple dans une salle louée dans un hôtel et reçu dignement nos frères tchèques le samedi après-midi. Nous leurs avons remis officiellement les rituels traduits dans leur langue. Le soir, nous avons assisté à « La flûte enchantée » à l’opéra. Et le lendemain, nous avons été reçus officiellement par la Grande Loge Komenius. Quel moment fort que de rencontrer des frères, au-delà de questions obédientielles, dont certains avaient été initiés à la fin de la deuxième guerre mondiale, mais avaient dû se mettre en sommeil pendant trois décennies sous le régime communiste.
Je suis un homme libre et de bonnes mœurs et j’ai décidé de vivre ma vie maçonnique en toute liberté mais en acceptant les différentes approches et les règles du jeu propre à chacun. Au-delà de la simple politesse, c’est une question de respect des valeurs des autres comme des miennes et de tolérance.
C’est aussi un choix. Certains estiment que la franc-maçonnerie doit se battre sur les plans sociétaux, voire politiques. Je considère que la franc-maçonnerie est un outil extraordinaire de travail sur soi qui n’est jamais terminé. Puis, comme citoyen, je dois utiliser mon travail intérieur et mes valeurs maçonniques, pour agir au sein de la société mais à titre individuel. Ce sont les raisons de mon engagement politique depuis l’âge de 17 ans, de mes activités d’enseignement des bonnes pratiques de gouvernance depuis 2010 et de ma manière de travailler comme consultant ou administrateur indépendant.
Je laisse bien volontiers les engagements dans la politique maçonnique aux membres des grands collègues et aux frères et sœurs qui ont fait le choix de se dévouer à la franc-maçonnerie d’une manière différente. Je préfère mon engagement dans la recherche au sein du GRA.
En conclusion, je vous encourage à venir le 19 mai au Grütli à Genève pour la projection publique du film TERRA MASONICA en présence de son réalisateur, Tristan Bourlard, un frère belge.
Au lieu de rencontrer les hauts dignitaires de la FM dans le monde, il est allé à la rencontre des simples membres d’ateliers en Angleterre, aux Etats-Unis ou en Europe mais aussi à l’extrémité du Chili comme de la Norvège ou en Inde. Un film émouvant qui montre l’universalité des valeurs maçonniques, le partage des valeurs communes et surtout l’impact du travail intérieur créé par le rituel et qui nous fait avancer chaque jour dans le connais-toi toi-même et peut-être devenir un petit peu meilleur.
Je vous remercie de votre attention.
J’ai dit, Vénérable Maître,
Dominique Alain Freymond,
Clarens, le 2 mai 2018
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Notes:
[1] Le gallicanisme est une doctrine religieuse et politique française qui cherche à organiser l'Église catholique de façon autonome par rapport au pape. Elle réduit l'intervention du pape au seul pouvoir spirituel, et ne lui reconnaît pas de rôle dans le domaine temporel.
[2] Le Conseil économique et social, ou ECOSOC, est un des six organes principaux de l'ONU, créé d'après le chapitre X de la Charte des Nations unies. Il est placé sous l'égide de l'Assemblée générale des Nations unies et a un rôle consultatif concernant les questions de coopération économique et sociale internationale
De fréquents voyages en commun sont organisés… les plus souvent en Écosse !