Il me semble utile, pour la compréhension du texte qui va suivre, de le replacer dans son contexte maçonnique, à savoir un sujet proposé auquel s’atteler. En effet, tenter une définition de la beauté me paraît au mieux anachronique, au pire inutile. Par loyauté envers mon Atelier j’ai mis toute la sincérité possible à tracer les évolutions et ruptures de cette notion antique dont je me passe très bien, la vérité et l’intensité de mes rencontres avec l’Art m’important infiniment plus qu’un quelconque et désuet canon esthétique.
La première question à laquelle s’atteler est : le Beau s’explique-t-il ? La suite, sa place dans l’expression artistique, se déroulera naturellement si ma tentative de définition du Beau est assez vaste et pertinente afin de pouvoir la confronter à la diversité infinie des aspects de l’expression artistique et de l’Art en général, le terme expression artistique s’appliquant essentiellement, à mes yeux, à l’enseignement de cette matière. On peut structurer ce qui précède en trois chapitres… plus un :
- Le Beau, qu’est-ce que c’est ? Tentative d’approche d’une définition.
- Le Beau et l’Art : dogmes et ruptures.
- Le Beau et l’enseignement des arts visuels.
- La Beauté et la Franc-Maçonnerie.
Il m’apparaît assez rapidement que si ce terme – le Beau – prend tout son sens lorsque l’on évoque la Grèce antique et la Renaissance ou lorsque, associé à la Beauté, on l’invoque à l’ouverture des certains rituels maçonniques avec la Force et la Sagesse, en revanche il a disparu depuis très longtemps de notre langage courant, le confinant souvent à une locution contextualisée – « C’est beau » - le relativisme ayant naturellement investi aussi le domaine de l’esthétique : les goûts et les couleurs… - « Pour le crapaud la crapaude est belle. » (Voltaire) - et rejoint la subjectivité de nos sentiments concernant nos jugements sur l’esthétique, la nature nous offrant cependant la possibilité d’accéder au Beau sans principe d’utilité : le Beau est recherché pour lui-même. (Kant)
Avant de désigner subjectivement ce qui pour moi est beau ce sujet m’amène à réfléchir à ce qui me - nous ?- fait le ressentir.
- Le Beau, qu’est-ce que c’est ? Tentative d’approche d’une définition.
- Le Beau et l’Art : dogmes et ruptures.
- Le Beau et l’enseignement des arts visuels.
- La Beauté et la Franc-Maçonnerie.
Avant de désigner subjectivement ce qui pour moi est beau ce sujet m’amène à réfléchir à ce qui me - nous ?- fait le ressentir.
Précision : m’étant imposé pour ce travail de me forger ma propre pensée sur la question de la Beauté avant de lire sur le sujet soit des ouvrages profanes soit maçonniques c'est avec un certain étonnement accompagné d'émotion que je vois mes réflexions se mettre, par la suite , en parallèle avec des écrits de référence ; ainsi je déclare en toute immodestie que c’est après avoir écrit le chapitre ci-dessous que curieux de ce qu’en disent les philosophes grecs je lis que « pour Platon, c'est par l'amour (Eros) que l'on désire et découvre des choses de plus en plus belles ».
Le Beau, qu’est-ce que c’est ? Tentative d’approche d’une définition.
Une hypothèse : La Beauté suscite l’Amour.
Le Beau n’est-il pas associé à ce qui est rare ?
L’or, inaltérable, rare, précieux, transformable, reste à travers le temps et les cultures lié à l’orfèvrerie de la fin de la préhistoire à nos jours, de l’Egypte antique à l’Occident, et bien sûr à la quête alchimiste.
Contre-exemple : les Amérindiens dont l’artisanat n’incluait pas la métallurgie… La fascination qu’il opère sur nous résiste à toute tentative de relativiser sa préciosité, c’est donc un bon sujet pour commencer à réfléchir sur le plus grand dénominateur commun d’une définition de la beauté avant de continuer de manière plus immatérielle. La limite de cet exemple est que l’or provoque la convoitise… et la beauté est sans doute insaisissable !
De mon intuition première je glane ensuite, au gré de lectures, quelques confirmations consistantes :
« Or le mot grec kallos signifie en latin beauté. La beauté est donc cette grâce elle-même de la vertu, de la figure ou de la voix qui appelle et attire l’âme vers elle - ad se vocat et rapit » Marsile Ficin (Italie, 1433-1499) commentaire sur Le banquet de Platon, La beauté du monde, Jean Starobinsky
Et me revient en mémoire cette phrase, anonyme : La beauté sauvera le monde. De qui est-ce ? Quel est son sens ? De quelle beauté s’agit-il ? Dostoïevski (1821-1881), l’Idiot, 1868.
- L’amour n’est pas uniquement déclenché par la beauté
- La beauté n’est pas seule source d’amour.
- La beauté peut être fugitive et fluctuante.
- Cette phrase du Tao Te King (Lao Tseu) :
Tout le monde tient le beau pour le beau, c’est en cela que réside sa laideur
Tout le monde tient le bien pour le bien, c’est en cela que réside son mal.
n’anticipe-t-elle pas ce que des siècles plus tard on appellera chez nous le kitsch, le bling-bling ? Pour moi le kitsch c’est de la beauté sans la rareté, l’imitation sans la surprise.
- La Beauté vient d’une prise de risque, un instant suspendu dans le temps, une tension. Il est surgissement d’un instant avant de décliner.
- Le Beau sublime le contexte culturel, social, anthropologique, le dépasse, pour autant qu’il en émerge. La connaissance permet de l’apprécier..
- Le Beau s’extirpe de la mémoire, mais se nourrit d’elle. La connaissance permet d’apprécier la beauté et de la ressentir.
- « L’amour est d’autant plus ardent que la connaissance est plus parfaite » Léonard de Vinci. (Dialogue avec le visible, René Huygues)
Si je peux me permettre, pour paraphraser Platon, la Beauté serait ce que l’on découvre lorsqu’on sort de la caverne de nos ombres, elle nous dépasse toujours.
...Imiter le Chinois au cœur limpide et fin
De qui l’extase pure est de peindre la fin,
Sur ses tasses de neige à la lune ravie,
D’une bizarre fleur qui parfume sa vie,
Transparente, la fleur qu’il a sentie, enfant,
Au filigrane bleu de l’âme se greffant.
Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,
Serein, je vais choisir un jeune paysage
Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.
Une ligne d’azur mince et pâle serait
Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue ;
Un clair croissant perdu par une blanche nue
Trempe sa corne calme en la glace des eaux,
Non loin de trois grands cils d’émeraude, roseaux.
Stéphane Mallarmé, Las de l’amer.
…et Saint-Exupéry :
« La perfection est atteinte quand on ne peut rien ajouter ni rien retirer »
« L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec … »
Le Beau et l’Art : dogmes et rupture
Avant le XXème siècle, la Beauté est depuis la Renaissance, rattachée à l’Antiquité, la Grèce et ses canons esthétiques liés à l’harmonie et l’équilibre, à la philosophie : le Beau est aussi le Vrai, le Bien. C’est l’origine de notre culture.
L’art a été, et est peut être …
encore trop souvent ramené à sa ressemblance avec le réel :
pendant des siècles, en Occident, on a mesuré la valeur de l’art d’un peintre à sa capacité à maîtriser la ressemblance avec la nature.
Dans d’autres grandes cultures comme celles de la Chine ou de l’Inde, la ressemblance est un critère secondaire, voire tertiaire: « Les Anciens ont dit que le poème est une peinture sans forme et la peinture un poème avec la forme » Sie Ho, Vème siècle. .
Les Six canons de la peinture hindoue invitent « l’art à révéler l’esprit car les seules images qui soient excellentes sont celles qui possèdent cette puissance de suggestion ».
Si, en Orient on a depuis longtemps pris conscience de la mission et des pouvoirs évocateurs de l’art, on s’entêtait en Occident dans une obsédante et stérile recherche de réalisme (R.Huygues) surtout dans le nord de l’Europe à partir de la Réforme dont la doctrine évacue des lieux cultuels les représentations religieuses. Les peintres se tournent ainsi vers des tableaux de genres …
Cet académisme perdure jusqu’à la fin du XIXème, traitant de sujets de plus en plus anecdotiques et souvent historiques, alors que le monde change et va subir la profonde transformation que nous savons. Edouard Manet (1832-1883), crée une première rupture avec l’art officiel en peignant le Déjeuner sur l’herbe (1863).
Cette toile met en scène une jeune femme nue assise dans un sous-bois où deux hommes habillés sont également assis. La technique de peinture de Manet s’éloigne du critère d’imitation du réel : le pinceau laisse des traces, joue avec des effets de matière et de lumière, laisse une part au hasard…et autre défaut rédhibitoire: ce n’est pas une scène mythologique, seule référence par laquelle on peut mettre en scène la nudité. Les critiques se déchaînent et hurlent, Baudelaire soutient Manet...
Quand, en 1907, Picasso peint les Demoiselles d’Avignon il ne cherche pas à se conformer à des critères esthétiques ou plutôt il ne cherche plus car, ces critères, les ayant assimilés très jeune: «A quinze ans je peignais comme Velázquez… » - il écarte 23 encore plus grand les portes que ne cessent d’ouvrir les peintres depuis la fin du XIXème, poussés par l’industrialisation et ses conséquences sociale, les progrès de la science et la découverte de l’atome en particulier, les progrès de la photographie, la création des musées et des salons des Indépendants, l’engouement pour les arts premiers et les autres civilisations en réaction à la mécanisation de nos sociétés et aux angoisses et à la méfiance, au rejet, qu’elle commence déjà à provoquer .
Ainsi le Beau, au XXème siècle, est inséparable de la liberté et de la vérité ; sans ces deux-là il n’est qu’une coquille vide ne relevant que de l’esthétique, c’est-à-dire peu capable d’émouvoir et de transporter notre être intérieur. Liberté d’entreprendre, de créer, de rompre avec les verrous sociaux, culturels, spirituels, politiques… au nom de la vérité qui avance et qui est ressentie d’abord par une minorité d’artistes et de collectionneurs, puis va se répandre tout au long du siècle et continuer par-delà.
«Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre"
Quand Marcel Duchamp anticipe la fin de la peinture de chevalet « En arrachant un objet manufacturé à son contexte et en le plaçant dans un nouveau contexte inhabituel, Duchamp élève ces objets au rang d’œuvres d'art par le simple choix de l'artiste. Il marque ainsi une césure profonde avec toute la tradition artistique qui l'a précédé.» (Wikipedia) |
Pour ma part, à l’adolescence j’ai d’abord apprécié les Post-impressionistes puis découvert, grâce à Edwin Engelberts et l’exposition qu’il avait montée dans sa galerie en 1971, des dessins et estampes de Max Ernst. Révélation : : le Surréalisme oui, mais aussi le travail acharné, la curiosité des matériaux et l’audace, la liberté d’explorer des terres vierges, la revendication par rapport aux conventions sociales, l’exploration de l’inconscient freudien mais aussi la réappropriation de références culturelles du passé, la poésie. Tout cela était à portée de mains et je me mis en route.
Par la fréquentation assidue des musées, des galeries, des écrits sur l’art, du temps qui passe et des modes qui changent et par la pratique personnelle se développe l’intuition de l’éternel dans le transitoire (Baudelaire), de la grandeur et de la beauté d’œuvres qui persistent à nous émouvoir à travers le temps. Ainsi, dans les années 70, au MAH de Genève, je passais presqu’en courant devant les Calame, Diday, De la Rive et autres peintres du XIXème, représentants d’un paysagisme à la technique et au réalisme achevés qui ne correspondaient pas à mes… dogmes d’alors sur l’art…
Au terme de ce chapitre sur la place de la Beauté dans l’art, une question :
En quoi les Demoiselles d’Avignon de Picasso sont-elles porteuses de beauté ?
Et ma réponse :
Cette beauté n’est pas à rechercher dans une ressemblance qui nous rassurerait mais dans l’effort prométhéen de Picasso de faire table rase du passé à l’aube d’une nouvelle civilisation, en anticipant en quelque sorte par le geste peint les révolutions dans tous les domaines qui s’annoncent.
Ceci est valable peu ou prou et à quelque niveau que ce soit pour tous les artistes des XXème et XXIème siècles incités à continuer d’ouvrir encore et encore les portes ouvertes, et parfois refermées, par les peintres des avant-gardes.
N’ayant pas, en me servant de ma propre définition de la beauté, répondu de manière formelle à la question de sa place dans l’art voici un paragraphe que je pourrais formuler ainsi :
Si Beauté = Amour, quelle est la place de l’amour dans l’art ? Sans faire de longues recherches je peux dire que l’amour est partout dans l’Art ; que ce soit d’abord en Occident, l’amour chrétien, par la représentation des scènes bibliques dans tout notre art religieux.
Pensons à Rembrandt et ses sujets tirés des Testaments mais aussi ses innombrables eaux fortes de scènes de la vie quotidienne des gens du petit peuple et des mendiants, signifiant sa proximité avec eux et son amour de l’humanité loin du luxe des marchands hollandais dont il avait dans sa jeunesse fait les portraits et qui lui avaient assuré la notoriété.
Diplômés des Beaux-Arts (HEAD) ou des Arts appliqués, engagés en 1982 par le DIP, nous suivîmes une formation pédagogique de deux ans, constituée de stages et de mises en situation et de cours universitaires de psychologie piagétienne et de développement graphique de l’enfant. L’orientation de cette formation incombait à monsieur Luc Doret, méthodologue et inspecteur, dont l’évolution de son parcours pédagogique l’avait amené avec d’autres enseignants d’arts visuels à une remise en question de la manière dont, à Genève, on avait enseigné le dessin jusqu’alors. Les cours suivis à la Faculté de psychologie portaient donc sur le développement de l’intelligence (psychologie Piagetienne) et sur le développement graphique de l’enfant. Parmi les nombreux travaux de chercheurs en la matière, l’un se détachait particulièrement, celui du français Georges Luquet ( 1876-1965 ) philosophe, normalien élève de Bergson, ethnographe et pionnier de l'étude du dessin enfantin (Wikipedia), dont l’ouvrage majeur, Le dessin enfantin ( Delachaux & Niestlé ), décrit avec une rigueur ethnographique les phases par lesquelles se développe l’acte graphique humain de 3 à 10 ans. En exergue de la réédition de 1977 voici comment l’éditeur le présente:
« Le 4 novembre 1965 disparaissait, dans l’indifférence générale, l’un des hommes qui ont le plus contribué à mettre en valeur la profonde originalité de l’activité créatrice des enfants. Né en 1876, G.H. Luquet, Normalien, agrégé de philosophie, Docteur ès-Lettres et Diplômé de l’Ecole des Hautes-Études, enseignant dans plusieurs lycées de province, il fut mobilisé en 1914-1918. Outre des ouvrages de philosophie et d’histoire, il avait publié en 1913 une monographie de l’ensemble de la production de sa fille où, pour la première fois, le dessin enfantin était envisagé sous une forme vivante », puis en 1927 Le dessin enfantin : « Lorsqu’on pense qu’en ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, parents et éducateurs en sont encore le plus souvent à choisir ce qu’il y a de plus flatteur à leur sens parmi les documents d’une authenticité d’ailleurs généralement douteuse, on ne peut que s’incliner devant la lucidité et la modestie d’un homme, enseignant de formation, et qui avait donc toutes les chances à se laisser aller à porter des jugements de valeurs sur les productions d’un enfant. Or, ce qui frappe au contraire d’emblée à la lecture de ses ouvrages, c’est qu’il ne cherche pas à se forger une attitude, fût-ce celle de bienveillante compréhension, qui est souvent la conséquence d’un désir déçu de domination. On sent que pour Luquet, il va de soi que tout ce qui, dans l’acte graphique d’un enfant, échappe si peu que ce soit à la reproduction d’un modèle, est profondément respectable. » Jacques Depouilly, ancien conservateur des musées de Soissons.
Une seule fois en 35 ans d’enseignement et pendant une année s’est présenté dans une école un contexte pédagogique souhaité par les enseignantes me permettant de faire peindre des enfants de 4 à 8 ans sans aucun thème, le temps qu’ils voulaient mais pas plus d’une heure chacun pour laisser à d’autres l’opportunité de venir peindre, le nombre constant étant au maximum 12 enfants en même temps. Ce fut la plus pure expérience pédagogique de ma vie d’enseignant : loin de produire des « bouillies informes » je vis ces enfants mettre en œuvre avec la peinture leur insatiable curiosité à expérimenter les lignes , les couleurs et les matières , à inventer des sujets ou les échanger avec d’autres sans autres consignes de ma part que de rester assis, respecter les autres et leurs productions, respecter le matériel et les couleurs que je leur préparais souvent à la carte. Un très grand nombre de peintures furent produites et des styles de peinture aisément reconnaissables se distinguèrent sans qu’il soit besoin d’en lire le nom des auteurs ou d’en demander des explications, l’énergie joyeuse des enfants s’étalant là, sous nos yeux, sans autre thématiques que celles qui leur venaient spontanément à ce moment précis. Les travaux de G.H. Luquet ont indubitablement fait apprécier, d’un regard débarrassé des conventions adultes, le langage pictural enfantin et fait accéder tous ceux qui en ont la fraîcheur de cœur à une source mystérieuse de beauté vivante et communicante.
Qu’il fût Franc-Maçon je l’ai appris assez récemment en consultant Wikipédia pour une question de biographie qui m’intéressait, ce fut une grande joie !
Conclusion
Comme je l'ai écrit dans le premier chapitre je m’étais imposé pour ce travail de me forger ma propre pensée sur la question de la Beauté avant de lire quoi que ce soit. Qu’en est-il en Maçonnerie ?
La Beauté, troisième lumière maçonnique du REAA , ne m’est pas familière, le rite Français Groussier pratiqué à Mozart et Voltaire ne l’ayant pas intégré dans notre rituel. En revanche je sais, nous savons, quand une Tenue est belle ou non, nourrie à la fois de la sincérité de l’orateur et lors des prises de parole, de l’échange qui permet à tous de se sentir un peu hors du temps et en relation fraternelle les uns avec les autres « sans danger ». En cela ma définition « La Beauté c’est ce qui suscite l’amour » ne pourrait-elle pas ici être inversée : C’est l’amour qui induit la Beauté ?
Bien sûr tout cela est bien relatif, cette Beauté n’est pas absolue mais elle n’est pas banale non plus ; en fait, pour prendre une image, on pourrait même dire que le Rituel est l’écrin qui s’apprête à recevoir la Beauté
Il est temps de voir maintenant ce qu’en disent des auteurs maçonniques. Je ne suis pas déçu; J. Boucher, la Symbolique maçonnique, p.103, rappelle que les noms des trois Piliers, Force, Sagesse et Beauté, sont rattachés aux Sephiroth : « De l’Intelligence découlent deux autres Sephiroth, l’une mâle et active, la Grâce, l’autre femelle et passive , la Force, qui sont comme les bras de l’Adam Kadmon et qui se concentrent en une Sephira nouvelle, la Beauté localisée dans la poitrine ou le cœur, et réalisation de toutes choses…Cette disposition des Sephiroth présente aussi de troublantes analogies avec celle des Chakras hindous ».
Il semble que je sois sur la bonne voie…
Plus sobrement, notre S :. Irène Mainguy, La Symbolique maçonnique du troisième millénaire, p.176, rappelle ce qui est dit des Trois Piliers dans Le Recueil Précieux de la Maçonnerie Adonhiramite (1787) :
D - Quelles doivent être les qualités d’un Maître ?
R - Sagesse - Force et Beauté
D - Comment peut-il réunir des qualités si rares ?
R - La sagesse dans ses mœurs, la force dans l’union avec ses frères et la beauté dans son caractère.
Pour terminer :
Sorti de chez moi au crépuscule pour faire une balade sur la campagne des Plans, perdu dans des pensées contradictoires sur des choix à faire pour ce travail, je lève machinalement la tête et surprends l’envol silencieux d’un héron sur le champ en friche. Mon mental devient d’un coup silencieux pour laisser place au vol de l’oiseau et c’est le temps qui se suspend sur le battement des ailes du héron. Exercice :
Si je veux peindre ce moment, comment restituer, sur la toile, le silence du vol, la vibration de l’air, la parfaite harmonie du mouvement des ailes du héron, le parfum de la campagne à la tombée du jour ?
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JPB 21.02.2018