Par la générosité et le travail de la famille* de notre regretté Frère – ils ont trouvé la force de faire ce grand travail de mémoire, même affligés comme ils sont en vivant cette grande perte - nous avons le privilège rare de pouvoir tourner les pages des notes personnelles et planches consignées au long des années par l’Apprenti, le Compagnon, le Maitre Maçon, le Vénérable Maître le Grand Maître qui a été Le Passé Grand Maître Jean-Pierre Schopfer. Comme s’il y était… |
Quatre voies sont constantes dans ce cheminement exemplaire d’un homme qui mari, père, patron, enseignant, Franc-maçon, vivait selon ses convictions: l'engagement, liberté et responsabilité, amitié-fraternité-reconnaissance, ferveur et participation.
Que la chaîne ne se brise pas par l’oubli, que les nouveaux maillons reçoivent leur salaire pour perpétuer et enrichir l’héritage des anciens !
Ces sélections ne sont qu’une partie, des fragments bien entendu, d’une carrière maçonnique de 51 ans. Ce long texte n’est pas un « article » mais une page de notre histoire, un document de référence. Parcourons ces pages qui résument un long voyage...
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* Travail de mémoire fait par notre sœur Odette et notre frère Jean-Pierre André, épouse et fils.
Jean-Pierre Schopfer a été un partisan convaincu du CLIPSAS parce que Le CLIPSAS lui était synonyme de rencontres, d’échanges, de découvertes, de Maçons nouveaux, différent. Il avait placé en première page de l’un de ses classeurs ces 3 lignes : (A. Mechelynck président du CLIPSAS)
Le Maçon libre dans sa Loge libre
Porte ouverte et main tendue
Union dans la diversité
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ENGAGEMENT
L’engagement du maçon vis-à-vis de lui-même.
En franc-maçonnerie on répète à n’ en plus finir * connais-toi toi-même *
Pour moi, connais-toi toi-même veut dire : « connais tes propres limites » et à partir de là, tout homme responsable se demandera « Qui suis-je ? » puis « Que suis-je ? »
Parce que si je pose la question en commençant par qui, je ne fais que (ce qui est déjà important) de l’introspection. Je contemple mon ego avec plus ou moins de satisfaction.
Mais si je commence la question par que, alors je me relie aux autres, à mon environnement, à ma possibilité de communiquer.
Celui qui est généreux est celui qui apprend à dire que suis-je.
L’homme qui dit : que suis-je, devrait être équilibré, humble dans le bon sens du terme. En harmonie avec lui-même.
Cet homme-là pourra s’engager, il pourra surtout être responsable de ce qu’il est, de ce qu’il dit, de ce qu’il fait.
L’engagement du franc-maçon vis-à-vis de sa loge.
Le franc-maçon s’engage vis-à-vis de sa Loge comme vis-à-vis de l’Ordre, l’un n’étant pas dissociable de l’autre.
Lors de chaque initiation, la loge s’engage à donner chacun du travail, de la peine, un salaire exact.
Pour que cette promesse puisse être tenue, il faut que chaque frère, quel que soit son grade ou sa fonction, s’implique dans sa loge afin de fournir le travail promis, afin de soutenir l’apprenti ou le compagnon dans l’effort, dans la peine que le travail exige de lui, afin de lui assurer un salaire exact.
Le salaire exact sera essentiellement contenu dans l’aide morale, intellectuelle et fraternelle que cet apprenti ou ce compagnon recevra de tous ses frères.
C’est la responsabilité de la loge toute entière. C’est aussi le moyen de créer l’équilibre à l’intérieur de la loge et le bien-être des apprentis et compagnons à qui nous avons fait ces promesses.
Ainsi, chacun de nous est engagé et responsable, encore une fois de ce qu’il est, de ce qu’il dit, de ce qu’il fait.
Et cette responsabilité, comme cet engagement, ne diminuent pas avec les années de pratique maçonnique.
L’engagement dans le monde profane.
Nous ne sommes pas, répétons-le, une société philanthropique, mais nous ne pouvons pas nous désolidariser de la cité.
C’est ici et maintenant que nous devons être utiles.
Si nous ne nous engagions pas dans la cité, nous ne serions qu’égoïsme. Seul l’exemple et l’image que nous donnons, à titre individuel, peuvent être porteurs.
C’est l’exemple du rayonnement, dont nous parlons lors de l’initiation. A lui seul, il concrétise le résultat de notre engagement.
Les Obligations d’un franc-maçon disent que les francs-maçons doivent être hommes d’honneur et de probité.
Ces hommes circonspects et respectueux doivent éviter que toutes brouilleries ou querelles privées franchissent le seuil de la Loge.
C’est un franc-maçon équilibré, prêt à écouter, parler avec calme, agir selon ses moyens, mais pas au delà qui doit quitter le temple pour s’en aller agir dans la cité. Là, connaissant ses propres limites, ce maçon ne sera ni tiède ni timoré, ni excessif ni passionné, ce sera un homme en action et engagé.
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2. LIBERTÉ ET RESPONSABILITÉ
Voltaire est souvent cité de l’avoir dit: « Je ne partage point vos opinions, mais je suis prêt à me faire tuer pour que vous ayez le droit de les défendre contre moi. »
Si cette phrase paraît excessive, pensons qu’elle met en jeu la liberté d’expression. La possibilité de défendre son opinion. Peut-être simplement la liberté d’informer. Et l’on pourrait dire, cela n’est que justice et normalité.
Dans cette phrase, nous retrouvons, la liberté et l’équité. Et une fois de plus, pardon de le redire, la responsabilité, et cela est valable face à notre engagement de franc- maçon.
Pourquoi notre responsabilité ? Parce-que, nous l’affirmons, chaque Maçon est libre dans sa loge libre ; qui est libre devient responsable.
Mais qu’est-ce qu’une loge libre ?
1. C’est une loge qui fait confiance au Grand Collège qu’elle a élu
2. Qui accepte que ce Grand Collège la représente auprès des autres loges ainsi que des obédiences suisses ou étrangères.
3. Qui reconnaît la hiérarchie morale dans notre ordre.
4. Qui accepte que d’autres loges aient des rituels différents, des us et coutumes autres que ceux que nous pratiquons, à condition que ni nous, ni eux, ne prétendent détenir la vérité.
5. C’est une loge qui met pour condition à son adhésion à l’obédience, que ses propres règlements et intentions soient respectés.
6. Une loge qui veut avoir toute liberté pour choisir ses initiés, ses travaux, ses attentes.
Citations préférées:
( C.L.I.P.S.A.S.)
Le GRAND ORIENT DE SUISSE a signé l'APPEL de STRASBOURG ainsi conçu:
"LES PUISSANCES MAÇONNIQUES souveraines réunies à Strasbourg le 22 janvier 1961.
Considérant
1. qu'il est impérieux de rétablir entre tous les Francs-Maçons la Chaîne d'Union rompue par de regrettables exclusives contraires aux principes des Constitutions d'Anderson de 1723;
2. qu'il importe à cet effet de rechercher en commun, en tenant compte de toutes les traditions, de tous les rites, de tous les symboles, de toutes les croyances, et dans le respect de la liberté absolue de conscience, les conditions qui déterminent la qualité de Franc-maçon,
Estiment
Que le fait de placer les travaux sous l'invocation du Grand Architecte de l'Univers et d'exiger qu'une des trois Lumières soit le Livre sacré d'une religion révélée doit être laissée à l'appréciation de chaque Loge et de chaque Obédience,
Décident
D’établir entre elles des relations fraternelles et d'ouvrir les portes de leurs Temples, sans condition de réciprocité, à tout Franc-maçon ayant reçu 1a Lumière dans une Loge juste et parfaite,
Font appel
À tous les Francs-Maçons pour qu'ils se joignent à cette Chaîne d'Union fondée sur une totale liberté de conscience et une parfaite tolérance mutuelle."
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LOGE JUSTE ET PARFAITE
(Définition ni limitative ni exhaustive)
1. Elle est formée d'au moins 7 Maîtres-Maçons;
2. Trois la dirigent, cinq l'éclairent, sept la rendent Juste et Parfaite;
3. La Loge travaille selon un rituel utilisant les symboles de la construction;
4. Elle a ses Tenues dans un lieu clos et couvert où se trouvent les colonnes] et B, les trois grandes Lumières dont l’équerre et le Compas, les outils du grade et le pavé mosaïque;
5. La Loge pratique les grades d‘Apprenti, de Compagnon et de Maître;
6. L'initiation au grade d'Apprenti, qui s'effectue sous le signe du Triangle, comprend le cabinet de réflexion, les épreuves et le passage des Ténèbres à la Lumière. La promotion au grade de Compagnon a lieu à la Lumière de l’étoile Flamboyante. L'élévation à la Maîtrise comporte la communication de la légende d'Hiram.
A chaque grade correspond une promesse solennelle.
7. Est maçon, l'homme qui a été initié dans les formes, dans une Loge maçonnique juste et Parfaite.
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Pour être libre, une loge doit être collégiale.
N’oublions pas que : — 3 la dirigent — 5 l’éclairent— 7 la rendent juste et parfaite. Il est dit dans le rituel d’installation du nouveau collège :
Le Vénérable pose la question: qui rendent la loge juste et parfaite ? Et le frère Expert lui répond : Tous les frères, Vénérable Maître !
1. Tous les frères libres, tous les francs - maçons libres, mais une fois de plus : responsables
2. Libres, responsables et capables d’assumer les engagements pris en toute liberté.
3. Puisque lors de son initiation, chaque frère a démontré, affirmé, qu’il était libre, loyal et de bonne moralité.
4. Libre et reconnu tel, puisque le parrain s’est porté garant de la loyauté du candidat qui vient de boire la coupe d’amertume et se prépare à être initié Maçon.
5 Libre et responsable, parce-que c’est à lui seul de reconnaître et d’assumer présence et absence. Car il se souvient de la phrase des constitutions d’Anderson : nul frère ne sera absent de la loge, à moins que pure nécessité ne l’y oblige.
A nous d’assumer et de respecter cette pure nécessité.
Or, ce frère libre dans sa loge libre, a le droit et le devoir de s’exprimer en toute liberté devant ses frères.
Je ne partage point vos opinions, mais je sols prêt à me faire tuer pour que ayez le droit de les défendre contre moi.
Ce franc-maçon libre et responsable doit être capable de s’exprimer en toute fraternité, en toute indépendance et en toute solidarité.
Et en se souvenant que la solidarité et la fraternité impliquent le respect dû au franc-maçon, aux frères, à l’homme.
Si la loge est organisée collégialement, c’est afin que tous les maîtres, officiers qui éclairent, dirigent, ainsi que tous les frères qui rendent la loge juste et parfaite, puissent veiller à ce que l’indépendance, la fraternité, la solidarité et le respect, soient garantis au frère qui s’exprime et aux frères qui écoutent.
Au-dessus de la porte qui mène aux temples du GOF, rue Cadet, j’ai lu la phrase de St. Exupéry : Si tu diffères de moi, mon frère, qu’importe ; par cette différence même tu m’enrichis.
Nous sommes ici mes frères, pour rencontrer ces différences, les comprendre, et en retirer avantages. C’est-à—dire, ouverture, regard nouveau, éveil, reconnaissance.
Ainsi, Voltaire et Saint-Exupéry expriment la même volonté.
Chaque homme, pour nous chaque franc—maçon doit pouvoir être lui-même, ne devoir composer que si il se sent en situation de manquer au respect qu’il doit à autrui.
Reconnaître à chacun le droit de mettre son opinion en évidence. S’exprimer en maçon libre dans sa loge libre. S’exprimer en homme.
Être homme c’est se sentir responsable (Saint-Exupéry).
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3. AMITIÉ ET RECONNAISSANCE
Nous sommes vivants.
Nous sommes vivants. Vivants parce que riches d’un élan vital, dynamique.
Pour être vivant à l’image de la chaîne, il faut s’enrichir de crainte de se dégrader. Se dégrader, ce serait couper les liens qui nous relient aux autres. Perdre l’envie de rencontrer les autres. Se désintéresser de la vie et des problèmes des autres. Se replier frileusement dans sa coquille.
A ce moment-là notre élan vital, notre dynamisme, notre potentiel, ne pourrait que diminuer et disparaître dans la grisaille.
S’enrichir, au contraire, c’est avoir des rapports avec le monde extérieur. C’est échanger avec le milieu ambiant (la chaîne) et cet échange sera fait d’énergie, de don, de partage. Pour être vivante, notre chaîne, comme chaque maçon, doit être poreuse, avide et généreuse.
Dans la chaîne se croisent des forces dynamiques et des forces statiques.
Ces forces, si contraires, pourraient se heurter et s’annuler si elles ne trouvaient l’équilibre dans une troisième force.
Ces trois forces qui se rencontrent et s’organisent vont se résorber dans l’unité.
Unité, c’est une autre définition de la chaîne. Parce - que cette unité résulte de la rencontre de la dynamique, de la statique, de la spiritualité.
C’est pourquoi l’unité de la chaîne d’union peut s’appeler : fraternité – solidarité - interdépendance ! ! !
En effet l’esprit du groupement des maçons se manifeste dans la chaîne, et cet esprit est plus vivant que celui qui anime chacun d’entre nous puisqu’il est l’addition de toutes nos énergies.
La chaîne devient alors un centre producteur d’idée force.
La chaîne est plus qu’un symbole, c’est une action collective.
Il ne faut pas oublier que l’Ordre est par essence collectif et que c’est collectivement que nous travaillons pour le bien de l’Ordre en général, de notre respectable loge, et également pour l’humanité.
La chaîne d’union est formée d’hommes et de femmes libres. C’est-à-dire présents, et libres de toutes leurs particularités, personnalités, différences.
Libres et initiés ; c’est pourquoi, chaque maillon de la chaîne se doit d’obéir à sa loi intérieure, ou sa vérité intérieure.
Et ceci dans l’honneur, la dignité, et le respect.
Ceci implique : La maîtrise de soi.
Cet homme libre, ce maillon libre de la chaîne d’union n’est pas manipulé, au contraire, c’est lui qui agissant de sa propre et libre volonté contribue à développer la force de cette chaîne.
Alors, les paroles du vénérable atteindront chacun d’entre nous, et tous ensembles, nous participerons à ce que ces paroles soient, unificatrices, créatrices, régénératrices.
En chaîne d’union, comme en loge, l’initié n’est jamais un être passif, dominé, dirigé. Et cela, il faut le répéter. Tout comme il faut répéter que c’est librement que l’initié choisit de tendre ses mains vers d’autres mains.
Cette ré - union, veux que la solitude s’éloigne.
Ré - union d’autant plus essentielle que nous vivons actuellement une diversification, un éparpillement, sur tous les plans : professionnel, culturels, religieux, morales.
La chaîne est la réunion de tous ceux qui cherchent à repousser leurs propres limites.
A créer davantage et mieux.
A réunir ce qui est épars dans un véritable élan fraternel, à être fier, légitimement fier de leur travail personnel, de la loge à laquelle ils appartiennent.
Cette fierté, ils la vivent, la partagent et la transmettent lors de la chaîne d’union.
Lors de mon entrée en maçonnerie
Lors de mon entrée en maçonnerie, les frères qui m’ont reçu m’avaient dit :
En franc-maçonnerie, on peut aussi se faire des amis.
J’ai souvent repensé à cette phrase en me demandant ce qu’est, tout simplement l’amitié.
Si l’amitié implique la confiance en l’autre, et c’est ce que je crois, alors, l’amitié est le fondement de la maçonnerie.
Si l’amitié peut se vivre par-delà les distances, alors l’amitié peut réunir les francs-maçons en quelques endroits qu’ils soient.
Si l’amitié se vit en dehors du temps, alors l’amitié concourt à la pérennité de la franc-maçonnerie.
Si l’amitié est partage, elle ne fait que consolider les liens qui sont noués en une chaîne d’union.
Si notre jugement face à l’ami reste objectif, l’amitié sera facteur de progrès.
L’amitié doit être présente, écoute, sympathie et elle ne doit jamais être complaisance.
Si je parle d’amitié ce midi, c’est pour exprimer fortement que les propos d’un frère ne doivent pas être pris comme une attaque.
Cas échéant, il y a toujours possibilité de se faire comprendre en s’expliquant.
J’ai la conviction que si nous sommes capables de créer entre nous un climat de confiance, des liens d’amitiés, ces relations privilégiées seront la base de la vitalité de notre atelier.
Privilégions la confiance plutôt que la suspicion.
Cherchons dans les propos d’un frère son désir d’être positif, son vouloir d’aider. N’y cherchons pas autre chose !!!
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4. FERVEUR ET PARTICIPATION
Ce soir, il y a tenue. Il est bon d'imaginer chaque frère se préparant pour cette tenue. Un peu comme on se prépare pour aller au théâtre, chez des amis. Et cette préparation physique par les vêtements que l'on sort de l'armoire, intellectuelle par la pensée de ce que l'on va vivre. Affective ici, ce serait en sortant ses outils.
Et pourtant, ce soir, quelqu'un ne s'est pas préparé. Dans le Temple une chaise est vide.
Cette absence, nous la regrettons, comme chaque fois que nous devons regretter l'absence d'un de nos frères. Voyez-vous, ce frère absent, que ce soit aujourd'hui ou n'importe quand, n'a pas vécu la préparation physique, intellectuelle et affective que je viens de décrire.
Il n'a pas fait le premier pas de la marche de l'apprenti. Il n'a pas quitte le monde profane.
Quelle tristesse ! ! !
Ce soir, il y a tenue, les frères se dirigent vers leurs ateliers, vers leurs chantiers, là où le travail de la construction est en cours.
Ils entrent, déposent leur matériel, rencontrent leurs frères, reprennent contact, prennent le temps d'être ensemble. Chaque fois qu'un frère n'a pas las la possibilité matérielle de vivre cette rencontre, il lui manque ce temps pour quitter le monde profane.
Alors les frères revêtent leurs décors, c'est le deuxième pas de la marche de l'apprenti.
Ce soir, il y a tenue, chaque franc-maçon, qu'il soit vénérable ou apprenti, vit de la même façon, intérieurement, l'entrée dans le Temple. Participe de la même façon au rituel d'ouverture des travaux.
Et chacun se souvient, se souvient, à ce moment-là des obligations qu'il a prêtées en qualité de franc-maçon. Alors c'est le troisième pas de la marche de l'apprenti.
C'est ce qui lui permet de prendre sa place dans le Temple.
Peu à peu les frères se sentent réunis dans une même écoute : la musique accompagne ce troisième pas de l'apprenti. Comme elle prépare la parole du vénérable qui nous invite à prendre place.
Dans le Temple, le rituel se déroule. Chaque plateau est éveillé par la présence de l'officier.
La parole circule de l'Orient à l'Occident. Les énergies sont activées par la circulation de cette parole. Le rythme est donné par le battement des maillets.
Dans le Temple, les frères sont en accord avec l'énergie de la parole : sagesse.
Ils vibrent au rythme des maillets : force.
Ils sont imprégnés de l'harmonie de la musique : beauté.
Alors, en chacun de nous le vide est créé. Nous avons laissé nos métaux à la porte du Temple.
Peut-être que ce mot vide vous surprend-il. Quelqu'un a dit un jour, « la nature a horreur du vide ». Mais ce vide pourrait avoir une connotation suspecte. Parce - que ce vide qui doit être rempli par quelque chose, pourrait l'être par des idées, des pensées, des dogmes manipulateurs, négatifs ou malveillants.
Non, je ne sous-entends pas, par la présence de ce vide que les francs-maçons pourraient devenir des êtres sectaires. Rappelons-le, les francs-maçons sont alors, ou sont enfin des hommes prêts.
Prêts ! Parce qu'ils ont exécuté les trois pas de l'apprenti, prêts à combler ce vide.
J'ai écrit enfin. Oui parce - que de notre libre volonté nous avons fait le nécessaire pour être prêts à partager cette tenue. C'est ensemble que nous partagerons cette tenue, parce que si nous n'étions pas ensemble, il ne pourrait il n'y aurait pas de partage.
Comme ils sont importants ces trois pas de l'apprenti qui conduisent à : sagesse force beauté.
Comme il est important de combler ce vide si précieux, ce vide qui est notre privilège.
Vide que nous avons voulu. Combler ce vide par l'intérêt : s'intéresser, être curieux, avancer à la rencontre de l'autre afin d'être en empathie avec nos frères. C'est comme aller à la rencontre de soi-même. C'est apprendre à connaître l'autre et c'est aussi à apprendre à se connaître soi-même. C'est faire place à l'autre, mais c'est aussi faire place à soi-même. C'est faire place au bonheur et au malheur de l'autre et c'est aussi faire place à notre propre bonheur comme à notre propre douleur.
Combler ce vide : on peut, on doit aussi le faire ici, en loge, parce que, accomplissant les trois pas de l'apprenti, nous nous sommes préparés à lâcher prise.
Lâcher prise afin d'être à même d'aller au-delà des apparences. D'avancer vers l'autre et d'avancer vers soi-même. D'aller vers la vérité de l'autre, mais aussi d'aller vers notre vérité.
Savoir lâcher prise, nous préparer à être responsables, donc présents. Nous devons être présents parce - que : de ce qui nous entoure, de ceux qui nous entourent nous francs-maçons, nous hommes, ne pouvons nous désintéresser.
Nous sommes responsables de notre écoute, de notre participation, de notre différence.
Pour moi, mes frères, prendre conscience de cette responsabilité-là, c'est avancer sur le chemin de la connaissance.
Combler ce vide c'est donc, avancer vers l'autre comme avancer vers soi .Connaître l'autre comme se connaître soi-même. Reconnaître la différence de l'autre comme reconnaître sa différence. C'est respecter l'autre. C'est me respecter moi-même. Ce travail de rencontre demande une présence réelle, véridique, fraternelle. Nous commençons à entrevoir maintenant pourquoi le vide, qu'en toute liberté nous avons voulu créer en nous, correspond à la phrase de notre rituel (laissons nos métaux à la porte du Temple) Lorsque le maçon a pu déposer ses métaux ses métaux, il entre dans un moment ou dans un état : hors du temps profane.
Ce moment qui permet de reconnaître les différences et les identités, de donner et de recevoir, d'accueillir et d'apprécier. En un mot, je le répète, d'avancer sur le chemin de la connaissance.
Alors, parce - que nous l'avons voulu de sa propre et libre volonté, chaque franc-maçon est apte à accepter le changement, l'évolution de nos frères, notre changement, notre propre évolution.
La tenue va se terminer, le rituel de clôture va se dérouler, et nous allons quitter nos places.
1er pas, la beauté est éteinte, mais en nous, nous emportons l'harmonie et la fraternité
2e pas, la force est éteinte, mais sur les parvis, nous partagerons le pain et le vin de l'amitié, afin que cette force nous accompagne dans le monde profane.
3e pas, la sagesse est éteinte, pourtant, lorsque aurons terminé nos agapes, lorsque nous aurons quitté nos frères, lorsque nous aurons rejoint les lumières extérieures et nos proches, lorsque nous aurons repris la charge de nos métaux : cette SAGESSE nous accompagnera et nous murmurera des mots comme :
Responsabilité - évolution - connaissance ! ! !
Le vide est en ce moment comblé.
Faire le vide pour le combler, c'est laisser les métaux a la porte du temple.
Qu'en pensez-vous ? Mes frères ?