Le 10 novembre c’était l’anniversaire des 70 ans depuis l’adoption de la « Déclaration universelle des droits de l’homme » par les Nations Unies, en 1948 après la fin de l’horrible IIe Guerre Mondiale. Il faut dire que pour la Franc-Maçonnerie en général et pour la FM Libérale en particulier, les Droits de l’Homme sont le livre de chevet, le compas humaniste. Nous nous y referons en permanence et sans doute la poursuite de ces valeurs n’a pas perdu son urgence, au contraire. Le Gr:.Or le constate dans son discours: "Soixante-dix ans après la proclamation et la ratification de la Déclaration Universelle des DH, malheureusement la violation de ces droits est finalement beaucoup plus universelle que leur reconnaissance. "
Planches de clôture convent 10 novembre 6018 Aarau
Discours du Grand Maître Alexandre Rauzy :
Le 28 août 1963, Martin Luther King prononçait un de ses plus célèbres discours, « I have a dream » (1) , où, devant 250000 personnes il lança un appel pour condamner le racisme.
Et nous, francs-maçons, 70 ans après la déclaration universelle des droits de l’homme, avons-nous un rêve, et quel est-il ?
Observons l’histoire de la pensée. Au VIème siècle avant JC, les présocratiques contemplent la nature, et s’interrogent : est-ce le changement qui caractérise le cosmos comme le pense Héraclite, ou à l’inverse la permanence de l’Être comme le développe Parménide ? Est-ce l’eau, la terre, l’air ou le feu qui en est l’élément majeur ? Se poser ces questions constitue un changement de perspective radical dans un monde qui est alors dominé par les mythes, le mysticisme, les superstitions. Puis les philosophies de l’antiquité post-Socratiques marquent un autre tournant : on cherche à améliorer l’individu, pour le conduire vers la sagesse : « Connais-toi toi-même » (2) devise socratique emblématique...
Au Moyen-âge, on contemple la divinité, la théologie prend le pas sur le rationalisme socratique sous l’égide de Thomas d’Aquin et d’une relecture d’Aristote. Au XVIème siècle c’est l’émergence de l’Humanisme, on renoue avec le projet socratique et on croit à nouveau en l’homme, pas seulement dans sa dimension individuelle, mais dans sa dimension culturelle, sociale, éducative, et puis la Raison Socratique prend un visage humain avec les poètes de La Pléiade pour qui le lyrique supplante l’épique, se recentrant sur la délicatesse des sentiments intimes, l’amour en particulier.
Au XVIIème siècle, c’est l’avènement de la Science moderne avec Descartes, la recherche de la vérité peut se faire par la raison seule, sans la lumière de la foi. La Raison socratique n’est pas seulement un outil pour améliorer l’individu et accéder à la sagesse mais une grille de lecture du monde, car la nature est écrite en langage mathématique.
Au XVIIIème, siècle, c’est le temps des philosophes des Lumières et de la naissance de la F-M, on ne veut pas simplement user de sa raison pour comprendre la nature, mais pour transformer la société, la rendre plus juste et plus humaine : liberté, égalité, fraternité, devise républicaine et maçonnique... Valeurs qui arriveront en Suisse, non par une révolution, ce n’est pas d’usage chez nous en terre helvétique, mosaïque de cantons et de croyances, et donc de sensibilité différentes, où on préfère l’altérité et la culture du consensus à la centralisation et à l’État Nation ; mais par une réforme des institutions. Avec la création de la constitution de 1848, constitution qui met un terme à la violence d’une guerre, celle du Sonderbund, une démocratie, la plus directe possible, éclot et avec elle l’esprit fédéraliste qui repose sur le respect et l’écoute de la différence de chacun, et non sur une pensée monolithique. Ces Institutions suisses modernes que nous devons, vous ne l’ignorez pas, à des francs-maçons, en particulier Jonas Furer (3), premier président de la Confédération, et des conseillers fédéraux Henri Druey (4), Louis Ruchonnet (5), qui posèrent les premières pierres de notre démocratie qui constitue encore un modèle en son genre.
Oui, mes FF:., mes SS :., nous sommes les dignes héritiers de cette histoire de la pensée, chacun de nous, quel que soit le courant maçonnique dont nous nous sentons proche. Les uns insisteront davantage sur la spiritualité, la contemplation, l’invocation du Grand Architecte de l’Univers, d’autres sur le travail sur soi parce que la sagesse est une quête perpétuelle, d’autres sur les combats de société… Tous pratiquent le symbolisme, en tant qu’outil de réflexion et de progrès. Mais au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin initiatique, et que notre lucidité s’accroit, on s’aperçoit que ces divers courants ne sont pas dos-à-dos- mais complémentaires, mieux encore, qu’ils constituent différentes facettes d’un même projet...
Quels points communs pouvons-nous trouver en chaque maçon ? Qu’est-ce qui fait l’essence de la démarche initiatique ? Quel motif peut éclairer la prise de décision qui nous a conduit à l’engagement maçonnique ?
Selon moi, c’est avant tout la curiosité, la curiosité qui nous pousse à découvrir la vérité de l’autre, à être ouvert à l’altérité, et donc à rejeter tout dogme et tout prophète.
De cette ouverture découle le scepticisme. Tout maçon pourrait faire sienne la formule de Michel Foucault : « Il faut se déprendre de ces mécanismes illusoires qui font apparaitre deux côtés » (6). Nous le savons, il n’y a pas deux côtés mais trois ! Et le troisième ressemble davantage à un diamant aux éclats abondants et scintillants, qu’à une lame de couteau… Oui, face à un monde où bourgeonnent les extrémismes religieux ou politiques, osons affirmer notre scepticisme !
Mais être sceptique ne signifie pas renoncer à toute valeur. Il est des valeurs intangibles, fondamentales, parce qu’elles touchent à l’essence même de l’individu, essence qui constitue son humanité même. Je pense aux droits fondamentaux exprimés dans la déclaration des droits de l’homme. Ces droits ne sont pas négociables, car si on les transgresse, on sombre dans la barbarie. Et peu importe les grincheux ou les empiristes qui diront qu’ils ne sont pas appliqués partout, et qui dès lors les invalident. Si dans une maison les enfants enfreignent les règles morales en faisant des sottises, cela signifie-t-il qu’elles ne sont pas valables, et qu’il faut se résigner à l’anarchie ?
Ni dogmatique, ni nihiliste, voilà notre crédo !
Le franc-maçon est pétri de valeurs.
La première est le goût pour le sacré. Dans l’esprit de Spinoza, pour qui le désir est l’essence de l’homme, et pour qui c’est en désirant une chose qu’on la rend belle, le franc-maçon embellit l’espace et le temps en le sacralisant par l’ouverture et la fermeture des travaux. Ce qu’on oublie parfois de dire, c’est qu’il embellit également ses F:. à chaque fois qu’il les entoure de son affection. On dit souvent qu’on crée à chaque tenue, un espace sacré, le temple, et un temps sacré, mais on sacralise aussi l’humain. L’amour a cela de miraculeux qu’il enfante de la beauté.
La seconde valeur cultivée par le franc-maçon est l’humilité : prendre conscience de la valeur symbolique de nos décors, de nos existences précaires, de notre passage sur ce bout de cailloux dérisoire dans l’immensité de l’univers… Et en même temps reconnaitre la valeur travail qui nous permet de vaincre notre tragique destinée… Comme l’écrit Voltaire au terme du périple désabusé de Candide : « Il faut cultiver notre jardin ». Que laisseras-tu après toi de toi-même, si ce n’est ta part de travail sur le chantier de l’humanité ? Il faut également, reconnaitre que même si notre place dans l’univers est dérisoire, et qu’il y a des questions métaphysiques auxquelles nous ne répondrons jamais, par exemple « Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? (Leibniz) (7), n’est-ce pas incroyablement merveilleux mes FF:., mes SS:., de songer que même si nous n’aurons jamais la réponse à cette immense question, nous faisons partie des êtres privilégiés qui habitent cet univers, qui ont le fabuleux avantage de se la poser ?
La troisième valeur que nous cultivons, c’est le goût pour la simplicité. Nous nous compliquons trop souvent la vie. Un modèle de beauté est Manon des sources. Pourquoi ? Parce qu’elle ne cherche pas à être belle justement... La maçonnerie nous apprend à nous libérer des passions, qui nous entravent dans la vie profane, à chercher l’ataraxie , cette paix de l’âme qui est bien trop souvent menacée par cette société de la sur-communication, de la surinformation, du surmenage professionnel, par les excès d’une classe politique en laquelle on croit de moins en moins, par les excès d’un populisme mortifère qui s’enracine dans notre sol européen et se banalise…
A nous de ne pas nous faire ré-aliéner à l’intérieur du temple, par la passion de l’égo, par la passion du discours purement rhétorique et pompeux, par la passion de l’idéologie et de l’esprit partisan.
Je suis persuadé que nous devons retrouver une autre racine qui nous a nourri et que je n’ai jamais entendu à propos de la franc-maçonnerie: le romantisme.
Oui la démarche maçonnique est romantique ! Les poètes romantiques, dont le F:. Gérard de Nerval qui en est un des plus illustres (“Rien n'est indifférent, rien n'est impuissant dans l'univers ; un atome peut tout dissoudre, un atome peut tout sauver !”)(8)8 (), se sont opposés au classicisme, non seulement en replaçant au cœur de l’humain les sentiments, mais aussi en valorisant la simplicité. Être un classique c’est rationaliser le monde, par le discours, la pompe, et la raison. Être un romantique, c’est être à l’écoute de la délicatesse du cœur, qui est l’expression du moi intime, et c’est aussi être en résonance avec le cosmos, être sensible à la fuite du temps et à la destinée humaine.
Qu’est-ce que le secret maçonnique, si ce n’est l’histoire de ces rencontres, entre des humains qui cultivent la sensibilité, parce que pour un maçon avoir conscience, c’est être sensible, sensible à l’autre et sensible au monde que nous allons laisser à nos enfants.
La Déclaration des droits de l’homme doit se comprendre, puis se défendre, avec la Raison qui argumente certes, mais elle se met en pratique avec le cœur. Preuves de l’argumentation et épreuve de l’amour fraternel sont indissociables.
La phénoménologie dans ce même XIXème siècle ne dira rien d’autre : «Toute conscience est conscience quelque chose » (9) (Husserl). La séparation entre le sujet et l’objet n’est qu’un clivage artificiel. Tout est dans la rencontre entre l’homme et le monde.
Cette expérience existentielle, le maçon la cultive au fil des tenues. Le transhumanisme aura beau construire des machines de plus en plus ressemblantes à l’homme, et peut-être même un jour qui surpasseront l’homme, elles ne pourront reproduire cette alchimie si particulière qui fait que chaque maçon commence une tenue sans jamais savoir exactement quelle expérience unique l’attend.
La biologie aura beau décrire avec précision les échanges hormonaux qui conduisent à l’amour, la sociologie en faire un relevé statistique, l’anthropologie en trouver les constances culturelles, l’économie en faire un marché, jamais ils ne pourront traduire l’expérience unique que chacun vit lorsqu’il éprouve ce sentiment, et expliquer en quoi il nous rend si humain.
Alors oui, mes SS :., mes FF :., à l’instar de Martin Luther King, continuons à rêver, au fil de nos tenues, car rêver un monde meilleur c’est le construire au fil de nos engagements, que ce soit la quête de sagesse ou la quête de justice, pourvu qu’on prenne conscience, que l’essentiel est dans la simplicité de cette expérience singulière : des êtres qui se rencontrent, qui partagent une utopie et qui ont pour point commun de vouloir vivre une expérience fort simple et pourtant si essentielle : l’amour.
« L'amour est fait de choses indescriptibles, invisibles comme le parfum et comme le chant, qu'on respire et qu'on entend sans pouvoir les saisir ni les analyser. » (10)
Alexandre Dumas, fils.
-------
References :
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/I_have_a_dream
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gnothi_seauton
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonas_Furrer
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel-Henri_Druey
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ruchonnet
6. Michel Foucault, Dits et Ecrits, 1954-1988, tome III, Gallimard, 1994, p.265.
7. Leibniz, Principes de la nature et de la grâce fondés en raison : Principes de la philosophie, ou, Monadologie, Presses universitaires de France, 2001.
8. Gérard de Nerval, Aurélia, Le livre de poche, 1999.
9. Husserl, « Méditations cartésiennes », Vrin, 2000
10. Alexandre Dumas fils, Antonine, Michel Levy Frères, 1856.
Discours du Grand Orateur B.Q: 1948 – 2018… La Déclaration universelle des droits de l’Homme à 70 ans
En cette année 2018, nous commémorons le 70e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme .
Cette déclaration des Droits de l’homme se veut universelle, elle entend s’appuyer sur un fondement naturel et rationnel qui dépasse toutes les considérations culturelles particulières.
L’expression « universalité des droits de l’homme » ne doit pas être entendue comme la validité effective des droits humains dans le monde, mais désigne au contraire leur prétention à une portée, une vocation universelle. En d’autres termes, l’universalité des droits humains implique qu’ils s’adressent à tous les hommes et toutes les femmes. Ceci implique que : Toute personne peut se prévaloir des mêmes droits humains dans la protection de ses intérêts élémentaires ; et que toute personne devrait reconnaître la valeur des droits de l’homme. Cette deuxième acception de l’universalité des droits humains contient une exigence morale : tout homme a l’obligation de respecter les droits de ses semblables.
L’ONU s’est donnée pour mission de défendre, de faire prévaloir et de protéger les droits de l’homme de chaque individu. Cet engagement, résulte de la Charte des Nations Unies selon laquelle les peuples du monde réaffirment leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine.
Dans cette déclaration universelle des droits de l’homme, les Nations Unies énoncent en termes clairs et simples les droits qui appartiennent à tous.
Ces droits sont les vôtres, ces droits sont les nôtres.
A la suite de la 2ème guerre mondiale, dans un contexte marqué par des crimes contre l’humanité et des violations des libertés fondamentales, est créée l’Organisation des Nations Unies. La charte signée en 1945 fait de nombreuses références aux droits de l’homme et les états signataires affirment clairement en préambule, leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité de la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et femmes. Mais au préalable, cette charte ambitionne la sauvegarde de la paix dans le monde.
Pour cette raison, il est apparu important par la suite de composer un document unique, dédié essentiellement aux droits fondamentaux. Ce sera la Déclaration Universelle des Droits de l’homme ratifiée à Paris le 10 décembre 1948.
Ces droits sont définis comme l’ensemble des droits fondamentaux attachés à la nature humaine. Du point de vue de leur contenu substantiel, ils renvoient aux droits civils et politiques, aux droits économiques sociaux et culturels. Ils sont aussi des standards fondamentaux, des prérogatives morales ou des règles que la nature confère à l’homme en tant qu’être doué d’intelligence auxquels doivent se conformer la coexistence des sociétés, et des individus.
La notion d’universalité a été débattue plus tard par les Nations Unies en 1993 et un texte a été approuvé sur l’universalité et l’indivisibilité des Droits de l’Homme. Ce texte stipule que « tous les droits de l’homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés ».
Mais les droits de l’homme sont-ils réellement universels ou représentent-ils seulement une utopie ?
Le principe de l’universalité des droits de l’homme est avéré ; toutefois du fait des particularités régionales ou locales on note l’existence de déclinaisons plurielles d’une même réalité universelle.
L’universalité de ces droits est une réalité consacrée par le droit international des droits de l’homme. L’intégration de l’universalité dans le droit se manifeste par l’ampleur variable d’un état à un autre.
Les droits de l’homme expriment une foi commune dans la destinée de l’homme, un idéal commun qui est de rétablir la dignité et la liberté de l’humain dans son unité. L’universalité des droits de l’homme s’affirme quant à ses destinataires. Le destinataire ici c’est l’être humain qu’ils entendent protéger, tous les êtres humains sans discriminations d’aucune sorte en tous territoires, en tout lieu de la terre.
Cette idée d’universalité est souvent critiqués parce qu’on y voit une démarche de domination culturelle occidentale, et on lui oppose l’argument de la relativité des cultures. Les occidentaux imposent les droits de l’homme comme devant être universels alors que ces droits sont issus d’une histoire particulière à l’Europe. La réécriture permanente de la Déclaration des droits de l’homme depuis 1789 montre que cette universalité n’est pas donnée. Si la revendication d’une universalité des droits de l’homme s’appuie sur l’idée que la pensée européenne exprime un progrès pour l’humanité, n’est-ce pas faire preuve d’un ethnocentrisme obtus ?
En fait les droits de l’homme doivent être considérés comme un outil incomparable pour dire « non » et s’insurger face à l’inacceptable. Ainsi, même si la notion de ces droits est contingente, cela n’implique pas de renoncer au combat pour la dignité humaine. L’universalité serait donc plutôt celle de la dignité humaine. Une dignité humaine dont la conception n’est pas univoque.
Si la Déclaration universelle des droits de l’homme et le système juridique qui en découle se veulent universels, il reste que ce sont des textes humains, inscrits dans un contexte et une histoire particulière, d’origine occidentale adoptés à une époque où la plupart des pays du sud étaient encore sous domination coloniale. Le système africain des droits de l’homme par exemple, exprime l’encrage de la conception africaine, des droits dans la tradition, les coutumes et les valeurs culturelles de l’Afrique, pourvue que celles-ci soient positives. Enraciné dans l’individualisme occidental, les droits de l’homme marqueraient pour certains critiques l’oubli de la solidarité qui fonde et fait tenir les sociétés traditionnelles. C’est pourquoi sont peu à peu apparus des textes régionaux ; déclarations africaines, arabes, européennes, asiatiques etc.
Mais l’universalité des droits de l’homme reste fragile et cette fragilité est due à plusieurs facteurs, freins et obstacles. Ces facteurs sont d’ordre théorique, culturel, religieux, économique et politique.
Ainsi, aujourd’hui, plusieurs spécialistes juristes doutent de cette universalité ; en effet la réception d’une conception occidentale des droits de l’homme par les Etats du sud n’est pas une réception normale.
Certaines civilisations opposent encore leurs mœurs, traditions et authenticités à l’universalité des droits de l’homme. Mais la contestation de cette universalité ne doit pas servir à remettre en cause sa valeur. Il est ainsi plus fréquent que ce soit des régimes totalitaires qui contestent la dimension universelle de ce texte que les victimes de ces régimes. On peut certes remettre en question l’européo centrisme et prendre plus en considération les spécificités culturelles et religieuses, mais il ne faut pas tomber dans un relativisme dangereux.
En s’appuyant sur la notion de diversité culturelle pour défendre l’idée d’un relativisme des droits de l’homme. Ceux-ci varient en fonction de la tradition ou de la culture de chaque pays. Mais il ne faut pas être dupe, car ce raisonnement arrange terriblement les dictatures et permet de faire perdurer des pratiques de domination des traditions sur l’individu et la liste est tristement longue...
Soixante-dix ans après la proclamation et la ratification de la Déclaration Universelle des DH, malheureusement la violation de ces droits et finalement beaucoup plus universelle que leur reconnaissance.
Cette notion d’universalité est donc sujette à une profonde relativité. La Déclaration Universelle des droits de l’homme est un texte dont la portée est avant tout morale, s’appuyant sur l’autorité que confère la signature de la majorité des États du monde, pour autant les droits de l’homme restent à défendre quotidiennement aux 4 coins du monde et ne sauraient être considérés comme des acquis y compris dans les pays qui ont la chance d’en jouir aujourd’hui.
Ces chantiers inachevés nous concernent tous, dans nos engagements individuels et collectifs. Ils trouvent un écho particulier dans l’humanisme maçonnique qui travaille à rassembler ce qui est épars. Mais il est essentiel de reconnaitre que l’universalité n’est pas uniformisation. Affirmer l’universalité des droits de l’homme ne signifie pas que notre vision de ces droits transcende toutes les différences philosophiques, culturelles, ou religieuses possibles, ou représente une agrégation magique des systèmes éthiques et philosophiques du monde. Il suffit plutôt qu’ils ne contredisent pas de manière fondamentale les idéaux et les aspirations d’une société donnée et qu’ils reflètent notre commune humanité universelle de laquelle aucun être humain ne doit être exclus.
Reste à trouver une application harmonieuse de ces droits dans des cultures encore profondément marqués par la tradition, notamment religieuse, ce qui n’est pas toujours facile. Pourtant à y regarder de plus près, chaque culture possède de façon endogène, un fondement aux droits humains, ne serait-ce qu’à travers la fameuse règle d’or « NE FAIS PAS A AUTRUI CE QUE TU NE VEUX PAS QU’ON TE FASSE A TOI-MÊME ».
De nombreux pays ont remis en cause ce principe d’ universalité considérant d’une part qu’ il reflétait une vision de l’ humanité bien précise , attaché au dogme chrétien et considérant d’ autres part que ce concept ne correspondait , pas à leurs valeurs du « moment ».Mais il conviendrait finalement de s’interroger sur ces dénonciateurs, peuvent-ils légitimement prévaloir que leur système politique est suffisamment viable et efficace pour assurer à leurs destinataires un respect intégral de leurs droits et libertés fondamentales. Il serait trop aisé de considérer que droit à la différence peut cautionner la violation ou même l’omission de droits inhérent à la personne humaine ; l’universalité des droits de l’homme doit se concevoir non pas au niveau de principes religieux, ou concept politiques (trop aisément utilisé à des finalités personnels et cautionnant la dictature et la censure), mais au niveau du citoyen même, et des droits « naturels » dont il devrait pouvoir jouir.
En conclusion je dirais que l’universalité des droits de l’homme est un idéal dont l’internationalisation participe à la construction. Ce processus d’universalisation » ne tend pas à la diffusion d’un modèle unique, à partir d’un point unique, mais plutôt à l’émergence en divers points d’une même volonté de reconnaître des droits communs à tous les êtres humains. En ce sens, l’universalité implique un partage du sens, et même un enrichissement du sens par l’échange entre les cultures.
L’initiation maçonnique nous a ouvert l’esprit à la diversité, à la tolérance au respect et à l’amour pour les autres. Cela nous permet de nous débarrasser des préjugés et d’imaginer une réorganisation majeure de nos vies. Portons au dehors du temple les valeurs maçonniques qui nous ont été transmises et à notre échelle essayons de rendre le monde meilleur.
Soyons les chantres de l'Espérance et de l'Amour, afin de bâtir le Temple de l'Humanité dont la construction est plus que jamais d'actualité.
Le Gr:.Or: du G⸫O⸫S⸫ B. Q. Convent d'Aarau, le 10 novembre 6018