FIN DÉCEMBRE! LISEZ LA5e et dernière PARTIE DU SAGA!
Un historien maçon sur les traces des templiers*
*Une présentation en feuilleton de la planche de Jean-Claude Genoud-Prachex résumant le livre du F:. R. COOPER « The Rosslyn Hoax? » Le texte intégral est en vente à la librairie Detrad
Les Cahiers Bleus sont heureux de pouvoir vous présenter sous forme d'une série d'épisodes une recherche qui suit les traces historiques la fabuleuse légende des Chevaliers de l’ordre des Templiers.
Plus exactement ceci est la recherche d’un historien et F :., Robert Cooper; ses conclusions, nous sont rendues par le travail de notre F:. J.-Cl. G.-P.
Dans son livre, le F:. Cooper, conservateur du musée et de la bibliothèque de la Grande Loge d’Écosse, historien reconnu, cherche une réponse aux questions suivantes :
1.- Peut-on prouver que des chevaliers de l'Ordre des Templiers (OT), ayant fui la France pour l’Écosse, ont aidé le futur roi Robert 1er le Bruce, à la bataille de Bannockburn (1314) et que ce dernier, en retour, a créé un ordre "secret" - La Franc Maçonnerie - au sein de laquelle ils purent se dissimuler, préserver leur "trésor" et leurs connaissances ésotériques?
2.- Quel rôle ont joué la famille St Clair et la chapelle de Rosslyn, dans la continuation présumée de l'ordre des Templiers en Écosse? A-t-on d'autres preuves corroborant ce qui précède?
Bien entendu les convictions sur un tel sujet légendaire divergent. Quant aux récits fondateurs maçonniques et aux sens symboliques, quelle recherche historique pourrait tirer les dernières vérités ? En tout cas le livre de Cooper, présenté ici en résumé bien fourni, est celui d'un travail probe et instructif pour les passionnés du sujet… et pas moins pour les curieux.
Bonne lecture, bon vent aux quelques Templiers échappés au vorace Philippe le Bel le Roi de fer et de la chute d'un célèbre Vendredi 13!
Un chapitre sera rajouté chaque mois, dans ce même espace, comme dans tout feuilleton qui se respecte. Visitez-le régulièrement!
Réd.
Première partie
LES ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA LÉGENDE DES CHEVALIERS DE L’ORDRE DES TEMPLIERS
Les proscrits choisirent l’Écosse, où, Robert Ier excommunié par le pape, les édits pontificaux n'avaient plus cours : Argyll, parce que cette région, isolée et quasi déserte, facilitait la cachette. Midlothian, parce que la principale commanderie d’Écosse se trouvait à Balandtradoch.
Reconnaissant, l'Ordre du Temple intervint au côté de Robert 1er et permit à l’Écosse de gagner son indépendance. Ensuite, Robert Ier désira recaser son pays dans la chrétienté européenne, ce qui ne se pouvait, tant que des "hérétiques" vaquaient librement sur ses terres.
Il usa d'un subterfuge en créant l'ordre des Francs-Maçons (aussi nommé Ordre Royal d’Écosse, Chevaliers du Heredom ou Franc-Maçonnerie), qui intégra discrètement les Templiers. De la sorte, il put proclamer que pas un Templier ne demeurait en Écosse.
Puisque Robert Ier institua, pour les rescapés de l'Ordre du Temple en Écosse, l'ordre de la Franc Maçonnerie, la F:.M:. moderne est directement issue de l'Ordre du Temple.
Après 1314, leur continuation fut encouragée par la famille Sinclair, qui construisit Rosslyn Chapel (RC), dans le but d'abriter le trésor de l'Ordre du Temple, apporté en Écosse en 1307.
Il existe des preuves de l'existence de membres de l'Ordre du Temple en Écosse, dès 1307, mais d'autres hypothèses, telle celle du temple de Salomon, premier bâtiment construit en pierre, par des maçons devenus, plus tard, FM, impliquent que la bible, seule source non maçonnique, est irréfutable. De même, on trouve en Écosse, dès 1475, des traces, puis (1599) des registres de guildes de maçons, constituées par les rois, les Églises ou eux-mêmes, pour préserver leurs secrets et pérenniser leur existence. Quantité de documents traitent de la F:.M:.; pour définir quoi examiner, il faut préciser les bases de la légende, et les détailler, au besoin.
Chaque légende a sa source : pour définir le lien entre l'Ordre du Temple et F:.M:. d’Écosse, il faut donc examiner, surtout, les sources maçonniques Écossaises, premières références à de supposés liens entre les deux, en espérant découvrir où et quand ils apparurent, et même, pourquoi.
Sur Rosslyn Chapel, on n'a pas d'écrit antérieur à 1693. Vers 1690, le père Richard Hay (en 1667, sa mère a épousé, en secondes noces, James Sinclair de Rosslyn), se mit à classer les archives Sinclair, en 3 gros volumes manuscrits, qui ne nous sont connus que depuis 1835.
Hay ne semble pas avoir été franc maçon, n'établit aucune corrélation entre les Sinclair et l'Ordre du Temple, ni ne mentionne la F:.M:. Auteur d'une brève histoire des Templiers, très favorable à l'ordre, on peut en conclure qu'il ne trouva aucun lien.
Hagiographe zélé qui propulsa la famille Sinclair au premier rang de la société écossaise, il en relate les événements depuis 1067, à leur arrivée de Wildernus, en France. Deux de ces documents ont contribué à établir un lien entre les Sinclair et la F:.M:. Écossaise, et on peut considérer que la légende y a puisé son origine :
- La cession à Lord William de St Clair, vers 1290, d'un terrain appelé Terrain du Temple, propriété de Walter de Maleville de Templeland. Conservée sans traduction, cette mention a étayé, source opportune mais bien fragile, le lien supposé entre l'Ordre du Temple et les Sinclair.
- Significatif, Hay révèle l'existence, 1601 et 1628, de "chartes conférées par les maçons à William Sinclair". En fait, des lettres le reliant, non à la F:.M:., mais à la confrérie des maçons écossais, qu'il recopie sans commentaire, preuve, peut-être, qu'il leur accorde peu d'importance. Ces chartes furent mentionnées, lors de la constitution de la grande loge d’Écosse, en 1736, comme preuve de l'existence d'une F:.M:. écossaise antérieure à la formation de la G:.L:.A:. et de celle d'Irlande, constituées respectivement 1717 et 1725.
La lettre de 1601 établit que, avec l'accord de Shaw, maître des travaux du roi, les maçons écossais reconnaissent depuis longtemps les Sinclair de Rosslyn comme patrons et protecteurs, et espèrent les réinstaurer comme tels, sous-entendant que cette ligne héréditaire a été interrompue, demandant à W St Clair de Rosslyn d'être l'arbitre de leurs disputes internes, vu la lenteur des tribunaux et du fait que bien des maçons étaient illettrés. A noter que leur choix n'est pas des plus judicieux, Hay décrit William comme un grivois qui a du fuir en Irlande (bien que, de l'avis même de Hay, ce fut sans doute plus à cause de démêlés avec l’Église presbytérienne - William est catholique romain - qu'a cause d'une liaison avec une fille de meunier...)
La lettre de 1628, au fils du précédent, reprend les mêmes arguments et affirme que le lien s'est rompu de par la négligence des maçons, démontrant que les St Clair ne cherchaient à rétablir leur droit, mais que la protection sur les maçons fut exigée des St Clair par les lettres de rois Écossais, lettres détruites lors d'un incendie, détails ne figurant pas dans la première lettre. St Clair ne recevait rien en échange, n'est pas appelé Grand Maître, et rien ne suggère qu'il entrerait dans une loge maçonnique. Rien ne précise non plus que les St Clair acceptaient ou même connaissaient cette charge, et les lettres ne disent rien de la F:.M:.
On a fait grand cas de ces documents, sans se soucier de vérifier leur signification dans le contexte historique. Quand 4 loges d’Édimbourg voulurent former une Grande Loge d’Écosse (GLE), les "chartes St Clair" leur apparurent comme un avantage non négligeable, permettant de revendiquer l'apparence d'une lignée vieille de 140ans et plus ancienne que celle d'Angleterre.
La première évidence publiée, à propos de cette légende, et ses liens avec l’Écosse, vient des constitutions d'Anderson, né à Aberdeen, dont le père fut maintes fois secrétaire de la loge locale.
Il ne fait pas le moindre distinguo entre maçon et F:.Maçon, peut-être parce que la loge de son père n'en faisait pas, dans un contexte écossais où existaient les actes de la plupart des loges de maçons opératifs, ce qui conduisit l'approche standard à considérer que, chaque fois qu'on se référait à maçon ou maçonnerie, c'était au sens moderne de F:.M:..
Anderson parle de sources authentiques pour narrer l'histoire de la FM, qu'il fait débuter avec Adam, créé par Dieu, G:.A:. de l'U:. La F:.M:. chemine tout au long de l'ancien testament, construit d'importantes réalisations, tour de Babel, temple de Salomon, et jardins de Babylone, se disperse dans la Grèce antique et Rome, d'où elle atteint le sud de l'Angleterre, où elle est ensuite patronnée par les rois, saxons puis normands, dont nombreux seront grands maîtres.
Bien que choisi pour ses origines écossaises, dont il était fier, Anderson, qui écrit pour la Grande Loge d'Angleterre, ne consacre que deux pages à l’Écosse. Il la décrit comme gardien de la F:.M:. à travers les siècles, grâce aux rois écossais, dont nombreux furent G:.M:., avant qu'un mâle ne règne à nouveau sur l'Angleterre, Elisabeth I ne favorisant guère la F:.M:., dont elle ne pouvait être membre. Son successeur, Jacques VI d’Écosse, devenu Jacques Ier de Grande Bretagne, raviva la F:.M:. en Angleterre et y fit renaître l'architecture Romane.
Anderson fournit la plus ancienne référence à la F:.M:. écossaise, qui lui confère une telle importance, quant à l'origine et la renaissance de la F:.M:. qu'on ne put jamais la passer totalement sous silence, même si, par la suite, on la présenta toujours de manière ambiguë. Anderson ne mentionne pas l'Ordre du Temple, mais spécifie que des sociétés religieuses et des ordres tels les chevaliers soldats, empruntèrent maints usages cérémoniaux, car personne n'était mieux organisé et ne respectait plus rituellement les lois et tâches que les maçons acceptés.
On ne peut y voir une référence à l'Ordre du Temple, mais il faut relever qu'il affirme clairement ainsi que la F:.M:. était antérieure aux ordres chevaliers ou religieux, qui auraient emprunté ses usages à la "maçonnerie", et non l'inverse. Cette vague référence à des chevaliers soldats ne se retrouve plus dans le texte qu'il a écrit sur la F:.M:. écossaise.
En 1738, dans les "New Constitutions", il mentionne que la F:.M:., en sommeil durant les guerres entre Écossais et Anglais, fut remise à l'honneur par Robert Ier, pour réparer églises et châteaux. Nobles et ecclésiastiques suivirent l'exemple jusqu'à sa mort, en 1329. Les constitutions de 1738 apportent plus d'informations, même si presque toutes sont, à nouveau, imaginaires. Par exemple, il soutient que la F:.M:., fondée sous Fergus II en 403, fut largement antérieure à l'Ordre du Temple et, pour la première fois, donne la liste des grands maîtres, dont William Sinclair, 7ème sur une liste de 20. On imagine avec peine qu'Anderson eut pu ignorer que le Grand Maître de la G:.L:.E:. était alors William St. Clair de Rosslyn.
En 1774, "Notes sur Rosslyn Chapel", dans sa réédition de 1778, fait une allusion directe à la F:.M:., mais seulement dans la dédicace (Humblement dédiée à la fraternité des F:.M:. ancienne et acceptée). Écrit par l'évêque épiscopalien Forbes, le texte, lui, fournit de la chapelle une description et une histoire inédite, qui ne fait mention ni de la F:.M:. ni de l'Ordre du Temple. Compte tenu du nombre des écrits consacrés alors à l'histoire de la F:.M:. d’Écosse, on en vient inévitablement à la conclusion que les liens entre F:.M:. et l'Ordre du Temple restent à inventer.
Preston, Illustrations de la F:.M:. (1772), ajoute un passage intéressant : " Sous Henri II, le G:.M:. de l'Ordre du Temple supervise les Maçons, qu'il emploie à la construction du Temple de Fleet Street, en 1155. La Maçonnerie restera sous le patronage de l'ordre jusqu'en 1199. "
Détail important, il situe la constitution de la maçonnerie (F:.M:.) avant celle de l'Ordre du Temple. Comme d'autres avant et après lui, il amalgame maçonnerie et F:.M:., ne décrit qu'un rapport employeur/employé, qui dure 44ans, probablement le temps de construire l’Église, et qui prend fin bien avant que l'Ordre du Temple ne soit supprimé.
Dans Esprit de la Maçonnerie (1775), Hutchinson apporte du grain à moudre. En résumé :
- Les participants aux croisades sont groupés en "sociétés ", qui les protègent des espions et leur permet de se reconnaître jour et nuit.
- L’Église Romaine admet, voire encourage la création de ces "sociétés secrètes". Des prêtres, instruits des mystères de la FM, des connaissances anciennes et du langage universel en usage à Babel, initient et organisent en LOGES ceux qui partent en croisade.
- Certains Maçons Écossais sont membres de l'Ordre supérieur des "Maçons".
- Les Maçons, spécialement les F:.M:., furent des Croisés.
- A leur retour, ces initiés maintiennent ces liens, tant pour propager la connaissance initiatique que pour des raisons sociales ou personnelles et perpétuent leurs LOGES.
Le livre est encensé en Écosse et, en 1808, Deuchar institue l'Ordre Maçonnique Écossais des chevaliers du Temple, adoptant des cérémonials insolites, mais déjà pratiqués par quelques loges maçonniques écossaises. Les idées d'Hutchinson sur la Maçonnerie suscitent un vif intérêt, bien que déclarées non maçonniques par la G:.L:. d’Écosse.
Le matériel est prêt pour créer le mythe, largement répandu chez les membres de l'Ordre maçonnique des chevaliers du temple. Les "chartes" découvertes par Hay arrivent à point : ignorant les défauts, erreurs et ambiguïtés, les premiers pas sont faits en direction de "Histoire traditionnelle"
Anderson mentionne St Clair parmi les Grands Maîtres. Ramsay, dans "Oratio", introduit le concept ténu d'une relation entre la F:.M:. et la terre sainte, et mentionne les Croisés. Il lie spécifiquement les F:.M:. aux Chevaliers de St Jean de Jérusalem, mais sans citer l'Ordre du Temple
.
En 1761, un livre du compagnon, écrit par Ruddman et Auld, développe la déclaration d'Anderson, non corroborée, selon laquelle W ST Clair fut Grand Maître, en déclarant :
Jacques II a accordé un droit héréditaire de cette charge aux ST Clair, Baron de Roslin (en anglais cette fois) et la charge s'est transmise sans interruption jusqu'alors.
Autre avancée majeure de la légende, même si elle contredit la version d'Anderson, elle-même fictive, cette version ne semble pas avoir soulevé de problèmes chez les F:.M:. de l'époque.
De la confusion générée (rien ne permettant d'affirmer que St Clair, ni aucun des 12 cités par de Anderson, fut Grand Maître de maçons écossais, opératifs ou acceptés) le mythe embryonnaire se développe, des faits considérés comme historiques sont soudain ignorés ou modifiés, en faveur de nouveaux "faits", qui accroissent la conception singulière de la F:.M:. écossaise.
L'hérédité de la charge des Sinclair finit par apparaître par écrit, d'autant qu'en 1736, W St Clair de Roslin signe l'acte d'abandon de la charge héréditaire de grand maître. L'Ordre du Temple n'est toujours pas mentionné.
Ruddiman et Auld ont eu vent de la légende naissante de la G:.L:.E:. et de celle d'Anderson. Un savant mélange embellit le mythe. Ils maintiennent l'assertion selon laquelle la F:.M:. a été introduite en Écosse par les Romains, mais change l'histoire des 6 rois Grands Maîtres avant St Clair, par une version qui affirme que ce sont les maçons Eux-mêmes qui ont reconnu le roi comme Grand Maître, expliquant au passage que St Clair, à qui le roi a confié cette charge, a renoncé, parce qu'il est veuf sans héritier mâle.
Ça ne tient pas : St Clair, alors 36 ans seulement, et qui vécut jusqu'à 78 ans, aurait pu se remarier et avoir des héritiers. L'acte ne favorise donc que la Grande Loge d’Écosse, dont il renforce ainsi l'ancienneté et la légitimité, surtout comparée à l'histoire fantaisiste de la G:.L:. d'Angleterre d'Anderson.
Malgré cette version sérieusement contestable (les F:.M:. ont toujours reconnu leur "roi et souverain comme leur Grand Maître"), l'histoire se focalise sur les St Clair de Rosslyn. En la modifiant, on attribue à Jacques Ier un système de gouvernance, adopté par son fils, Jacques II, lequel, en 1441, l'attribue à St Clair, devenu sous son règne duc de Sinclair et Grand Amiral d’Écosse.
Jacques Ier ne s'est jamais intéressé à la F:.M:.. Jacques II, à l'époque de l'attribution de la charge, a 11 ans. On sait qu'il n'a pas gouverné avant l'âge de 19 ans et n'a donc pu conférer cette charge, qui n'existe pas, puisque le terme n’apparaît qu'avec Anderson, en 1723... Elle est donc attribuée rétrospectivement, Hay n'a pas trouvé trace de tels actes. On accepte donc le fait que ces lettres ont disparu dans un incendie, comme le prétend la charte de 1628, bien que le seul incendie mentionné, en 1447, précise que TOUS les documents furent sauvés.
Voici résumée, avec toutes ces anomalies, ce que fut la version de l'histoire de la F:.M:. d'Écosse, telle qu'elle était convenue à la fin du XVIIIème siècle.
A suivre le mois prochain...
Philip IV fait brûler les Templiers Templars_on_Stake_02.jpg Burning of Templars. (British Library, Royal 14 E V f. 492v) 15th Century (1479/80), Giovanni Boccaccio (De casibus virorum illustrium), translated in French by Laurent de Premierfait (Des cas des ruynes des nobles hommes et femmes) Wikipédia Domaine Public
Bataille de Bannockburn, from a 1440 manuscript of Walter Bower's Scotichronicon. This is the earliest known depiction of the battle. Wikipedia scanned from Brown, Michael (2008) Bannockburn: The Scottish War and the British Isles, 1307-1323, Edinburgh: Edinburgh University Press ISBN: 0-7486-3332-4. Original at Corpus Christi College, Cambridge. Domaine Public
Rosslyn Chapel Tombeau de Francis Robert St Clair Erskine et son épouse Blanche photo JCGP
Le canular de Rosslyn? *
Sur les traces des templiers.
2e partie
19EME SIÈCLE LAWRIE/BREWSTER
Il mentionne, entre autres ordres, celui des modernes Templiers Maçonniques. Son histoire de l'OT, postérieure à celle du Grand Convent de 1843, lui fournit l'occasion d'une plus virulente attaque contre l'abbé Barruel, usant de plus nombreuses preuves historiques que son père. La préface suggère d'autres motifs : le rôle, notamment, de la FM dans la révolution française les embarrasse, exemptés qu'ils sont de l'application des lois britanniques sur les serments illégaux (1797) et sur les sociétés interdites (1799) qui visent les sociétés subversives.
Il démontre la différence entre FM d'Europe et d'Écosse, mais Lawrie poursuit d'autres buts : réfuter les calomnies dont la FM est victime, mais aussi les précédentes chroniques sur le FM " si détestables qu'elles nécessitent un nouveau travail précis " ce qui suggère que son livre était requis. Il comprend deux parties, une histoire fantastique de la FM des temps préhistoriques, et un résumé des activités de la GLE, de sa fondation en 1736 à la date de publication.
Il mentionne les "chartes" découvertes par Hay, mais les décrit comme remises par les "Maçons d’Écosse". Ironiquement, ce livre que Lawrie fit tant pour publier comme sien fut écrit par un "nègre", que la GLE pense être Brewster, dont l'implication dans la FM d'Écosse semble s'être limitée à la rédaction de ce livre.
L'ABBE BARRUEL
Son livre, Mémoires illustrant l'histoire du jacobinisme (1797) proclame, on ne sait dans quel but :
"Votre mouvement et toutes vos loges dérivent de l'OT. Après son extinction, certains templiers, coupables, ayant échappé à la proscription, se sont unis pour préserver leurs abominables mystères.
Cette attaque est la plus ancienne affirmation directe que la FM descend de l'OT. L'inversion de la chronologie acceptée jusqu'alors eut bientôt des conséquences, à l'intérieur même de la FM. Pour la première fois, on suggère que la FM a été créée après l'OT. Qu'un membre de l'Eglise qui avait supprimé l'OT l'affirme augmentait la croyance qu'un lien direct existait et ajoutait de la légitimité à défendre cette position. Brewster, presbytérien et opposé à Rome, défendait la réputation de l'OT et donc de la FM, non parce qu'il avait fait des recherches sur ce lien hypothétique, mais par opportunité d'attaquer le catholicisme. Sa réponse apportait de l'eau au moulin de la croyance en ces liens. Mais, en 1804, on ne considérait pas l'OT comme à l'origine de la FM, bien au contraire, comme le précise le livre de Lawrie : ... L'OT était une branche de la FM.
Un autre ouvrage antimaçonnique, de John Robison, 1797, professeur à l'université d'Edinburgh et membre de la société Royale d'Edinburgh (Brewster sera membre en 1807), fait preuve, selon un critique du livre, d'une candeur insolite pour quelqu'un de rompu aux raisonnements philosophiques.
Il s'acharne à prouver que les Illuminati, qu'il présente comme francs-maçons, veulent détruire le christianisme et les tous les gouvernements d'Europe.
A noter qu'il a rencontré Barruel, alors émigré, à Londres en 1795, lequel Barruel s'est empressé de le doubler en publiant son livre en premier...
Comme Barruel, Robison s’efforce à tenir la FM britannique à l’écart des critiques qu'il formule contre celle d'Europe, prétendant avoir assisté à maintes cérémonies, sur le continent, qui restent inconnues en Grande Bretagne. Ses motifs sont complexes, et son livre, une longue harangue contre la Franc Maçonnerie et autres Illuminati. Il n'apporte aucune preuve, cite des personnes sans les nommer, répète à l'envie qu'il n'attaque pas la FM "Anglaise", ce qui laisse à penser qu'il ne veut tout simplement pas se mettre à dos les acheteurs potentiels de son livre.
Tenant ainsi pour acquis qu'il suffisait qu'on le proclame pour que le fait soit avéré, Brewster/Lawrie affirme que l'OT a été surtout créé pour réintroduire la FM en terre sainte, d'où elle avait disparu ou était méchamment pervertie. Brewster/Lawrie croient, et cherchent à confirmer, que l'OT descend de la FM originale.
Barruel, de son coté, proclame que les accusations contre l'OT médiéval étaient fondées, que certains membres ont échappé à l'éradication pour se convertir en FM, dont les membres perpétuaient les mêmes pratiques coupables, sataniques et hérétiques, et complotaient pour se venger du traitement infligé à leurs prédécesseurs, en cherchant à éliminer le christianisme et les régimes en place en Europe, la manifestation la plus dramatique du complot étant la Révolution Française, ourdie par les FM, ce qui n'est pas sans rappeler les allégations de conspiration judéo maçonnique, pour créer un nouvel ordre mondial.
Pareille attaque, de 2 auteurs dont 1 Ecossais, fit débat. L'idée d'un lien entre FM écossaise et OT s'insinua irrationnellement dans la mythologie maçonnique écossaise. Parce que "quelqu'un" avait dit que les FM et l'OT étaient deux ordres jumeaux, MAUVAIS l'un comme l'autre, la FM Ecossais se pressa de défendre l'OT, les ennemis d'ennemis étant des amis...
Ainsi, avec le livre de Lawrie/Brewster, près de 500 ans après son élimination, et 200 ans après le début des consignations écrites des loges maçonniques, l'OT fait ainsi son entrée dans la mythologie maçonnique écossaise.
Le mythe est repris par de nombreux auteurs, aux 19ème et 20ème siècles, affinant et brodant à l'envi, sans en discuter jamais le bien fondé. Curieux comme des écrits de profanes ont pu avoir pareil impact sur la perception de leur propre histoire par les FM.
RÉACTION DE LA GLE
La mise en place du mythe n'a pas été aussi évidente. Jusqu'en 1792, la GLE s'élève avec force contre l'introduction d'observances non reconnues comme maçonniques. Le 19 mai 1800, elle mentionne dans ses minutes que seuls les trois degrés sont reconnus par la FM. Le 26 mai, Lawrie remet son rapport à la GLE, qui répète par courrier à chaque loge, qu'aucun degré autre que les trois autorisé.
La GL s'inquiète de l'introduction d'observances "étrangères", qui n'appartiennent pas à la forme pure de la FM de St Jean, mais aussi est inquiète de ne pas se voir concernée par les lois "Unlawfull Oaths" et Unlawfull societies), votés, suite à la Révolution Française, contre les rassemblements déguisés de révolutionnaires et radicaux. Robison y consacre un chapitre, ce qui excite plus encore le pouvoir contre la FM.
Chaque loge est requise d'affirmer qu'elle respecte les dites lois et de remettre aux autorités judiciaires locales, chaque année, la liste de ses membres, sous peine d'être fermée, ce qui donne plus de pouvoir à la GL, qui peut décider quelle loge est régulière, quelle ne l'est pas, et fermer les dissidentes.
La GL ne le pouvait jusqu'alors, et rencontrait des difficultés pour encaisser les montants dus.
Le 11 février 1800, Lawrie propose que toutes les loges d'Ecosse s'identifient auprès de la GL et se mettent jour de leurs cotisations, sans mentionner qu'elle pourrait user de ses nouveaux pouvoirs contre celles comme l'Arche Royal et les Chevaliers Templiers.
Pour la GLE, la FM à 3 degrés était la forme la plus ancienne et la plus pure. Introduire d'autres observances, fausses et étrangères à L'Ecosse, la contaminait. L'obligation légale de se porter garante de la régularité des loges obligeait ces loges à se comporter selon ses directives, à payer leurs arriérés et à cesser l'usage d'observances continentales "impures".
Deux ans plus tard, l'auteur même de motions contre l'Arche Royal et les Chevaliers Templiers, Lawrie, publiait un livre liant spécifiquement la FM et l'OT!
Comment s'accommoder de deux visions aussi antagonistes, dans la même organisation?
Difficile d'y répondre. La culture écossaise, et les particularités de la FM Écossaise y joue un rôle, difficile à expliquer aux Maçons non écossais, plus difficile encore aux profanes, mêmes Écossais. On suggère que le livre de Lawrie/Brewster fut écrit pour répondre à divers motifs, économiques, mais aussi parti pris religieux, opportunisme, protection et élargissement de la FM, désir que la FM Écossaise ne soit pas tenue à l'écart du tourbillon de débats portant sur les origines de la FM, le pays qui détenait la plus vieille généalogie maçonnique, ou qui pratiquait les degrés les plus purs et les plus authentiques.
La motion de Lawrie à la GLE, d'écarter les rites, "déviants" mais très appréciés, spécialement ceux de l'Arche Royal et des Chevaliers Templiers, en avait troublé plus d'un. Il s'était établi de nombreux "campements" (on dirait aujourd'hui commanderie), patronnés par le " Early Grand Encampment of Ireland" après 1804. Il se peut que Lawrie ait tenté de recouvrer l'estime des Maçons mis en cause, et d'impressionner les Maçons influents de la GLE, mais son manque d'instruction ne lui permettait pas de rédiger pareil livre, raison pour lui de le faire écrire par Brewster, en revendiquer la paternité et faire publier à ses frais cette histoire de la FM écossaise, Brewster semblant avoir été soucieux de rester anonyme, pour ne pas entacher sa réputation, du fait des affirmations de faits légendaires non vérifiés et de l'attitude du livre envers l’Église Romaine. L’anonymat convenait à Lawrie comme à Brewster.
Le canular de Rosslyn?
3e partie
RENFORCEMENT DE LA LÉGENDE AU 19e SIÈCLE
Certains, qui les appréciaient, continuèrent à les utiliser clandestinement en loge, et plusieurs commanderies libres subsistaient. Les raisons de la GLE tenaient aussi au fait que, de 1743 à 1808, la Loge Mère Kilwinning N°0 ne faisait pas partie de la GLE. Bien que ne travaillant qu'aux degrés reconnus par la GLE, l'idée s'était répandue que Kilwinning en en reconnaissait d'autres, sans doute parce qu'elle avait octroyé une charte à une loge Irlandaise, avec le titre "Haute Loge Kilwinning des chevaliers templiers d'Irlande"
Des FM, à Dublin, avaient donc reçu une charte de Loge, mais travaillaient aussi au rite des Chevaliers du Temple, renforçant l'idée que le rite maçonnique et celui, importé, des Chevaliers du Temple, étaient liés. Cette loge conféra une charte à d'autres loges irlandaises, aucune ne fut fondée en Ecosse.
A la même époque, la "Early Grand Encampment of Ireland" revendiquait son autorité sur le rite de l'OT, proclamait exister depuis 1705 et avait fondé, avant 1800, deux commanderie de l'OT, à Aberdeen et Kilmarnock.
Ceux à qui la GLE interdit l'usage du rite de l'OT cherchèrent à se légitimer par des chartes octroyées d'ailleurs. Après 1800, la "EGEI" octroya 17 chartes en Ecosse.
Une commanderie forma le "Royal Grand Conclave of Scotland" et une autre, le "Early Grand Encampment of Scotland". En résumé, ces deux finirent par se réunir, en 1907, dans le "Great Priory of Scotland"
Les observances prohibées auraient disparu si certains FM; n'avaient décidé de se former en GL.
L'un d'eux, en particulier, Alexandre Deuchar, Commandeur de la commanderie d'Edinburgh N° 51, convoqua, en 1809, la "Grande assemblée des chevaliers templiers à Edinburgh, annonça que le Duc de Kent, grand maitre de l'ordre en Angleterre, et Grand Patron de l'Ordre, avait accepté la charge de Grand Patron Royal de l'Ordre pour l'Ecosse et que lui, Deuchar, était nommé Grand Maitre provisoire. En 1812, le Duc de Sussex, frère du Duc de Kent, devint Grand Maitre de l'ordre d'Angleterre.
Le Duc de Kent émit une charte de dérogation pour le nouvel organisme écossais connu comme le Grand Conclave Royal (GCR). Le Duc octroya ensuite une charte "complète" en 1815, qui nommait Deuchar Grand Maitre à vie.
Le GCR chercha alors à réunir toutes les commanderies OT d'Ecosse sous sa juridiction, leur faisant renvoyer leurs chartes irlandaises, émettant des chartes de remplacement et encourageant les commanderies libres à se rallier au nouvel organisme, avec un certain succès, même si quelques-unes préférèrent rester libres.
Deuchar, apparemment, chercha à réunir toutes les observances chrétiennes sous le contrôle du GCR, et toutes celles qui ne l'étaient pas sous le gouvernement du Suprême Chapitre du Grand Arche Royal d'Ecosse(SGRAC), fondé en 1817, dont il était l'un des dirigeants.
L'Ecosse devint, grâce à Scott et "Ossian" Macpherson (dont les poèmes furent traduits en 7 langues européennes), mais aussi Schubert (Ossian songs) Mendelssohn (Hébrides) l'opéra de Rossini, Ivanhoé (Scott assista à la première à Paris) un des berceaux du romantisme, ce que démontrent deux évènements : le tournoi d'Eglinton et la visite du roi George IV, en 1822, orchestrée par Walter Scott, et qui assura la vision d'une Ecosse romantique, perçue perception romantique de l'Ecosse, jusqu'à nos jours.
Scott avait refusé la charge de Grand maitre des Chevaliers Templiers maçonnique, et l'ordre connut un déclin sévère qui failli mettre un terme à son activité, ravivée par James Burnes, dont l'arrière grand père était l'oncle de Robert Burn(e)s, le célèbre poète. James Burnes, médecin militaire, fut initié à son retour des Indes. Importante est la publication de son "Esquisse de l'histoire de l'OT", 61 pages et 5 chapitres.
" L'OT, exclusivement chrétien, ne peut en rien être considéré comme lié à la FM, laquelle c'est bien connu, reçoit avec la même bienveillance le juif et le gentil, le chrétien et le mahométan, ne requérant de chacun que la foi en un être divin, le sens de la rectitude morale et de l'éthique."
L'ordre ranimé des Chevaliers Templiers "Maçonniques" ne pouvait donc être initialement considéré comme maçonnique de la même façon que la FM. Ce point important a fait l'objet de controverses entre les écrivains modernes, lesquels pensaient que l'Ordre, ayant été créé par des maçons écossais, était maçonnique. Certes, il le devint, mais plusieurs années après. Autre détail, Burnes insiste, l'OT était chrétien, et non catholique romain : important, parce que le nouvel OT se devait d'être ouvert à tous les chrétiens, et non soumis à l'Eglise de Rome. Le problème des religions réglé, il fallait accommoder les serments pris par les candidats à l'admission dans l'OT. Burnes réinterprète donc les quatre engagements de l'OT médiéval : pauvreté, chasteté, obéissance et reconquête de la Terre Sainte.
Chasteté : La société oblige chacun à des efforts pour contenir leurs dispositions au vice, afin de ne pas outrager la décence ou la moralité.
Obéissance : au grand maitre, mais aussi en tant que citoyen, aux autorités de son pays.
Le quatrième serment est expliqué en détail : le but premier de l'Ordre n'est pas de recouvrer les territoires dont l'OT a été dépouillé. Les templiers n'ont pas pour ambition de soumettre l'univers à leur domination, mais les nations qui le composent à la morale chrétienne.
La différence entre l'OT médiéval et celui recréé, apparemment à son image, fin 18ème et formalisé au 19ème, est énorme. Il nous appartient à tous de garder à l'esprit de quelle sorte d'OT nous parlons, à une époque donnée, quelque soit la publication. Ne pas le faire conduit exactement à la même confusion entre maçonnerie opérative et spéculative.
Ceci se passa après le retour de Burnes en Ecosse, qui fit renaitre l'ordre et en 1836 et après, de nombreux FM influents rejoignirent le Grand Conclave. Entre janvier et mai 1836, 72 nouveaux membres furent admis. L'OT maçonnique moderne ne fut pas la seule loge à renaitre. En 1839, l'Ordre Royal d'Ecosse connut aussi un afflux de nouveaux membres.
Deuchar avait encore plus d'idées pour le développement de la FM en Ecosse. 3 systèmes "maçonniques" ne se trouvaient pas sous le contrôle d'un organisme, et il projetait de créer l'équivalent d'une GLE pour
- Le rite de perfection
- Le rite de Misraïm
- Le rite écossais, ancien et accepté
Certains incidents ont alors lieu, hors sujet sauf qu'ils prouvent que, dans la première moitié du 18ème siècle, personne ne sait (à part peut-être la GLE) vraiment quels sont les rites non maçonniques qui devrait les contrôler et, plus encore, en quoi ils consistent.
Pour preuve, à une assemblée du Grand Conclave, 11 mars 1842, une lettre de Walker Arnott (assistant de Burnes, chargé par lui de fonder le Grand Conseil des Rites) demande information à propos des degrés HRDM et Kadosh, en usage au Grand Conclave, selon les actes du Grand Maitre de l'OT d'Angleterre, le Duc de Kent. Bien qu'écrivant en sa capacité de Templier, Arnott fait alors de vigoureux efforts pour ranimer l'ORE. Il tente sans doute de clarifier la situation, quant aux rites encore non alloués, ce qui l'aidera à établir le Grands Conseil des Rites. Le Grand Conclave répondit que ces rituels lui étaient inconnus et non pratiqués chez lui.
La même assemblée annonce l'existence de preuve de la poursuite de l'OT depuis la dissolution en 1312, mentionnant un certain Dom Calmet, dont nous reparlerons.
Le Grand secrétaire, Woodman, écrit alors au GC d'Angleterre, pour demander clarification à propos des degrés H.R.D.M. et K.D.S.H., qui répond que "quelques degrés mentionnés dans les actes du Duc de Kent sont pratiqués soit par l'O de Misraïm, soit par l'ORE, révélant ainsi que l'OTE a autorité sur l'ORE.
Un comité est créé, qui ne laissera pas de rapport officiel, mais prouve la nécessité ressentie de préciser les cérémoniaux non maçonniques et qui les gouvernaient.
Arnott était bien le dirigeant de l'ORE, membre du Grand Conclave et fondateur du Grand conseil des Rituels, ce qui lui permet d'attribuer l'autorité sur les rituels, l'absence de rapports à ce sujet suggérant que ce petit groupe décida entre eux comment organiser la FM "non maçonnique" en Ecosse.
Le même GC, en 1843, publie un résumé historique de l'Ordre, une version brève mais courante de l'OT médiéval et de sa suppression, qui conteste la légitimité de l'OT Maçonnique Français, l'acte de Larmenius s'avérant un faux, et apportant la première précision de l'histoire de l'OT écossais :
" il est admis par tous, Français inclus, que les Templiers se sont joint à Robert le Bruce, et ont combattu pour lui à Bannockburn, en 1314, contribuant à le placer sur le trône, le monarque ne restant pas ingrat."
A noter qu'on a nulle trace incontestable de leur participation à cette bataille, et que le GC prend, ainsi, ses distances avec l'ORE : "La création de l'ORE par Robert 1er, après Bannockburn, a conduit certains historiens à déduire que les Templiers se sont fondus dans cet ordre (...) Comme on le verra plus tard, pareil fusion n'eut jamais lieu. "
Ainsi, la place de Robert 1er a été exagérée, par les légendes, au-delà de du raisonnable, à partir de cette simple mention d'Anderson, en 1738, à savoir qu'après la bataille, "Bruce avait appelé à ses côtés la "maçonnerie"(opérative) pour réparer maisons, châteaux, et palais". Les principaux éléments du mythe, encore en cours de nos jours, ont donc été créés par l'OT, donc le GC, dans son "histoire traditionnelle" entre 1842 et 43, basé sur l'ordre qu'avait ébauché Robert 1er Burnes). Nous le confirme les incorporations d'actes en latin, de transfert de terres ayant appartenu à l'OT médiéval, preuve en est les mêmes fautes et erreurs recopiés de Hay et Maidment. Le mythe est en route.
Le subterfuge est encore révélé par la mention, dans le "résumé historique de l'Ordre" d'un poème de Scott, Halidon Hill, dont on affirme que la bataille eut lieu en 1402, et que, Scott mentionnant deux personnages, un Templier écossais, Adam de Vipont, et le prieuré de Maison Dieu (des chevaliers hospitaliers) apportait la preuve que les deux ordres avaient continué d'exister séparément jusqu'au 15ème siècle.
Le fait que Scott a clairement précisé que ce poème était une fiction, inspirée par une autre bataille, en 1333, a totalement échappé aux auteurs du "résumé historique"...
Ce mythe a donc bien été publié en 1843 par l'OT moderne écossais, S'il n'a pas encore atteint la totalité de sa forme actuelle, en voici les éléments constitutifs :
- Partout sauf en Ecosse, l'OT est jugé, condamné et ses biens, confisqués
- En Ecosse, L'OT médiéval survit plus qu'il ne prospère.
- L'OT français revendique à tort sa descendance directe de l'Ordre médiéval, la charte
de transmission de Larmenius étant un faux.
- Walter de Clifton fut Grand précepteur d'Ecosse en 1309, puis Grand Maitre
- En 13909, Robert Bruce (future Robert 1er) était un fugitif proscrit.
- En 1309, deux Templiers, Walter de Clifton et William de Middleton sont interrogés
par un légat du pape, JOHN DE Soleure et William Lamberton, Archevêque de
St Andrews.
- Le précepteur, Cifton, admet que le reste de ses frères écossais ont fui et rejoint
Robert Bruce
- Clifton et Middleton sont emprisonnés pour une courte période.
- Les templiers fugitifs participent à la bataille de Bannockburn et Robert le Bruce leur confirme leurs précédentes concessions.
- Dès après la bataille, Robert de Bruce fonde l'ORE, également connu comme l'"Ordre
HDM de Kilwinning", mais qui n'a aucun lien avec l'OT médiéval.
- Preuve de la continuité de l'existence de l'OT médiéval en Ecosse, ils détiennent de
terrains, prouvés par les actes en latin que mentionne le GC, et le poème de Scott,
Halidon Hill.
- Sous le règne de Jacques IV (fin 15ème) on procède à la réunion de l'Ordre de St Jean et
de l'OT, et de leurs biens.
- En 1560, Le précepteur de Torphichen, Sandilands, cède les terrains de l'Ordre à la
couronne, contre son anoblissement et un montant de 10000 couronnes.
- Les Chevaliers, "ainsi dépossédés de leur patrimoine, font sécession et constitue un
Ordre avec, à leur tête, David Séton, Grand Prieur d'Ecosse"
- L'Ordre, éteint depuis 200 ans, reparait.
- La suggestion que l'ordre passa alors sous contrôle du parti Jacobite et qu'ainsi démarra
l'association de l'OT avec des organisations maçonniques est une grossière erreur, fabriquée
par ceux qui désiraient échapper à la corvée des recherches.
- John Graham, vicomte Dundee, meurt à la bataille de Killiecrankie(1689), revêtu de la
grande croix des Templiers.
- John Erskine, Duc de Mar remplace Dundee comme GM de l'OT, lui succède le Duc d'Atholl.
- Au duc d'Atholl succède Charles Edouard Stuart ( le Jeune Prétendant), dans une
cérémonie tenue à Holyrood Palace en 1745. Le confirme une lettre " des archives d'une
vieille et distinguée famille écossaise " qui décrit la cérémonie.
- Après l'échec du soulèvement jacobite, la plupart des Chevaliers Templiers écossais
partent en exil avec leur GM. Ceux qui restent se dissimulent dans les rangs de la FM.
- A la mort de Charles Edouard Stuart, John Oliphant, de Bachilton, devient GM et, après
son éviction, aucun GM n'est élu, jusqu'à la disparition du dernier de la lignée Stuart,
Henry Benedict Maria Stuart (1807) cardinal d'York. Ensuite, l'histoire se poursuit,
conformément aux détails du "règne" de Deuchar.
Le petit groupe responsable du mythe est le même qui, en 1836, contribue activement à revigorer l'Ordre : " La note est un savant mélange de faits et de fictions, ingénieusement imbriqués de façon à constituer une structure très difficile à soumettre à des tests précis, quant à leur authenticité " (George Draffen, pour la Foy, Dundee, 1949). Le mythe est proche de l'actuel. Il n'y manque que la fuite de l'OT française en Ecosse avec le trésor, les St Clair Templiers et Rosslyn Chapel, un dépôt pour toutes sortes d' "objets". La méthodologie historique ne devint rigoureuse et scientifique qu'après Darwin, et se concentra sur l'étude des nations et états plus que sur celle des groupes. Le mythe n'a donc jamais été mis en doute. Il est devenu si imbriqué dans les allégories de la FM que toute tentative de remise en doute, spécialement à l'intérieur de la FM, est sans effet, et, souvent, tournée en ridicule.
En 1859, le fils de Lawrie publie une seconde édition du travail de son père, et procure un chapitre sur l'histoire de l'OT en Ecosse qui répète et développe le précédent. Le livre est bien écrit, plus compréhensible, et une histoire plus détaillée de la FM écossaise, et un espace consacré à l'OT qui indique peut-être qu'alors, le mythe est largement considéré comme un fait réel.
Il reproduit une lettre de Woodman, secrétaire du GC, qui indique que l'appartenance à l'OT n'est plus réservée aux FM, avec recommandation de le faire savoir à tous les FM d'Ecosse, mais aussi : " Les Chevaliers du Temple - ceux d'Ecosse descendent, sans aucun doute, de l'OT médiéval - bien que les liens qui ont survécu très longtemps entre eux et la FM soient maintenant relâchés " ...
Ironiquement, un ordre maçonnique, fondé par des FM, devient non maçonnique! Le GC n'a pas poussé le bouchon jusqu'à exiger que l'on soit d'abord Templiers avant d'être maçons, mais certaines loges sommèrent leurs officiers d'être templiers, et les templiers exigèrent des places d'honneur dans les processions FM. Le GC ne permit pas à ses filiales d'admettre des profanes, se réservant le droit pour lui-même, sans, apparemment, jamais en user. En 1856, le GC annula la décision précédente et redevint un ordre exclusivement FM.
" Prouver que l'OT fut une branche de la FM est inutile, puisque le fait est reconnu par la FM elle-même, et que personne n'a montré plus de zèle à le prouver que les ennemis de la FM."
60 ans à peine après que Barruel l'ait clamé, le fait est profondément enraciné, au point qu'il est inutile de le démontrer, les ennemis de la FM s'en chargent!
Ce livre fut publié après que l'OT Maçonnique ait publié son Histoire traditionnelle, qui dément toute connexion entre la FM et pourtant Lawrie est un FM! Il semble désireux de faire plaisir à tous.
En 1873, D Murray Lyon écrit : " Dans leur ardent désir d'associer l'antiquité aux HG, des écrivains n'hésitent pas à identifier les Templiers Maçonniques actuels comme les dignes représentants authentiques de l'OT médiéval. Ils se trompent complètement. Ils sont une branche de la Chevalerie FM qui fut créée sur le continent, voici environ 130 ans " (soit peu après 1737).
Lyon, initié en 1856 à Ayr, cœur de la région associée au mythe de l'OT et à la loge de Kilwinning, devint G Secrétaire de la GLE en 1877, et put ainsi examiner tous les documents relatant le lien entre OT et FM, et recommença plus encore quand il fut convié à écrire l'histoire de la loge d'Edinburgh, ce qui ne changea en rien ses convictions. Il réitéra ses critiques du travail de Lawrie et de ses erreurs. De tout ce qu'il avance, il cite ses sources, indication de son intime connaissance du sujet, démasque Deuchar, pur instrument de l'institution du GC de l'OT Maçonnique, à l'origine de la légende si populaire actuellement.
Une contradiction subsiste, que peu ont relevée : pourquoi les artisans de la résurrection de l'OT comme Ordre FM, qui proclament son lien direct avec l'OT médiéval, officiellement supprimé en 1312, mais dont la continuation est bien connue de tous, ont-ils eu besoin d'un acte émis par l'OT moderne d'Angleterre?
Le canular de Rosslyn?
Sur les traces des templiers
4e partie
Le 20eme siècle
Au 20ème siècle, l'"Histoire" persévère. On ne se demande même plus s'il faut encore prouver le lien existant entre l'OT médiéval et la FM, on cherche le chainon manquant et on en trouve plusieurs, RC, Kirkwall Scrol, la bataille de Bannockburn, et d'autres, moins captivants mais significatifs, de par leur effet cumulatif, telle la bataille de Killiecrankie, souvent citée comme la preuve que l'OT médiéval existait encore, des siècles après sa suppression.
Arthur Waite, 1921 :
"Don Calmet, historien et théologien français, a appuyé, de son autorité, les faits suivants : Le vicomte Dundee, GM de l'ordre des Templiers en Ecosse, meurt à la bataille de Killiecrankie, vêtu de la grande croix des templiers, que son frère à confiée à Calmet.
Si l'histoire est vraie, nous sommes en présence d'un chevalier Templier qui ne doit rien au rêve ou à la réalité de Ramsay, (à la passion de la FM pour les HG) ni, (autant qu'on peut le dire à ce stade) à la maçonnerie elle-même (opérative ou spéculative). Nous savons besoin de preuve du lien entre OT et FM, les légendes de cette continuation fleurant bon le fabriqué. Mais si une grande croix du temple a été effectivement trouvée sur le corps du vicomte Dundee, il est certain que l'OT avait survécu ou revivait en 1689.
Les passages entre parenthèses ont été omis par Waite, qui ne croit pas que l'OT médiéval ait pu persister en Ecosse :
" Concernant la continuation de l'OT et sa reparution au 18ème, sous l'aspect d'une FM templière, quelle qu'en soit la forme, la conclusion est presque irrésistiblement négative, quoique l'âme de l'OT peut avoir survécu..."
La perpétuation de l'ordre pendant 400 ans, cet historien maçon n'y croit donc pas, quoi qu'il ait écrit précédemment. Les auteurs de la thèse la plus répandue semblent plus se soucier de prouver la persistance d'une descendance de l'OT qui aurait fui vers l'Ecosse en 1307, plutôt que la possibilité qu'un petit groupe, tous FM, touché par les idéaux de l'OT médiéval, ait cherché à les réinstaurer dans l'époque moderne, en créant un nouveau groupe, sans connexion, mais qui affichait un attachement romantique avec l'ordre original.
Au 19ème siècle, on mentionne Calmet pour preuve que l'OT médiéval a bien persisté jusqu'à cette époque, notamment en 1843, par l'OT maçonnique écossais, mais pas par Burnes, qui est retourné en Inde et ne sait sans doute pas qu'on le cite.
Pourtant, les mémoires de Calmet ne mentionnent ni le Comte de Dundee, ni la bataille de Killiecrankie, ni la grande croix de l'OT en Ecosse et, à l'époque où on le cite, il est mort depuis 85 ans...
Malgré les critiques de Lyon et Waite, on persiste à tenir la légende pour un fait réel. En 1933, les statuts du Grand Prieuré d'Ecosse répète l'histoire fournie par Burnes, sans mentionner ses doutes ni ses mises en garde et résume les principaux points du mythe moderne :
- L'OT était à la bataille de Bannockburn
- Robert 1er Bruce a récompensé les templiers
- Bruce a créé l'ORE
- Les templiers ont reçu de Bruce l'autorisation de continuer à exister
- L'ORE et les Templiers sont deux organismes distincts
- L'existence des Templiers est prouvée par des documents datant d'après 1314
- Les textes latins (non traduits) sont reproduits comme preuves
- Le vicomte Dundee est mort revêtu de la grande croix de l'OT
- Charles Edouard Stuart (Bonnie Prince Charlie) fut Grand Maitre de l'OT.
Cette courte étude dévoile un processus d'embellissement, d'additions et d'adaptations d'une fiction construite en 1628 par des FM désireux de s'assurer de fonder une histoire écossaise distincte. Ils ont mélangé des mythes et légendes à des vérités à moitié retenues pour créer une riche et romantique "histoire traditionnelle" qui continue à se développer.
LA FAMILLE ST CLAIR
C'est à Maidment, citant des éléments prétendument étayés par des preuves produites par Hay, qu'on doit l'hypothèse de la FM continuation de l'OT, après la bataille de Bannockburn, une création du roi Robert Ier Bruce, pour camoufler l'OT, désireux de recouvrer sa place au sein des pays chrétiens
De même, trouver dans l'acquisition d'un terrain nommé "Temple Land" la preuve du lien entre la famille Sinclair et l'OT est aller vite en besogne : les actes montrent, en effet, que ce terrain, acquis en 1317 par les St Clair, a connu au moins 6 propriétaires préalables, tous identifiés, puisque les actes antérieurs étaient obligatoirement remis au propriétaire en cours, comme preuve de propriété, et aucun membre de l'OT, qui a pu en détenir la propriété bien avant 1312, année de sa disparition.
Certains ont affirmé que, ce terrain ayant conservé son nom après la disparition de l'OT, preuve était faite que l'OT avait continué d'exister en Ecosse, mais de nombreux terrains, à une époque propriété de l'OT, continuent actuellement à porter le nom de "Temple Land".
Le Duc de St Clair apparait comme un homme pieux et généreux, qui fit, "pour remercier un Dieu qui lui avait largement démontré sa bonté", construire une chapelle "of a most curious worke" càd spéciale et unique. Pour cela, il fit venir une multitude d'ouvriers qualifiés, d'ailleurs et de l'étranger, pour lesquels il se montra bienveillant, ne refusant pas les pauvres, faisant construire le village de Rosslyn, attribuant à chacun une maison et des terres, en fonction du degré de qualification, et une somme annuelle de 40 livres à chaque maitre, et 10 livres à chaque ouvrier.
" Le vin est fort, le roi est plus fort, les femmes sont plus fortes et la vérité conquiert tout."
Il fait état du délabrement de la chapelle, deux agencements seulement restant à peu près intacts, l'inscription ci-dessus, et un gisant gravé à plat, chevalier dont la tête est entourée de deux lions cabrés sur blason et témoigne d'une tempête, en décembre 1688, qui dégrada chapelle et château.
le vin est plus fort…
Aux supputations diverses, à propos de la chapelle, tour à tour décrite comme synagogue, temple païen ou maçonnique, Hay oppose sans ambigüités, la preuve qu'elle fut bien chrétienne et même collégiale (l'atteste un acte de 1523, qui indique qu'elle doit être mise à disposition de divers chargés d'office chrétien, de divers rituels, à qui on attribua maison et terre autour, et qui doivent à jamais prier pour l'âme des membres de la famille), comme tant d'autres aux environs, dont au moins 15 érigées durant la même période.
En 1527, une charte signée Jacques V confirme la propriété des terres de Roslin et mentionne spécifiquement le rôle collégial de la chapelle.
Si RC n'est pas unique, pourquoi pareille hyperbole? Hay donne un indice, en parlant d'"ouvrage très curieux" : vu le nombre étonnant des chapelles alentour, celle de Rosslyn, si elle est comparable en dimension (bien que les fondations prévoyaient un édifice bien plus grand), est unique pour son intérieur et ses décorations, dont la profusion impressionne aujourd'hui encore.
La "charte" de 1628, déjà mentionnée, lie, pour la première fois, les St Clair, les maçons et la monarchie écossaise. Plus spécifiquement, la lettre prétend, selon les maçons, qu'un roi anonyme aurait émis des lettres intimant les St Clair de assurer "protection et autres droits" aux maçons écossais, sans préciser quels autres droits. Il semble que le William le fils s'intéressa plus aux activités de ces maçons, qui aménageaient les lieux de vie au château de Rosslyn.
A noter que, par suite de chicaneries de cour, cette charte ne fut pas reconduite par la suite. Au contraire, ce ne fut pas aux St Clair, mais au maitre des travaux royaux que fut confié juridiction sur les maçons, par un document du 27 février 1635, important parce qu'il révèle que le roi n'a jamais concédé aux St Clair des droits héréditaires ou, si ce fut le cas, qu'ils leurs furent repris. William fils meurt en 1650, sans jamais avoir obtenu confirmation de cette seconde "charte", mais cette querelle montre qu'il a toujours cru avoir obtenu les droits de la première charte, et les maçons d'Écosse de créer ainsi une "histoire" qui perdure jusque dans la FM actuelle. C'est bien sur ce document que se fonde la légende du développement de la FM écossaise, et de ses prétendues connections, même plus antiques, avec la famille St Clair.
Les chartes d'alors ne le mentionnent pas, mais l'erreur de Lawrie se répète jusqu'à nos jours. L'implication des St Clair dans la FM n'est donc pas fondée sur des faits précis, mais sur leur interprétation lapidaire de Lawrie: la construction de la Chapelle ayant démarrée en 1441, quand Jacques II était roi, il ne fait aucun doute, pour lui, que Jacques II a fait St Clair Duc et GM héréditaire, puisque l' "acte de renonciation", signé en 1736 par un autre St Clair prouve, à ses yeux du moins, que la famille était bien GM héréditaire. Il se trompe : les "actes" St Clair ne mentionnent pas de titre de duc d'Orkney et Caithness, de GM héréditaire, ni de Jacques II.
En 1736, les fondateurs de la Grande Loge d'Ecosse, cherchèrent, non sans raison, des documents adéquats portant sur la FM écossaise, comme l'avaient fait les FM Anglais avant eux. Comme eux, la Loge Canongate Kilwinning fonda Leith Kilwinning, pour former, avec deux autres loges, la GLE, attendant jusqu'au 15 octobre 1736 pour fixer les premiers règles de la GLE et désigner leur GM, poste pour lequel on ne pensa que le 2 novembre à W St Clair (initié le 18 mai, compagnon le 2 juin, maitre et plus haut jusqu'à GM le 22 novembre), et à 3 autres candidats.
Le 30 novembre, au convent, St Clair prit la parole et lut un acte, par lequel il renonçait à ces " droits héréditaires" sur les maçons Écossais, document rédigé le 24 novembre. Ce geste apparemment magnanime lui assura une élection au poste de GM à l'unanimité.
A noter qu'une seule loge connaissait cette prétention à une charge de GM héréditaire, la Loge Kilwinning, chef d'orchestre de la création de la GLE et dont St Clair était membre, et que, si la famille St Clair avait été faite GM héréditaire, la renonciation devait être adressée à la couronne, non à une Grande Loge.
L'"acte de résignation" ne revendique d'ailleurs pas un droit précis, mais parle de "droits concédés par l'un des rois d'Ecosse, en faveur dudit William et autre St Clair de Roslin, mes prédécesseurs".
Les prédécesseurs mentionnés ne sont pas le constructeur de Rosslyn Chapel, mais les William père et fils, qui vivaient au début 17ème, sous Jacques IV d'Ecosse, 1er de GB, et son fils Charles Ier, qui, le premier dénia aux St Clair tout droit héréditaire sur les maçons opératifs écossais. 12 loges opératives signèrent ces actes, en 1601 et 1628, les premiers FM spéculatifs n'étant admis qu'à partir de 1634. A peine cent ans plus tard, ces loges de maçons opératifs avaient apparemment oublié qu'elles s'étaient donné un GM héréditaire et avaient signé les actes St Clair. La seule loge à le savoir était une loge appartenant notoirement à la FM moderne.
Mais Aitcheson's Haven, loge opérative signataire de l'acte de 1601, peu émue par cette fièvre, déclina l'invitation de rejoindre la GLE. D'autres loges opératives écossaises l'imitèrent, ce qui est loin de constituer un vibrant appui, par des loges dont les St Clair étaient supposés être les GM.
Maidment, aussi, relève bien des erreurs dans cette présumée charge héréditaire de GM des St Clair sur les maçons écossais, qu'il explique dans la préface à sa publication de 1835, explication toujours valide actuellement.
L'histoire de la FM écossaise n'a jamais fait de différence entre opératifs et spéculatifs, ce qui conduit à croire que les deux étaient interchangeables. Les opératifs ont rédigé les lettres de juridiction, et ce sont les spéculatifs qui conduisent St Clair à se démettre de droits supposés et non spécifiés, à lui reconnus par les opératifs...
Ce faisant, les spéculatifs consolidaient la légitimité, de la nouvelle GLE, bien qu'elle n'ait pas grand-chose à voir avec l'opérative.
La confusion des deux termes fut, et reste, courante, et à l'origine de l'impression fausse d'une infime différence entre elles deux, ce qui convenaient bien aux fondateurs de la GLE. Elle reste non résolue dans bien des commentaires sur la FM écossaise.
Maidment, pour qui Hay est un propagandiste ("dans son grand désir de mettre en avant l'honneur des St Clair...") relève, non sans raison, que, bien qu'ayant eu à disposition quantité de documents, il ne dit RIEN de l'OT, de la FM écossaise ni des liens supposés des St Clair avec l'un ou l'autre, ce qui démontre qu'il n'a RIEN trouvé, d'autant qu'il est aussi l'auteur d'une brève mais sympathique histoire de l'OT, que Maidment a également publiée. Il mentionne un St Clair à Bannockburn, récompensé pour sa bravoure par un titre d'évêque de Dunkeld, ce qui est vrai, sauf que ce St Clair ne doit pas ce titre à la bataille, mais fut élu évêque en 1311. Une autre tradition orale propre aux St Clair, citée par Hay, preuve qu'elles peuvent être erronées. Hay démontre ailleurs qu'il fait preuve de partialité en faveur des St Clair, récits sans importance ici.
Les St Clair n'eurent pas d'autres liens, avec les opératifs, que des rapports employeurs/employés, lors de la construction de la chapelle et de certaines parties du château. Plus tard, comme le montrent les "actes St Clair", William Schaw tenta de faire accroire une autre relation entre les opératifs et la famille. La première tentative échoua, à cause du caractère du St Clair choisi. La seconde rencontra, au début, plus de succès, mais les temps avaient changé, et ceux en charge de l'autorité suprême rejetèrent l'existence de pareils liens, et ne souhaitèrent pas les générer.
Sur les traces des templiers.
5e et dernière partie
LA CHAPELLE DE ROSSLYN
La Chapelle n'est que le chœur de ce qu'il était prévu de construire, une église cruciforme. Elle est oblongue, et, comme la majorité des églises médiévales, orientée Est-Ouest.
Comme les tombes de Kilmartin, Argyllshire, Rosslyn Chapel est citée comme une évidence physique du lien présumé entre l'OT et la FM. Il nous faut ici fournit des détails ordinaires, avant de discuter d'exemples spécifiques réinterprétés par quelques auteurs modernes.
La chapelle est citée, pour la 1ère fois, dans les nouvelles constitutions d'Anderson, en 1738. William duc de Orkney y est cité spécifiquement avec, pour la première fois, le grade de GM de la "maçonnerie". Anderson suggère à nouveau que la "maçonnerie " commença peu avant la création du monde et qu'Adam " s'assura d'un grand savoir, spécialement en géométrie " Il est bon de souligner l'histoire de la "maçonnerie" selon Anderson, qui permet à William St Clair et Rosslyn Chapel d'être clairement dans le tableau.
- Histoire de la maçonnerie depuis la création du monde, jusqu'à ce que l'architecture en
soit démolie par les Goths et finalement ravivée en Italie.
- Histoire de la maçonnerie en Grande Bretagne, de Jules César à l'union des couronnes
en 1603
Anderson complète par l'histoire de la maçonnerie britannique, de l'union des couronnes au temps présent (1738), dans laquelle il invente une histoire de la maçonnerie en Ecosse, qui aurait commencée avec Fergus II en 403 et une fausse lignée de GM d'Ecosse depuis Malcom III (+ EN 1093), dans laquelle il est bon de relever que ce premier GM Maçon mourut des années avant la création de l'OT médiéval.
Qu'arriva-t-il, en 1723, qui a pu convaincre Anderson d'inclure William St Clair dans sa liste imaginaire de GM?
Trois faits majeurs :
- La publication du Compagnon de Poche par Smith, en 1736
- La fondation de la GLE en 1736 avec William St Clair comme 1er GM
- l'Oraison de Ramsay en 1737
Smith utilise les constitutions d'Anderson 1723 pour narrer l'histoire de la FM, sans mentionner, à l'inverse d'Anderson, Rosslyn Chapel, mais il cite Holyrood Palace. Les nouvelles constitutions peuvent être une réaction à ces faits. Il est important de se rappeler qu'Anderson savait qu'une GL avait été fondée dans son pays natal, et que William St Clair avait été nommé premier GM. Impossible alors de résister à la tentation d'inclure le bâtisseur de Rosslyn Chapel, que St Clair décrit comme chef d'œuvre du meilleur gothique, dans la liste des GM, et de le placer chronologiquement de façon à en faire un GM au moment où il entamait la construction de la chapelle.
Anderson, F:.M:. écrivant un livre sur la F:.M:., Ecossais de surcroit, identifie St Clair à la chapelle, comme d'autres GM à d'autres édifices, non parce que la construction est si importante, mais bien pour renforcer la liaison proclamée de la "Maçonnerie" et des constructions prestigieuses, d'où le développement de la version St Clair FM.
Même Walter Scott, créateur du roman historique, FM écossais, pénétré de tradition FM et d'histoire FM, n'a jamais lié Rosslyn Chapel avec la FM ou l'OT: même s'il a laissé des écrits à propos des trois, jamais il ne lie l'un aux autres. Scott ignorait tout des revendications de lien entre l'OT et la FM écossaise, pour un simple raison : il est mort SEPT ans avant que ces liens ne soient inventés.
L'adjonction de Rosslyn Chapel à la collection des légendes est donc très récente, et, pendant plus de 500 ans (1446-1982), rien ne suggère un tel lien. Jusque dans les années 1970, on vendait un guide, à Rosslyn Chapel, écrit en 1892 qui, s'il se référait à la FM et à sa supposée liaison avec les St Clair, ne contenait aucune allusion à la légende, telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Révélateur, le guide officiel ne mentionne rien de tel, pendant près de 200 ans, si l'on tient compte du précédent, publié par l'évêque Forbes? Soudain, l' "Enigme sacrée" déclenche une tempête : dans le chapitre "Rosslyn Chapel et Shugborough Hall", en reliant une fraction de la plus ancienne mention à Rosslyn Chapel au mythe moderne (page 152)
Shugborough Hall est retourné au second plan, et la position de Rosslyn Chapel est devenue incontournable. Pour l'inclure dans la légende et en faire un pivot de la version moderne, il a bien fallu entreprendre une ré-interprétation radicale. Avant 1979, guides, livres et autres commentaires restent fermement ancré à la tradition chrétienne occidentale, même si des éléments du mythe, tel les GM énoncés pas Anderson, existent parallèlement, certains mentionnés dans le guide officiel.
La réinterprétation est centrée sur le besoin de montrer que la Chapelle n'est PAS chrétienne, du moins évoque une large quantité de domaines NON chrétiens. Une fois ainsi "déchristianisée" la Chapelle peut ainsi être déclarée, selon l'auteur, temple juif, païen ou maçonnique. On en parle de nos jours comme si elle n'avait pas de lien avec histoire ecclésiastique écossais, mais on trouve 42 chapelles collégiales, bâties entre le 13ème et le 16ème siècle, qui avaient pour fonction de prier pour les morts, dont on pensait le besoin essentiel, pour ceux qui n'étaient pas en enfer, de quitter le purgatoire pour rejoindre les cieux, et que les prières réduisaient notoirement le séjour au purgatoire.
Ainsi, par ces chapelles et ces prières pour, par exemple, ses pères, on escomptait bien que les enfants en feraient de même pour soi. Quelques collégiales furent construites par des groupes, guildes, conseils municipaux, etc., d'autres, par des familles. Hay, prêtre et allié à la famille St Clair, confirme que ce fut une des raisons d'être de Rosslyn Chapel, que les écrits le prouvent, notamment l'établissement de rentes annuelles de £10, une forte somme à l'époque. L'autre objectif fut d'offrir un lieu de sépulture à la famille, au sens large.
La chapelle resta privée, et l'Eglise presbytérienne écossaise, qui ne put jamais se l'approprier, finit par contraindre les St clair, sous peine d'excommunication, à démolir les autels, non conformes au culte réformé, en 1590.
Bien des églises sont cruciformes, ce qui n'est pas le cas de Rosslyn, raison pour laquelle on suggéra, bien à tort, qu'elle n'était pas chrétienne.
Forbes établit, en 1774, que la chapelle avait bien été conçue pour être cruciforme, que seul le chœur avait été bâti, preuve en est les fondations découvertes.
Le guide vendu à Rosslyn jusqu'en 1980 contenait une esquisse de ce qu'aurait été la chapelle terminée, mais on a aussi supputé que la chapelle avait délibérément été conçue "non finie".
PAS DE SYMBOLES MAÇONNIQUES DANS ROSSLYN CHAPEL!
Chaque commentateur voit dans les sculptures et gravures de la chapelle tel ou tel symbole, en fonction de son propre savoir, des symboles templiers, maçonniques ou païens, plutôt que chrétiens, dont l'usage de la symbolique a peu a peu disparu. Mais il nous faut y revenir.
Petite histoire de la symbolique
L'apogée de la symbolique chrétienne se situe au Moyen Age, et se retrouve dans les églises et cathédrales de l'époque. Peu sont capables d'interpréter ces signes, moins encore ces symboles, que le peuple d'alors savait interpréter facilement. La réforme entraina la destruction ou le retrait de nombreuses ornementations jugées idolâtres, le symbolisme ne fut pas condamné en soi, mais cessa d'être enseigné, et, 450 ans plus tard, rares sont ceux qui comprennent le symbolisme catholique médiéval, l'accélération récente de la laïcisation ayant contribué le faire oublier. On connait les signes, plus les symboles, qui peuvent être des signes, non l'inverse. Un symbole transmet un concept abstrait comme une information concrète.
On s'est récemment demandé comment les gens, dans le passé, comprenaient le symbolisme, quels symboles et comment ils étaient perçus. Dans ce contexte, un récent réexamen du symbolisme a mis en avant Rosslyn Chapel et de nombreuses thèses ont été avancées pour tenter de relier la FM écossaise moderne à la chapelle et à l'OT.
Ce ne sont que des concepts, et la preuve fournie pour les authentifier n'est souvent qu'une réinterprétation des symboles et gravures, qui devient ainsi centre du débat sur Rosslyn Chapel, ce qu'elle évoque, et sa fonction.
Architecturalement, la chapelle n'est pas très originale, son style gothique est commun à bien d'autres de son époque. Ce qui la rend si particulière est bien la pléthore de sculptures et illustrations intérieures. Même si certaines sont médiocres, leur abondance frappe d'emblée l'esprit, peut-être une intention délibérée du fondateur, pour une petite église qu'il savait ne pas se mesurer à d'autres édifices ecclésiastiques.
C'est une explication : la folie d'un homme, son désir de passer à la postérité, qu'atteint William St Clair, et ce ne serait pas le premier à en avoir conçu le projet.
Mais des auteurs récents ont réinterprété les fonctions de la chapelle et, en conséquence, le monde ignore globalement quelles étaient les intentions de St Clair en la construisant.
Les symboles, pour les modernes au moins, ne sont que des signes, avec un sens simple, unique et littéral. Leur réinterprétation dans ce contexte leur assure que toute explication autre que celle qui leur a été redonnée est déclarée irrecevable.
Par exemple, un vieillard a barbe blanche, assis sur un nuage et punissant les hommes dissipés en leur lançant la foudre, est rejeté par un esprit moderne, comme impossible, donc inexact. C'est-ce que Marx appelle l'opium du peuple, et, bien qu'il fasse référence à des religions organisées, il énonce que ce qui n'est pas directement perçu par les cinq sens, une "religion", dans ce cas, quelque soit sa forme, variance et symbolique, n'est rien d'autre qu'une sorte d'abus de confiance.
La perception moderne du symbolisme explique bien pourquoi bien des FFMM, ont un mal fou à comprendre le rite et les symboles, quand ils leur trouvent un sens : ils ont perdu la capacité de comprendre que, tel le vieillard barbu, les compas et équerres sont bien plus que l'image de simples instruments.
Si un Fne perçoit pas la symbolique, qu'attendre d'un profane? Les raisons qui empêchent de la comprendre, qu'elle soit FM ou de Rosslyn Chapel, sont dues à ce monde de plus en plus matérialiste, mais la FM, en tant qu'institution, est tout aussi blâmable, elle qui ne se soucie plus assez d'instruire, éprouver ou creuser cet aspect, pourtant des plus importants.
De nos jours, le symbolisme, même maçonnique, se comprend trop souvent comme un signe pour lequel il n'existe qu'une seule et simple signification, évidente, exacte, authentique ,de ce qui se voit, non pas avec le cœur, mais les yeux.
On donne des interprétations superficielles qui sont acceptées, parce que rares ceux qui en savent assez pour comprendre l'interprétation originelle, et des générations ont été instruites, de moins en moins dans le sens spirituel, et de plus en plus dans le sens concret. La plupart ne comprennent ainsi plus des symboles que tous comprenaient, autrefois.
Signes contre symboles
Comment fonctionne les symboles? Essayons avec une allégorie. Imaginons-nous dans une pièce avec une fenêtre, qui peut être un symbole, puisqu'elle permet de voir le paysage extérieur à la pièce. En d'autres termes, le symbole peut s'utiliser pour voir, au delà de l'endroit ou l'on se trouve, dans le temps et dans l'espace. Littéralement, la fenêtre peut être vue comme une chose faite de verre et de bois. Si on se focalise uniquement sur la fenêtre elle-même, le paysage au-delà disparait totalement : l'"au-delà de" n'existe pas.
Au contraire, si on se refocalise sur la vue à travers la fenêtre, elle nous permet d'apercevoir le paysage. Le symbole permet de voir d'un endroit un autre, c'est une aide, en l'occurrence visuelle, mais pour s'en servir, on doit réaliser que ce n'est pas qu'un objet de verre et de bois. Malheureusement, l'esprit moderne tend à ne voir dans le symbole que le verre et le bois, non ce à quoi il peut être utile.
On voit qu'un symbole peut agir à plus d'un plan, si on le lui laisse la possibilité. Les symboles agissent généralement sur quatre niveaux :
- Evident ou textuel
- Allégorique
- Personnel
- Mystique
Ces divisions sont artificielles, et il est possible d'éprouver plusieurs, voire tous les niveaux, en même temps.
Autre manière de décrire le fonctionnement des symboles, faire d'eux la jonction entre deux réalités, le conscient et l'inconscient, des points de rencontre entre le microcosme et le macrocosme, l'homme et le divin, etc. C'est cette façon de comprendre les symboles qui est étrangère à beaucoup, et à de nombreux FM
La F:.M:. a adopté de nombreux symboles chrétiens. Pourtant, les symboles maçonniques ne peuvent être utilisés pour interpréter le symbolique chrétienne, parce que le christianisme est très antérieur à la F:.M:. . Il serait tout aussi erroné de croire qu'on peut donner une signification chrétienne aux symboles maçonniques empruntés au christianisme. Autre point crucial, à propos de cette interprétation des symboles en général et de ceux de Rosslyn Chapel en particulier, des symboles identiques ou similaires peuvent être utilises en différents lieux avec une toute autre signification comme, par exemple, la swastika en Inde et dans l'Allemagne nazie.
Quelques exemples de Rosslyn Chapel illustrent comment le processus de réinterprétation et les tentatives de découvre une symbolique maçonnique peut conduire à l'erreur et la confusion.
L'initiation
Un encorbellement extérieur, en bas à gauche de la fenêtre sud ouest de la chapelle, est apparemment une sculpture à deux personnages, dont on dit qu'elle représente un candidat à l'initiation conduit en loge maçonnique. On dit celui de droite portant un bandeau, et guidé par celui de gauche, à l'aide d'une corde passé autour du cou.
L'encorbellement a probablement été sculpté voici 500 ans, et le comparer à la pratique de la FM actuelle est dangereuse, car cela implique, non seulement que la FM existait déjà à cette époque, mais aussi que les cérémonies FM étaient les mêmes que de nos jours.
Les plus anciens rituels connus, de 1696 à 1710, permettent de vérifier si cette gravure a un rapport avec les cérémonies en usage, au temps ou elle a été exécutée : aucun ne mentionne l'usage d'une corde ni d'un bandeau, bien au contraire, puisque l'élément d'intimidation de la cérémonie est entièrement visuel, et que corde et bandeau ne furent introduits dans le cérémonial que plus tard dans le 18ème siècle.
On ne peut donc faire usage du rituel moderne pour explique cette sculpture, et, la chapelle ayant été construite pour des rites religieux du 15ème, il ne parait pas déraisonnable de se tourner vers ses pratiques pour expliquer fonction et symbolique.
Rosslyn Chapel possède un grand nombre de décorations, dont beaucoup représentent des thèmes bibliques bien connus. Si cet encorbellement représente bien un personnage aux yeux bandés, à quel thème biblique fait-il référence? D'abord, comment un Maçon opératif représenterait-il un aveugle? Sans doute à l'aide d'un bandeau, ce qui ne signifie par nécessairement que le personnage porte un bandeau, mais indique peut-être tout bonnement qu'il est aveugle.
Dans le christianisme, la cécité était et reste un symbole puissant avec divers sens :
-Cécité réelle, courante dans l'antiquité, souvent à cause de la cataracte
-Ignorance, souvent en référence au paganisme, ignorance du Christ et de son royaume (heathen signifie littéralement ténèbres)
-Cécité spirituelle, ceux qui, dans la communauté chrétienne, n'ont aucune connaissance ou entendement spirituel.
-Cécité légale : aux temps bibliques, un aveugle ou un boiteux ne pouvaient devenir prêtres, les animaux aveugles ou boiteux ne pouvaient être bêtes de sacrifice
On commence à voir plusieurs niveaux de complication dans la symbolique chrétienne, et les tentatives de l'Eglise, avec des succès divers, d'exprimer ses principes et préceptes par ce moyen. La cécité physique était parfois infligée par Dieu (Lot) ou il y est fait allusion par le christ, a propos des pharisiens (les aveugles guident les aveugles, Math15, 12-14) qui devraient finir par ouvrir les yeux en le suivant, nul besoin donc de leur faire comprendre avant qu'ils ne voient la lumière.
Or, c'est à Matthieu que St Clair dédia la chapelle, il est donc probable qu'il choisit délibérément cette histoire dans l'évangile de son saint favori, s'assurant qu'elle fut mise bien en vue.
Il n'y a pas de symboles maçonniques dans Rosslyn Chapel, ce que démontre, entre autres, cette effigie : quelque soit sa signification, elle ne figure PAS dans la symbolique FM, ce n'est qu'une image à qui on attribue une interprétation arbitraire.
Le pilier de l'apprenti
Dans la chapelle de la Dame (vierge) se trouve " le pilier de l'apprenti ", qui tire son nom d'une légende du 18ème siècle. W. St Clair aurait montré un grand intérêt personnel au dessin de sa chapelle, jusqu'à en croquer les détails sur des panneaux de bois, pour que les charpentiers les sculptent à l'usage des maçons. Le pilier de l'apprenti est une sculpture richement ornée, que le maitre maçon décréta impossible à reproduire sans avoir étudié l'original, qui se trouvait en Italie, à Rome ou à Florence.
A son retour, il fut stupéfait de constater que le pilier avait été réalisé à l'identique avec l'original, surprise qui tourna à la colère, quand il réalisa qu'il avait fait ce long voyage pour rien. Il demanda qui avait, en son absence, réalisé le pilier.
Un humble apprenti s'avança et revendiqua fièrement la paternité de ce travail.
Au lieu de recevoir les félicitations du maitre, celui-ci, rendu fou furieux d'apprendre que ce chef d'œuvre avait été accompli par un simple apprenti, lui asséna un coup sur le front, qui le tua sur le coup. Réalisant son acte, la maitre, pris de remords, mit de suite fin à ses jours.
On distingue, au coin sud ouest de la chapelle, un visage gravé avec une blessure au front: ce serait l'apprenti, mais il se peut aussi que cette figure ait été endommagée, quand on détruisit les autels.
En face, au coin nord ouest, une autre tête est attribuée au maitre maçon assassin, et, poursuivant vers l'est, on tombe sur le visage de femme affligée, qui serait la mère de l'apprenti, une veuve.
L'apprenti est donc annoncé comme le fils d'une veuve: les FM en comprendront immédiatement le sens.
Mais, (sans dévoiler des détails qu'on ne doit aborder qu'en chambre du milieu, NDT), on constate bien des différences, entre une allégorie inventée pour des raisons de morale précise, et une autre, dont certains ont affirmé qu'elle était attestée, légende qui ne peut être acceptée comme maçonnique.
Que connaissons-nous de la légende de l'apprenti assassiné, qui nous indiquerait comment elle est née? La description de Rosslyn Chapel par John Slezer, dans son Theatricum Scottiae (1693), est brève mais instructive :
(...) Il est remarquable que, dans tous ces ouvrages, il n'y en ait pas deux taillé de manière identique. La plus curieuse partie de l'édifice est la crypte du chœur, mais aussi le très fameux pilier du prince.
Slezer visita la chapelle, exécuta des croquis de ce qui reste la plus ancienne description connue, et se familiarisa avec les anecdotes qui s'y rattachent. Or, il ne fait nulle mention du pilier de l'apprenti, mais se réfère à un " pilier du prince ", qui peut avoir été baptisé ainsi en l'honneur du fondateur de la chapelle, W St Clair, "prince" d'Orkney.
La légende liée au pilier de l'apprenti n'existait donc pas du temps de Slezer, lequel a probablement rencontré Hay. Symptomatique, Hay, l'hagiographe de la famille St Clair, ne fait pas, lui non plus, mention de l'apprenti assassiné. Il est impossible que ces deux historiens vétérans de Rosslyn Chapel ignorent cette légende, si elle existait déjà : ainsi, cette légende est sans doute antérieure au milieu du 17ème siècle, mais précède les premiers écrits de l'évêque Forbes, en 1761.
L'intégration de Rosslyn Chapel dans la FM fait partie d'un processus d'élaboration impliquant d'autres places et d'autres personnages, depuis les nouvelles constitutions d'Anderson, en 1738, ce qui concerne aussi le pilier de l'apprenti. Ni Hay ni Slezer ne parle de lui, du maitre assassin, de la veuve affligée. Ils n'apparaissent que dans Forbes, avec un détail important : la marque au front est représentative.
En 1845, on est plus précis : cette blessure est un barbouillage d'ocre, rajouté de manière parodique, comme pour rappeler la blessure de l'apprenti, sur ce qui n'est en fait, bévue de taille, que le visage barbu d'un vieil homme. D'autres rapports sont même plus railleurs: pour que les cockneys mal dégrossis saisissent l'allusion, on a rajouté un trait à la craie rouge au dessus du sourcil.
Information importante pour comprendre la place de Rosslyn Chapel dans la mythologie de la FM écossaise et de l'OT : la légende n'existe pas encore, à la date de la construction de la chapelle, elle n'apparait que 250 ans plus tard. Comment est-ce possible, d'autant que l'actuelle blessure est une profonde entaille sur le front? La conclusion est inévitable : l'entaille a été rajoutée plus tard.
On ne peut donc échapper à la conclusion que certaines parties de Rosslyn Chapel ont été manipulées, d'autant que le récit de 1845 dit vrai : le visage de l'apprenti arborait une barbe, et probablement une moustache, symboles de maturité, lesquelles ont été, des années plus tard, délibérément et maladroitement élaguées, pour mieux affirmer la jeunesse de l'apprenti. D'autres altérations majeures ont été apportées à Rosslyn Chapel, d'autant plus facilement que la plupart des gravures ont été rajoutées sur la structure de base, par application. C'est ainsi que le piler de l'apprenti est creux ou comporte des vides (construit comme un "empilage de beignets"), comme les arches des ailes, attestant que les décors ont été rajoutés plus tard.
Les trois piliers
Chacun sait qu'il existe trois degrés en FM, ce qui certains appliquent à Rosslyn Chapel. Mais avant 1720, il n'existait que deux degrés, le premier témoignage d'un 3eme datant du 29 janvier 1719. Bon exemple de l'application rétroactive d'un concept récent appliqué au passé, exemple symptomatique d'un montage qui conduit à des erreurs historiques fondamentales, erreurs dont Rosslyn Chapel n'a pas la prérogative, puisqu'on relève la même légende, entre autres, dans les cathédrales de Gloucester, de Rouen, au pont de Ratisbonne, dans la grande mosquée de Damiette, tous des monuments sans aucun rapport avec la FM, ce qui soulève une question d'intérêt :
Pourquoi la légende Rosslyn Chapel est connectée à la FM, autre exemple de l'impression erronée qui nait du fait de considérer Rosslyn Chapel comme unique, sous cet aspect.
Marques maçonniques
Pour preuve du travail des opératifs sur les bâtiments qu'ils ont édifiés, ils laissent leur marque. Mais les marques, sortes de sténographe remplaçant une signature de maçon, ne peuvent être datées ni attribuées à quiconque en particulier, mais servait à faire les comptes de leurs travaux, pour les rétribuer, chacun conservant, sa vie durant, la marque qu'il avait choisie, une fois accompli son apprentissage, les fils adoptant celle de leurs père, avec une légère modification pour la reconnaitre.
On en trouve beaucoup, à Rosslyn Chapel, mais, curieusement, nombreuses sont plus récentes, qui ne peuvent être attribuées à des opératifs.
Le doute est grand de reconnaitre les parties de la chapelle construites pas des opératifs, qui apposaient leur marque sur une face interne, pour qu'elle n'apparaisse pas quand la pierre était définitivement posée, pour ne pas la dévaloriser par une "rature", à l'exception notoire du maitre maçon, qui en plaçait une dans un endroit discret ou élevé, signe qu'il approuvait la qualité du travail.
A Rosslyn Chapel, certaines, trop évidentes, en position trop basse, semblable à un graffiti, grossière et manifestement pas réalisée avec un maillet et un ciseau, etc.
La sainte arche Royale
L’inscription, déjà citée, fait allusion à Darius appliquant le décret de Cyrus, qui permet à Zorobabel de reconduire les Juifs à Jérusalem, pour y reconstruire le temple. En FM, les cérémonies de la sainte arche royale se concentrent sur les évènements qui eurent lieu quand Zorobabel se prépare à cette reconstruction.
L'extrait décrit un événement précédent ceux décrits dans l'arche royale sacrée. Certains ont lié le deux et suggèrent que les opératifs qui ont gravé la phrase connaissaient la cérémonie de l'arche royale sacrée, exemple de technique d'application rétrospective des pratiques modernes sur celles du passé.
Connaissaient-ils ou non la cérémonie? Elle suggère qu'Esdras était connu à l'époque de la construction de la chapelle et que, coïncidence, quelque siècles plus tard, les FM, qui créaient toutes sortes de cérémonies, se sont inspiré, eux aussi, d'Esdras. Quand bien même : le texte de la chapelle n'apparait dans aucune cérémonie FM et les événements qu'il décrit ne font pas partie de l'arche royale : les FM n'utilisent pas cette partie d'Esdras.
Comme précédemment, à propos des trois piliers indûment liés aux trois degrés FM, il semble que le désir de faire de ce lieu une chapelle FM en a conduit certains à créer des liens qui ne résistent pas à l'examen, l'arche royale n'étant connue qu'après 1740.
Les hommes verts
Affirmer que la chapelle n'est pas chrétienne a conduit certains à prétendre que les hommes verts devaient être païen, du moins pas chrétiens.
C'est mal interpréter l'histoire de l'Eglise et sa symbolique. Certes, les visages verts ont des significations païennes, le cycle sans fin des saisons, l'idée préchrétienne de reproduction, de fertilité et le cycle agricole. Pour les Romains et les Grecs, il était l'épanouissement de l'instruction (les fruits du savoir), symbole charismatique.
Païens, Grecs, Romains et chrétiens ont fait usage de ce symbole, mais il est important de comprendre quelle signification, différente, chacun lui attribua. L'interprétation païenne - indication des saisons – s'est mue, pour les chrétiens, en celle de l'immortalité de l'âme, de la résurrection de JC, mais représente aussi la création, animale (visage) végétale (feuillage) et minérale (la pierre qui le supporte).
Il est d'autres symboles chrétiens, mais le plus important est le plus simple : l'homme vert EST JC (visage humain), envoyé par Dieu sur terre (feuillage), symbole que ciel et terre sont liés par une seule personne, le Christ.
Moise contre le démon
L'appréciation des effigies de Rosslyn Chapel a été contrariée par l'ignorance des sources de la symbolique. Ainsi, celle d'un homme avec deux cornes, tenant une tablette d'une main et une baguette de l'autre, qu'on a présumé être le démon faisant le compte des âmes qu'il a piégées : Le père Thomson énonce clairement, page 70 de son guide, qu'il s'agit de Moise, descendant du Sinaï, pour la seconde fois, avec les tablettes des dix commandements (Exodus 34, 29-30).
Après 1560, on ne possède plus guère que la bible protestante, laquelle ne mentionne plus que Moïse portait des cornes. On comprend que la figure a été indûment attribuée au démon. Mais lors de la construction de la chapelle, la bible en usage était la Vulgate, qui décrit Moïse portant des cornes (même réf.)
Cette explication rend l'effigie évidente, mais, de moins en moins de gens n'étant familiers avec la Bible, sans parler de ses différentes versions, on comprend aisément comment se sont répandues des interprétations ni religieuses ni bibliques des symboles trouvés dans Rosslyn Chapel.
L’agneau de Dieu
Autre problème, l'application rétrospective du sens d'un symbole. Ainsi, on a suggéré qu'une des effigies de la chapelle, celle de l'agneau avec une croix de la passion, était le sceau Templier.
C'est oublier que ce symbole, que les Templiers ont certes adopté, était chrétien depuis bien plus longtemps, et en usage dans l'Eglise depuis des siècles. Il n'a pas été inventé par l'OT, mais est issu de St jean 1;29.
Le premier sceau de l'OT représentait deux hommes sur un cheval, le premier usage connu de l'agneau de la passion comme sceau templier date de 1241, alors que l'Eglise l'utilisait déjà depuis plus de 400 ans.
Visage de Bruce
Une effigie porte la légende suivante : " masque mortuaire de Robert le Bruce " qu'on présente comme " non seulement un templier, mais le souverain grand maitre de l'ordre militaire ET des guildes maçonniques, dont le masque mortuaire a été gravé dans la pierre, à Rosslyn Chapel."
Il n'a jamais été mentionné, auparavant, qu'un masque mortuaire de Robert Ier avait été réalisé. Nulle part il n'avait été fait état que le souverain écossais était templier etc. Il n'est pas clairement établi que le masque mortuaire soit le vrai, ou une copie. Dans les deux cas, ce serait une découverte historique majeure, les masques mortuaires ne devenant courants qu'au 15ème siècle, comment l'existence de CE masque aurait pu être cachée si longtemps? De plus, il est mentionné "supposé", sans apporter plus de poids à cette supposition.
Aucun auteur, avant 1993, ne rapporte que le plus fameux roi d'Ecosse ne fut immortalisé à Rosslyn Chapel, et qu'aucune des multiples blessures connues de Robert 1er n'apparaissent pas sur le masque. Ce n'est qu'un autre exemple qu'on aura "vu" quelque chose, plutôt qu'en apporter la preuve évidente.
De même, aucune preuve n'existe que Robert Ier fut un Chevalier de l'OT, ni souverain Grand Maitre de l'ordre militaire et des guildes maçonniques.
Le terme Grand Maitre n'est pas utilisé dans les charges de la couronne d'Ecosse, et les différentes guildes n'apparaissent qu'au 15ème, alors que Robert Ier est mort en 1329.
De même, l'ange ne tient pas entre ses mains le cœur de Bruce, mais un simple coussin en forme de cœur, symbole chrétien clair et connu, représentant le salut par le sacré cœur de Jésus Christ, dont on retrouve d'autres représentations dans la chapelle, une dévotion bien connue depuis le 11ème siècle.
Anges Maçonniques
Une effigie ailée, accroupie, les deux mains sous le genou droit, dans le cœur de Rosslyn, est dite en position maçonnique. Une autre figure ailée, la main droite sous le genou droit et la gauche sur le sein droit, est aussi associée à la FM. L'allégation mal définie, que la chapelle est "maçonnique" a conduit certains à voir des symboles maçonniques là où il n'en est rien, l’attitude de ces anges n'ayant rien de spécifiquement maçonnique, encore moins écossaise.
Affirmation de profanes, sans doute, l'assertion qu'il existe des "anges maçonniques est tout bonnement grotesque, voire offensante. Ces anges sont, indubitablement, chrétiens, St. Matthieu mentionnant quelques 12 légions d'anges, nul surprise à en trouver plusieurs dans une chapelle qui lui est consacrée.
Maïs
Cité comme preuve que des Européens atteignirent l'Amérique avant Colomb, cette plante n'aime pas le froid et ne s'est pas adaptée naturellement à ce qui est maintenant le Canada. L'assertion que les gravures sont du maïs est basée sur 2 faits : qu'il s'agit BIEN de maïs et que la chapelle a été construite en 1446, même si les représentations de maïs sont bien différentes d'un épi réel.
Bien sûr, ce serait une sacrée découverte, si les Ecossais avaient découvert l'Amérique. Mais ces affirmations, comme celle du masque mortuaire de Robert, ne repose sur rien de concret. De plus, rien ne prouve que ces reproductions aient été faites avant 1492, puisqu'on sait maintenant que la décoration intérieure a été réalisée longtemps après la construction de l'édifice.
Aloe Vera
De même que pour le Maïs, l'"aloe cactus" est alors inconnu en Europe. On en a fait une autre preuve que les Ecossais ont bien découvert l'Amérique. L'aloe existe sous 250 espèces, la plus connue étant l'aloe vera, et, à nouveau, la ressemblance entre la décoration et la réalité est des plus aléatoire. De plus, cette plante ne supporte pas le gel, mais sa provenance est liée à la prétendue découverte de l'Amérique du Nord par les deux frères vénitiens, qui auraient exploré la Nouvelle Ecosse, un endroit ou l'aloe vera, plante tropicale, ne peut pousser. Il faut donc rejeter cette hypothèse.
Le sceau de l'OT
Un des encorbellements, à la fenêtre de l'aile sud, représente un cheval et deux personnages, ce qu'on a prétendu être le sceau de l'OT, liant ainsi la chapelle à cet ordre. Si c'est vrai, l'OT étant supprimé en 1312 et la construction de la chapelle démarrant en 1446, cela suggèrerait que l'OT existait encore, 130 Ans plus tard, et avait un lien avec la chapelle. La sculpture ressemble-t-elle à un sceau de l'OT? Il est évident que le personnage arrière, portant la croix de la passion, est debout, seul le premier chevauche. Que représente donc cette effigie? Selon Thompson, 1894, il s'agit de St Georges terrassant le dragon. Où est le dragon? La partie basse de l'effigie est endommagée, il manque les pattes avant du cheval et les pieds du cavalier. La présence d'un ange portant une croix confirme la version St Georges. Rien ne permet d'éluder le fait que ces parties ont été enlevées, autre exemple de la façon dont Rosslyn Chapel a été délibérément modifiée pour correspondre au mythe.
Dalle funéraire d'un templier
Une dalle funéraire, récemment fixée sur une plinthe de mortier, d'environ un mètre sur 40 cm et 20cm d'épaisseur, dont les inscriptions ont été ré-engravées : on ne peut définir qui est le Sinclair Templier en question.
Pareille réutilisation d'une dalle n'a rien d'inusité, et une dalle de cette taille marque plutôt l'endroit ou repose un enfant, celui d'un guerrier qui voulut rester aussi anonyme que l'enfant qu'il chérissait, d'où l'épée.
Symbolique Maçonnique?
Il n'y en a pas! C'est même ce qui réfute principalement l'allégation que Rosslyn Chapel serait FM. Seuls, quelques gravures sont revendiquées FM, sans explication quant au pourquoi nulle trace de compas, de règle à 24 degrés, de maillet etc., faciles à représenter pourtant, révélateur, dans une chapelle qui fourmille de symbolisme.
Donc, ceux qui prétendent, contre toute évidence, que la chapelle n'est pas chrétienne, que, camouflée sous le prétexte d'un caveau pour l'inhumation des morts de la famille, se cache quelque chose, qui pourrait être :
- Le trésor de l'OT
- La tête embaumée de JC
- La "vraie" pierre du destin
- L'arche d'alliance
- Des parchemins écrits de la main de JC
- Le Saint Graal
Ces revendications ont conduit à plusieurs invites à faire des fouilles dans les caveaux de RC, pour en définir la nature du contenu, fouilles qui semblent inutiles, cependant : il est évident que les caveaux ont été maintes fois explorés déjà, vu le nombre important de dépouilles qui reposent là. L'ultime fut le premier GM maçon de la GLE, William St Clair de Rosslyn (1778), enterré avec tous les honneurs FM et la présence de centaines de FM venus de toute l'Ecosse.
Avant la réforme, tous ont été ensevelis selon le rite de l'Eglise Romaine, impliquant une nombreuse assistance. Il est inconcevable que, en 322 ans de sépultures publiques, ils n'aient jamais été explorés. La preuve est fournie par Hay qui fournit un témoignage visuel de sa présence aux funérailles de son beau père.
Autre événement d'importance, le caveau fut rouvert en 1837. On y trouva les deux seuls cercueils utilisés pour des funérailles, les autres ayant reposé dans leur armure ou leur linceul, et les os retrouvés empilés contre le mur appartiennent à tous ces morts. Il est inconcevable qu'on ait pu cacher, dans ces caveaux, vu l'activité qu'ils ont connue pendant des centaines d'années, des objets aussi vénérés que le St Graal etc.
Les deux St Jean
RC est principalement dédié à St Matthieu, moins populaire que les autres, et à qui on a consacré peu d'Églises, preuve sans doute que St Clair voulait s'assurer que sa chapelle sorte du lot. Plusieurs auteurs relèvent que la bataille de Bannockburn eut lieu le jour de la St jean baptiste, un 24 juin et que cette date soit importante pour la FM a sans doute un rapport, mais personne ne l'explique.
On s'attendrait donc à ce que ce saint soit présent dans la chapelle. Or, il n'en est rien. En outre, St Jean Baptiste n'est pas associé à la FM écossaise, mais à la FM Anglaise, le patron de la FM écossaise étant St Jean l'Evangéliste, fêté le 27 décembre.
Quatre saints présents, mais absent le plus étroitement associé à la FM écossaise, voilà qui ne soutient pas l'allégation que la chapelle serait d'une certaine façon "FM". Cette affaire des deux St jean sert non seulement à démontrer les différences notoires entre Fm écossaise et anglaise, mais démontre aussi l'ignorance de certains commentateurs de la FM écossaise, qu'ils présentent comme identique à toutes les FM.
Mur de l'ouest
Une rengaine contemporaine, répétée tant et plus, voudrait que RC soit, en résumé, un lien majeur entre la FM et l'OT. La chapelle est citée comme preuve que l'OT aurait fait des fouilles sous le temple d'Hérode, " la mission de St Clair étant de recréer les cryptes du temple d'Hérode, semblables à ce qu'avaient trouvé Hugues de Payen et les autres templiers, plus de 300 ans auparavant."
Il n'existe aucune preuve que l'OT a fouillé sous le dôme du rocher, à eux confié par le roi Baldwin 1er en 1118, mais l'utilisation de RC comme preuve d'une affirmation sans fondement est intéressante: en admettant que l'OT a bien exploré les fondations du temple d'Hérode, si RC n'est pas la réplique exacte du temple, l'argument habituel est balayé. C'est donc la cro0yance que RC est une réplique du Temple d'Hérode qui présente un intérêt. Le mur ouest est réputé sciemment non fini, pour ressembler aux ruines d'un temple.
L'existence d'une embrasure, prévue pour une porte suggère qu'une sacristie était prévue, mais ne fut pas construite, indication que RC ne fut jamais terminée comme attendue.
L'existence de moulures sous les rebords de fenêtres, faisant le tour de RC, fréquent au moyen âge pour canaliser les ruissellements d'eau de pluie, n'a pas été construite au mur ouest, indiquant que ce mur était bien prévu pour être un mur interne. Le mur intègre aussi des éléments tels que des lavabos, dans lesquels le prêtre se serait lavé les mains et rincé le calice pour célébrer la messe. A usage donc exclusivement chrétien, ils n'auraient pas existé dans le temple d'Hérode. Etrangement, bien que plusieurs fois découverts, rares sont les auteurs qui semblent savoir que les fondations ont été bâties, pour le chœur et la nef de ce qui aurait été une église bien plus grande et plus conforme à son temps, fondations qui expliquent le temps anormalement long qu'a demandé la construction de RC, qui aurait alors été tout à fait conforme à une église chrétienne de l'époque. L'existence de ces fondations détruit l'argument de la copie volontaire du temple juif hérodien.
Cromwell et Rosslyn Chapel
RC ne fut pas détruite, quand Cromwell envahit l'Ecosse en 1650, parce qu'on a affirmé qu'il n'était pas moins que GM maçon, et savait que RC était maçonnique. Intéressant raisonnement : Cromwell et le général Monks savaient tous deux ce qu'était RC. Monks, qui détruisit le château voisin et utilisa RC comme écurie, n'y toucha pas. Pourquoi? Parce que Cromwell, qui était GM, savait que Sinclair était GM d'Ecosse et que RC abritait des mystères FM très particuliers...
Il n'existe aucune preuve que Cromwell ou Monks étaient FM, nulle trace d'amission, nulle mention de sa part. Durant ces opérations, Cromwell ne mit pas les pieds à Rosslyn, mais se concentra sur Borthwick. RC, comme d'autres églises, ne fut pas attaquée parce qu'elle n'avait aucune valeur militaire. Si RC ne fut pas attaquée parce qu'elle était maçonnique, alors, toutes les églises écossaises, catholiques ou non, qu'il ne fit pas détruire étaient également "maçonniques"...
Ainsi, l'église de Seton, à 15 km de Rosslyn, appartenait à une comtesse connue pour être catholique et n'en faire aucun mystère, qui gagna l'admiration de Cromwell par son traitement équitable des combattants Anglais et des Ecossais. Non seulement il ne détruisit pas l'église, mais il lui adressa, en cadeau, 1000 prisonniers. Ainsi, en ne faisant pas de RC un cas isolé, on comprend mieux pourquoi elle ne fut pas détériorée.
Pèlerinage
On a prétendu que RC fut un lieu de pèlerinage, parce que les escaliers conduisant à la sacristie sont usés. Mais RC était une chapelle privée, les divers lieus de pèlerinage, en Ecosse, sont connus, et RC n'en fait pas partie. Si une relique de l'importance du graal s'était trouvée à RC, c'est par dizaine de milliers que les pèlerins auraient afflué, et laissés maintes traces, ce qui n'est pas le cas.
Disposition intérieure
L'agencement de RC et des piliers en fait quelque chose d'unique en son genre, en Ecosse du moins. Puisque Hay affirmait que les bâtisseurs étaient venus de contrées étrangères, certains ont été conduits à croire que c'était à un schéma étranger que répondait RC.
Or, la chapelle ressemble singulièrement, dans sa conception, en plus petit, à la cathédrale St Mungo de Glasgow, construite au 12ème siècle sur ordre de Mgr Jocelyn et terminée avant le début des travaux de RC.
Si RC ne fut pas un lieu de pèlerinage, St Mungo en fut un, institué par un décret du pape Nicolas V, en 1451, qui accordait à un pèlerinage à St Mungo, particulièrement au reliquaire de St Kentigern, l'équivalence à un pèlerinage à Rome.
Conclusion
Chaque preuve apportée doit être placée dans son contexte, ce qui ne fut jamais le cas pour RC, et la fit paraitre unique en Ecosse. Replacée dans le contexte historique ecclésiastique, il devient clair que RC n'est qu'un chaînon ordinaire dans l'organisation de l'église médiévale, et ce livre ne fait que tenter de corriger un point de vue altéré.
La construction de RC semble s'être arrêtée peu après la mort de W St Clair en 1484, son fils se contentant d'a faire poser un toit. L'intérieur ne fut donc à l'abri qu'après 1484, et les décorations n'ont donc pas pu être installées avant, mais leur qualité est meilleure dans la partie est, la chapelle de la vierge, qui semble avoir été achevée et mise sous toit sous le règne et selon les directives de William. Comme le prouvent les vitraux des autres sections, plus grands et plus lumineux, Olivier, le fils, ne suivit pas le schéma de son père, mais il compléta la chapelle, comme nous la connaissons actuellement.
L'intérieur démontre que les ornements ne faisaient pas, et ne font pas, partie de la structure de RC. Ils ne sont pas gravés dans les pierres qui constituent son ossature, mais ont été rapportées, on ne peut savoir exactement quand, leur ajout ayant pu se poursuivre longuement après que la structure soit achevée. C'est ainsi qu'une gravure de 1852 montre que l'aile nord n'était alors pas encore conforme à ce qu'elle est.
Prétendre que les décorations datent de l'année de construction de RC est donc faux. On se méprend fondamentalement parce que, en attribuant à des décorations un sens maçonnique, on les rend pas maçonniques pour autant. Tout est basé sur l'assertion que la chapelle n'est pas d'inspiration chrétienne, alors qu'elle l'est, au bas mot, à 98%.
Ce qui est choquant, c'est que certains ornements ont été délibérément modifiés, pour les rendre conforme au mythe, tel le visage de l'apprenti, à qui on a rajouté une balafre, quelque 400 ans plus tard, et ôté maladroitement barbe et moustache.
Qui l'a fait, on ne le sait, mais on peut ainsi constater jusqu'où certains sont capables d'aller pour s'assurer que leur version de l'histoire est la seule qu'on retiendra.
Le Rouleau de Kirkwall (= KS)
L'intervalle entre la suppression de l'OT, 1312, et la 1ère manifestation de l'Ordre Maçonnique Ecossais du même nom, en 1787, signifie que les 475 ans entre les deux évènements soient comblés par la preuve d'une survivance de l'OT. Faute de quoi, l'assertion d'une telle survivance est insoutenable. Les partisans les plus ultras préfèrent tenir à la croyance en un courant souterrain de connaissance qui lie les deux périodes, pour lequel nul preuve n'est requise.
Populaires ou alternatifs ne cherchent pas à trouver une preuve de leur théorie, pour 2 raisons : d'abord, pareille preuve est proclamée délibérément détruite ou cachée, (souvent sous forme d'un "code"), ensuite, ceux qui auraient perpétué l'OT le firent en secret, faisant donc en sorte de ne laisser aucune trace qu'auraient pu découvrir ceux qui (souvent désignés comme "ennemis") cherchaient à acquérir leurs "secrets". C'est la théorie classique du complot, sous une autre forme, comme cité précédemment. Le rouleau de Kirkwall (le KS) a récemment été remis en avant, comme preuve colmatant le vide de 475 ans.
Cette façon d'approcher l'histoire, comme expliqué précédemment, est en contradiction avec les standards académiques classiques, en ce sens qu'on recherche une preuve qui appuie un point de vue particulier, à l'exclusion de tout autre. Cette intention est, en soi, une tentative de restreindre et détourner toute pensée, discussion et investigation, dans une direction particulière, celle que cherche son auteur, exemple de la "question directive" mentionnée au premier chapitre.
Il y eut quelques réclamations inusitées, sur l'origine et la raison d'être du rouleau, apparemment, pour certaines idées précises. Un des principales affirmations est que le KS est une carte au trésor de l'OT et qu'il "prouve comment la connaissance secrète du Moyen Orient passa de l'OT à toutes les guildes et corporations d'Europe" et "nous découvrons un rouleau secret inestimable et une carte au trésor qui prouve, finalement, comment l'OT s'introduisit dans la FM pour toujours" Comme c'est souvent le cas, de petits morceaux de preuve (dans ce cas, le rouleau) supportent une affirmation singulière, et aucune analyse complète n'est proposée, d'un point de vue FM Ecossaise. Nous allons le faire et expliquer l'origine et le propos du rouleau.
Description du rouleau
5,53m sur 1,68m, en lin, c'est un panneau principal et deux panneaux latéraux cousus au premier. Les artistes ont utilisé de la peinture à l'huile. Le style est naïf. La couleur dominante du centre est le bleu et la seule partie du rouleau où on a tenté de reproduire des couleurs de la vie est la partie supérieure du panneau, ou les arbres sont bruns, la mer, verte, la terre, ocre, les figures humaines et les poissons, roses, les collines et montagnes, brun foncé.
Même un examen succinct confirme la base biblique de la majeure partie du rouleau. Comme ceux qui ont fourni une interprétation pseudo FM d'une variété de documents et artefacts, la propriété première et le propos de pareils documents sont souvent ignorés ou inconnus. On a vu que peu d'auteurs actuels ont considéré la chapelle d'un point de vue chrétien, et aucun examen du KS n'a été fait, du point de vue chrétien ou FM, ce que fera ce chapitre.
Premier panneau (de la création)
Les premières images du panneau central représentent le soleil (à gauche), Dieu en hébreu, dans sa splendeur, (centre) et la lune entourée de 7 étoiles. La notoire similitude avec le frontispice de la Bible du roi Jacques 1611 confirme, sans le moindre doute, que, si l'artiste n'a pas copié servilement le frontispice, il lui était familier, la séquence des symboles étant identique dans les deux cas. L'un des buts de ce chapitre étant de dater le KS, 1611 est donc un point de départ symptomatique
La masse informe, à gauche, sous le soleil, représente le chaos d'avant création et la matière de laquelle Dieu créa l'Univers, plus particulièrement la terre, informe, que l'artiste est plutôt bien parvenu à représenter. Sous le soleil et la lune, une série de vagues indiquent les eaux.
Le pas suivant, dans la genèse, etc.
Second panneau symbolique
A première vue, ce panneau n'a guère à voir avec le précédent, consacré exclusivement à la genèse. Avant de discuter de ce panneau, il est important de se référer à nouveau aux origines et au développement du rituel maçonnique, d'où le symbolisme maçonnique a pris son envol. Le premier rituel date donc de 1696, d'autres textes sont à peine plus récents. Ces rituels initiaux étaient simples, comparés à ceux en usage de nos jours et, en conséquence, les cérémonies étaient brèves, point crucial pour comprendre le symbolisme maçonnique: courtes et simples, les premières cérémonies ne pouvaient pas avoir engendré un nombre importants de symboles différents.
En Ecosse, les loges existent depuis 1599 et aucune ne fait référence à une pléthore de symbolismes maçonnique moderne avant l'établissement des GL. En bref, ce fut la transition des loges opératives en loges spéculatives actuelles, en même temps que l'élaboration de simples cérémonies d'opératifs qui a engendré l'explosion dans la création de symbolisme FM. Comme ceci coïncida avec l'invention d'un grand nombre d'autre "ordres" FM et leurs nombreuses cérémonies, les symboles FM proliférèrent d'une façon souvent confuse, pour les maçons comme pour les profanes!
Suggérer qu'il exista un système de symbolisme FM complexe et sophistiqué, en un temps où n'existaient que deux simples et courtes cérémonies en usage dans les loges Ecossaises ne peut être confirmé par aucune preuve.
Si on s'y penche de plus près, cependant, ce panneau a bien des liens avec le symbolisme chrétien et le panneau de la création précédent. Les trois premières images a travers le sommet rappellent les trois images du précédent, soleil, lune, sept étoiles et nom de Dieu. La première image (gauche) suggère l'univers et la Trinité (3 triangles) au centre. L'image de droite indique encore le soleil et la lune (notre système planétaire) avec la trinité au centre, à nouveau représentée par 3 triangles. Entre eux est un triangle unique avec Dieu écrit en grec(Téos) ce triangle peut aussi être considéré comme la clé de voute de l'arche (arc en ciel) situé au dessous.
L'arc en ciel, dont chaque bout repose dans des nuages, fait référence à un pont entre cieux et terre, symbole chrétien classique, dérivé du texte de la Genèse ayant trait à la période suivant immédiatement le déluge, symbole rappelant le contrat éternel passé entre Dieu et toute créature vivante, lequel indique la réconciliation entre Dieu et l'homme, après que Dieu eut nettoyé la terre de toute violence et corruption, par le déluge.. L'arc en ciel et l'autre symbole au dessous dominent ce panneau. La présence de ce symbole dans un artefact FM n'est pas surprenant, comme les FM, comme bien d'autres, ont simplement recyclé des symboles existants en leur conférant un sens qui leur est propre, en ca cas, un lien entre la FM et le GADLU, selon le sceau du GC d'York vers 1780.
Juste au dessous de l'arc en ciel et du nuage est une croix de la passion, sur une base à 7 marches, surmontée des lettres IHS (Jésus sauveur des Hommes), abréviation usuelle de JC. Cette partie semble être une tentative de relier le panneau avec le précédent, et, ce faisant, de relier l'ancien et le nouveau testament.
Le symbole au centre à gauche, sous celui de l'univers et de la sainte croix, parait être celui des chevaliers du temple maçonnique; la croix pattée avec un cercle central, dont le bord contient les mots "in Hoc Signo Vinces" La partie centrale du cercle reproduit la croix pattée.
Sous cette croix "OT", une main émerge d'un nuage, autre symbole courant de la main de Dieu, indiquant que l'influence de Dieu se fait sentir partout. Sous la main de Dieu, un coq représente la vigilance, symbole tout à fait approprié pour les FM qui se rencontrent en privé. Tout près du coq, une échelle avec 7 barreaux, symbole des 7 actes de pitié, mais souvent aussi représentant l'échelle de Jacob. Plus loin à droite, un symbole authentiquement FM, l'équerre et le compas. Sous le coq, un bateau, le pot de Manna (symbole tombé en désuétude).
Une des symboles les plus curieux se trouve sous le vaisseau et, à cause des vagues, est peut-être sensé représenter la mer.
A droite de la "mer", un bâtiment est sensé représenter peut être la Loge, car il est de taille trop modeste pour faire référence au Temple du roi e Salomon (TRS), d'autant qu'il y a de plus grandes images de ce bâtiment, ailleurs sur le rouleau.
Au bas du panneau, on trouve, au coin gauche, des outils bien connus par d'autres obédiences FM. A coté, un serpent, apparemment sur le point de mordre quelque chose, malheureusement trop petite pour savoir quoi.
Dessous le serpent, une corde enroulée, laquelle aussi sera familière à ceux qui sont membres d'une autre branche de la FM.
A droite de la "Loge", serpent et corde, deux objets, l'un est une couronne d'épines porté par le Christ à sa crucifixion, puis un semblable à la "mer" mentionnée plus haut, mais plus triangulaire et dont les "vagues" sont moins prononcées.
A droite de la couronne, un marteau, des pinces et 3 clous, allusion évidente au fait que JC fut cloué sur la croix, puis décloué. A coté, 3 dés, qui servirent aux soldats pour se répartir les habits de JC, et un cercueil représentant le sépulcre où il fut placé après sa mort.
Dans le coin droit, une autre structure plus imposante que celle mentionnée auparavant, avec une entrée, qui se veut représenter le tombeau dans lequel il fut allongé après la crucifixion.
Au dessus, à droite du "tombeau", une main émerge de nuages de tempête, tenant une épée sur lequel est empalé un serpent, autre représentation de la main de Dieu, mais d'une autre sorte. Les nuage de tempête indiquent la colère, et le tout représente Dieu triomphant du mal(le serpent) au dessus de la main, 2 tringles de lumières (chandelles).
Le triangle du bas contient le nom de Dieu en Hébreu, le tringle supérieur contient d'abord une croix en Tau renversée, puis ce qui apparait comme un chiffre FM, sous lequel est une autre croix en Tau, couchée sur le coté. Le chiffre se traduit par R = T si le chiffre est le même que celui utilisé dans les deux panneaux du bas, qui seront décrits plus tard.
Passons sur les autres descriptions détaillées et fastidieuses du rouleau, qui ne peuvent intéresser que des spécialistes, et passons à l'analyse.
Analyse
La revendication la plus provocante, à propos du KS, est qu'il date du 15ème siècle, ce qui est déterminé par le carbone 14. Mais le carbone 14 a été appliqué au tissu, et ne dit rien de la date à laquelle les images ont été peintes.
Il est heureux que l'histoire et le développement de la FM ont fait l'objet de recherches préalables, et ceci, en même temps qu'une récente recherche sur les plus anciens rituels, signifie que le symbolisme du KS peut s'analyser d'un point de vue FM. En particulier, l'analyse peut s'entreprendre d'un point de vue FM Ecossais, pour la première fois. e symbolisme de chaque panneau sera débattu dans l'ordre descendant.
Panneau N°2 ou symbolique
Le cercueil au bas du panneau suggère que le KS ne peut dater de l'époque médiévale, parce qu'à l'époque, le défunt était enveloppé dans un linceul et placé dans un charnier, ou en terre, sous une dalle, parfois sans aucune décoration etc. Le cercueil n'est apparu qu'après la réforme, en 1540, en Angleterre, et en 1559 en Ecosse. L'image du cercueil sur le KS signifie donc qu'il ne peut être antérieur à 1540. Cependant, une datation plus précise encore peut être apportée ici, grâce à une récente recherche dans les origines et le développement des cérémonies FM, développée à partir des loges de maçons, lentement au 17ème siècle, plus rapidement au 18ème.
Les maçons opératifs avaient un système simple à deux cérémonies, au grade de l'apprenti et à celui du compagnon. Le 3ème degré, de maitre, n'existe pas, en Ecosse, avant 1726, apparemment introduite depuis l'Angleterre. Une autre confirmation de ce fait vient de ce que les opératifs écossais, qui ne rejoignaient pas le nouveau système "maçonnique" à 3 degrés, continuèrent à travailler à deux degrés. En l'absence du troisième degré (et de la légende FM qui s'y rattache) la référence à un cercueil dans le KS apporte la démonstration qu'il doit remonter à 1720 environ.
Le 47ème problème d'Euclide nous en dit plus. Il n'apparait dans un document FM qu'en 1723, a été et reste d'un usage fréquent dans la pratique de la FM anglaise, mais jamais dans la FM écossaise. Puisqu'il en est fait mention dans le KS, ce rouleau, bien que détenu et utilisé par une loge écossaise, on peut se demande pourquoi. La réponse est, tout simplement, que le KS a été fabriqué en Angleterre, où le symbole était en usage en FM.
Panneau N°4 du Tabernacle (de l'Arche d'Alliance)
Ce panneau, qui contient le Tabernacle, n'a aucune portée FM, autre que le fait que le Temple du Roi Salomon s'en est inspiré. Ici, c'est la partie basse du panneau qui s'avère intéressante. On pense que la structure centrale, ronde, avec six entrées, est une tentative de dépeindre le dôme du Rocher à Jérusalem.
A l'intérieur, le dessin d'une autre structure, précisément le Temple du Roi Salomon, tel que décrit dans le rituel de la FM, appuyé par la reproduction d'un cercueil, lequel rappelle celui d'Hiram, pour lequel aucune référence n'existe avant l'œuvre de Samuel Pritchard, "La FM décortiquée" démontre que l'artiste a eu connaissance du nouveau rituel, d'où la date retenue, postérieure à 1720.
Le KS, comme son nom l'indique, aurait été trouvé à Kirkwall, Orkney. Puisqu'il est souvent fait référence au bâtisseur de Rosslyn Chapel, William St Clair, comme étant le "prince" d'Orkney, on peut comprendre la raison de ce besoin d'établir un .lien entre ce personnage et le KS. Suggérer que le KS date du Moyen Age, a un lien avec l'OT et qu'il a été subséquemment "légué" à une loge FM suggère que la tendance populaire peut ainsi le proclamer comme preuve du lien entre l'OT et la FM. Un examen des rapports de la Loge et d'autres pourrait apporter de la lumière sur ce lien présumé.
La loge Kirkwall Kilwinning N°38, débuta ses travaux le 1 octobre 1736, quelques semaines avant la fondation de la GLE. Deux FM, l'un de Stirling et l'autre, de Dunfermline, se rencontrèrent et convainquirent assez d'autres FM pour former cette loge. Les réunions étaient intermittentes, du moins n'étaient pas consignées, et ce n'est que le 2 février 1738 qu'on entra les notes d'une deuxième tenue dans le livre des actes.
Lors d'une tenue d'avril 1739, la loge décida de solliciter un titre de la GLE, qui lui fut accordé le 1 décembre 1740, bien qu'il ne fut pas remis à la loge avant 1742, probablement parce qu'il attendait d'être retiré à Edimbourg. Il est significatif que la loge ne mentionne que des apprentis et des compagnons, mais pas de maitres, ce qui suggère fortement que ceux qui ont fondé cette loge ignoraient l'existence d'un troisième degré, alors que la charte accordée par la GLE en fait mention.
En 1747, deux maçons opératifs, mentionnant leur initiation et de leur élévation de salaire, font acte de candidature auprès de la loge KK, sans mention du degré de maitre, et c'est en 1754 que ce degré apparait dans les actes de la loge KK. C'est important, au sens où le KS fait plusieurs mentions des symboles du troisième degré. La première tenue au 3ème degré, dans la loge KK, se tint la même année que celle de la publication d'Ahiman Rezon, par Laurence Dermott, Grand Secrétaire de la GL Ancients, mais il semble qu'il ne faut voir là qu'une coïncidence.
Panneau N°5 des armoiries
Sur ce panneau, l'usage unique et particulier des emblèmes des quatre tribus, celles désignées par Rabbi Léon au 17ème siècle, et dont Laurence Dermott s'est "approprié" pour le compte de la GL Ancients, montre que le KS ne peut dater d'avant la fondation de la grande loge, en 1751
L' "œil qui voit tout" au coin supérieur droit, n'apparait dans le symbolisme FM que dans la seconde partie du 18ème siècle, et fut utilisé par la GL des Ancients. Cependant, ce n'est qu'en 1772 qu'apparait une explication écrite de ce symbole.
Autres panneaux
L'occasion nous est donnée de souligner, sur les deux derniers panneaux, quelques aspects des qui peuvent également aider à fournir une date pour la fabrication du KS. Le panneau de l'Autel contient des symboles en rapport avec les cérémonies pratiqués la grande loge des Ancients et pas celle des modernes, rituels créés après le milieu des années 1750.
Les 3 chandelles, qui représentent les trois grandes lumières de la FM sont d'un usage courant en loges anglaises, pas dans les loges écossaises, ce qui indique que le KS a été dessiné selon les usages anglais, donc fabriqué en Angleterre.
Éléments non maçonniques
Le style calligraphique, par exemple, est manifestement du 18ème siècle. Aux 15ème et 16ème, on n'utilisait pas les majuscules, qui ne devinrent courantes que sous les rois, alors que le KS les utilisent systématiquement.
En outre, bien des évènements importants ne figurent pas sur le KS, et il semble bien que l'artiste s'est rendu compte qu'il n'aurait pas assez de place pour faire figurer tout ce qu'il avait l'intention, ce qui explique que les dessins semblent de plus en plus petits. Mais, selon le frère Day, il manque probablement un panneau, dessous, quoiqu'on n'en ait aucune preuve absolue, sur lequel devaient figurer des évènements incontournables, comme le retour d'Abraham à Canaan, la naissance de Moïse, le buisson ardent, la baguette d'Aaron, les dix plaies et le partage des eaux de la Mer Rouge.
William Graeme
Des comptes rendus FM et religieux font référence à une personne " personnage à problèmes, ou anxieux " Le nom de ce bilieux est William Graeme, natif d'Orkney, parti pour Londres, où il exerçait l'activité de peintre décorateur. Après nombre d'années, il s'assura du poste de chef des douanes à Kirkwall et retourna donc chez lui. Il attire notre attention, pour la première fois, en 1785, quand les minutes de la Loge font mention de sa demande d'adhésion. Graeme était encore à Londres, pendant, ou peu après, l'exposition qu'a faite Léon d'un représentation du Temple du Roi Salomon, en 1778, la même année que la 3ème édition d'Ahiman Rezon.
L'implication de Graeme dans la Loge prend bien plus de sens quand on sait qu'il fut un membre d'un loge Ancients à Londres (la N° 128), qui se réunissait dans divers tavernes, de 1767 jusqu'à sa disparition en 1793 Plus significatif encore le fait que Graeme fit ensuite donation à la loge Kirkwall Kilwinning (KK) d'un tapis de loge.
La taille du KS a conduit certains à alléguer que ce tapis ne pouvait pas être le KS, parce qu'il ne correspondait pas aux dimensions de la salle de loge, et qu'il lui aurait fallu être pendu au mur pour être correctement apprécié.
Cet argument est fallacieux. Jusqu'en 1890, la loge se réunissait dans l'hôtel de ville, qui était :
" Un bâtiment spacieux, qui, avant, se trouvait sur le Marché Vert, dans Broad Street, et fut démoli en 1890. Ici, les frères de KK se réunissait en confort, avec assez d'espace pour que la Loge s'étende"
A la lumière de ces évidences, l'argument que c'est bien par Graeme, ou sous son autorité, qu'a été fabriqué le KS, probablement au début de 1786, devient concluant. Le KS use d'un symbolisme seulement pratiqué par la GL Ancients, et il est devenu FM dans une de ces loges, et des cérémonies inconnues dans la plupart de l'Ecosse, Orkney compris. Paradoxalement, ce pourrait-être la raison pour laquelle le KS a survécu : parce que la loge KK, ignorant des cérémonies décrites dans le KS, n'avait aucune raison de s'en servir autrement que comme ornement décoratif.
Quelques détails sur le personnage Graeme peuvent aider à mieux comprendre le KS et son objectif souhaité. Graeme semble être devenu membre actif de la loge KK dès qu'il la rejoignit mais, peu avant 1790, 6 candidats, proposés par ses amis, ont été boulés. La réaction de Graeme n'est pas connue, mais on peut s'en faire une idée, par le fait que, peu après, il adressa un courrier à la GLE pour lui demander une charte, en vue de former une loge St Paul, ce qui lui fut accordé le 2 décembre 1790. Il en fut le fondateur et en resta le Vénérable pendant 14 ans.
En Janvier 1791, en sa qualité de fondateur, demanda, attitude plutôt provocatrice, à la loge KK de lui prêter assistance pour "ériger et consacrer" la loge St Paul! Inutile de préciser que les membres de la loge KK ne firent pas preuve d'un enthousiasme débordant, et demandèrent que Graeme se présente devant eux avec la charte et autres documents. On imagine que cela ne lui plut pas, et qu'il demanda qu'on veuille bien lui dire quel crime il avait commis contre la loge. On ne sait pas en détail ce qui s'ensuivit, mais Graeme fut chassé de la loge Kirkwall Kilwinning fin 1790.
Outre ses démêlés FM, Graeme eut d'autres ennuis avec la société en général. Suite à des divisions au sein de l'église établie (L'Eglise d'Ecosse) certains membres d'Orkney formèrent une congrégation indépendante, membre de la faction Anti Burgher.
L'un des plus en vue de ce groupe de dissidents fut William Graeme, accompagné par un certain nombre de membres de la loge St Paul. Vers 1793, Graeme et le reste de la congrégation avaient eu tant de succès qu'ils achetèrent un terrain et sur lequel construire une maison d'association Anti-Burgher. En 1795, la loge St Paul tint un meeting pour discuter de la meilleure façon d'ériger le bâtiment, et, peu après, posèrent le première pierre, lors d'une cérémonie FM. Sans surprise, les règles des Anti Burghers provoquèrent un choc, ce genre d'intimité n'étant pas toléré par la FM.
Ce bref aperçu de ce qui est connu de la vie de Graeme et du personnage montre que, tout en étant un ardent FM, même si acariâtre, il était aussi profondément religieux. ces aspects ont dominé sa vie et, quand on considère le KS, on est frappé par le fait que la FM et la religion sont réunies en un seul ouvrage, matérialisant le caractère de Graeme, sans doute?
Il est opportun de mentionner que, bien que la FM n'est pas une religion, et ne peut l'être, des exemples tels que le KS peuvent certainement s'avérer déroutants pour les profanes. Le KS est, probablement, le produit d'une individualité, non de la FM, et il est important d'insister sur ce point, citant le KS comme exemple. C'est la manifestation de l'opinion, de l'attitude, et des idées d'un seul homme, et non de la FM. En d'autres termes, aucun FM, individualité ou corps constitué, ne peut parler au nom de la FM. Au contraire, chacun ne peut offrir que sa propre opinion sur la FM, opinion que les autres FM sont libres de partager, ou non.
Qu'est donc le KS, et comment l'utiliser? On l'a toujours décrit de haut en bas, et il ne fait aucun doute que la première fois qu'il attira l'attention des historiens FM, il pendait au mur de la salle de loge à Kirkwall, la seule façon de l'exposer de façon satisfaisante.
Cependant, comme déjà mentionné, la loge se réunissait, au début, dans l'hôtel de vielle, très spacieux et qui permettait au KS d'être déroulé sur le plancher. Pourtant, ce ne put être qu'en de rares occasions, s'il y en eut, que le KS put être révélé dans son intégralité. La raison est simple : le panneau du bas est en fait le premier, et sur le sol, seul ce panneau aurait été exposé. Le candidat aurait été instruit au symbolisme propre à celui des trois degrés auquel il était admis. Il n'est pas impossible que le bas ou le haut seraient enroulés, pour ne laisser paraitre que les panneaux requis, ce qui aurait aussi permis d'économiser de la place.
Le frère Day a bien montré que l'auteur a mal calculé la taille de chaque panneau, et s'est vu forcé de rétrécir les sujets pour mettre les trois degrés dans ce seul panneau. Après celle au 3, ou maitre FM, les tenues suivantes pratiquées par les loges de la GL Ancients étaient celles de l'Arc Royal. On peut ainsi constater que, puisque le FM progresse en passant par diverses tenues, le KS aurait été progressivement déroulé pour un voyage, histoire symbolique continue. Le panneau suivant (Tabernacle) est le premier à montrer des éléments scripturaux avec des symboles FM.
C'est délibéré, pour introduire le postulant dans le thème central du temple du Roi Salomon, et de son précurseur, le Tabernacle. Le panneau suivant est de caractère intégralement chrétien, il indique des liens avec l'ancien testament, la mission première du christ et sa résurrection. Le panneau suivant contient une symbolique FM qui s'inspire beaucoup de la foi chrétienne, et se propose d'instruire le postulant sur des sujets liés à d'autres branches de la FM, et qui sont généralement considérés comme les derniers dans le voyage d'un FM. le dernier panneau révélé au FM est le premier dont nous avons fait mention : la création. Ici, le FM aurait été instruit de la vérité ultime qui, quelque soit le voyage de chacun dans sa vie, sa situation sociale, le créateur de toutes choses est Dieu tout puissant.
Un point final vaut d'être relevé : Bien que le KS, et la FM elle-même, possède une base ouvertement juive et chrétienne, dans ce 18ème siècle, parce que ces deux dogmes étaient dominants à cette époque, en Grande Bretagne, cela ne signifie pas que d'autres fois, spécialement de nos jours, se voient ou se voyaient refuser une place. Plutôt, leur influence ne fut pas si évidente, du fait que d'autres croyances ne rassemblaient que peu d'adeptes alors, en GB.
Datage du KS
Tout démontre donc que le KS date de la seconde moitié du 18ème siècle. Il existe une autre façon de considérer le KS: accepter, juste pour le principe de l'argument, que le KS date bien du 15ème siècle. Ce qui signifierait que, au 15ème, et même avant, existait un système FM avec des milliers de membres. Une multitude de tenues ont eu lieu en loges, dans tout le pays. Le système complexe et compliqué de symbolisme aurait été en place. Ce qui aurait aussi signifié que ce "système" aurait eu une histoire ininterrompue de 500 ans! Etrangement, il n'existe aucune trace, quelle qu'elle soit, de ces cérémonies, au 15ème siècle et des symboles qui s'y rattachent, sauf dans le KS lui-même. Le fait qu'on ne trouve aucun symbole dans Rosslyn Chapel qui date bien du 15ème siècle est, pour le moins, curieux. Voici donc un exemple de ce qui est connu de la FM, son symbolisme, etc., et qui s'est appliqué rétrospectivement, avec des conséquences aussi ridicules que funestes.
Autres "Evidences"
Mystérieuses Tombes
Ces 10 à 20 dernières années, plusieurs existences de preuves ont été revendiquées, ou de nouvelles interprétations d'événements, qui étayent le mythe. Nous n'examinons ici que la période 1307-1329, la plus cruciale pour vérifier l'hypothèse de la fuite, de France, de membres avertis de l'OT, vers l'Ecosse, faute de place.
Si un certain nombre de vaisseaux de l'OT ont bien appareillé pour l'Ecosse aux alentours du 12 octobre 1307, les défenseurs du mythe concluent qu'Argyll fut choisi pour les raisons suivantes :
- Robert Bruce avait été excommunié en 1306 pour le meurtre de Jean "Le Rouge" Comyn
en l'Eglise de Greyfriars, à Dumfries. La loi vaticane ne pouvait s'appliquer en Ecosse et
l'OT hérétique échappait ainsi à l'autorité du pape.
- La mer autour d'Argyll était sous contrôle de Robert Bruce et ses alliés
- Argyll était à l'écart et faiblement peuplée.
Excommunication de Bruce
Un des facteurs majeurs retenus en faveur de la fuite des membres de l'OT en Ecosse.
Bruce excommunié le 10 février 1305 etc.
La plupart des auteurs populaires ont adopté ce point de vue. Surprenante assertion, vu que le pape n'était pas encore impliqué dans l'arrestation des membres de l'OT en France, le 13 octobre 1317, l'Eglise n'en étant informé qu'après, l'initiative provenant exclusivement du roi de France. Si certain OT ont été avertis de leur arrestation imminente et ont quitté le pays, ils le firent pour échapper à Philippe le Bel, non au pape Clément V. Affirmer que l'OT en fuite se réfugia en Ecosse parce que Robert Bruce était excommunié ne tient donc pas la route.
Que le pape ait excommunié Robert Bruce, là n'est pas la question. L'excommunication concerne un homme, pas un pays. Rien ne suggère que les Ecossais cessèrent de fréquenter l'Eglise ni que l'Eglise traita le peuple comme s'il était excommunié, lui.
Certains auteurs sont allés jusqu'à suggérer que, à cause de l'excommunication de Robert Bruce, l'Ecosse était considérée comme un pays païen, et susceptible de faire l'objet d'une croisade! C'est ignorer le sens d'une excommunication et de ce qu'elle implique, punir un transgresseur en le privant des activités quotidiennes de l'Eglise, tout en lui laissant la possibilité de se réconcilier avec l'Eglise. Philipe le Bel a instigué l'arrestation massive des membres de l'OT, et ce n'est que plus tard que Clément V joignit, aux actes du roi, sa propre punition.
Les autorités séculières, pour le compte de l'Eglise, auraient pu procéder à l'arrestation de tout membre de l'OT, en Ecosse ou n'importe où. Donc, bien que Bruce fût bien excommunié, il aurait pu faire arrêter tout chevalier de l'OT, s'il en avait eu l'envie. Qu'il ne l'ait pas fait n'est en rien lié à son excommunication, mais plutôt au fait qu'il ait ou non trouvé nécessaire de le faire. D'un autre coté, il n'y a peut être eu aucune arrestation massive, parce qu'il n'y avait aucune masse à arrêter!
Dans un effort pour soutenir l'idée que l'Eglise d'Ecosse a conspiré avec Bruce, pour protéger les templiers hérétiques, il a été suggéré que Bruce et l'Eglise d'Ecosse s'étaient alliés, dans leur désir commun d'obtenir leur indépendance de l'Angleterre – indépendance pour l'Eglise EN Ecosse. En 1192, l'Eglise écossaise avait été décrétée "fille spéciale" du Saint Siège, ce qui signifie que les évêchés ne dépendaient que de Rome. Les membres de l'Eglise d'Ecosse n'avaient nulle envie de transformer ce degré d'indépendance en une domination de l'Eglise d'Angleterre.
De par les contacts serrés entre Ecosse et France, à cette époque, il n'est pas surprenant que Philippe ait écrit à Bruce pour lui demander d'arrêter tout membre de l'OT fugitif, qui se trouverait sur les terres de sa juridiction. En fait, Philippe a envoyé la même requête à tous les monarques d'Europe., l'Ecosse n'étant donc pas un cas particulier, sous cet aspect.
Ce qui est important, par contre, est bien que Bruce a reçu une lettre de Philippe et qu'elle fut lue au parlement, réuni à St Andrew, les 16-17 mars 1309. Qu'il y eut débat, bien que la décision prise par le parlement, s'il y en eut une, soit inconnue, montre que leur traque et leur arrestation, à travers toute l'Europe, était évidente.
Le parlement avait été convoqué pour de nombreuses raisons, l'une étant que tous ceux qui étaient jusqu'alors opposés à Bruce, mais désiraient se rallier à lui, puissent se réunir pour le faire. Ce n'était donc pas le lieu idéal pour un débat sur l'existence secrète de l'OT et sur son sort. Se trouvaient, au parlement, des gens qui étaient encore, récemment, des ennemis de Bruce, dont, notamment, Alexander d'Argyll, père de John de Lorn. Il est inconcevable que des gens de la région même où l'OT est supposé avoir atterri et se planquer comme des fugitifs, n'aient pas rapporté ces faits au parlement, si le sujet avait été abordé. Même s'ils ne l'avaient pas fait, eux et d'autres auraient sans doute signalé l'existence de tels "hérétiques" à Edouard II et à Philippe le Bel.
L'Eglise d'Ecosse, c'est une évidence, faisait face à un choix très délicat, supporter Bruce ou le pape. Nombreux décidèrent d'appliquer la bulle d'excommunication (p.e. ne pas célébrer la messe en présence de Bruce etc.) and nombre de prêtres payèrent de leur vie ce refus. Il est aussi connu qu'un de ses principaux supporters, l'évêque William de Lamberton, a participé au procès anglais de deux chevaliers templiers écossais, ce qui démontrerait que l'un des principaux protagonistes du combat pour l'indépendance de l'Ecosse était prêt à prêter assistance non seulement à l'Eglise, mais à l'ennemi Anglais, en faisant comparaitre devant un tribunal deux chevaliers templiers "fugitifs".
Ce qui montre également que l'excommunication de Bruce n'avait que peu ou pas d'incidence, aux yeux d'un membre important de l'Eglise, en ce qui concerne le respect des accusations portées contre les membres de l'OT. Le résultat de ce procès révèle enfin autre chose d'intéressant, à savoir que l'OT ne fut nullement maltraité par les autorités. Des deux accusés, William de Middleton fut ensuite envoyé au monastère cistercien de Roche et Walter de Clifton, à Shelford. En 1318, Jean XXII décréta que les membres de l'ex OT pouvaient choisir eux mêmes la maison religieuse dans laquelle ils désiraient vivre.. Middleton décida de quitter Roche pour la maison augustinienne de Bridlington, alors que Clifton opta pour rester à Shelford. Ce traitement corrobore mal l'argument selon lequel les fugitifs de l'OT craignaient pour leur vie, et que seul Bruce pouvait les protéger.
La région supposée, Argyll
On prétend qu'Argyll était le lieu idéal pour que s'y cachent les fugitifs de l'OT, parce que son accès par mer les protégeait de ceux qui les traquaient, (p.ex. le pape Clément V et Philippe le Bel), et que la terre était, à la fois, isolée et peu habitée, affirmation simpliste pour l'une, fausse pour l'autre.
On a prétexté que les voies maritimes, pour les Fugitifs venant de France, en 1307, se limitaient à la mer d'Irlande, ou à contourner l'Irlande par l'ouest. On a prétendu qu'à cette époque, la mer d'Irlande était sous domination de la flotte anglaise et que, donc, seule la voie à l'ouest de l'Irlande jusqu'aux iles de Jura, en entrant dans le Loch Sween. Cette voie était ainsi déclarée libre, sous prétexte que Bruce tenaient Islay, les Iles Jura, et Kintyre, et que les alliés d'Edouard Ier et II n'opéraient pas dans ces eaux.
Le problème majeur est que les partisans de cette légende ne définissent pas la région qu'ils décrivent comme Argyll. L'Argyll moderne comprends Kintyre et Knapdale, Cowal (région sud du Loch Awe), Lorn 8région nord du Loch Awe) et l'Argyll nord, avec les iles d'Islay, Mull, Jura, Tiree, etc. Toute la partie "continentale" d'Argyll a une cote ouest. En 1301, Edouard Ier a bâti une alliance, qui comprenait les McDonalds de Islay et els McDougalls de Lorn. Quand Bruce tua John (le Rouge) Comyn, en 1306, la situation politique changea, à Argyll : Les McDougalls de Lorn était parents par alliance avec les Comyns, de par le mariage d'Alexandre McDougall, père de John Lorn, avec une des filles de John Comyn.
Le meurtre de Comyn avait fait naitre une vendetta entre Bruce et les McDougalls. Tous deux étaient, au départ, des clans terrestres, mais avaient, tous deux, une flotte de guerre, comme le montre une lettre adressée au roi Edouard II, en mars 1309, dans laquelle John McDougall mentionne qu'il maintient des galères dans le loch Etive (Loch de mer) et dans le loch Awe. Que des fugitifs de l'OT y arrivent sans se faire repérer, sur le pas de la porte des McDougalls est improbable, spécialement alors qu'une guerre de clan était en cours.
Les McDonald d'Islay, conduit par Angus Og (1274-1320) étaient alliés à Edouard 1er et combattaient pour lui, contre les McDougalls de Lorn. Le meurtre de Comyn par Bruce ne signifiait pas que les McDonalds allaient changer d'alliance, à l'inverse des McDougalls qui, comme déjà mentionné, lui étaient alliés par mariage. Angus Og était au service d'Edouard 1er en 1301, contre les McDougalls, mais il n'est fait aucune référence à lui jusqu'à ce qu'il soit mentionné par Barbour dans Le Bruce, où il est décrit mentionné comme un supporter, vers 1306, de Bruce. Etant donné que Barbour écrivait à posteriori, quoique bénéficiant d'une preuve de l'époque, on ne peut écarter qu'il embellit le rôle d'un éventuel supporter de Robert Ier. Le poids donné à cet aspect précis du travail de quelqu'un, dont le reste est considéré comme simple légende, démontre l'usage sélectif d'un sujet de base, comme discuté au Chap. 1.
Un point reste, cependant : les voies maritimes disponibles pour les supposés Templiers fugitifs n'était pas aussi sures et inobservées que certains auteurs le prétendent. La région autour d'Argyll était très fréquentée, et des activités maritimes détaillées y existent depuis le 5ème siècle. Le 8ème siècle vit la première arrivée des Vikings, qui continuèrent à fréquenter Argyll et s'y établir pendant plusieurs siècles, apportant leurs connaissances maritimes, navales, etc.
Argyll fut donc loin d'être un coin perdu tranquille. Non seulement des évènements eurent lieu en Argyll, mais des hommes d'Argyll furent impliqués dans la guerre contre Bruce, ailleurs en Ecosse. John McDougall de Lorn (on dit aussi d'Argyll) défit Bruce à la bataille de Dail Righ (près de Tyndrum) en aout 1306. A Inverurie, le 23 mai 1308, Bruce battit John Comyn, duc de Buchan. En 1309, il s'affronta encore avec les McDougall à la passe de Brander et, bien, que les McDougall furent défaits (alors que John McDougall de Lorn observait la bataille depuis une galère, sur le Loch Etive), ils ne furent pas chassés de leurs terres qu'après 1314. En 1315, Bruce confisqua leurs terres et les remit à Sir Colin Campbell (ancêtre des ducs d'Argyll), en récompense pour son appui lors de la bataille de Bannockburn. Le changement de propriétaire ne signifie pas qu'il y eut un exode massif des gens vivants sur les terres des Mc Douglass, mais, plus simplement, qu'ils firent allégeance à un autre clan.
Pareille activité indique aussi qu'Argyll n'était pas une partie isolée de l'Ecosse. Sans l'Ecosse médiévale, les voies les plus rapides et sures étaient maritimes. De nos jours, on a tendance à penser au voyage en termes de temps passé et de kilomètres parcourus sur terre, tandis que, au début du 14ème siècle, sécurité et facilité de déplacement étaient considérées en premier. Argyll, qui possède une longue côte maritime, était idéalement placé pour tout type d'activité maritime : commerce, pêche, construction et réparations navales, etc. Pareilles activités signifiaient que la région comprenait une population au moins égale à celle des autres régions agricoles d'Ecosse. Du point de vue de ceux qui y vivaient, Argyll était un place active, sur ou à proximité des carrefours maritimes entre Irlande, Ecosse occidentale, Ile de Man et Angleterre du nord ouest.
Pour ces résidents, c'est le reste de l'Ecosse qui était loin et isolé, et la région ne peut pas être considérée comme isolée et peu habitée. Loin de la côte, habitaient des fermiers. Leurs maisons, champs, granges, enclos et étables pour les animaux domestiques ont été fouillés par des archéologues. A la lumière de ce qui précède, l'endroit semble une place très improbable pour que s'y réfugient et s'y cachent des fugitifs, d'aucune sorte.
Suggérer que des fuyards membres de l'OT auraient choisi de s'y cacher est encore plus singulier quand on se rappelle qu'ils ne possédaient, dans cette partie de l'Ecosse, ni propriétés ni commanderies.
Bannockburn
La prétendue intervention de l'OT, à la bataille de4 Bannockburn, est une autre preuve, cruciale, citée pour avérer la légende. Nous avons ainsi ce qui suit :
" La bataille eut lieu près de Stirling Castle, le jour de la St Jean, en juin, date symptomatique pour les ordres militaires (sic) Les comptes rendus sur la bataille sont rares et fragmentaires. Mais ils témoignent de deux évènements bizarres : il y eut une charge par des soldats montés contre les archers anglais, une réserve tenu à l'écart par Bruce. Et quand toutes les troupes furent totalement engagées, des deux cotés, une force fraiche de cavaliers apparut, bannière au vent, et mit les Anglais en déroute. Bien qu'une légende écossaise parle de gens escortant l'armée, montés sur des poneys, agitant des linges, des gourdins et des fourches, mais pareille clique n'aurait jamais pu mettre soudain en fuite le roi d'Angleterre et 500 chevaliers. "
La description de la bataille, avec des variantes mineures, est reprise par la plupart des partisans du point de vue populaire, comme de l'alternatif. Cependant, il existe une partie importante de preuve contemporaine ou presque, qui est totalement ignorée par les partisans de la légende. Ces sources sont essentielles pour étudier et comprendre le 14ème siècle anglais et écossais. Ces sources sont : (suivent 2 pages de références).
Une source de plus a été utilisée dans ce livre, "Le Bruce", de John Barbour, vers 1375. Avant de parler de Robert le Bruce, la bataille de Bannockburn, etc. il est un point de détail, propre à la FM écossaise, qui mérite un commentaire. Sans exception ou presque, les tenants de la version alternative précisent que la bataille eut lieu le 24 juin, et que cette date est "significative". Le 24 juin est célébré la St Jean Baptiste, une date "respectée" par l'OT, qui a aussi une signification pour la FM, puisque choisie pour leur célébration annuelle. Mais la tentative de relier la FM à l'OT, de par la coïncidence prétendue de leurs fêtes annuelles, est vouée à l'échec. D'une part, la plupart des historiens s'accordent sur le fait que la bataille dura 2 jours, les 23 et 24 juin. Ensuite, le jour de la St Jean n'était qu'un des nombreuses fêtes observées par l'OT. En fait, les chevaliers de l'OT médiéval était plus particulièrement attachés à la Vierge, à qui tous les saints étaient subordonnés.
L'usage de ce saint pour relier les FM et l'OT est fréquent : Jean Baptiste est le patron, à la fois, des FM et de l'OT. De cette affirmation découle, donc, que ce jour de fête, le 24 juin, a une signification spéciale, pour toute la FM, ce qui est sans doute vrai partout....Sauf en Ecosse. Affirmer qu'histoire et usage maçonniques anglais sont les mêmes qu'en Ecosse est une façon de démontrer comment on peut être induit en erreur.
Nombre d'écrivains ne font aucune différence entre maçons opératifs et spéculatifs. Des liens entre les deux sont faciles à trouver en Ecosse, mais les documents l'attestant n'existent pas avant 1599, quand commencèrent à être tenus les procès verbaux de loges. Cette date même doit être prise avec précaution, car ce n'est pas avant 1634 qu'on trouve mention d'un maçon non opératif rejoignant une loge de maçons – la loge d'Edimbourg. Il existe donc une période de 320 ans où n'existe aucune preuve d'aucune connexion entre les deux. (Càd la période entre la soit disant création de la FM par Robert Le Bruce et les premiers procès verbaux de loges)
Plus important, il n'existe aucune preuve que ce que les maçons écossais faisaient dans leurs loges au 17ème siècle était ce qu'ils y faisaient auparavant. Ainsi, non seulement il n'existe aucune preuve contemporaine d'un lien entre l'OT médiéval et la FM moderne (entre 1314 et 1778) mais aussi il n'y a aucune preuve d'un lien direct entre maçons opératifs et FM avant 1599. La raison pour laquelle 1598/99 est un tournant historique est amplement expliqué ailleurs (voir Stevenson, les premiers FM).
Les preuves en liaison avec les maçons opératifs écossais, avant 1598/99, ne se trouvent pas dans des livres des minutes de loges, mais dans des rapports locaux et nationaux, qui donnent un aperçu de la vie et des activités des maçons : en 1475, les maçons et charpentiers d'Edimbourg se voient accorder le "Sceau de Cause", qui les constituent en un corps officiellement reconnu. Il accorde à la "société des charpentiers et maçons" certains droits, et lui impose certaines responsabilités. L'une d'elles, qui présente ici un intérêt, est qu'ils deviennent responsables de la maintenance de l'aile St Jean l'Evangéliste, dans l'Eglise St Giles, à Edimbourg. De l'époque dont datent les premiers comptes-rendus de loges, jusqu'à un passé récent, les loges écossaises ont toujours tenu leur assemblée annuelle d'installation (souvent, la seule tenue dont il est fait rapport écrit) le 27 décembre. Insister sur le 24 juin, comme date significative liant la FM et l'OT médiéval, en Ecosse, est donc sans fondement.
Une question plus importante pourrait-être : " Quelle preuve contemporaine existe, s'il en est une, de l'intervention des chevaliers de l'OT à la bataille de Bannockburn? "
La déclaration selon laquelle " les récits de la bataille sont rares et fragmentaires " nous conduit au cœur du sujet. Aucune preuve n'est fournie pour étayer cette affirmation. En fait, les récits sont nombreux, et contemporains de l'époque comme décrit précédemment, certains, même, très proches de la date de la bataille.
Bien qu'aucune de ces sources ne fournit une preuve de la présence de l'OT à la bataille, faisons comme s'ils y étaient et, même, qu'ils jouèrent un rôle crucial dans son issue. L'argumentation est que, alors que le sort de la bataille est incertain, une autre force apparait soudain, sur le champ. Cette troupe fraiche fait perdre courage aux chevaliers anglais qui fuient le champ de bataille. Qui d'autre que l'OT aurait pu causer pareille réaction?
On suggère que, parce que personne ne mentionne leur soudaine apparition, cela joue en faveur de leur présence. L'argumentation est ainsi présentée : les écossais, est-il dit, ne pouvaient admettre que l'OT hérétique leur aurait prêter assistance, pour ne pas se mettre l'Eglise à dos. Les Anglais ne mentionnèrent as que l'OT a causé leur défaite, pour ne pas perdre la face. L'absence de toute évidence de la participation de l'OT est donc utilisée comme une "preuve" qu'ils étaient présents! C'est un exemple de la technique utilisant le négatif (aucune preuve de la présence de l'OT) pour créer du positif (l'OT a fait pencher la bataille en faveur des Ecossais).
Une évidence qui existe encore et n'est pas utilisée, ni discutée, par les partisans de l'approche populaire, mérite une brève mention. John Barbour (1325-1395) écrivit son poème épique, "Le Bruce", vers 1372. Il rend compte de la vie et des exploits de Robert Bruce et c'est une source d'information clé, à propos de Bruce et du combat de l'Ecosse pour son indépendance. Il est particulièrement précieux pour la bataille de Bannockburn, à propos de la "force inconnue".
Il existe une preuve interne qui montre que Barbour eut accès à des données maintenant disparues, ainsi qu'à un témoignage visuel. Le compte rendu de Barbour date pratiquement de la bataille, et ne peut être taxé de "légende".
Puisque la soudaine apparition prétendue de l'OT au cours de la bataille est capital dans le mythe, il est intéressant de répéter ici la description que fait Barbour de cette "force inconnue" et leur part prise dans le conflit.
" Alors, il (Bruce) envoya tout le petit peuple et les charretiers, avec l'équipement et les provisions, au parc, assez k loin de lui, et les fit s'éloigner des troupes. Ils allèrent où il le leur avait ordonné... Le roi leur demanda à tous d'être prêt, parce qu'il savait que ses ennemis resterait pour la nuit à Falkirk." Livre 11
" A ce point que je vais vous décrire maintenant, quand la bataille se déroulait de telle façon que chaque camp se battait avec vigueur, les hallebardiers, hommes et garçons, à pied, qui avaient été laissés dans le parc pour garder les provisions, quand ils surent sans aucun doute que leurs seigneurs participaient à un combat désespéré, désignèrent l'un d'eux comme chef, attachèrent des draps assez larges, en guise de bannières, sur de longues gaules et lances, disant qu'ils voulaient voir la bataille et aidés leurs seigneurs de leur mieux. Quand tous furent d'accord, ils se réunirent en un seul corps d'armée, - Ils étaient mille cinq cents et plus – et, à tout allure, ils coururent avec leurs bannières, un une seule force, comme s'ils avaient été de braves guerriers.
Ils vinrent en masse jusqu'à voir la bataille, puis, ensemble, poussèrent des cris "A mort ! A Mort ! A l'assaut! " Et ainsi s'approchèrent, tout en étant encore assez loin.
Les Anglais, qui cédaient du terrain sous la pression, comme je l'ai décrit plus tôt, quand ils virent arriver sur eux pareille compagnie, hurlant ainsi, crurent avoir affaire à une armée aussi nombreuse que celle qu'ils étaient déjà en train de combattre, armée qu'ils n'avaient pas repérée auparavant. Vous pouvez imaginer que les meilleurs, les plus braves qui composaient l'armée de ce jour se mirent à souhaiter qu'ils avoir été ailleurs, eux et leur honneur.
Le roi Robert vit, à leur manque de résistance, qu'ils allaient perdre, poussa son cri de guerre, puis, avec ceux de sa compagnie, pressa si fort l'ennemi qu'il rendit inquiet et lui fit perdre encore plus de terrain, car tous les écossais, qui en voyaient quitter la bataille, s'engouffrèrent sur eux de toutes leurs forces. Ils s'éparpillèrent en une foule de groupe, la défaite était proche. Quelques uns fuirent carrément, mais ceux, braves et intrépides, que la honte empêchait de fuir, restèrent à se battre, tenant ferme dans la bataille, mais a grands prix. Livre 13
On constate donc que, avant la bataille, Bruce a fait en sorte que le petit peuple et les charretiers soient séparés de ses forces principales, parce que ces hommes étaient indisciplinés, peu fiables et mal armés. A la bataille de Loundoun Hill (10 mai 1307), il avait pris les mêmes précautions.
" Les charretiers et le petit peuple de serviteurs, qui n'étaient pas de taille à se battre, il les laissa derrière lui, tous rassemblés sur la colline. " Livre 8
Voilà qui révèle des détails significatifs, ignorés des tenants de l'approche alternative. Séparer le petit peuple des guerriers était pratique courante parce que, comme à Loundoun Hill, comme le précise Barbour, " ils n'étaient pas de taille pour participer à la bataille." Ce n'était que des charretiers, et de "petites gens" (en termes de capacité à se battre).
On sait donc qui étaient ces hommes additionnels, à Bannockburn. On peut difficilement les désigner comme "force de réserve inconnue". Il n'y a pas de preuve qui suggère que " La bataille de Bannockburn fut gagné, grâce à l'arrivée d'une force Templière, commandée par le grand maitre des Templiers écossais, Sir William St Clair".
Il n'y a aucune évidence quelconque pour supporter l'assertion selon laquelle Robert le Bruce (...) n'était pas seulement un Templier (...) etc. (déjà cité)
La description de Barbour révèle que le "petit peuple" ne participa aucunement à la bataille de Bannockburn. Ils étaient si éloignés que, quand ils arrivèrent, les forces anglaises avaient déjà fui le champ de bataille. Barbour conforte son impression sur le manque de fiabilité de ces gens en précisant que, au lieu de prêter main forte aux guerriers poursuivant les Anglais, ils restèrent sur le terrain pour détrousser les morts et les blessés.
"Les gens, les garçons, la populace, quand ils virent que les Anglais étaient défaits, se lancèrent au milieu d'eux et tuèrent ceux qui ne pouvaient les affronter. Ce fut affreux à voir. "
Barbour porte un regard méprisant sur les capacités combattantes des ces "pauvres gens" et, en prenant tant de peine pour décrire leur manque de fiabilité, il fournit une conception détaillée du rôle qu'ils jouaient avant, pendant et après la bataille. Bruce devait aussi tenir compte de ces gens, indisciplinés et sans entraînement, dans sa lutte pour l'indépendance, parce qu'ils apportaient la preuve que le peuple entier était derrière lui.
De toutes les sources plus ou moins immédiatement contemporaines à l'époque (voir liste précédente) seul "Le Bruce" de Barbour fait état de l'intervention d'un autre groupe dans le bataille. Cette source proche, seule source médiévale qui mentionne une intervention d'une autre force à Bannockburn, a été écartée comme étant une légende. Cependant, on a retenu cette seule affirmation, qu'il y eut bien une intervention, et on l'a présenté comme une preuve que ce que Barbour décrivait comme d les "petites gens" étaient en fait l'OT!
Considérations d'ordre général
Bruce assassine Comyn en 1306 et devient fugitif. Quand il se décide à faire front et à se battre, soit il est défait, soit le résultat fut incertain : à Methven en 1306; à Loundoun en 1307; à Inverurie en 1308 et à Brander en 1309. La période qui suit immédiatement l'arrivée présumée des fugitifs de l'OT en Ecosse fut cruciale pour la survie de Bruce.
Certains auteurs prétendent que l'OT vint en Ecosse parce que Bruce les auraient accueillit et offert un sanctuaire. Mais, à cette date, il ne contrôlait aucune part significative du pays.
Si l'OT était arrivé, leur survie aurait dépendu de la victoire de Bruce (ET de l'Ecosse) sur les Anglais et leurs alliés écossais. Seule cette victoire leur aurait garantit un sanctuaire sûr et qui le resterait. Mais l'OT ne rendit à Bruce – Son supposé sauveur, protecteur, la raison de leur venue en Ecosse – aucun service, pendant les années où il avait désespérément besoin d'aide.
L'OT ignora les batailles, chocs et autres escarmouches, le laissant seul pour vaincre ou être défait, sans leur assistance. Si l'on croit la légende, ils ont donc dû prévoir une bataille décisive, qui aurait lieu 7 ans après leur arrivée en Ecosse, et ont préféré se planquer pendant ces sept années, avant d'apparaitre soudain à Bannockburn.
Le dernière bataille à laquelle l'OT prit part fut en 1291, à Acre, et se solda par de lourdes pertes pour l'OT. Elle eut pour conséquence " la disparition des forces templières de première ligne ". Pour les remplacer, l'OT procéda à un recrutement, peu après, avec peu de succès.
Ce faible apport en sang neuf fut anéanti lorsque les mamelouks, en 1302, depuis Tripoli, assiégèrent et affamèrent l'ile de Ruad (au large de la Syrie, à Tortosa) pour finir par les soumettre.
Ce qui signifie que l'OT avait perdu sa raison d'être et était devenu un ordre sans objectif Ensuite, l'Ordre a tenté d'obtenir des supports pour une autre croisade, dans le but de reconquérir la terre sainte, mais sans succès. Quelques partisans du mythe expliquent que la raison pour laquelle l'Anglais fut mis en déroute à Bannockburn n'était due qu'à l'apparition soudaine de l'OT sur le terrain et, plus important, à leurs alarmantes compétences guerrières, largement connues : " Car la charge de ce nouvel escadron sema la terreur chez l'Anglais".
L'âge de ceux qui rejoignaient l'OT allait de 25 à 30 ans. Pour un chevalier entièrement formé, capable de remplir toutes les tâches requises, qui entrait dans l'ordre à cet âge, cela signifiait que, à la chute d'Acre, le plus jeune des chevaliers était né en 1261-1266.
Ces chevaliers, derniers à avoir fait une guerre, devait avoir 48-53 ans, ou plus, en 1314. Plus des 2 tiers des chevaliers interrogés après 1307 avaient plus de 40 ans. A la bataille de Falkirk (1298) Sir Brian Le Jay, grand maitre des chevaliers templiers en GB, fut tué au combat par Sir William Wallace (1270-1305), alors qu'il combattait aux côtés d'Edouard Ier.
Suggérer que les prouesses militaires, non testées depuis 23 ans, à Acre, (une défaite majeure et finale) aurait semé l'effroi dans les rangs des chevaliers anglais est des plus douteux.
Non seulement, l'existence de l'OT en tant que groupe, après Acre, peut être mis en doute, mais, au niveau individuel, il y avait de quoi s'inquiéter.
Que le grand maitre de l'OT lui-même combattait pour Edouard Ier contre les Ecossais et fut tué à la bataille, peut difficilement servir de support à l'idée que l'OT aurait "semé la terreur chez l'Anglais" : Les Anglais avaient, après tout, vu les «prouesses» en action...
On peut le tourner différemment : les Templiers ont subi une défaite majeure en 1291, qui a anéanti tous les hommes d'expérience. L'OT a recruté de nouveaux chevaliers pour combattre, dans une tentative de remettre un "pied" sur la terre sainte. Tous les nouveaux sont morts lors du siège de Ruad, en 1302. Ce que suggèrent les tenants de l'approche populaire est que, en 1307, quelques chevaliers Templiers Français, alors plutôt âgés, qui n'avaient pas pris part à la débâcle d'Acre, vinrent en Ecosse, fin 1307. Ces chevaliers n'auraient donc eu aucune expérience militaire, de quelque nature, après 1291.
Ils vinrent en Ecosse à la recherche d'un sanctuaire, atterrirent sur la cote d'Argyll, restèrent caches pendant 7 ans, négligèrent toutes les batailles, chocs et escarmouches auxquels Bruce dut faire face, entre 1307 et 1314, jusqu'à ce qu'ils décident de charger, sur le champ de Bannockburn. En 1314, Ces Chevaliers Templiers étaient vieillissants, quelque critère que ce soit. Une "force inconnue" vieillissante, dont les prouesses militaires avait été détruite plus d'une fois lors des 23 années précédentes, aurait-elle vraiment intimidé les chevaliers Anglais?
Autres preuves physiques – Tombes
Avant d'aborder le sujet des tombes de Kilmartin, il serait bon de parler d'abord des tombes en Ecosse, et des coutumes écossaises en matière d'inhumation. C'est nécessaire, parce que de nombreux tenants de l'approche populaire citent ces tombes comme des "preuves" que des membres de l'OT ont été ensevelis anonymement en Ecosse.
Mieux vaut rappeler, même si c'est évident, que l'histoire d'Ecosse est différente de celle d'Angleterre. C'est vrai aussi de l'histoire de la FM. Trop souvent, des auteurs confondent histoire britannique et anglaise, et, pour cette raison, commettent des erreurs quand ils traitent de l'histoire écossaise. Ce chapitre démontrera brièvement la persistance de ce problème. En d'autres termes, ce qui suit doit être considéré dans le contexte historique écossais. Quand, se faisant, des problèmes apparaissent, ils seront expliqués.
Alors qu'il existe des tombes datant du néolithique, de la période du bronze et de celle des Pictes, nous ne nous intéresserons ici qu'aux tombes de l'ère chrétienne. Cependant, il faut mentionner que des tombes bien antérieures se retrouvent parfois au milieu de ce qui est devenu un cimetière chrétien, du fait, couramment relevé et non seulement en Ecosse, que l'Eglise s'est souvent "approprié" des sites préchrétiens. Ces tombes païennes peuvent facilement être repérées.
On constate que le terrain entourant immédiatement une église a souvent été consacré à des inhumations, depuis le début de l'ère chrétienne. On peut admettre que l'habitude anglaise de l'époque fut en usage dans ce qui est de nos jours la Grande Bretagne. Des archives montrent que "la coutume fut confirmée comme ayant été établie vers 724 après JC : une bande d'environ 10 mètres, autour de l'église, était réservée à cet effet"
Quand la chrétienté se répandit en Ecosse, on y construisit de plus en plus d'églises et d'établissement religieux, qui, eux aussi, fournirent une place pour les enterrements. On le souhaitait, puisqu'une église était, après tout, la maison de Dieu sur terre, et être enseveli là signifiait que sa dépouille se trouvait aussi proche que possible de Dieu ici-bas. Il existait une sorte de hiérarchie économique, quant à qui serait enterré et où : souvent, les pauvres n'étaient pas enterrés dans un terrain consacré. Ceux qui possédaient quelque bien pouvaient espérer être enterrés dans le terrain entourant une église. Plus la tombe était proche de l'église, plus cher était l'enterrement.
Etre inhumé à l'intérieur d'une église nécessitait des sommes importantes. Là aussi, s'appliquait une hiérarchie économique : Ceux qui avaient le moins de moyens étaient enterrés sous le sol de l'église, une parcelle sans inscription.
Pour les gens d'importance seulement, rois et évêques, la tendance était d'être enterrée non loin de l'autel principal, à un cout qui diminuait avec l'éloignement.
Ceux qui pouvaient se le permettre se faisait faire une dalle tombale pour couvrir l'aire de leur repos éternel. Ceux qui voulaient dépenser encore plus s'offraient une dalle sculptée, indiquant l'identité du défunt, voire un peu de décoration et des armoiries. Des dalles richement ornées étaient rares, vu le temps et l'argent nécessaire à leur exécution.
Rares étaient ceux qui pouvaient s'en offrir le luxe, et ceux qui le pouvaient le faisaient souvent réaliser de leur vivant, car ils n'étaient pas certains que, après leur trépas, les successeurs respecteraient leur vœu de pareille extravagance. Les dalles tombales ont donc toujours été relativement rares, ce qui explique que peu survécurent à la réforme.
Cette forme d'obsèques fit naitre des problèmes, principalement de surpopulation, et de persistantes odeurs de décomposition. Les cimetières d'églises n'étaient pourtant pas destinés à être des tombes perpétuelles et, après un période respectable, quand la chair a quitté les ossements, on les retirait et les déposait dans un charnier. Ce n'était pas la "possession" d'un endroit de sépulture particulier qui importait, mais qu'on ait été correctement enseveli, en un lieu consacré, de préférence à l'intérieur d'une église. Il était tout aussi probable que ceux qu'on enterrait dans une église, sous le sol ou dans des caveaux construits à cet effet, seraient également retirés pour faire place à de nouveaux arrivants.
Cependant, on accordait généralement un temps bien plus long à ceux qui étaient enterrés dans une église, d'autant plus si la famille restait puissante et bienfaitrice de l'église.
Rois, Evêques etc. étaient très rarement retirés, d'autant qu'ils construisaient des églises pour le repos éternel des leurs et d'eux même, et Rosslyn Chapel et autre églises sont bien la réalisation de pareils vœux, comme on l'a déjà vu.
Cependant, la Réforme bouleversa considérablement le paysage religieux d'Ecosse. Il faut se souvenir que la Réforme anglicane, voulue par Henri VIII, ne concerna pas l'Ecosse. La réforme écossaise fut essentiellement religieuse, elle voulait s'assurer que les pratiques de l'Eglise seraient réformées intégralement, et, en janvier l560, édicta ses propres modifications, déclarant, entre autres, que "toute image, d'anges de saints, et leur culte, était totalement supprimé dans toutes les places de ce royaume.
En quelques années, le mode de sépulture et le cérémonial, ce qui pouvait être gravé sur une dalle, changea totalement. Après la réforme, les morts ne purent plus être enterrés dans une église. Plus aucune sculpture de saint, ange ou autres images idolâtres et papistes ne furent autorisées sur les dalles. Plus important, les dalles devinrent de simples tombes, changement majeur et qui abusa bien des auteurs.
Les dalles étaient horizontales, ou allongées, et recouvrait le défunt, qui avait eu la chance de trouver une place sous le sol d'une église ou de son cimetière. Avec la réforme, cessèrent les sépultures dans les églises et avec elles, le besoin de dalles, remplacées par des pierres tombales, ce qui permet, plus ou moins, de déterminer si une tombe date d'avant ou après la Réforme écossaise.
De plus, la proscription de tout usage d'images "idolâtres" signifiait que les images qu'on pouvait trouver sur une tombe se différenciaient énormément de celles en usage avant la Réforme.
Avant la réforme, on utilisait, en Ecosse, les mêmes symboles que partout ailleurs. Mais après 1559, on ne fit plus usage que de symboles mortels, au lieu d'anges etc.
La nouvelle Eglise encourageait ce que beaucoup pourraient considérer comme des symboles non chrétiens, ce qui serait méconnaitre la théologie de l'église protestante Ecossaise, ses idées sur les symboles et leurs desseins. Il devint acceptable de faire usage du crâne et des os, croisés, parce que ce n'était pas des symboles "papistes" et qu'ils ne devaient que rappeler à chacun quel était son sort ultime. Se concentrer sur quelques symboles serait se fourvoyer, ils étaient en fait très nombreux, sabliers, faux, chérubins, livres, etc.
C'était donc des symboles entièrement nouveaux, définis et approuvés par la nouvelle église, pour remplacer ceux de l'Eglise Romaine, parce qu'ils n'étaient pas idolâtres, symboles plus abstraits que les précédents, qui voulaient focaliser l'attention sur la mort. Plus tard, l'attitude de cette Eglise se relâcha un peu, et d'autres symboles, comme ceux utilisés par des marchants ou des commerçants, furent autorisés sur les tombes.
L'usage que font les FM actuels de crânes et d'os croisés au 3ème degré, est cité comme démontrant qu'un lien existe entre FM et OT. Ceci étant vrai, l'argument poursuit en affirmant que toutes les tombes portant ce symbole sont sans aucun doute une sépulture de FM, de l'OT, ou des deux!
Un nombre important de tombes porte ces symboles, et il est maintenant connu que, puisque bien des tombes écossaises portent ces symboles, il ne peut s'agir de tombes de membres de l'OT, morts en Ecosse après 1307. Et ces tombes ne peuvent être FM: ce symbolisme est présenté comme lié au 3ème degré, mais ce degré fut inventé en 1720 seulement, à Londres, près de 200 ans après la réforme écossaise, et ne fut accepté que peu à peu par les L:. Écossaises.
En fait, nombre d'entre elles répugnaient à adopter cette innovation en FM, et quelques unes ne l'avaient pas encore adoptée, 100 ans plus tard. Ainsi, la plus ancienne L:: dont on détient des comptes-rendus, celle de Aitcheson's Haven, et qui datent du 09 janvier 1599, et ce n'est qu'en 1814 qu'elle commence à conférer le degré de maitre FM.
(Pour étayer son opinion, l'auteur cite deux tombes revendiquées comme FM et qui ne le sont pas, puisque ce sont des tombes de femmes, de 1723 et 1751)
Les dalles funéraires de Kilmartin
Certains ont dit que la recherche de preuves documentées d'un lien entre la FM moderne et l'OT(en Ecosse) ne pouvait qu'échouer, puisque pareille relation n'existe pas. Pourtant, on dit qu'une preuve existe "sur le sol" et qu'elle n'a jamais été examinée par des historiens FM. La preuve physique principale de la présence supposée de d'OT à Argyll se trouve dans le cimetière de Kilmartin. Reprenant la discussion précédente, il n'y a peu de doute que se trouvent là des dalles funéraires antérieures à la réforme.
Elles sont réputées prouver que des membres de l'OT ont vécu et sont morts à Argyll, en particulier près de Kilmartin. Ces dalles ne s'ornent que du pourtour d'une épée, ce qui désignerait le dernier repos d'un templier, parce qu'elles sont anonymes, anonymat requis à cause de l'excommunication de Bruce, et du fait qu'il ne pouvait s'encombrer de la présence de templiers hérétiques, puisqu'il désirait que son pays, nouvellement indépendant, soit réadmis au sein de la chrétienté européenne.
Mais en 1307, Bruce était perdant, et continuait, en fait, à être un embarras pendant quelques années encore, avant que la victoire sans équivoque à Bannockburn lui assure son royaume. Le Fait qu'il avait été excommunié en 1306, et était en danger imminent d'être capturé et exécuté semble être une bien mauvaise raison de chercher refuge dans une Ecosse alors déchirée par une guerre civile.
La preuve matérielle démontrant l'existence présumée de l'OT à Argyll est basée sur un besoin suppose d'anonymat. Il est donc pertinent de se demander où sont les galles funéraires de ceux de l'OT morts en Ecosse avant 1307, et qui ne nécessitaient pas cet anonymat. Les templiers morts avant 1307 devraient avoir eu des dalles qui indiquaient clairement que les sépultures étaient de l'OT. Aucune dalle de cette sorte n'a été identifiée en Ecosse.
Il est décidément étrange, donc, que les seules tombes de l'OT identifiées soient celles qui sont anonymes, tandis qu'on ne trouve nulle part celles des Templiers qui ne requéraient pas l'anonymat.
Pareille question peut se poser, à propos d'autres ordres militaires, en particulier celui de St Jean de Jérusalem (les chevaliers hospitaliers). En Ecosse, cet ordre détenait environ les deux tiers de la terre que possédait l'OT. Comme cet ordre ne subit pas le sort de l'OT, et a une existence continue, enregistrée, jusqu'en 1560, ces membres décédés n'avaient pas besoin d'être enterrés dans des tombes anonymes.
Où sont, en Ecosse, les tombes des chevaliers de l'ordre de St Jean, de la période en question? On n'en trouve nulle part.
Une autre difficulté apparait, quand les dalles des supposés chevaliers de l'OT sont trouvées dans des propriétés de l'Ordre de St Jean, comme le préceptorat de Torphichen, quartier général de l'Ordre de St Jean en Ecosse, qui n'a jamais été propriété de l'OT.
Autre problème, l'âge de ces tombes. L'OT, à la suite de l'arrestation massive de ses membres en France, n'a pu arriver en Ecosse que quelques semaines avant le 13 octobre 1307. Puisque la légende prétend que les membres de l'OT sont devenus des FM après Bannockburn, cela signifie que le besoin d'anonymat, qui n'existe pas avant octobre 1307, cesse peu après 1314.
Sur cette base, donc, la "rangée selon un rang militaire strict" de tombes anonymes à Kilmartin ne s'applique qu'à une période de 7 ans(1307-1314) parce que " des tombes avec une épée anonyme, représente un nouveau style, un nouveau développement, dans la région, qui est apparu subitement et inexplicablement" et coïncide avec l'arrivée présumée de l'OT. Il semble difficile de croire qu'un nombre si important de templiers soient morts sur une si courte période, en un lieu géographique si limité.
Malheureusement, les auteurs citant ces tombes comme preuve de l'OT caché en Argyll ne précisent pas quelles tombes ils interprètent de la sorte. Les termes sont vagues, tels que "Il y en avait plus de 80. Mais ce qui nous intéressait étaient celles ne possédant aucune décoration, à l'exception d'une simple et austère épée droite " et " l'Eglise de Kilmartin, près du Loch Awe, en Argyll, contient mains exemplaires de tombes Templières et de sculptures de tombes"
Si, pour l'instant, nous acceptons que "plus de 80" chevaliers de l'OT sont morts entre 1307 et 1314, cela a une implication majeure dans le nombre de membres de l'OT qui se cachaient en Argyll : 80 morts en 7 ans, le nombre effectif de ceux qui y vivaient devait être énorme.
Le cimetière de Kilmartin contient 73 dalles funéraires, dont 12 portent une simple épée. Si nous acceptons que le simple contour d'une épée sur une dalle représente bien une sépulture d'un membre de l'OT, il nous faut donc aussi tenir compte d'autres dalles semblables, à la même place et de la même période. Par exemple, une dalle avec une simple épée, mais aussi une bordure simple et étroite, connue sous le nom de moulure de bord) représente aussi une sépulture de l'OT? Il y en a 27, à Kilmartin. L'ajout d'une simple bordure décorative ne mettrait en rien en péril l'anonymat présumé nécessaire. Mais si on ne les considère pas comme des dalles de l'OT, surgit alors le problème de décider ce qu'elles représentent. Il ne suffit pas de simplement les ignorer, elles font partie de "la preuve matérielle" à Kilmartin.
Malheureusement, aucun de ces auteurs qui citent ces dalles comme des preuves de la présence de l'OT ne fournit une description précise de ce qu'ils considèrent comme des dalles de l'OT. Quelques précisions ont été fournis par certains, qui permettent de déterminer quel type de décoration de dalles sont retenus par les partisans de l'approche populaire ou alternative et qui confirme que ces dalles sont de l'OT, avec ou sans décors. Ce qui a pour effet d'augmenter le nombre de variétés de dalles dites de l'OT, et les décors incluent épée et hache, croix floriate avec ou sans épée, croix à tête ronde et épées, croix floriate et bâton, floriate, épée, feuillage entrelacé et un animal fantastique, guerrier avec épée et lance, vaisseau, croix foliée, équerre maçonnique, silhouette de guerrier décrits comme croisés.
Tous ces dessins ont été mentionnés dans des citations ou des illustrations, comme exemples de dalle funéraire de l'OT. Si ces assemblages de motifs sur une dalle sont OT, que faire de ceux qui comportent des arrangements différents? Ou de ceux portant les mêmes motifs, combinés avec d'autres, non-mentionnés ci-dessus? Seuls certaines dalles de Kilmartin ont été utilisées pour confirmer un point de vue particulier, mais les autres doivent prises en compte, car faisant aussi partie prenante du cimetière qui fait " preuve ". Malheureusement, pareille explication n'est pas disponible.
A sa fondation, l'église paroissiale de St Michael, à Garway, fut, c'est de notoriété, un préceptorat de l'OT, entre 1185 et 1188. Une pierre isolée, maintenant un linteau d'une embrasure de porte, portant la silhouette d'une épée, est mise en avant pour revendiquer comme étant de l'OT les dalles semblables, à Kilmartin. Cependant, d'autres pierres, à Garway, demandent considération : Contrastant avec l'"épée de pierre" solitaire, on trouve huit pierres portant des croix floriates.
Celles-ci sont également anonymes, en ce qu'elles ne portent aucun nom. En usant du même raisonnement que pour les dalles avec épées, toutes les pierres décorées d'une croix floriate, à Garway et Kilmartin, sont réputées de l'OT. En fait, toutes les dalles anonymes, en Grande Bretagne et en Irlande, sont donc obligatoirement des dalles de l'OT. Etant donné que le taux de survivance de ces dalles sur 700 ans est relativement faible, on est conduit à penser qu'il y a eu, en fait, des dizaines de milliers de membres de l'OT en Irlande et en Grande Bretagne, ce qui n'est pas défendable.
Il y a quatre différentes "écoles" de fabricants de dalles funéraires en Argyll, pendant la période en question. Chacune a son style bien à elle. Ces écoles sont connues comme celles d'Iona, Kintyre, Loch Sween et Loch Awe.
Chacune travaillait dans une localité spécifique, et était nommé d'après ce lieu. Parce que chacune avait son propre style, différentes carrières d'extraction de pierre, le résultat peut s'identifier, où qu'il se retrouve dans l'ouest des Highlands. Les écoles ont produit différentes variétés de travaux, pas seulement de simples dalles funéraires, qui se sont éparpillés dans l'ouest des Highlands, Argyll inclus.
Ceci signifie qu'il y avait un gros négoce dans ce domaine et que certains produits ont accompli des distances considérables.la fourniture de ces dalles par au moins quatre endroits différents, et leurs transports, suggère que ceux qui les ont utilisés ne se préoccupaient pas vraiment du besoin de préserver l'anonymat.
La géologie peut aussi nous assister, par chance, les Highlands occidentales d'Ecosse, incluant Argyll, ayant une géologie à part. La diversité dans les formations géologiques de cette petite superficie se reflète dans la variété des dalles de Kilmartin et d'autres lieux, ce qui n'indique guère un besoin de garder les sépultures secrètes.
Autres dalles, en d'autres lieux
Les dalles en question ne sont pas toutes en Argyll, et de nombreux auteurs déclarent y voir une preuve que les fugitifs de l'OT étaient présents dans d'autres parties de l'Ecosse, en 1307 et après. Si l'on accepte que d'autres dalles sont des dalles funéraires de l'OT, semblables à celles de Kilmartin, donc il nous faut accepter que les mêmes desseins sur des dalles, en d'autres endroits, sont aussi de l'OT. Ce qui a une implication majeure car cette partie de la légende qui prétend que les fugitifs ont cherché refuge seulement en Argyll. D'autres sites, où de telles dalles peuvent être trouvées, sont (suit une page de site, avec mention de divers desseins trouvés sur ces dalles).
Selon l'approche alternative, les fugitifs de l'OT ne nécessitaient une dalle anonyme qu'en Ecosse, parce qu'on ne leur avait fourni un sanctuaire qu'en Ecosse. L'existence de dalles très similaires et anonymes, en Angleterre, remet sérieusement en doute cette affirmation. Il existe un grand nombre de dalles funéraires avec épée ou épée et croix floriate, par exemple, à Bellingham, Bywell, Corbridge, et Newbrough (ces lieux se trouvent tous dans le Northumberland, Angleterre).
L'existence de ces dalles en dehors de l'Ecosse, et pas seulement d'Argyll, fait naitre deux possibilités : soit ce sont également des dalles de l'OT (auquel cas apparaissent des problèmes auxiliaires, quant au nombre et aux localisations de membres de l'OT fugitifs, auparavant inconnus, par exemple en Angleterre) ou bien que ce ne sont pas, en fait, des dalles de l'OT. Si ce ne sont pas des dalles de l'OT, alors, pourquoi devrait-on penser que les dalles de Kilmartin, identiques, seraient, elles, de l'OT?
Il y en a plus de 300, anonymes, dans et autour d'Argyll. Le nombre de membres de l'OT qu'indiquent ces tombes anonymes suggère une bien plus importante présence de chevaliers OT que supposé jusqu'alors. Personne ne peut fournir un chiffre exact de ceux qui sont supposés s'être refugiés en Ecosse, mais les tombes indiqueraient que plusieurs centaines se cachèrent en Argyll après 1307.
Kilmory
Du gaélique Kill (église) et Mory (Muyre = Marie) signifie l'Eglise de Ste Marie, manifestement la sainte vierge.
Outre les dalles citées comme autant de preuves matérielles de la présence de l'OT, certains auteurs ont suggéré que des structures propres à Argyll peuvent être décrites comme de l'OT. Kilmory, Knapdale, en fait partie. La chapelle est considérée comme de l'OT parce que
"Les églises templières possèdent, invariablement, une croix, soit sculptées au dessus de l'entrée, soit érigée à l'extérieur. La croix, simple ou embellie, possédait toujours son style distinctif, branches égales, dont le bout était plus large que la base. Dans la chapelle de Kilmory se trouvait justement une croix, qu8i datait d'avant le 14ème siècle"
L'interprétation de ces pierres et leurs localisations sont chargés de difficultés et de risques. Cette croix "templière" en particulier, fut découverte en 1969, à plus de 15 km de Kilmory, et ramenée alors à la chapelle pour la protéger. A l'origine, cette croix ne faisait pas partie de Kilmory Chapel et ne peut être citée comme preuve revendiquant la chapelle comme étant de l'OT. Cette forme de croix est courante, tout au long du moyen âge, et son usage n'était pas réservé à l'OT. En Ecosse, une histoire, bien documentée et fouillée, démontre que cette croix remonte à bien des siècles avant 1307.
A Kilmory Chapel, il n'existe pas de dalles portant simplement le contour d'une épée, comme à Kilmartin. Personne ne revendique que Kilmartin Chapel soit une chapelle templière (ou le site d'une) en dépit du nombre important de dalles à épée, prétendument de l'OT. C'est étrange, puisque Kilmory Chapel est, elle, revendiquée comme de l'OT, alors qu'elle ne contient aucune dalle anonymes avec épées, réputées de l'OT. Si ce dessin était le mode principal de désigner les tombes de l'OT, alors, l'absence de pareilles dalles, à Kilmory Chapel, site supposé de l'OT, doit être expliqué. Une dalle présumée OT a été décrite comme étant à Kilmory Chapel, mais elle n'est pas du type "simple épée". Des 36 dalles se trouvant sur les murs de la chapelle, l'une est décrite comme :
"Dalle du 14ème siècle, ciselée d'une galère au vent, un personnage en armes, et une autre croix Templière, travaillée en un dessin floriate. Mais il y avait plus... Au dessus de la tête de l'homme en armes avec sa croix templière se trouve une équerre maçonnique, " ... Kilmory a certainement été une chapelle Templière. ..."
Conséquence de cette "preuve" (que Kilmory était une chapelle de l'OT) "il devenait alors sur de dire qu'il y avait eu des Templiers à Loch Sween..." En 1301, John (McDougall) de Lorn avait pris Knapdale, (qui comprenait Kilmory et Castle Sween) pour John Menteith., lequel avait reçu d'Edouard Ier le titre de duc de Lennox, titre qui paraissait n'être guère plus qu'un titre de papier.
Vers mars 1309, il avait rejoint Bruce, qui l'avait confirmé seigneur d'Arran et Knapdale. Cette région, le cœur présumé de l'endroit où se cachaient l'OT, étaient la patrie des McSween et, en 1310, ils reçurent en dot l'intégralité de Knapdale, d'Edouard Ier, à condition qu'ils puissent le reprendre par les armes. Cette année, avec l'assistance d'une flotte basée en Irlande, et peut-être celle de John de Lorn, les McSween mirent le siège devant Castle Sween, mais sans succès.
L'OT ne prit pas part à cette bataille, bien qu'elle eut lieu au cœur même du pays où on prétendait qu'ils vivaient, et que les assiégés étaient partisans de Robert Le Bruce. Toujours le même problème, comment expliquer que l'OT, cacha en Argyll, ne faisait rien pour prêter assistance à Robert Le Bruce, dans ses nombreuses batailles, escarmouches et actions d'arrière garde, entre 1307 et 1314.
Il ne fait aucun doute, selon certains, qu'une dalle au moins, à Kilmory, est celle d'un chevalier de l'OT. Cette dalle est citée comme preuve, non seulement d'une sépulture de l'OT, mais de la présence de l'OT à Loch Sween, donc en Argyll en général, que Kilmory est bien un lieu de culte et que le symbolisme et les effigies sur les dalles sont toutes en liaison avec les chevaliers de l'OT.
Si cela s'avère, alors, pour la première fois, nous nous trouvons en face d'une preuve indiscutable de ce qu’est une dalle funéraire de l'OT.
Cependant, pareille affirmation ne peut être acceptée sans analyses critiques et détaillées. La dalle montre un guerrier tenant une lance dans sa main droite, portant heaume et une épée sanglée à sa taille, à gauche. Il semble porter des gantelets, difficiles à discerner. Sous le heaume, et sur ses épaules, une coiffe ou un ventail, à peine visible. Ses pieds sont chaussés de solerets. Le vêtement principal est une jaque, ou gambeson.
Le guerrier porte un bouclier sur son bras gauche. Bien d'autres dalles, dans l'ouest des Highlands, présentent des guerriers portant des tenues et des armes similaires.
En les comparant aux sculptures, desseins et autres images des chevaliers de l'époque, on relève de notoires différences. Les dalles des chevaliers enterrés dans l'Eglise du temple, à Londres, par exemple, datent toutes du 13ème siècle.et montrent des armes et cuirasses bien supérieures à celles de la dalle de Kilmory.
Les armes et armures utilisées lors de la bataille de Bannockburn ont fait l'objet d'études approfondies, et leur description montre que les chevaliers de cette bataille étaient bien mieux équipés que le "chevalier" de Kilmory : ils portaient armures et cottes de mailles, lui n'en a pas, mais un gambeson, fait de deux couches de métal lourd formés en cylindre, rembourrés de chiffons. La cotte de maille se portait, occasionnellement, sur ces vêtements, en une protection supplémentaire.
Le gambeson n'était pas l'armure d'un chevalier, mais d'un fantassin, et un Chevalier OT n'aurait pas été représenté ainsi, mais Angus Og, un chef de l'ouest des Highlands, qui a combattu à Bannockburn, et lui aurait été équipé de la sorte.
Ce qui signifie que la tombe de Kilmory Knap est celle d'un chef des Highlands occidentales, non un Chevalier de l'OT. Si c'était le cas, un autre problème majeur surgirait, à savoir qu'il existe de nombreuses dalles funéraires dans l'ouest des Highlands qui portent des desseins identiques : seraient-elles toutes des tombes de l'OT?
En fait, le problème devient même plus insoluble, en ce que, outre les tombes "anonymes de Kilmartin, avec le symbole de l'épée, des épées et de la croix floriate, il nous faut maintenant ajouter des guerriers, des vaisseaux, etc. Ce faisant, pratiquement toutes les tombes de l'ouest des Highlands seraient, forcément, si on poursuit l'argument jusqu'à sa conclusion, des dalles funéraires de l'OT.
Kilneuair
Kilneuair Church, "l'église du bois nouveau", est un autre site sur lequel on s'appuie pour confirmer la présence de l'OT en Argyll : " il existe des reste d'une ancienne église circulaire et une pierre tombale avec la croix pattée des Templiers" Les partisans de la légende combinent les deux pour en conclure qu'il s'agit bien d'un lieu d'activité templière.
En fait, l'église est de construction pentagonale, et on sait maintenant que la construction et l'usage d'églises circulaires ne se restreignait pas à l'OT.
De plus, les croix décrites comme étant de type templiers étaient largement utilisées durant le moyen Age, et pas seulement par l'OT. Il en existe, par exemple, un grand nombre dans les Cornouailles.
Encore un exemple qui démontre comme l'usage d'affirmations incorrectes pour expliquer une évidence, une église circulaire et une croix de type Templier, peut conduire à des conclusions erronées. Dans ce cas particulier, il est possible de révéler que l'église n'a pas été construite par l'OT, puisque des preuves archéologiques montrent que d'importantes parties de l'église ont été érigées au 13ème siècle, avant l'arrivée présumée de l'OT de France.
Documents "Templiers"
Il existe un certain nombre de documents qui sont cités comme preuves d'un lien entre l'OT et la famille St Clair. L'un d'eux, fréquemment mentionné, s'intitule "Charte de Walter Maleville de Temple land" qu'on date parfois d'après 1292. Ce qui attirait l'attention était l'usage de "temple Land" dans le titre de la charte, et le fait qu'un William St Clair acquit la dite terre "du Temple". Cette charte est reproduite dans la version Maidment de la généalogie des Saint Clairs de Rosslyn en 1835. La charte fut livrée dans son latin d'origine.
Une fois traduite, il est clair que la terre en question n'a jamais été propriété de l'OT mais d'un certain Walter Maleville (Melville) qui l'a toujours dénommé "terre du Temple", et c'est lui qui la vendit à la famille St Clair. Ce rapport d'une transaction commercial ne révèle aucun lien entre les St Clair et l'OT.
Il existe une variété d'autres "preuves" documentaires, citées comme preuves que l'ordre médiéval de l'OT a continué à exister en Ecosse après sa suppression officielle par l'Eglise, en 1312. Le document le plus fréquemment cité est celui contenu dans le Registre du Grand Sceau d'Ecosse, daté de la première année du règne de Jacques IV (1488- 1513) confirmant tous les dons de terrains faits aux "Saint Hospitaliers de Jérusalem, et à leurs frères de l'armée du Temple de Salomon "
Ce document a été cité comme preuve que le médiéval OT existait en Ecosse, plus de 200 ans après sa suppression. Cette interprétation du document est fausse. Jacques IV a confirmé à l'ordre de St Jean (les chevaliers Hospitaliers) toutes leurs propriétés, y compris celles qu'ils avaient acquis des chevaliers de l'OT, après la suppression de l'ordre. Ce qui sa passa peut 'être expliqué ainsi :
L'Ordre de St Jean a maintenu une transcription de toutes ses propriétés en Ecosse. Quand il a reçu des propriétés, après 1312, anciennement détenues par l'OT, une nouvelle transcription de ces propriétés fut créée. Une transcription nouvelle et conjointe aurait rendue redondante une transcription parfaitement réalisée. La nouvelle acquisition continuait à se référer à cette terre comme " Terre du Temple", etc. Cette méthode de se référer à une terre ou autre propriété par son nom original est courante et un exemple a déjà été cité. Le fait que les Chevaliers hospitaliers mentionnaient des fermes, terres et autres propriétés acquises après 1312 comme " terre du temple" etc. ne signifie pas qu'il existait un corps constitué, l'OT, encore en vie, séparément ou partie de l'Ordre de St Jean. Il existe de nombreuses places en Ecosse, et ailleurs en Grande Bretagne, qui continuent à porter des noms de Templiers comme Templeland Grove, (Edinburgh) et Templeland Crescent (Ayrshire), mais aucun ne suggère que les gens qui y vivent actuellement sont en fait des Templiers.
Laissant de côté l'énigme du pourquoi ils devraient laisser ces documents où ils sont, selon les mêmes auteurs, maintenant FM. Ceux qui s'intéressent à ce sujet de ce chapitre ne peuvent être que reconnaissant à un nombre d'auteurs qui ont rendu public l'existence possible de "preuves solides", par exemple, de sépultures de membres de l'OT fugitifs en Argyll, particulièrement à Kilmartin. Ce bref examen de ce domaine peut être difficilement autre chose que superficiel, dans un livre de cette taille, mais il suggère bien qu'il existe quelques difficultés majeures à résoudre avant d'arguer que telles ou telles dalles funéraires etc. ont effectivement un lien quelconque avec l'ordre médiéval des chevaliers de l'OT.
Conclusion
Avons-nous été abusés?
On a assuré que tous les premiers ministres "Anglais" de 1721 à 1935 furent GM, et TOUS les présidents des USA de 1789 à 1961, des "Hauts Grades". Oui, tout le monde a été berné, y compris les FM, victimes d'une tentative de les faire passer pour ce qu'ils ne sont pas.
"Cette emprise se répandit à travers l'Europe, et aux USA jusqu'à JFK. Leur domination ne se bornait pas à la tête de l'état, mais s'infiltrait dans les pouvoirs judiciaires, militaires, de la police et de l'administration civile du monde occidental. La FM continue, de la sorte, à exercer une influence déterminante sur tous les aspects de la société actuelle."
Quel but servent pareilles distorsions? Que la société, à juste titre, refuse de victimiser les minorités et les tiennent responsables de tous les maux, leur attribuant un rôle de croquemitaine. La FM, petit groupe, n'est pas considéré comme politiquement correct, et se retrouve sous le coup d'accusations infondées. La culture actuelle du blâme conduit à suspecter que, pour un futur prévisible, la FM restera le bouc émissaire de la société.
Y a-t-il une conspiration FM, comme le suggère l'extrait ci-dessus? Bien au contraire. La FM a été victime d'une conspiration du sensationnel, d'insinuations, et sert de souffre-douleur à la société. Plus précisément, l'histoire de l'ordre, sa culture et son éthique ont été détournées à plusieurs fins : faire de l'argent, détourner l'attention, céder aux fantasmes, créer des attractions touristiques, et appuyer nombre de préjugés politiques ou théologiques.
Ici, on atteint un point crucial, qui tend à prouver l'existence d'une conspiration anti FM : toutes les accusations qui s'élèvent contre la FM (et les FM, donc) se basent sur des assertions qu'on ne retrouve nulle part ailleurs, que des individus agissent ainsi parce qu'ils sont FM.
Ce qui signifie que TOUS les membres d'une organisation connue comme étant FM sont coupables parce qu'accusés (de tout et n'importe quoi), du seul fait qu'ils sont FM. Nul membre d'un autre groupe que la FM n'est, de façon aussi persistante et constante, accusé d'accomplir quelque chose (souvent criminel) simplement parce qu'il fait partie, par exemple, d'un parti politique, d'une religion, d'une association professionnelle ou charitable.
Bien qu'il s'agisse ici d'une sorte de digression, par rapport à la discussion principale, elle est importante en ce qu'elle indique que les FM sont les victimes plutôt que les auteurs d'une foule de crimes avancés et autres activités infâmes. Dans cette optique, la discussion suivante peut être considérée d'un tout autre angle. La question qui sert de titre à ce livre (l'arnaque Rosslyn?) peut être développée ainsi:
" Le public, particulièrement le public des lecteurs, a-t-il fait l'objet d'une arnaque à propos de Rosslyn Hoax ou de l'une des théories accessoires et sujets débattus dans ce livre?"
La réponse peut être oui et non. Oui, parce qu'il y a eu manipulation délibérée d'une évidence physique - la sculpture de la tête attribuée à l'apprenti assassiné, dans la chapelle, en étant un exemple. La citation erronée de documents propriété de la GLE est une autre évidence de manipulation, particulièrement l'affirmation souvent répétée que les "chartes" de St Clair font référence à un GM, alors qu'il n'en est rien. Plus important encore, en regard de la famille St Clair et de leur statut affirmé de GM héréditaires, est le fait que Charles Ier (1600-1649) a nié que la famille ne se soit vu attribuer aucun droit héréditaire sur les "maçons" d'Ecosse.
C'est pourquoi ce livre contient des documents déterminants à ce sujet, les "chartes" St Clair, les statuts Shaw, un type de charte remis à une loge et l'"acte de résignation", entre autres. Rendre ces documents accessibles au public, une première dans l'histoire récente, permet à ceux que cela intéresse de les comparer avec ce que les auteurs populaires prétendent qu'ils contiennent. Enfin, leur publication signifie que personne, qui entreprend une recherche sérieuse dans ce domaine, ne peut prétendre ignorer leur existence et leur contenu.
Les responsables de la manipulation de cette évidence sont probablement décédés depuis longtemps, mais leur désir de faire en sorte qu'une preuve physique supporte leur point de vue au sujet de Rosslyn Chapel etc., s'est prolongé jusqu'à nos jours. En ce sens, leur opinion, juste ou fausse, s'est poursuivie, par procuration. Pour certains, l'élaboration constante du mythe, sans réexamen, pourrait être considéré comme une forme d'arnaque, mais l'usage de ce mot parait trop fort, et il serait plus approprié de parler d'"inconsciente induction en erreur".
Dans un sens général, la réponse à la question posée par le titre peut être "NON" , parce qu'il n'existe aucune évidence d'une tentative malveillante et organisée d'imposer au public une quelconque déformation délibérée à propos de Rosslyn Chapel, l'OT, la famille St Clair, et des liens allégués avec la FM. Ceci dit, erreur après erreur, affirmation après affirmation, réitérées au point que certains se sont abusés eux-mêmes et, dans le déroulement, ont convaincu d'autres de l'exactitude de ce qui n'était qu'une fable.
Rosslyn Chapel restaurée? Parenthèse
L'analyse du mythe et la preuve qui est supposée le confirmer donnent naissance à une énigme quant à Rosslyn Chapel.
Rosslyn Chapel sera-t-elle restaurée en respectant ce qu'on sait d'elle, une église collégiale privée datant du christianisme d'avant la réforme, ou le pouvoir d'un mythe moderne incroyablement populaire imposera-t-il que sa restauration se fasse dans une autre direction?
Voilà qui soulève toutes sortes de possibilités qui intriguent. Si la chapelle n'est pas restaurée dans le sens chrétien pré réformateur, sera-t-elle restaurée dans le sens maçonnique, tel que le conçoivent des profanes? Si non, les FM Ecossais seront-ils consultés quant à la manière de la restaurer, en accord avec les coutumes et pratiques de la FM écossaise? Ces questions sont alimentées par un égarement manifeste, d'une large ignorance du symbolisme, plus particulièrement du symbolisme de la FM écossaise, très probablement due à la croyance profane qu'il existe un symbolisme unique en FM, laquelle inclurait l'Ecosse.
De même, que faire à propos de ce que la chapelle est supposée contenir? La plupart des auteurs récemment penchés sur le sujet suggèrent que quelque chose est caché, ou enfoui dans la chapelle, le saint graal, l'arche d'alliance, le trésor de l'OT (qui peut être ou non le saint graal) des écrits perdus de JC voire peut-être la tête embaumée du fils de Dieu. Imaginons un instant les implications de pareilles allégations. Des objets d'une inestimable valeur historique sont "connus" pour se trouver dans Rosslyn Chapel. Imaginons qu'on y trouve effectivement le saint graal et qu'on l'expose à Edimbourg. Imaginons les informations que l'arche d'alliance pourrait fournir à des historiens, des théologiens et même des FM.
Qu'est ce qui est fait pour trouver certaines des œuvres les plus importantes au monde? Rien.
Voilà qui semble plutôt incroyable. Un peu comme si H Carter avait annoncé qu'il savait où se trouvait la tombe de Toutankhamon, mais qu'il n'allait pas l'ouvrir! Il y a eu 3 recherches sans intrusion - un scanner du terrain - qui s'avérèrent infructueuses. Pourquoi ces reliques, sans doute parmi les plus importantes de l'histoire de l'humanité, ne sont-elles pas activement recherchées? Rosslyn Chapel est indiqué comme "monument d'importance nationale" dans l'acte "Monuments anciens et aires archéologiques" de 1979, ce qui implique que toute fouille doit obtenir l'agrément préalable du parlement d'Ecosse.
Nul doute qu'un tel accord serait obtenu, appuyé par des historiens et archéologues respectés, motivés par le seul désir de faire progresser la connaissance et l'intelligence humaine.
Fin de la parenthèse et reprise de la conclusion
La fable d'un lien direct et linéaire entre l'OT médiéval et la FM dans un contexte écossais a été forgée par un FM écossais, le chevalier James Burnes, à l'intention de ceux de ses FM qui s'intéressaient à la création d'un ordre FM à la hauteur de leurs attitudes et idéaux chevaleresques du 19ème siècle, fortement influencés par le mouvement romantique.
Que le nouvel ordre FM ait été influencé par de tels idéaux est clairement mis en évidence par les réécritures et les explications fournies par Burnes dans ses reformulations des 4 serments de l'OT. Comme il l'a admis sans peine, Burnes puisa largement dans le travail d'autres, l'historien FM Français Thory (1759-1827) étant la principale source des liens écossais. Thory affirme que Bruce fonda l'ordre maçonnique du Heredom of Kilwinning (OHK) immédiatement après la bataille de Bannockburn (1314). Burnes en développe l'idée jusqu'à affirmer qu'un ordre maçonnique des chevaliers templiers d'Ecosse fut créé, et que l'idée qui le sous-tend tire son origine d'un FM. Même dans l'historie de l'Ordre en Ecosse, écrite par Burnes, dans laquelle il accepte l'organisme sans discuter, il émet quelques doutes "mais si les chevaliers de l'OT se rejoignirent vraiment l'étendard victorieux de Burnes..." doutes balayés par les auteurs ultérieurs.
Depuis la parution de l'œuvre de Burnes, "les chevaliers templiers d'Ecosse", en 18376, nombreux sont ceux, incluant maints FM, qui ont accepté cette histoire comme étant véridique. Si c'est le cas, la logique veut que la preuve existe pour bien des choses, par exemple, que Bruce a bien fondé l'OHK en 1314, que l'OT se perpétue sans cesse, en Ecosse, depuis 1307/1312, que Charles Edouard Stuart (Bonnie Prince Charlie) fut non seulement un FM, mais un membre de l'Ordre Royal d'Ecosse etc.
En acceptant sans discuter les affirmations de Burnes, Thory et les autres firent passer cette tradition, créée par un FM pour les FM, du domaine de l'histoire à celui de la croyance. Burnes n'a fait que répondre aux vœux de FM victoriens romantiques, qui désiraient voir revivre l'OT de manière maçonnique.
Balayer ce fait évident a conduit beaucoup à passer du fait d'utiliser une tradition, pour des raisons morales, à celui de considérer cette tradition comme étant la vérité historique. Burnes lui-même s'y engagea en citant une "preuve" qui soutenait que cette tradition possédait bien une base réelle, ce qui, en soi, montre qu'il n'avait pas compris le rôle de la tradition en FM, de sorte qu'il était prédisposé à croire que ses recherches énonçaient l'exacte vérité sur la FM et l'OT.
Il est donc ici approprié d'expliquer ici ce qu'est une tradition, ses propos et buts en FM. Il existe de nombreuses branches dans la FM, chacune ayant sa propre " fiction ", sa propre tradition, qui sous-tend cette part singulière du système de la FM. Ce livre a démontré que la tradition des loges FM (souvent appelées, à tort, les loges bleues, avec toutes les connotations qu'implique cette description) sont centrées sur le Temple du Roi Salomon., le chapitre de l'Arc Royal s'impliquant dans la construction d'un nouveau ou second temple, souvent appelé le Temple de Zorobabel. Une autre branche de la FM a pour tradition l'histoire d'Hélène, femme de Constantin, et sa recherche du lieu de crucifixion du Christ.
Cela n'a rien d'inhabituel, et d'autres organisations similaires, tel les F Jardiniers, les F Charpentiers, les F potiers, les F nautoniers, ont tous leurs traditions propres, par exemple, le rituel des loge3s de F Jardiniers est basé SUR LE JARDIN D'Eden., d'autres branches se concentrant sur d'autres jardins bibliques, tel celui de Gethsémani. Comme les F Jardiniers choisirent le premier jardin mentionné dans la bible, semblablement, les FM choisirent le premier bâtiment de pierre mentionné dans la bible, le temple du roi Salomon. On devine facilement quel fait biblique inspire les F charpentiers de marine.
Il est intéressant de constater qu'aucune de ces organisations n'a jamais fait l'objet d'un conte les liant à la FM, Une des raisons doit être qu'elles n'existent plus, ce qui suggère que ce genre d'histoire nébuleuse ne peut s'appliquer qu'à une organisation existante, dont les membres sont réceptifs à des sujets écrit pour les affecter.
Chaque branche de la FM, donc, a sa tradition, sur laquelle elle a bâti son cérémonial. En plus d'une couleur majestueuse (le temple aurait paru bien exotique aux FM d'Ecosse...) le Temple de Salomon apportait une bonne dose de prestige à un groupe d'hommes honnêtes et travailleurs. Où des banquiers, par exemple, auraient-ils pu se tourner pour puiser une inspiration dans la bible? Chaque branche FM est distincte et séparée. Ainsi, à une tenue de l'Arc Royal, on n'entendrait rien qui concerne les cérémonies de, par exemple, l'OT maçonnique.
Les traditions sont donc spécifiques à chaque branche de la FM, non seulement parce qu'elles fournissent une identité distinctive et une raison à chacune, mais parce qu'elles furent conçues pour communiquer une originale leçon morale, attitude ou aperçu, différent les uns des autres. En d'autres mots, les traditions FM sont toujours distinctes. Ce ne fut que quand quelques auteurs intrépides les assemblèrent que une histoire unifiée de la FM fut présentée, histoire qui n'existe que dans les livres, et as dans la FM.
Cette fameuse "histoire unifiée" de la FM, particulièrement de la FM d'Ecosse, n'existe que depuis peu, et n'aurait pas été comprise ou reconnue par des Maçons, il n'y a que 50 ans. Cependant, depuis que cette légende (càd celle qui contient les éléments essentiels décrits au premier chapitre) a été créée par Burnes pour la FM d'Ecosse, en 1837, elle a été sophistiquée et détaillée. Elle n'a atteint sa forme actuelle finale que dans la dernière partie du XX siècle, quand RC vint tenir un rôle central, comme preuve étayant la légende. C'est presque comme si une décision consciente avait été prise au début des années 80 pour désavouer l'histoire précédente de la chapelle et la remplacer par une autre, totalement différente. L'histoire officielle, essentiellement chrétienne, écrite par le chapelain pour le Duc de Rosslyn, et qui servait de guide officiel, qui avait été en usage pendant plus de 90 ans, avait été abandonnée en faveur d'interprétations spéculatives et non chrétiennes de la chapelle.
Le désir de montrer que la légende n'en était pas du tout une, mais, en fait, un rapport tout à fait valable de l'origine et du développement de la FM Ecossaise (donc de toute la FM), en a poussé certains à présenter des preuves de types variés, pour prouver la véracité du rapport.
Le thème central fut donc que la FM moderne était simplement la continuation de l'OT médiéval (ce qui signifierait que tous les FM actuels ne seraient que des Templiers déguisés!) La première difficulté à surmonter pour remplir le vide entre la suppression de l'OT, après l'arrestation de ses membres (1307-1312) et nos jours.
La difficulté, dans la tentative de remplir le vide, réside dans ce que, après la suppression de l'ordre, il n'existe aucune preuve valable pour appuyer ces dires. La preuve apportée maintenant est faite de faits réinterprétés pour les rendre appropriés. C'est cette preuve, et sa réinterprétation, qui a formé l'autre partie consistante de ce livre.
RC peut être fière d'occuper une place de choix, étant donné que presque tout défenseur de l'approche à la mode se sert d'elle, d'une façon ou d'une autre, comme d'une preuve qui soutient sa version. Comme on l'a vu, ceci implique une reclassification de ce qu'était la chapelle, en quelque chose de totalement différent.
Ce qui n'était pas FM a été transformé pour devenir FM. D'autre part, ce qui était maçonnique a été modifié pour ne plus le paraitre, en particulier les KS.
Toutes sortes d'autres preuves, tirées des chartres et documents "Latins" - les chartes St Clair, les tombes écossaises "anonymes", les sculptures dans RC, les églises écossaises, les faits de la bataille de Bannockburn, la symbolique FM, le rituel et la pratique FM écossaise – ont été utilisés dans ce sens. Même la vie des personnages historiques (premiers ministres britanniques et présidents des USA) ont fait l'objet de révisions oiseuses, pour faire d'une légende une réalité. Les preuves matérielles ont fait l'objet de débats plus ou moins approfondis, dans les chapitres précédents.
Les premiers auteurs à affirmer un lien entre l'OT et la FM (Barruel, etc.) n'ont pas essayé de prouver ce lien - le proclamer suffisait, étant donné qu'ils avaient d'autres ordres du jour, politiques ou religieux. Même quand les templiers maçonniques eux même (Burnes etc.) ont proclamé que le lien, dont ils n'ont pas plus donné de preuve tangible - le mieux qu'ils aient pu faire fut de suggérer que d'autres (Calmet, par exemple) ont également étayé leurs prétention ou se sont référés à des preuves qui n'étayaient qu'indirectement leurs allégations, telle la charte de Larmenius.
Ces épisodes historiques prouvent au moins une chose : la théorie n'est pas récente, on en parle depuis 200 ans environ, mais ce n'est pas aussi ancien que la FM. Ce n'est qu'après l'apparition des FM Templiers que la légende prit corps et fut élaborée, d'abord par les FMT eux-mêmes, puis par d'autres auteurs qui ont (re)découvert la légende.
Divers techniques utilisées par les tenants de l'approche habituelle ou alternative ont été discutées au chapitre 1. On pourrait, un peu méchamment, suggérer que ce ne sont que de simples stratagèmes, pour étayer une assertion, qui ne serait pas avalisée, sans cela. Une des moins enviables de ces techniques consiste à utiliser l'absence de preuve pour suggérer le contraire, moins par moins égale plus...
L'exemple classique, dans le contexte de ce livre, est la suggestion (Chap. 8, autres évidences matérielles) que, parce qu'il n'y a aucune preuve de la présence de chevaliers de l'OT à Bannockburn, démontre qu'ils auraient pu y être! Usant de cette méthode de créer une preuve de rien, plusieurs auteurs poursuivirent leurs digressions sur les activités des membres de l'OT en Ecosse.
Ce faisant, ils confirmaient implicitement la présence de l'OT à Bannockburn, en éludant le besoin de fournir des preuves.
Autre exemple de l'utilisation de cette technique, les tombes de Kilmartin sont décorées d'une épée gravée et ne portent aucun nom, mais sont citées comme preuves décisives que l'OT se cachait à Argyll après 1307. Les tombes sont anonymes - Ceux qui furent enterrés là sont inconnus. Donc, la preuve n'existe pas. Mais leur anonymat même est utilisé pour affirmer qu'elles sont les tombes des chevaliers templiers décédés.
Illustrons plus encore le défaut de cette méthode en l'appliquant à une autre preuve, puis en examinant les conséquences.
Ci-dessous, une liste de ce que les membres de l'OTR qui sont supposés avoir fui et s'être cachés à Argyll n'ont pas fait:
Mariage
Enfants
Construire des églises
Voyager
Faire du commerce
Acheter ou vendre des chevaux
Acheter ou vendre des biens immobiliers
Construire des fermes, des moulins, des maisons
Rédiger par écrit des transactions ou des rapports
Influencer la langue gaélique
Employer quiconque
Combattre quelque ennemi de Bruce que ce fut, en région d'Argyll, entre 1307 et 1314
Il se trouve donc que la seule preuve que les chevaliers de l'OT auraient laissée de leur prétendue présence réside dans quelques tombes anonymes. Les doutes que ces tombes ne seraient pas même celles de chevaliers de l'OT ont été évoqués précédemment. Considérons un seul point mentionné dans la liste ci-dessus :
Ces chevaliers étaient Français, nul n'a prétendu le contraire. La langue d'Argyll est le gaélique – une des langues les plus différentes des autres, en Europe. Sans même parler de la façon dont des fugitifs francophones s'en seraient sortis avec le gaélique, on note que, assumant qu'ils étaient bien en Argyll, leur présence n'a eu aucun impact, d'aucune sorte, sur la langue gaélique locale.
Mieux même, le gaélique était alors très répandu dans la région, mais il ne subsiste aucune trace de l'OT, dans aucune tradition orale de la région, ni aucune référence, dans aucun document de l'époque, à l'apparition subite et inattendue de gens ne parlant pas gaélique.
La seule chose qu'ils auraient ainsi faite en Argyll, si l'on s'en réfère à la preuve avancée par les tenants de l'approche populaire, aurait donc été d'arriver, de se cacher et de mourir là, la seule trace de leur présence étant des sépultures anonymes. L'approche populaire retient un très petit nombre de preuves (les tombes) et, en les comparant aux preuves qu'elles n'utilisent pas, il devient clair que l'usage d'une "preuve" a été sélectif. Rosslyn Chapel a maintenant gagné une place centrale dans les preuves physiques présentées pour avérer la légende.
Un évènement tient aussi une position centrale, la bataille de Bannockburn et ses conséquences immédiates. Les tenants de l'approche populaire affirment que la bataille fut le catalyseur d'une foule de choses, particulièrement des décisions de Robert Bruce. Il est affirmé qu'il créa la FM, dans laquelle les chevaliers de l'OT furent intégrés, ou, en d'autre termes, qu'il permit à l'OT de continuer à exister. Ces organisations post Bannockburn sont supposées avoir transmis leur savoir secret, ou leur trésor, jusqu'à ces jours, et la FM est souvent citée comme en étant le conservateur moderne.
Ces prétentions ont eu de curieuses conséquences. Par exemple, si les chevaliers de l'OT ont continué à exister en Ecosse, après leur suppression officielle, donc, les FM écossais ne savaient rien à leur sujet, puisqu'ils finirent par créer... L'Ordre des Chevaliers Templiers! Si la FM est née en 1314, dans laquelle se sont glissés les chevaliers de l'OT, les FM qui ont transformé les loges des maçons opérationnels en loges FM ne savaient pas que celles-ci existaient déjà, ayant été fondées en 1314...
Ceci étant le cas, il a donc du exister deux formes de FM en même temps, une inventée par Robert Bruce et l'autre créée à partir de loges de maçons opératifs.
Une des conséquences de l'approche populaire, les FM qui ont écrit, du 17eme à la première moitié du 19ème, ne connaissaient pas leur véritable histoire. Seule alternative, ils n'étaient pas sans CONNAITRE la vérité, mais avaient décidé qu'elle devait être supprimée, ce qui suggère que les FM étaient impliqués dans une énorme conspiration, sur plusieurs générations, plusieurs siècles, dont les victimes étaient... EUX-MEMES!
Les distorsions que génèreraient cette légende, si elle était avérée, sont plutôt surprenantes et quelque peu troublantes : Par exemple, cela indiquerait que Robert le Bruce ne gagna l'indépendance de l'Ecosse à Bannockburn, mais quelques chevaliers Français rebelles le firent pour les Ecossais. Cela signifierait aussi que, jusqu'à un passé très récent, tous les PM britanniques et tous les Présidents des USA étaient Templiers, puisqu'ils étaient FM!
Pour stimulantes, et génératrices de réflexions, que soient les idées de plusieurs auteurs, elles ne peuvent se considérer que comme de simples pistes pour tenter de comprendre le passé.
Ce qui a été tenté ici, bien que brièvement, est d'examiner quelques uns des éléments les plus courants de la version écossaise de la légende, en les testant comme s'ils étaient des hypothèses.
Ces test ont été conduits en utilisant des sources et des preuves bien connues dans le monde académique, mais peut-être pas si connus ailleurs. Le processus a révélé quelques défauts majeurs dans l'approche populaire. Il est parfois décevant que tant d'auteurs aient une connaissance manifestement si limitée de FM écossaise, ou, plus précisément, de la différence entre la pratique de la FM en Ecosse et ailleurs. Plus sérieux est le rejet, quasiment sans discussion, dune énorme quantité de points pertinents. Celui relatif à la bataille de Bannockburn est un exemple frappant.
Côté sombre, il est atterrant de noter que la légende, celle rapportée de nos jours, prend ses sources dans les attaques antimaçonniques, aux 18ème et 19ème siècles, qu'ont lancées Barruel et Robison. Ceux des FM qui ont imaginé une "histoire traditionnelle " dans laquelle l'OT médiéval et la FM moderne sont intimement liées, ne pouvaient s'imaginer que "leur" légende serait accommodée et emberlificotée, pour mille autres raisons que l'anodin plaisir de leurs F:.M:.
Cette malversation et cette corruption de la légende en libelles antisémites et antimaçonniques, qui ont débouché sur le Manifeste des sages de Sion et jusqu'à l'Holocauste, on peut les suivre, depuis les écrits de Barruel et de Robison. C'est un fait, bien triste, que ce détournement est totalement ignoré, une des raisons pour lesquelles la FM n'est pas "politiquement correcte". On peut se demander sur quoi pourrait à nouveau déboucher le constant rabâchage de cette fable.
Cette légende est inhabituelle, en ce qu'elle n'est apparue qu'après que l'histoire de la FM elle-même fut publiée, avec les constitutions d'Anderson, en 1723. Même, alors, la légende initiale ne ressembla pas vraiment à celle connue actuellement, jusqu'à la fin du 20ème siècle, quand elle se construisit, à partir d'éléments de légende, développés aux 18ème et 19ème siècles. On ne doit pas sous-estimer l'influence du mouvement romantique et la résurgence des idées médiévales de chevalerie, lesquelles furent des impulsions majeures dans la création de la légende. C'est donc une partie d'une longue suite de "mythologisation" des maçons opératifs, qui a débuté avec la "charte" St Clair en 1628.
La légende a un dynamisme bien différent des autres, particulièrement ceux qui datent de l'antiquité classique, qui démontre qu'il est encore jeune et n'a pas atteint la maturité. Par chance, il a débuté et s'est développé à une époque où il put facilement être stocké et, ainsi, les futures générations d'historiens pourront, espérons-le, continuer à retracer ses progrès et développements.
Cette étude des matériaux utilisés pour expliquer comment les FM écossais percevaient leur passé démontre qu'ils étaient aussi sensibles aux influences extérieurs que de nos jours.
Au début, les FM écossais avaient de leur passé, une compréhension raisonnablement rectiligne et simple, même si trop fantastique pour nos gouts actuels.
Quand elles commencèrent à s'imprimer, les histoires entreprirent de suggérer un passé bien plus exotique, spécialement celles approuvées, plus ou moins tacitement, par une autorité, nouvelles versions qui furent ardemment acceptées et crues. Anderson, Ramsay etc. et d'autres initièrent et perpétuèrent ainsi une histoire légendaire de la FM. Chacun a construit et développé le travail mythique de ses prédécesseurs, mais tous furent des FM, dont l'œuvre n'était destiné qu'à un strict usage interne. Tragiquement, ils ne prirent jamais la peine de corriger les erreurs, même les plus flagrantes. Les histoires traditionnelles de la FM n'ont jamais été destinées à un public profane. Durant les vingt dernières années, environ, les histoires traditionnelles maçonniques ont été réinterprétées, relookées, et revendues aux...FM!
Tous les éléments, même les plus essentiels, de la légende, dans sa version moderne, ont été créés durant la période romantique, quand la tendance était aux considérations nostalgiques sur les codes des chevaliers médiévaux, ce qui ne culmina, non seulement sur des joutes chevaleresques, comme le tournoi d'Eglinton, mais aussi sur une foule d'ouvrages artistiques et littéraires. Ce temps où la culture écossaise était à la mode, époque d'une croyance largement répandue que la chevalerie était encore pertinente, se synthétisa dans la constitution d'un ordre écossais, maçonnique et chevaleresque – l'actuel OT.
La légende que nous connaissons aujourd'hui fut crée par l'OT maçonnique d'Ecosse, pour un certain nombre de raisons, entre autres :
- Légitimer le nouvel ordre constitué
- Fournir une histoire traditionnelle, comme dans les autres obédiences de la FM écossaises.
- Différentier l'OT des autres obédiences FM écossaises
- Créer un ordre supérieur à la FM "ordinaire"
- Démontrer une interprétation particulièrement écossaise de la légende, càd, une version différente de la version française, alors dominante.
Ici réside l'essentiel de l'affaire. Aucune des histoires traditionnelles de n'importe laquelle des obédiences de la FM sont, ou furent, conçues pour être prises à la lettre. Nos ancêtres, dans tous les ordres FM, ont fabriqué des passés adaptés à des desseins allégoriques. Ils le firent, le cœur empli de notions romantiques, mais conscients que ces histoires, écrites par eux et pour eux, ne prétendaient à aucune vérité au sens littéral du mot. Il semble, après tout, que la FM a toujours été et reste :
enrichi d'allégories
et illustré par des symboles.