"Ils viennent jusque dans vos bras..."
Le 16 octobre 2020 en ce 21e siècle, un égorgeur sans complexe a coupé la tête de Samuel Paty, professeur, coupable d’avoir enseigné la liberté d'expression. Pour attester que l'islamisme fait la loi. Devant nos yeux, on assassine l’héritage des Lumières. Si nous ne relevons pas le gant pour défendre la laïcité et la civilisation on aura pire, demain.
Parmi d’autres de nos RL indignées, les FF le la RL « Le Labyrinthe » ont réfléchi au rôle de la FM dans la lutte contre la terreur islamiste qui hante l’Europe. Le thème de réflexion de la Tenue virtuelle de la RL le Labyrinthe 3 nov 2020 a été:
Face à la montée de l'intégrisme religieux, quel rôle pourrait jouer la FM ?
Que peut faire le franc-maçon contre l’intégrisme ? À titre individuel, nous ne pouvons qu’avoir une action de rayonnement dans notre environnement immédiat. Mais c’est loin d’être négligeable. À notre échelle, il nous revient de défendre la laïcité, laïcité qui, comme cela a été rappelé, n’est « pas une opinion mais la liberté d’en avoir une », pas une religion mais la liberté d’en avoir une... ou pas. La laïcité protège la liberté de conscience et son expression et par là-même, elle garantit la liberté des cultes et empêche tout monopole d’un seul.
Il sera toujours nécessaire de contrer les malentendus qui ne peuvent qu’entraîner confusions et amalgames. Ainsi, nous respectons tous les croyants mais nous pensons que les croyances elles-mêmes peuvent être soumises à la critique de chacun, voire brocardées et caricaturées au passage. Cette manière de voir n’est, bien sûr, aucunement dirigée contre l’islam en particulier ni contre les musulmans, comme divers responsables politiques (et parfois des chefs d’état éloignés) essaient de le faire croire par ignorance, par calcul ou par mauvaise foi, et il est très important de le rappeler dans les discussions auxquelles nous serons éventuellement amenés à participer. En effet, au cours de l’histoire, les francs-maçons ont toujours défendu la liberté de pensée en luttant contre tous les fanatismes : le fanatisme déjà dénoncé par Voltaire, l’intégrisme catholique et, plus tard, le fondamentalisme protestant des églises évangéliques.
Aujourd’hui, c’est l’intégrisme islamiste qui est au devant de la scène et c’est incontestablement le nouvel ennemi des Lumières. Il ne s’agit pas ici de l’islam mais d’un projet politico-religieux que nous ne pouvons accepter ni même envisager et avec lequel il ne nous est pas possible de coexister. Les soi-disant « Frères musulmans » ne seront jamais nos Frères en tant que tels, tout simplement parce qu’ils se situent eux-mêmes dans une lutte perpétuelle et dogmatique contre nos valeurs et qu’ils refusent tout dialogue véritable dans un cadre tolérant et constructif.
Ils oublient, par là-même, l’éclat de la civilisation islamique des temps passés et interdisent, pour l’avenir, toute forme d’un « islam des Lumières ». En condamnant ceux qu’ils appellent les « mécréants », il ne cherchent pas à unir mais à séparer.
Par ailleurs, nous ne pouvons accepter mollement une vision selon laquelle notre société serait elle-même l’unique responsable d’un intégrisme qu’elle aurait nourri en son sein, un intégrisme qui se trouverait dès lors légitimé par une attitude, prétendument hostile par nature, qui serait la nôtre, en face de minorités ethniques ou religieuses. Il n’est pas question, pour nous, de nier les injustices et le racisme de certains mais, au contraire, de faire entendre que, pour notre part, nous participons à la lutte contre les injustices, le racisme et la violence, d’où qu’ils viennent.
C’est pourquoi il est primordial que le souci de l’égalité vienne en appui de notre amour de la liberté. Nous ne devons pas cautionner la persistance de ghettos qui fractionnent notre société et encouragent les sentiments de relégation et les rancœurs. Il s’agit là d’un vaste projet, complexe et de longue haleine, qui dépend des autorités publiques.
Alors, nous, que pouvons-nous faire ? Dans tous les cas et chaque fois que cela sera possible, rappeler les vertus du pluralisme et de la tolérance dans une société libre ; soutenir nos institutions démocratiques, et en particulier nos enseignants, car l’instruction et la culture sont les seuls remparts efficaces contre l’obscurantisme ; mettre en place, chez nos enfants, les références culturelles, scientifiques, philosophiques, historiques, indispensables à tout esprit éclairé et critique. Ainsi, comme le dit notre rituel : nous enrichirons notre chaîne d’union « de nombreux et solides anneaux de pur métal ».
Michel G
Et c’est un billet empreint de colère que je vous livre. Une colère contre la liberté d’expression que la FM - notre FM - exalte à teneur de planches répétées ou de sermons quasi dogmatiques. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à psalmodier de la sorte puisque la République vient de réaffirmer avec force et sans nuance son attachement à la liberté d’expression.
Je ne suis pas Charlie. Je déteste Charlie. Je ne suis nullement admiratif devant son « courage de l’excès » ainsi que titrait récemment un grand journal.
Je suis le premier convaincu que la liberté d’expression constitue l’un des principes fondamentaux de la République. Elle figure au centre de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Nos diverses démocraties la proclament. Nos constitutions la protègent.
Mais elle a ses limites, connues et admises de tous. L’injure, la diffamation, l’incitation à la haine raciale, le négationnisme, pour ne citer que ces quelques exemples, sont autant d’exceptions à la liberté d’expression.
Qu’en est-il des caricatures de Mahomet dont chacun sait qu’elles heurtent profondément la sensibilité des musulmans ? Qu’en est-il de cette délicate et raffinée prose que cette presse dite humoristique nous proposera certainement à Noël prochain, occasion d’aller « chier dans tous les bénitiers de l’Eglise » avant de s’en prendre à cette putain de Vierge Marie qui s’est fait engrosser d’un bâtard qu’un milliard de cons appellent le Fils de Dieu ? Je vous sais choqués par tant de grossièreté et de vulgarité ? Ce n’est évidemment pas mon vocabulaire mais celui d’une presse dont la liberté d’expression interdit de contrarier les rotatives.
Notre FM se nourrit aussi de dogmes. Au nombre de ceux-ci, figurent la liberté absolue de conscience et le respect que nous nous devons tous, les uns aux autres, quelles que soient nos croyances et nos opinions.
Le respect que je dois - et que j’essaie de pratiquer- à l’égard des autres religions, m’interdit de rigoler à pleins poumons devant les miracles de Lourdes, les psalmodies des juifs devant le Mur des lamentations ou encore le mystère de l’eucharistie chez les chrétiens. . Ces pratiques, ces croyances ou ces rituels, qui ne sont pas les miens, m’inspirent le plus profond respect. Et lorsqu’une presse, abusant de la liberté d’expression, n’en fait que moqueries vulgaires et grossières dans le registre scatologique de préférence, je ressens la violente colère du franc- maçon attaché aux valeurs qui font la force et la beauté de notre Ordre.
Alors, pour reprendre le thème de réflexion que nous suggère notre V,’.M.’., « quel rôle pourrait jouer la FM face à la montée de l’intégrisme religieux », je veux suggérer, tout simplement, que notre Ordre se distance des outrances selon lesquelles la liberté d’expression est sacrée et intouchable au point d’autoriser tout ce que notre code pénal ne prohibe. En d’autres termes, si la moquerie outrancière d’un fait de nature religieuse est susceptible de heurter la sensibilité de croyants, d’armer le bras des plus incultes , de plonger tout un monde dans le désarroi et créer des conflits sociaux tels ceux que nous connaissons, cette moquerie n’a pas sa place dans la liberté d’expression. Le respect de la liberté de conscience passe par cette interdiction de moquer. Je crois que notre morale nous l’impose.
Michel S.
Chapitre 1
Le Coran, comme d'autres religions monothéiste, demande une obéissance totale à la volonté de Dieu. Certains, parmi les fidèles, traduisent cette demande par ce qu'il convient d'appeler la Charia, laquelle exprime deux principes.
Premièrement, les lois de Dieu sont au-dessus des lois humaines.
Deuxièmement, ces lois doivent régir la société, voire les sociétés, quelles qu'elles soient.
Quand on parle de société, on entend évidemment, et en premier lieu l'Etat, symbolisé dans les pays musulmans par le Chef de l'Etat*. Ce qui n'est pas le cas dans notre société à nous.
Chapitre 2
En Europe, et plus spécifiquement en France, (Mais pas seulement, Genève a introduit une loi sur la laïcité peu après avec quelques nuances quand même), l'Etat impose, par la loi, une séparation entre l'Eglise et les religions. Plus exactement, une non intervention de l'Etat dans les cultes des différentes religions.
Chapitre 3
Comment, dès lors, les musulmans ressentent-ils la France ? Comme un pays laïc, c'est à dire qui n'a pas de religion. Une espèce de vide. Un pays en quelque sorte agnostique, voire athée. Et c'est sans doute là que la bât blesse. Pour un musulman, être croyant, c'est croire en la force et le jugement de Dieu, c'est croire en sa loi. Le Français, lui, est impie. Il le dit lui-même. A commencer par Sarkosy ou Hollande, ou Macron, qui proclament haut et fort la laïcité de la France.
Chapitre 4
Dès lors, cette impiété est condamnée par certains Imams, impiété dénoncée ensuite par une littérature propagandiste, propagée par tout un chacun lors des prêches du vendredi.
Comment la laïcité peut-elle faire jeu égal avec la volonté de Dieu, à laquelle chaque musulman se doit d'obéir ? Le jeu est biaisé. J'entends parfois : La grande majorité des musulmans condamne le terrorisme véhiculé par les fanatiques. En est-on sûr ?
Personnellement crois plutôt que la grande majorité se tait, ne prend pas position, et blâme les excès du terrorisme, certes, mais cela n'empêche pas ces même musulmans de blâmer tout autant cette laïcité.
Et de la condamner.
Chapitre 5
Notre Vénérable nous a demandé: Quel rôle pourrait jouer la Franc Maçonnerie ?
Je vais tenter d'apporter ma pierre à cette construction.
En proclamant haut et fort mon appartenance à un socle chrétien. L'Europe forme une communauté d'Etats chrétiens. Depuis deux mille ans, ce christianisme a forgé notre culture, nos cultures, notre pensée, nos valeurs, nos modes de vie. La multiplicité de nos religions, comme la multiplicité des religions musulmanes, implique le respect dû aux religions certes, mais jamais le renoncement à nos fondamentaux.
Je le dis d'autant plus volontiers que je suis moi-même athée, c'est à dire que je ne crois pas que Dieu existe. Mais je ne nie en aucun cas les valeurs du christianisme que je défends.
Je ne rejette, bien au contraire, ni les arts que la religion a créé, ni la pensée, ni la philosophie etc etc. Sans cette pensée chrétienne, sans cette élaboration permanente de notre esprit, de nos coutumes, nos savoirs faire, nous ne pourrions aujourd'hui nous reconnaître dans notre communauté.
GW
___
*Ce qui explique la vindicte de M. Erdogan à M. Macron
Face au terrorisme islamique, et en regard de nos impuissances individuelles, nombre de francs-maçons voudraient bien que la Maçonnerie - forte du nombre de ses adhérents – puisse opérer comme un groupe de pression, à la manière d’un syndicat. Aussi, il faut répéter sans cesse que la Franc-maçonnerie n’existe pas en tant que lobby de pression, comme en ont vocation les partis politiques : elle n’en a ni le rôle ni le pouvoir. La Maçonnerie Une et Indivisible n’existe pas non plus en tant que telle. Elle a plutôt une tendance naturelle à se multiplier par parthénogénèse, par division d’elle-même. Sa voix serait donc forcément polyphonique, à l’image de la pluralité de ses obédiences et de ses courants, au cas où il lui prenait l’idée soudaine de s’exprimer sur la place publique. Cela ne pourrait produire qu’une vaste cacophonie.
C’est pour pouvoir porter la voix des nombreux Francs-maçons animés de l’impérieux besoin d’agir sur la vie de la cité, qu’ont été créées des organismes comme le Forum européen des Francs-maçons, par exemple, dont le nom profane est Association européenne de la pensée libre. Je reviendrai sur la notion de pensée libre plus loin.
Rappelons aussi qu’être Franc-maçon n’interdit pas de s’engager dans des actions sociales, politiques ou humanitaires, à titre individuel, surtout par les temps actuels. Certes on ne parle pas de religion ou de politique en Maçonnerie, mais rien n’empêche un Franc-maçon d’avoir des idées, des convictions ou des croyances, de les exprimer et d’agir selon elles, à titre personnel.
Bien sûr, j’ai été horrifié par l’acte de barbarie qui a frappé la République, par le meurtre par décapitation d’un professeur enseignant la liberté d’expression. Bien sûr, j’ai eu envie de clouer ce fanatique religieux par les testicules contre le mur de la honte et, pourquoi pas dans l’élan, réserver le même sort à tous ceux qui lui ressemblent. Bien sûr, j’ai été horrifié qu’il n’y ait eu personne pour expliquer à un gamin perdu au cerveau nécrosé, qu’une opinion – fût-elle religieuse - ne s’exprime pas avec un couteau de cuisine.
Puis, je me suis rendu compte que ma réaction d’indignation révulsée était exactement ce que le terrorisme cherchait à susciter, sous couvert de guerre de religion. Or des guerres de religions, il y en a eu tout au long de l’histoire de l’humanité, et les morts causées par toutes ces guerres sont absolument innombrables.
Là où ça se complique, c’est que tous ceux qui ont guerroyé au nom d’une idée ou d’une croyance, ont tous été persuadé d’avoir raison. Ils se sont tous battus pour une cause qu’ils estimaient être le Bien, le Juste.
Dans cette optique, quel rôle pourrait jouer la Franc-maçonnerie face à la montée de l’intégrisme religieux ? Je ne sais pas très bien, et le sujet est bien trop grave pour proposer à l’institution maçonnique (qui n’en est pas une, comme on l’a vu), de se lancer dans des actions qui relèvent plutôt des services de police et de l’armée. Mais à titre individuel, encore une fois, rien n’empêche un Franc-maçon de pratiquer un peu plus le courage et la détermination, et un peu moins la tiédeur et la mollesse pour porter haut l’étendard de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, là où il pense pouvoir se rendre utile, et surtout par les temps actuels.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi devant les attentats qui ont été perpétrés il y a peu, mais je suis extrêmement embarrassé de devoir me focaliser sur des actes de terrorisme qui viennent à un moment de notre actualité où un tsunami de terreur infiniment plus vaste que ces actes misérables, envahit la planète : la terreur de la pandémie au coronavirus. C’est horrible à dire, mais la terreur islamiste vient se perdre, comme une goutte d’eau dans l’océan de la terreur planétaire actuelle.
Pour aborder le sujet ô combien brûlant de l’épidémie, je tiens à vous rassurer tout de suite : je me garderai bien de vous imposer des suppositions personnelles basées sur des convictions que j’ai pu me forger au gré de mes sources d’information. Je ne m’en tiendrai qu’à des faits avérés, car je ne veux opposer mes croyances personnelles à celle de personne. Nous le savons tous, les croyances des uns ne peuvent que se heurter à celles des autres, dès lors qu’un sujet nous dépasse et qu’on se retrouve dans le domaine de l’irrationnel et de l’émotionnel.
Prenons, si vous le voulez bien, un peu de hauteur en considérant la pandémie selon trois vagues. Non pas les vagues des pics de mortalité, celle du printemps, celle de l’automne, mais trois vagues presque simultanées dont l’importance létale sera mesurée et analysée plus tard, à l’heure des bilans, par les historiens, une fois que seront retombés les conflits entre ceux dont l’intérêt était de gonfler les chiffres et ceux dont l’intérêt était de les minimiser.
La première vague est sanitaire. C’est celle de la pandémie de coronavirus elle-même. Là seront comptabilisés les morts par insuffisance respiratoire ou immunitaire, les morts simplement emportés par la maladie. Ce sont en grande majorité des personnes âgées proches ou ayant dépassé l’espérance de vie moyenne de la population.
La deuxième vague est sociale. C’est celle des réactions des autorités politiques pour contrer la pandémie et les conséquences sociales et économiques qui s’ensuivent. (Et j’insiste bien là-dessus : les réactions et décisions de toutes les autorités politiques sans en viser une en particulier, et quelles que soient leurs décisions). Là seront comptabilisés les morts dus aux collapsus économiques, ceux qui mourront des conséquences de la perte de leurs revenus, par dommages collatéraux de la pauvreté. Ces morts seront des gens plus jeunes, qui étaient encore dans la vie active ou qui auraient bien voulu pouvoir y rester.
Enfin la troisième vague sera psychologique. C’est celle de la terreur et de ses conséquences. Là seront comptabilisés les morts par angoisse, dépression, isolement, folie, les suicidés, les morts par désespoir. Et ces-morts-là se trouveront hélas dans toutes les classes d’âge en une longue traîne qui s’étirera, à n’en pas douter, durant des années, si ce n’est des décennies.
C’est dans cette troisième vague que vient se diluer la terreur provoquée par les terroristes. C’est horriblement injuste pour les victimes du terrorisme, mais statistiquement, ces morts ne représentent réellement qu’une goutte d’eau face au nombre de morts dues aux trois vagues de la pandémie que j’évoquais à l’instant. (Et j’en demande pardon aux morts du terrorisme et à leur famille pour cette pensée).
Face au terrorisme, je ne peux que faire mienne l’idée de l’historien et penseur Yuval Noah Harari qui tient en trois mots : pas de panique ! Le but du terrorisme est de terroriser. Objectivement, le nombre de morts dû au terrorisme est inversement proportionnel à son empreinte symbolique. Provoquer le plus grand impact émotionnel dans la population avec des moyens souvent dérisoires, le couteau de cuisine, mais sur des cibles ou dans des lieux hautement connotés. L’intérêt des terroristes et celui des médias se rejoint alors en une sinistre collaboration : tous vendent, se nourrissent et propagent la même terreur. Si les médias étaient capables de détourner leurs projecteurs des actes terroristes en les considérant pour ce qu’ils sont en réalité : des actes criminels de droit commun dépourvus de la moindre parcelle de justification intelligente possible, l’impact du terrorisme serait considérablement affaibli.
Face à l’intégrisme religieux, quel pourrait donc être le rôle de la Franc-Maçonnerie ? Aucun. Nous sommes obligés de laisser les Services de renseignements, d’interventions et de répression faire leur métier. Nous sommes obligés de leur faire confiance, et c’est tant mieux.
N’espérons pas pouvoir jouer un rôle quelconque dans ce marigot criminel à répétition. Plutôt que de vouloir faire ressembler nos Loges à des officines de fomentation de la guerre à l’instar de certaines mosquées, je préfère continuer vaille que vaille imaginer nos Loges comme des écrins de pureté, de paix et de Lumière.
Il reste maintenant à me pencher sur la terreur planétaire générée par la pandémie dont, à l’instar du virus lui-même, nous sommes tous les victimes et les propagateurs. On le sait, la peur à haute dose est un poison extrêmement toxique par paralysie physique, par asphyxie émotionnelle. Des peurs, il y en a de toutes sortes et de toutes tailles. C’est pourquoi, pour illustrer mon propos, je ne parlerai ici que de son archétype, la mère des toutes les peurs : celle de la mort, la peur de mourir.
Nous vivons dans un siècle où les progrès de la médecine nous donnent l’illusion que nous sommes à bout touchant d’une certaine forme d’immortalité. Or des virus, il y en a toujours eu dans le monde. C’est la raison pour laquelle la létalité potentielle des virus nous apparaît aujourd’hui, et peut-être pour la première fois de l’histoire de l’humanité, comme absolument intolérable. Par le passé, les humains mouraient souvent de l’effet d’un virus et ne le savaient même pas. Et même s’ils le savaient, c’était encore par l’effet de la volonté de Dieu comme une punition divine, ou par la fatalité. Alors on enterrait ses morts, et on retournait croître et se multiplier de plus belle, pour la perpétuation de l’espèce. Point.
Aujourd’hui, on meurt de virus, certes, mais aussi des réactions des autorités pour l’endiguer, toujours trop brutales ou trop molles, peu importe. On meurt aussi des effets de la terreur généralisée. Cette terreur ne retombera au mieux - mais je commence à avoir quelques doutes là-dessus - que quand ceux qui en sont les principaux orchestrateurs en auront récolté les milliards et les milliards de bénéfices escomptés ; quand les vaccins seront enfin disponibles auprès des populations pétrifiées par l’angoisse de la mort, et donc prêts à se faire inoculer n’importe quoi qui promette la survie. Ces vaccins seront-ils efficaces ? C’est même possible, mais toujours hors de mon propos. Ce qui nous ronge aujourd’hui, c’est moins le virus que la peur panique de mourir. Les peuples hagards sont aujourd’hui prêts au sacrifice des libertés individuelles, au sacrifice de la démocratie, au sacrifice de la pensée libre et critique.
Nous vivons actuellement en direct, l’un des grands thèmes mythologiques du 20ème siècle. Thèmes qui ont été développé dans des œuvres comme Métropolis (Fritz Lang), Fahrenheit 451 (Ray Bradbury et François Truffaut), ou 1984 (Georges Orwell). Dans chacune de ces œuvres, le fonctionnement systémique est le même : face à une menace (réelle ou supposée), des instances dirigeantes imposent (de gré ou de force) à leurs populations des mesures contraignantes pour leur propre bien. C’est exactement ce qui est à l’œuvre aujourd’hui, avec le consentement des humains, sidérés par leurs propres angoisses, comme la musaraigne devant le serpent.
Les lumières de la Franc-maçonnerie sont actuellement sous l’éteignoir sécuritaire, comme toutes les autres lumières vives ou symboliques de la société. Comme tous les lieux de convivialité, de culture et de spiritualité, les Temples maçonniques ont fermé leurs portes. La Franc-maçonnerie a chaviré comme toutes les formes du « vivre ensemble », coquilles de noix sur une mer démontée. Nous commençons à prendre la mesure d’une évidence terrible : on ne peut créer du « vivre ensemble » dans une société travaillée par la peur.
Cette réalité ne sera-t-elle qu’une triste parenthèse destinée à se refermer aussitôt le virus maîtrisé ? Nous nous accrochons à cet espoir mais il semble plutôt que nous sommes à une époque de bascule où le monde ne ressemblera plus beaucoup à celui que nous avons connu. La Franc-maçonnerie que nous pratiquions jusqu’à il y a peu, avec ses accolades fraternelles sur les Parvis, ses Colonnes bien remplies, et ses Chaînes d’Unions dégantées, mains dans les mains, cœurs contre cœurs… Cette Maçonnerie survivra-t-elle au basculement ? La question est ouverte. Il serait hasardeux de tenter d’y répondre aujourd’hui.
Pour en revenir à la récente attaque contre la liberté d’expression, quel est le poids de cet acte face à la perte de la liberté de penser ? La différence entre les deux est que la liberté d’expression peut être muselée par la moindre censure, le moindre décret gouvernemental ou le moindre couteau de cuisine ; la liberté de penser, elle, est soumise au dernier et plus pernicieux gardien de prison psychique : nous-même.
Bien sûr, il n’y a pas à jeter la pierre à quiconque, car le combat est devenu vraiment trop inégal aujourd’hui : Nous sommes soumis à un rouleau compresseur systémique impitoyable : un complexe médico-politico-médiatique qui dévaste toute pensée autonome sur son passage. Notre liberté de pensée est gravement entravée par une doxa totalitaire omniprésente qui nous fait perdre nos repères scientifiques, sociaux et moraux.
Liberté de penser… Quelle liberté de penser ?! A l’heure où le flot de l’information est déversé en continu, à l’heure où on entend absolument tout et son contraire, où il n’est plus possible de discerner ce qui relève de l’information, de la propagande, de l’exagération, du soupçon, de la vitupération, du mensonge, de la manipulation de la menace et de la défiance, la liberté de pensée devient vraiment très compliquée.
En écrivant les lignes qui suivent, la philosophe Hannah Arendt parlait d’un autre temps, mais ses propos résonnent fortement dans le temps que nous vivons :
« Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire, ne peut plus se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple, vous pouvez faire ce que vous voulez. »
Tout ceci fait ressembler peu ou prou et de plus en plus nos démocraties cabossées par les enfilades de mesures d’urgences en mesures d’exceptions, de couvre-feux en confinements à domicile, à des régimes autoritaires qui ne connaissent comme seuls contradicteurs, que des dissidents, des provocateurs, des complotistes ou des malades mentaux.
Dans ce contexte, je pense sincèrement que la question du rôle de la Franc-maçonnerie face à la montée de l’intégrisme religieux présente finalement peu d’intérêt. La vraie question qui vaille d’être posée est celle de notre liberté de pensée. Que reste-t-il de notre pensée libre, critique et autonome dans les circonstances actuelles ?
Je pense qu’en tant que francs-maçons, ou plus simplement en tant qu’êtres humains, nous ferions œuvre de salubrité publique et de santé mentale à agir d’urgence sur notre mental séquestré et pris en otage par des terreurs multiples et croisées. Ne pas sombrer dans l’angoisse par ressassement mental, demande une vraie discipline. Œuvrer par tous les moyens à nous préserver du poison, est un exercice difficile mais vital.
Face à la pandémie elle-même, les recettes pour garder la santé physique et psychiques sont simples et bien connues : une bonne alimentation, l’exercice physique, la méditation, la réflexion critique, la pratique des arts, l’amour, les balades dans la nature, la lecture, etc., sans oublier les gestes barrières, le gel hydro alcoolique et le lavage des mains, bien sûr.
Alors, dans l’espoir bien naïf de contribuer à faire baisser un tant soit peu la pression de la terreur, et pour conclure avec une note positive, à cette liste de mesures je voudrais en ajouter une petite dernière de mon crû, pour la route :
Acceptons que, malgré les progrès de la science et de la médecine, la mort reste encore et toujours un processus intimement lié à la vie, quelles que soient les raisons et le moment du décès. Rappelons-nous qu’on ne meurt pas à cause de l’échec de la médecine, mais parce qu’on est arrivé au bout de sa vie… Même au 21ème siècle.
pk.
compte, au commissariat, du contenu de leurs cours. Ce renversement des valeurs
effarant, qui place sur le même plan le nombrilisme identitaire d’un père de famille
intégriste et écervelé et les choix pédagogiques d’un enseignant, dévoile toute la
déliquescence de nos sociétés occidentales contemporaines.
Mes sept années d’enseignement de la philosophie ont été autant d’années de
tentatives - quelques fois fructueuses, quelques fois non (et cette joie ou cette
déprime du professeur il faut les vivre pour les connaître) - pour faire naître d’une
discussion, d’une lecture, un peu plus d’autonomie, un peu plus de pensée, un peu
plus de liberté.
Ceci suppose, et supposera toujours, la douloureuse démarche, sans cesse
recommencée, qui consiste à se détacher (autant que l’on peut) de nos opinions
confortables, de nos habitudes mentales et de nos préjugés mortifères. Cela exige
un décentrement, un dépassement, la fin du retour à soi permanent, et c’est en cela,
qu’à travers les grands textes notamment, « l’élève s’élève ».
Cet événement cauchemardesque, d’une tristesse infinie - quelques minutes me sont
nécessaires au réveil pour me rendre compte qu’il s’est réellement produit - est peut-
être en train de devenir le symbole morbide de toutes les démissions de notre
époque.
Car ne l’oublions pas, plus stupides encore que nos intégristes, qui dans l’ombre
enferment leurs communautés sur elles-mêmes, préparant ainsi le passage à l’acte
de fanatiques, et peut-être plus dangereux aussi, peut-être que ce sont tous nos
ânes, qui s’évertuent à les défendre, à leur trouver d’ineffables excuses, au nom
précisément des valeurs qu’ils exècrent.
On me demande aujourd’hui quel rôle pourrait bien jouer la FM face je cite « à la
montée de l'intégrisme religieux ». Et je suis perplexe et ne sait trop que dire. Si ce
n’est que nous devons déjà bien nommer les choses : « que faire face à la montée
de l’intégrisme islamique ». Mal nommer les choses, c’est toujours ajouter au
malheur du monde, comme nous le rappelait Camus.
J’aimerais le répéter ici, la FM doit d’abord veiller, à mon sens, à travers les valeurs
qu’elle défend, à ne pas fomenter en son sein des idiots utiles de l’islamisme radical.
En expliquant, par exemple, que la tolérance qu’elle prône ne signifie jamais
l’acceptation d’un discours intolérant.
Revenons aux sources de nos valeurs. La tolérance n’est pas un duvet confortable,
et ne l’a jamais été, mais elle est un combat, une lutte. Comme nous le rappellent
sans cesse les penseurs qui l’ont en premier défendue. Et si guerre il y doit y avoir
aujourd’hui contre l’extrémisme islamique, qui sévit aux cœurs de nos républiques,
encore faut-il vouloir la gagner.
Si cette idéologie mortifère se propage inexorablement, depuis trente ans, non
seulement dans le monde musulman, mais aussi dans nos villes, à travers
notamment la dramatique résurgence de mosquées salafistes, dans lesquels des
imams sanguinaires instillent la haine de tout ce que nous représentons, de toutes
nos valeurs, c’est encore parce que nous lui avons donné, trop longtemps, les
possibilités de le faire.
Le temps ne doit plus être seulement aux discours épris de bon-sentiment appelant à
la fraternité universelle dans la chaleur protégée d’un temple, mais au soutien, sans
faille, à ceux qui luttent : « si vous voulez qu'on tolère votre doctrine, écrivait
Voltaire, commencez par n'être ni intolérants, ni intolérables ».
Trop longtemps, nos sociétés occidentales ont laissé faire. Sous couvert d’ouverture,
de respect de la pensée d’autrui, sous couvert d’une conception de la liberté
d’expression qui peut aller jusqu’à l’acceptation d’un discours de haine. Mêlez à ceci
la tentation politique chez certains de ne surtout pas faire vague, de caresser, dans
le sens du poil, toutes les communautés implantées dans nos quartiers, fussent-elles
sous la coupe de prédicateurs de haine, afin de se ménager un réservoir de voix
bienvenues lors d’élections, et vous obtenez le cocktail explosifs – littéralement –
pour les temps à venir.
Ainsi pouvons-nous trouver des groupuscules (pouvant pour certains prétendre
même devenir des partis politiques, comme nous le voyons par exemple à Londres)
qui jouent avec nos propres armes (de liberté, de tolérance) en prônant
ouvertement la charia, le rejet des homosexuels, la soumission de la femme, et la
conquête de l’occident par l’islam. En laissant faire, nous pensons toujours à peu de
frais garantir la paix d’aujourd’hui, et faire cesser des discordes inutiles, sans voir
que nous construisons par là le nid de la guerre de demain. Laisser faire, ce n’est
pas seulement une erreur, c’est une faute.
N’abandonnons pas ceux qui courageusement se battent, depuis notamment Salman
Rushdie et son roman de 1988, et qui risquent leur vie pour combattre l’infâme.
N’oublions pas que le terme d’islamophobie a été propagé largement à cette époque
par les islamistes. Pour empêcher toute critique de l’islam politique. Quoi de mieux
que de culpabiliser ceux qui le dénoncent, en faisant croire insidieusement qu’ils sont
racistes ? Quelle meilleure défense pour un agresseur que de se mettre en posture
de victime ? Ne tombons pas dans ce piège. Il faut écouter par exemple aujourd’hui
chacun des mots de Hassen Chalgoumi, l’imam de Drancy, qui doit prêcher avec un
gilet par balles, parce qu’il lutte, au cœur même de la gangrène intégriste : « on n’en
peut plus du discours victimaire, on veut un discours responsable et citoyen, les
musulmans ont tous les droits en France ! » s’écriait-il au lendemain du drame
devant l’école de Samuel Paty. Il faut lire par exemple Zineb el Rhaouzi, dont les
enfants sont escortés par la police pour aller à l’école, qui croule quotidiennement
sous les menaces de morts, notamment sur les réseaux sociaux, parce qu’elle lutte
contre la radicalisation en cours de l’islam, et qu’elle raconte comment l’idéologie
mortifère du voilement des femmes a ravagé ces dernières années les sociétés
musulmanes, et s’installe insidieusement dans nombre de nos quartiers.
Mes FF, je terminerai simplement, encore, avec Voltaire, qui nous rappelle dans son
Traité sur la tolérance que pour que les hommes soient frères, il faut d’abord qu’ils
aient « en horreur la tyrannie exercée sur les âmes ». J’ai dit.
Qu’aurait-il dit en entendant ceux qui glosent sur le fait qu’après tout l’enseignant l’avait un peu cherché en osant montrer des caricatures impertinentes ?
Que nous aurait-il dit à nous maçons qui cultivons des valeurs humanistes et altruistes et qui pourtant parfois sommes frileux quand il s’agit de s’engager dans la société, même via l’obédience…
Mes très chers frères, je crois que nous devons nous interroger et essayer d’analyser séparément l’attentat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, assassiné par arme blanche et décapité peu après être sorti de son collège le 16 octobre 2020, pour avoir montré 10 jours plus tôt des caricatures de Charlie Hebdo, dans le cadre d’un cours sur la liberté de penser, d’une part, et d’autre part, l'attentat de la basilique Notre-Dame de Nice, attaque au couteau perpétrée par un terroriste islamiste, le 29 octobre 2020.
D’un côté, une attaque contre la liberté de penser et la liberté d’expression, de l’autre un acte de violence qui relève de la guerre de religions, deux fléaux combattus par nos philosophes des Lumières.
- Liberté de penser : elle est totale pour les Stoïciens. C’est une évidence, non ?
- Liberté de caricaturer ? S’agit-il d’un blasphème dans la mesure ou le blasphème est un manque de respect pour la religion d’autrui. C’est là où il faut considérer l’intention du locuteur…. Les dessinateurs de Charlie Hebdo, avaient pour simple intention de faire rire. Bien sûr dans un système totalitaire l’humour est une arme pour faire passer un message engagé, mais dans un État de Droit, l’humour n’a d’autre mission que de divertir, rire des autres, et même parfois de soi-même, et dans ce cas on parle d’autodérision. L’humour ne peut être condamnable, à condition que le rire ait pour objet le tout, car sinon, le rire devient moquerie, et discrimination. Tout un chacun pouvait être une cible de Charlie Hebdo… L’humour ne peut avoir de limites, car c’est une façon détournée de rappeler aux hommes que tout est dérisoire, y compris nous-même. Regardez un instant les cranes dans un cimetière : ils se fendent la gueule… D’eux-mêmes ? Très probablement ! Parce qu’ils se trouvent ridicules d’avoir accordé, lorsqu’ils étaient vivants, tant d’importance au vain, au futile, à l’éphémère… Rient-ils de nous, les vivants ? Peut-être bien, en se disant que nous ne tarderons pas à les rejoindre…
- Jugeons donc les intentions, les valeurs véhiculées par les actes, et non les outils : interrogeons quelques instants l’axiomatique. Quelles étaient les valeurs des dessinateurs de Charlie ? Les Droits Humains, la lutte contre le racisme, la tolérance, la condamnation du fanatisme et des dogmatismes… Quid des valeurs de Samuel Paty ? Enseigner, transmettre, croire en un monde meilleur et plus éclairé… Et les valeurs des fidèles assassinés à Nice ? Servir Dieu et les hommes.
- Et les valeurs des terroristes ? Semer la peur et faire taire à jamais ceux qui ne partagent pas leurs propres valeurs. Deux phrases tournent en boucle dans ma tête depuis que j’ai entendu ces terribles nouvelles. « Là où le dialogue s’arrête la violence commence. Là où la violence commence, le dialogue s’arrête… »
Mes FF :. J’aimerais conclure en faisant quelques remarques sur la liberté. Selon moi, celle-ci n’a pas de limite, car la liberté est par essence infinie, et on ne peut diviser en deux l’infini… Pour peu que les intentions humaines soient de bonnes mœurs, nous devons être libres et de bonnes mœurs, ne pas avoir peur, résister, et nous engager pour que nos mots ne soient pas vains, pour que nos morts ne soient pas vains, « Sapere aude » ose savoir certes, mais aussi ose parler et défendre les valeurs humanistes face à l’aveuglement des « Ultimi Barbarorum » « Les derniers des barbares » déjà dénoncés jadis par Spinoza … Oser vaincre nos peurs, et résister, de toutes nos forces au pouvoir de l’obscurantisme !
Alexandre R.
FM universelle a le droit et le devoir de s’impliquer en construisant ses espoirs sur des actes
concrets plutôt sur l’illusion perpétuelle que l’homme doit et va s’améliorer.
Il faut appeler un chat, un chat ou plutôt un mauvais comp.’. , un mauvais Maçon.
Le F.’. par nature se remet en question et oublie parfois la plus simple des règles. Chacun est
responsable de ses propres turpitudes !
Parfois, il faut se résigner à accepter qu’il n’y a pas d’excuses possibles, que l’âme est
sombre et irrécupérable, il faut apprendre à condamner aussi.
La société judéo chrétienne européenne est face à ce dilemme, tiraillée entre la Laïcité à la
française, le vivre entre soi britannique et l’intégration par les valeurs du pays avant celles
d’une quelconque religion à la façon pragmatisme suisse.
Alors ce n’est plus un rôle que devra jouer la FM, c’est dénoncer sans détour, comme l’a fait
le GOS pour les récents attentats barbares, exiger que les responsables religieux
condamnent immédiatement et sans équivoques les agissements de leurs disciples les plus
fous.
A titre individuel, chacun d’entre nous devra prendre position, même quand cela devient
inconfortable, expliquer, par exemple, à ses proches et amis que des vacances en Turquie ne
sauraient cacher la volonté d’Erdogan d’anéantir tout esprit contradicteur envers sa religion,
ne pas laisser l’inacceptable devenir chose courante, braver la gêne au profit de la
satisfaction d’exprimer son opinion d’homme libre.
VM, la FM doit retrouver sa liberté de conscience.
(Conclusions pl. Paul K. Terreur(s), une réflexion dans l’air du temps » 17 nov. 2020)
La franc-maçonnerie est constituée d’obédiences, de rites, de loges extrêmement diverses et aussi de Sœurs et de Frères qui ont chacune et chacun leurs propres aspirations et leur propre personnalité. Mais il est quelque chose qui unit toutes ces obédiences, toutes ces loges, tous ces FF et ces SS : c’est tout d’abord une origine commune. Ce qui fonde la franc-maçonnerie, c’est l’esprit des Lumières, l’amour de la science, l’humanisme et les droits de l’Homme. C’est pourquoi la maçonnerie ne saurait être neutre.
Une obédience n’est pas une congrégation religieuse. Une loge n’est pas un monastère. Les francs-maçons ne sont pas hors du monde et c’est ainsi qu’ils ont eu à s’opposer dans l’histoire aux dictatures qui les ont persécutés. Bien sûr, les francs-maçons n’organisent pas de croisades au nom de l’une ou l’autre certitude. Au contraire, ils luttent pour la liberté du doute et contre toute forme de censure. Il n'est évidemment pas question pour nous d'entamer des guerres de religion ni même de faire la guerre aux religions et précisément grâce au respect de la laïcité, laïcité qui permet et protège l'exercice des cultes tout en contrôlant les limites de celui-ci vis-à-vis de l'espace public. Que serait d’ailleurs une liberté de pensée sans la possibilité de l’exprimer et que serait la liberté d’expression si elle n’était pas garantie par nos institutions dans un état de droit ?
Naturellement, la maçonnerie n’est pas une secte, c’est-à-dire, littéralement, un groupe de personnes qui se séparerait du monde pour vivre à l’écart avec ses propres fantasmes. Elle n’est pas un parti dont le but serait d’acquérir le monopole d’un pouvoir sur la société. Mais dans la maçonnerie libérale et adogmatique, s’il n’est pas question de donner libre cours à la propagande partisane ou au prosélytisme religieux, il est bien évidemment utile et enrichissant de discuter du religieux et du politique en tant que composants essentiels de nos sociétés. Les loges sont, sans doute, des écoles de sagesse mais ce ne sont pas des ateliers de
« Développement personnel » où viendrait s’agglutiner une foule de personnalités nombrilistes. C’est pourquoi nous lions dans nos travaux le sociétal et le symbolique.
En tant que compagnons de route, nous pouvons chacun nourrir des ambitions différentes mais nous avons tous le même idéal au bout du chemin: liberté, égalité, fraternité. Un idéal qui ne peut se concevoir à l’échelle individuelle mais seulement collective. Dans une société de plus en plus marquée par le repli sur soi, l’identitarisme, le communautarisme, le nationalisme, un franc-maçon doit être prêt à s’engager dans le débat public et la maçonnerie doit pouvoir se faire entendre, conforme en cela à son exigence morale séculaire de vérité et de justice. Sans être ce qu’il est convenu d’appeler un groupe de pression, la maçonnerie est une construction, un projet qui doit disposer d’une réelle capacité d’influence. Refuser ce projet serait accepter en quelque sorte, de nous castrer nous- mêmes.
Comme notre rituel d’initiation nous y invite, nous œuvrons à faire reculer les « terreurs ». C’est pourquoi nous avons tous le devoir de lutter contre le mensonge et le déni de la réalité, contre les rumeurs et le complotisme, signes avant-coureurs du despotisme. Cela vaut particulièrement dans les périodes de crise comme celle que nous traversons. Heureusement, la pandémie actuelle n’entraîne pas de réelle terreur mais bien plutôt une peur diffuse qui n’a rien d’irrationnel dès lors qu’il existe une raison identifiée d’avoir peur et qu’il apparaît raisonnable de prendre les mesures nécessaires pour s’en prémunir. Il faut donc raison garder.
Les attentats terroristes, quant à eux, sont d’une tout autre nature. Un malade n’est pas une victime. Une victime n’est pas un malade mais la cible d’un attentat aveugle commis par un fanatique qui prétend « aimer la mort plus que nous aimons la vie », un fanatique pour qui la mort est, non pas une porte de sortie, mais une porte d’entrée à franchir au plus vite pour acquérir une béatitude éternelle qu’il croit mériter. Mais nous, francs-maçons, quelles que soient nos conceptions par ailleurs, nous aimons la vie et nous nous donnons la mission de lutter contre la mort, contre tous ceux qui voudraient nous la donner et contre toute chose qui pourrait nous y condamner prématurément. Certes, pour chacun de nous, la mort est inéluctable mais on ne vit qu’en repoussant la mort, en la dépassant sans cesse et non en s’y soumettant par avance. Il n’y aura malheureusement pas de vaccin contre l’intégrisme ni contre le fatalisme. Pour triompher de ces maux-là, il nous faudra chercher la « véritable médecine », ce joyau caché au fond de nos esprits, cette pierre philosophale qu’on nous enjoint de trouver dès le cabinet de réflexion.
J’ai dit, VM
Le F. Or. Michel G., R.L. « Le Labyrinthe »