Lausanne, le 14 novembre 2015
 
Suite aux attentats exceptionnellement meurtriers et aveugles du vendredi 13 novembre 2015, les Frères du Grand Orient de Suisse qui se sont réunis le lendemain du drame pour leur assemblée générale annuelle (convent) souhaitent exprimer d’une part leur indignation face au terrorisme et aux extrémismes quels qu’ils soient, et d’autre part leur solidarité avec les victimes et leurs proches.
 
Non seulement les valeurs fondamentales de dignité, de respect, et de tolérance qui sont les nôtres ont été bafouées, mais c’est l’humanité toute entière, et pas seulement nos voisins et amis français, qui a été avilie par ces actes de barbarie, que nous condamnons avec fermeté et détermination. Aujourd’hui, il ne faut tomber dans le piège de la division parce que nous avons besoin de tous les hommes et les femmes de bonne volonté pour défendre les valeurs sont les nôtres.

 
Alexandre Rauzy Grand Maître      
Philippe Lang Passé Grand Maître 

Obédiences amies qui nous faites l’honneur de nous rendre visite,
Mes TI SS et FF Suisses et étrangers qui décorez l’Orient et les colonnes, Mes SS, mes FF,

Je me définis comme un humaniste pétri d’optimisme, et je me dis bien souvent que nous avons beaucoup de chance de vivre à notre époque. Le hasard, ou le kairos des grecs, a fait que je suis né ici et maintenant, mais cela aurait pu être autrement, et nombre de mes rêveries d’enfants me laissaient imaginer un large champ de vies possibles, passées ou futures, qui auraient pu être miennes si l’ancrage dans l’espace-temps de ma naissance avait été sensiblement différent. Un jour, souvenons-nous, l’humain était considéré comme une vulgaire marchandise, et Sénèque rapportait dans ses Lettres à Lucilius l’exemple de cet esclave qui avait dit à son propriétaire : « Tu vas voir ce que tu as acheté » et qui s’était suicidé sautant d’un toit pour prouver qu’on ne peut jamais tout à fait ôter la liberté à un homme, pas même à un enfant. Et puis ce fût le temps du Moyen-âge, avec ses brigands, son obscurantisme religieux, cette négation de la majorité des trésors de pensée de l’antiquité…
 
Le thomisme était à la mode, austère et partial, pour consoler les survivants d’un monde ou la mort et la faim décimait les familles. Puis, ce fut les chasses aux sorcières, aux alchimistes, le règne du surnaturel, la norme omniprésente, celle d’une religion unique et d’un pouvoir politique inique et omnipotent, les affres de l’inquisition, la science nouvelle qui menaçait les dogmes et qui était poursuivie partout en Europe, De Galilée et Giordano Bruno à Spinoza.
 
La science moderne était jugée dangereuse, les religions nouvelles étaient jugées hérétiques, la philosophie et son mode de pensée libre était considérée comme une menace pour l’ordre établi. C’était le règne de la pensée monolithique et de l’éclat superficiel et ostentatoire de la monarchie absolue. Puis, vint le siècle des Lumières et l’espoir qu’il généra, la dignité humaine et le respect de la personne sortirent de la plume de Kant, la tolérance et la fraternité de notre frère Voltaire, l’équité politique de notre F:. Montesquieu, le savoir universel de Diderot et d’Alembert, la dénonciation de la superstition de Pierre Bayle… La Franc-maçonnerie naissait. Les Droits de l’homme, les idéaux de tolérance de justice, d’égalité redonnait espoir à une humanité avilie et sclérosée.
 
Le temps d’une révolution fut une brève éclaircie dans la nuit obscure, car la terreur ne tarda pas à rappeler que celui qui sauve aujourd’hui sème l’effroi et l’injustice demain. Chez le révolutionnaire comme chez les maçons, la soif de pouvoir gangrène les plus beau idéaux. Chassez le naturel, il revient au galop… Le XIX ème siècle n’a pas connu un instant de répit tant les valeurs républicaines ont eu de la peine à s’enraciner, malgré l’engagement de Victor Hugo auprès de ceux qui souffrent, sa condamnation de la peine de mort et de la misère humaine. La dénonciation des conditions de travail dégradantes et de l’antisémitisme, par Zola n’a pas pu sauver cette fin de siècle. Pas plus que les efforts de Jaurès n’ont pu éviter la première guerre Mondiale qui inaugurait le XXème. La seconde incarna le paroxysme de la barbarie humaine, là où l’impensable inhumanité devait plonger à jamais les hommes dans la plus grande des afflictions et dans une incompréhension totale. L’après guerre était marquée par ce tournant de l’histoire : comment l’humain peut-il devenir à ce point inhumain ? Suivent les réflexions sur la responsabilité par Hannah Arendt, Heidegger et Sartre en philosophie, sur l’absurde par Camus, Ionesco ou Beckett en littérature.
 
Et aujourd’hui ? Je ne peux que me réjouir d’avoir échappé à ces temps effroyable d’obscurantisme où on assassinait tous les jours ou presque pour la patrie, pour son Dieu ou même pour sa famille, du moins ici et maintenant, et l’ici est j’ai la triste impression en train de se réduire jour après jour... Petit-fils de poilu et fils de résistant je ne peux que me réjouir de l’amitié franco-allemande, et de l’espace de paix d’une Europe unie où, miracle inattendu pour ma génération, le mur de la honte est tombé. J’ai le sourire aux lèvres aussi, quand je pense à la violence institutionnalisée dans certains internats que j’ai connu dans mon enfance et lorsque je vois les écoles d’amour, de paix et de respect dans lesquelles j’enseigne aujourd’hui. Souvenons-nous qu’il y a 20 ou 30 ans à peine on se fichait bien de la souffrance des enfants, de celle des animaux, de la pollution et de l’homophobie.
 
Mais être optimiste, ce n’est pas être candide… et la cruelle actualité nous rappelle régulièrement que la barbarie est prête à se renouveler. La bête sommeille et se réveille au moment où on l’attend le moins... Tuer des innocents au nom d’un fanatisme religieux, c’est une nouvelle guerre, peut-être même plus insidieuse que jadis, parce que l’ennemi cette fois-ci n’a pas de visage. On le croyait éloigné de nous, il est plus près en vérité, il a franchi depuis belle lurette la ligne Maginot puisqu’il y a quelques heures encore il était au coeur de Paris… L’indignation est le seul cri que nous pouvons pousser dans les ténèbres pour occulter la réalité, à savoir notre impuissance à mettre un terme à la folie humaine.
 
Le terrorisme, le fanatisme, la précarité, nous poussent, soit à la colère, donc à l’esprit de vengeance, soit à la peur et donc au repli identitaire ; dans les deux cas à la passion qui corrompt la sagesse et doit rester à la porte de nos temples…
 
La monté des extrémismes politiques répondant aux extrémismes religieux nous montre qu’à la violence l’homme répond naturellement par la violence… Homo homini lupus est…. Dès lors le bourreau devient le modèle, la victime ne faisant que reproduire ce qu’elle subit… L’impact de l’homme sur l’environnement n’est plus l’affaire d’un parti mais celle de la responsabilité de chacun…. Or pour rappeler les mots de Spinoza « L’homme n’est pas un empire dans un empire… ». Ce même Spinoza, qui placardait sur les murs De LaHaye suite à un odieux assassinat politique perpétré par les ennemis de la République, des affiches avec ces deux mots : « Ultimi Barbarorum ». Les derniers des Barbares… Barbare sois-tu toi qui souille la terre… Barbare n’est-il pas aussi celui qui laisse des réfugiés crever comme des animaux à nos frontières…. ? Barbare, oui barbare, toi qui laisses agoniser nos pères dans des maisons de solitude et de désamour… Barbare celui qui considère qu’en fin de vie il faut vivre à tout prix quitte à perdre sa dignité …  Barbare l’entreprise qui nous demande de vivre pour travailler et non travailler pour vivre, dans une existence effrénée où la sur-communication, la peur de la perte d’emploi, le surmenage au travail nous lamine et nous fait perdre les valeurs essentielles : l’amitié, la famille, le plaisir de vivre et de participer dans la joie au progrès de ce monde où nous ne sommes que de passage, la conscience de faire partie du tout, autrement dit la fraternité.
 

L’œuvre n’est donc pas achevée mes FF:.La pierre est à peine dégrossie… L’heure s’ajoute à l’heure et l’année à l’année pour étayer toujours plus haut l’espoir humain. Le maçon prend du recul pour mieux bâtir son temple intérieur, pour mieux se ressourcer, pour saisir à quel point ce monde à encore besoin d’humains solides qui résistent contre l’inhumanité, prêts à défendre nos valeurs fondamentales qui sont en danger aujourd’hui, comme hier, pour faire mieux que nos parents et pour conserver la foi, car nous sommes tous croyants mes FF !...  La foi au Grand architecte pour certains, la foi en l’homme et au progrès pour tous… La foi envers et malgré tout, pour crier aux barbares qu’ils n’auront pas le dernier mot, que la Lumière, même si elle est vaincue provisoirement peut triompher des ténèbres… Foi en un monde meilleur pour nos enfants et nos petits enfants, qui nous l’espérons feront mieux que nous ce que nous avons fait, pourvu qu’on leur ai transmis la Lumière par l’exemple de nos qualités, la lucidité et la vigilance…     
 
  Alexandre Rauzy Grand Maître 14/11/2015


Ansprache des neugewählten Grossmeisters am Konvent 2015 des GOS (gekürzt)

Als glühender Optimist, bin ich froh in unserer Epoche zu leben. Der Zufall hat mich im wohlhabenden Teil des Planeten zur Welt kommen lassen, das hätte anders sein können und meine Träume wären um einiges bescheidener gewesen.
Und früher?  Im Altertum war der grössere Teil der Menschheit einfach Sklaven, im düsteren Mittelalter war eigenständiges Denken wenig gefragt. Aberglaube, Gewalt und Mangel waren angesagt, mit der Aussicht auf Besserung erst im Jenseits. Hexenwahn und Inquisition liessen keine naturwissenschaftliche oder echte philosophische Diskussion zu, eine Erneuerung der Religion galt als böse Ketzerei.
Erst die Aufklärung erlaubte es über die Würde des Menschen nachzudenken und in dieser Zeit wurde, begleitet von den Gedanken Voltaires, Kants, Montesquieus und anderen die moderne Freimaurerei geschaffen.
Menschenrechte, Toleranz und Gerechtigkeit gaben einer erschöpften Menschheit wieder Hoffnung. Die Revolution erhellte die Nacht, doch  Terror und Machtgier neuer Herren besudelte bald ihren Glanz…das Naturell des Machtmenschen brach durch.
Republikanische Werte waren im folgenden 19. Jhdt wenig gefragt. Schlimmste Ausbeutung der Arbeiter ging mit Chauvinismus einher und dieser führte anfangs des 20. Jhdts in den bis dahin blutigsten Krieg, dessen Schrecken durch die grösste Barbarei aller Zeiten im Zweiten Weltkrieg noch weit übertroffen wurden.
Danach fragten sich die grossen Denker wie Arendt, Heidegger, Sartre u.a. wie es dazu hatte kommen können, Dichter wie Beckett und Ionesco flüchteten sich ins  Absurde.
Ich habe den Vorteil nicht in diesen dunklen Zeiten aufgewachsen zu sein, allerdings spüre ich wie sich heute die Lage verschlechtert. Als Enkel eines „poilu“ und Sohn eines „résistant“ freute ich mich an der deutsch-französischen Freundschaft und am langen europäischen Frieden, welche die Mauer zum Einsturz brachten. Aber auch über das Ende der Gewalt in manchen Internaten, die dem Respekt vor Kindern und abweichenden Lebensentwürfen gewichen ist.
Optimist heisst nicht arglos sein…und die grausame Aktualität zeigt, dass sich die Barbarei noch immer erneuern kann. Jene, die nur vernichten wollen haben heute kein Gesicht, sind kaum fassbar, und doch leben sie mitten unter uns. Die Gesellschaft scheint ohnmächtig dem menschlichen Wahnsinn Einhalt zu gebieten.
Fanatismus und Armut treiben die einen zu Hass und Rache, die anderen in angstvolle Abwehr; in beiden Fällen bleibt die Vernunft auf der Strecke, die den Inhalt unserer Lehre darstellt. Politischer und religiöser Fanatismus nimmt überhand und Gewalt wird wieder mit Gewalt bekämpft…Homo homini lupus est ?
Der Einfluss der Menschheit auf die Umwelt ist nicht mehr Sache einer Partei, sondern jeder ist verantwortlich um nicht – mit Spinozas Wort – der letzte der Barbaren zu werden. Barbar jener, der Flüchtlinge an unseren Grenzen wie Tiere verrecken lässt; auch jener, der unsere Alten in Heimen ohne Liebe und vereinsamt der Agonie preisgibt; jener der fordert, dass man gegen Ende seines Lebens ohne Würde unbedingt weiterleben muss. Barbarisch eine Gesellschaft, das uns nur akzeptiert, wenn wir Profit erbringen, in dauernder Angst vor Verlust der Arbeit, ohne Musse die essentiellen Werte zu pflegen: Freundschaft, Familie, Lebensfreude und das Gefühl Teil eines brüderlichen Ganzen zu sein.
Das Werk ist nicht beendet, meine BBr., der Stein ist nur angekratzt. Der Maurer sollte sich stets bewusst sein, dass die Welt solide Menschen braucht, die der Unmenschlichkeit widerstehen, die unsere gefährdeten fundamentalen Werte verteidigen, die es besser machen als unsere Eltern und die den Glauben bewahren. Den Glauben an den GBAW die einen, den Glauben an Humanität und Fortschritt die anderen.
Glauben trotz allem, um den Barbaren entgegenzurufen, dass sie nicht das letzte Wort haben werden. Den Glauben an das Licht, auch wenn es besiegt scheint und die Finsternis zeitweilig triumphieren mag. Glauben an eine bessere Welt für unsere Enkel, die es besser machen werden als wir, wenn wir sie hier und jetzt wachsame Vernunft im Scheine des Lichts lehren.

Alexandre Rauzy 14/11/2015

 

Mots lors du Convent 2015  du Grand Maître descendant de charge

Dignitaires qui décorez l’Orient, vous tous mes Sœurs et mes Frères Dignitaires qui décorez ce Temple. Vous le savez tous, la hiérarchie n’existe pas à mes yeux en franc-maçonnerie, le simple fait d’avoir une fonction auprès d’une Obédience apporte uniquement des devoirs, mais en aucun cas des droits.

Zuhören können, die Ideen der Andern beachten, die Fragen aller berücksichtigen, sich bewusst sein, dass die Schweiz viersprachig ist. Dass die Brüder verschiedene Wünsche und verschiedene Nöte haben, je nach Freimaurerischen Visionen des Einzelnen, dass wir verschiedene Rituale pflegen, das sind alles Aspekte, die mich immer beschäftigten. Ich ernsthaft, dass das demokratische System der Schweiz ist ein Beispiel für Europa und für die Welt.

L’opportunité d’une descente de charge, c’est permettre de prendre en considération le temps des bilans et même si je n’ai pas attendu ce moment, ceux qui me connaissent comprendront, d’exprimer simplement mais sans concession mon ressenti. Ce n’est pas ce que nous pouvons désigner comme un coup de gueule, mais plutôt un cri du cœur.
 
De nombreux chercheurs ou philosophes travaillent sur l’importance de rétablir la notion de coopération en contrant et révoquant le système de compétition. A côté des tendances potentiellement agressives chez l’être humain, sont présentes, d’une manière plus importante encore, des tendances à l’empathie, à l’altruisme et à la coopération. Lorsque l’on adopte ce point de vue, on ne voit plus les gens comme des sommes d’individus, mais comme une somme d’interactions où chacun est proche de l’autre.
 
La langue française a la chance d’avoir un mot spécifique pour désigner cette pratique ; le mot « entraide ». Un mot, une idée, une philosophie qui devrait nous toucher, nous donner de l’espoir, nous rappeler certains principes de la Franc-Maçonnerie qui a pour but d’aider au perfectionnement de l’individu et de l’humanité et à cet effet, nous maçons travaillons à l’amélioration constante de la condition humaine.
 
Maintenant la question que nous devons nous poser est de savoir si, à notre niveau, ce terme a réellement un sens ? Un peu comme l’interprétation que certains d’entre nous se font de la fraternité. Dans une société aussi individuelle qui est la notre aujourd’hui comment voulez-vous qu’une Europe soi-disant unie arrive à trouver des solutions sur les gros problèmes que nous connaissons tous quand nous, maçons n’arrivons pas à communiquer de manière constructive, à nous comprendre, à réellement travailler ensemble et à avancer dans ce but de rassembler ce qui est épars.
 
La cordonnite, cette maladie auprès de trop de Frères et de Sœurs ; tous veulent des titres, des grades, des degrés, mais très peu désirent apporter leur contribution. Il est drôle de croire que la largeur des sautoirs ou la présence de médailles assure une place dans le jeu d’un pouvoir virtuel. L’ego de quelques Sœurs ou Frères est simplement démagogique et bien sûr contre productif. Dans la même catégorie est de constater que chacun croit détenir la vérité et pourtant, comme disait Picasso, « il y a plusieurs vérités, sinon comment faire cent toiles sur le même thème ? » La symbiose que j’ai trouvé auprès de certaines Obédiences doit se généraliser à l’ensemble de la maçonnerie et soyons utopique jusqu’au bout, y compris avec nos Frères dit « réguliers ». Je suis persuadé que quelques uns pensent que je suis fou … mais je réponds à ceux qui préfère se regarder le nombril qu’il faut être fou de ne pas être fou. Ne nous fixons aucune limite et vivons ensemble, avançons ensemble, rêvons ensemble.

Mots lors du Convent 2015
Philippe Lang Passé Grand Maître 

Discours du Gr :. Or :. au Convent GOS  14.11.2015

Ce qui fait vivre une idée, c’est l’initiative. Elle peut transformer une idée en une marée qui tombe sur l’humanité – plein de valeurs humanistes ou plein de pouvoirs destructifs. C’est l’initiative qui agit comme catalyseur et transforme les pensées en réalité. Nous pouvons parler des heures de l’humanisme dans nos temples et conjurer la fraternité. Mais sans l’acte d’initiative, tout cela reste vain et va dégénérer en égocentrisme. La tenue solennelle nous mettra peut-être en humeur digne et peut - à la rigueur - nous rendre plus fort pour maitriser la vie quotidienne.
 
Notre rituel AFAM se termine avec l’appel suivant : «  Pratiquez l’amour fraternel qui est la pierre de base, la clé de voûte, le ruban qui nous lie et la gloire de notre ancienne fraternité. C’est ainsi que tout le monde va reconnaître l’influence bénéfique de la maçonnerie, comme il elle été  reconnue par les vrais maçons depuis le début du monde jusqu’à la fin des temps. Maintenant, retournez dans le monde profane, mes frères. Luttez contre l’injustice où elle apparaît, ne tournez jamais le dos à la détresse et la misère, soyez vigilants envers vous-mêmes.  Ainsi soit-il – retirons-nous en paix. ». Pourtant, ce retour dans le monde ne marche que rarement de façon que le maçon fasse son apparition et arrange les choses. Il sera rapidement confronté aux obstacles réels,  comme la pression du temps, une date limite, au manque d’informations ou encore pire de compétences personnelles. Bref, il n’aura souvent pas les éléments pour recommander une solution ou trancher spontanément comme personne neutre. Une action quelconque d’un tiers est-elle vraiment justifiée ? En cas de doute, le maçon doit-il accepter - au lieu de se manifester comme arbitre - que chacun est finalement responsable de ses actions ?
 
La question, en quoi précisément consiste la vertu d’un franc-maçon initiative et utile, est encore plus basique. Si un enfant misérable, sans aucune autre possibilité,  pique une pomme au marché, la loi considère cette action comme punissable. D’autre part, si cet enfant a uniquement le choix entre voler et mourir de faim, on peut stipuler un droit moral en sa faveur : c’est la société qui a créé une civilisation qui ne permet pas d’exister sans effort matériel sans cesse. Le franc-maçon aurait-il ainsi le devoir de sauvegarder le droit des deux parties et donc de payer la pomme ? Certainement pas, ce n’est pas cela que l’ordre « Luttez contre l’injustice …»  signifie. Toutefois, le geste serait conforme au caractère de des certains maçons. Je me demande si un maçon a le droit de regarder certains problèmes comme trop petits et insignifiants pour aider. Afin de mieux définir les devoirs supplémentaires d’un maçon je peux poser la question : un citoyen moyen n’aurait-il pas agi de la même façon ?  Bien sur, c’est louable d’aider un cycliste tombé, de lever la poussette d’une mère dans un wagon ou de courir derrière quelqu’un qui a perdu un billet de 50 francs à coté d’un Bancomat. Mais, beaucoup de gens feraient tout cela sans être Franc-maçons. De même, il y a des personnes qui auraient gardé le billet, mais cela ne peut pas être la mesure de nos actions.
Je pense que la maçonnerie commence quand on met les intérêts d’autrui ou de la communauté en-dessus de son propre bien-être. C’est donner mon bout de pain à un affamé, même si j’ai faim moi-même ou plus réaliste, quand je me rends pour un entretien désagréable chez mon chef en me faisant cible, afin de m’engager pour le droit d’un collègue, qui souffre de l’injustice patronale.
 
Est-ce que je me trompe et je marche aveuglément à travers mes jours, ou est-il vraiment rare, que j’aie une occasion de m’engager comme franc-maçon ? Si cela arrive c’est rarement la grande performance que nous devrions démontrer, mais plutôt un petit effort qui n’exige qu’un peu de courage...et qui n’est souvent même pas remarqué et apprécié par le bénéficiaire. Ainsi est la voie d’enseignement maçonnique, qui nous prépare pour l’Orient Eternel, quand nous allons nous épanouir comme particule dans quelque chose de plus grand. Bien sûr, la maçonnerie, en son temps, a développé des idées et des connaissances importantes. Mais,  ce sont aussi les banalités qui nous font grandir, petites actions qui sont difficiles à retenir parce qu’elles paraissent insignifiantes. 
 
Maintenant, retournez dans le monde profane, mes frères. Luttez contre l’injustice où elle apparaît, ne tournez jamais le dos à la détresse et la misère, soyez vigilants envers vous-mêmes.  Ainsi soit-il – retirons-nous en paix.
Alan B:. Gr:. Or:. 
Traduction 11.11.15 PH

 
Freimaurerische Initiative
Alan Bernasconi Groß Orator/ GOS Konvent 14.11.2015

Was eine jede Idee wertvoll macht ist die Initiative. So manches Ideal kann den Funken der Initiative entzünden und wie eine Flutwelle über die Menschheit hineinbrechen – unbeachtet ob es sich dabei um humanitär wertvolle oder destruktive Ereignisse handelt. Es ist die Initiative, die als Auslöser auftritt und unsere Gedanken in Wirklichkeit aufgehen lässt. Noch so manche Stunde kann über Humanität geredet werden, so manche Tempelarbeit abgehalten und Brüderlichkeit geschworen werden – auch wenn uns dies in würdige Stimmung bringt und uns die Stärke für den Alltag unter der Menschheit verleiht – ohne den Akt des wirklichen Initiativ-Werdens bliebe dies alles nahezu Wertlos, oder zumindest eine selbstbezogene Angelegenheit.
 

Schon in der Schliessung des Rituals findet sich der Aufruf „Übt brüderliche Liebe, die der Grundstein und Schlussstein, das uns alle verbindende Band und der Ruhm unserer alten Bruderschaft ist. So werden wir alle den wohltätigen Einfluss der Freimaurerei erkennen, wie ihn alle wahren Freimaurer, vom Beginn der Welt erkannt haben und erkennen werden bis zum Ende der Zeit. Geht zurück in die Welt, meine Brüder. Wehret dem Unrecht wo es sich zeigt, kehrt niemals der Not und dem Elend den Rücken, seid wachsam auf Euch selbst. Es geschehe also – ziehen wir hin in Frieden.“ Dieses in die Welt gehen verläuft jedoch meist nicht so, dass man als Maurer hintreten und die Dinge richten kann. Häufig sind es banale Dinge, wie der Zeitdruck, der nächste Termin der ansteht oder fehlende Kompetenzen um über etwas zu richten, welche bereits die ersten Stolpersteine im maurerischen Daily-Business darstellen. Oder schon vorher ist man vielleicht gar nicht gefasst, um darüber spontan entscheiden zu können, was nun zum Daily-Business eines Freimaurers gehört. Ich frage mich vielleicht, ob ich genügend informiert bin, um mich als neutrale Person nun in diese Angelegenheit einmischen zu können. Oder ob eine Handlung nun zurecht geschieht nach dem Motto „wie man in den Wald ruft so hallt es zurück“ und jede Person seine Aktionen wie die folgenden Reaktionen selber verantworten muss oder ob ich nun hier zurecht als Richter auftreten kann und darf.
 

Noch grundlegender ist natürlich auch die Frage, was die Tugend als hilfsbereiter und initiativ werdender Freimaurer definiert. Wenn ein Strassenkind einen Apfel stiehlt, so ist dies gegen das Gesetz und unrecht. Da das Kind keine Möglichkeit des Geldverdienens hat, kann es ja auch nicht verhungern und es ist nichts als recht wenn es sich diesen Apfel nimmt, da die Gesellschaft eine Zivilisation erschaffen hat, in welcher man nicht so einfach von der Hand in den Mund leben kann. Ist es dann als Freimaurer meine Pflicht, das Recht beider Parteien zur wahren und hinzugehen um den gestohlenen Apfel zu bezahlen? Bestimmt nicht, es wäre sicherlich nicht dies was damit gemeint ist mit „wehret dem Unrecht“. Doch würde diese Geste trotzdem zum Charakter der Freimaurerei passen. Die Frage ist auch, wann ist etwas zu klein oder zu unbedeutend um nun zum Handeln überzugehen. Doch um definitiv das Handeln des Freimaurers zu definieren, brauche ich mich nur zu fragen: Hätte dies der Durchschnittsbürger auch getan. Selbstverständlich ist es Hilfsbereit, wenn ich dem gestürzten Radfahrer wieder auf die Beine helfe, der Mutter den Kinderwagen über die Zugschwelle hebe oder dem Mann der vor mir am Bancomat war hinterher laufe, um ihm die verlorene Fünfzigernote zu reichen. Doch all dies hätte doch jeder andere auch getan, ohne dass man dafür Freimaurer sein muss. Klar, es gibt sicherlich auch Menschen die das Geld selber eingesteckt hätten, aber das ist ja schliesslich auch nicht der Massstab.
 

Ich denke die Freimaurerei fängt da an, wo das Wohl einer Gemeinschaft oder eines Nächsten, über das eigene Wohl gestellt wird. Wenn ich einem Hungernden mein Brot abgebe, obwohl ich selber hungere, oder wenn ich mich in ein für mich unangenehmes Gespräch mit meinem Vorgesetzten begebe und mich zur Zielscheibe mache, um mich für das Recht eines Kollegen einzusetzen, der zu Unrecht leidet.

Irre ich mich und gehe ich blind durch den Alltag, oder ist es tatsächlich so, dass ich so selten die Gelegenheit dazu bekomme mich als Freiaurer einzusetzen? Und wenn, dann ist es meist keine grossartige Leistung welcher eine Anerkennung erfolgt, sondern meist nur etwas Kleines das etwas Überwindung kostet und vielleicht selbst vom Begünstigten meines Tuns nicht mal grossartig verdankt wird. Genau dies ist der Maurerische Schulungsweg, welcher uns auf den ewigen Osten vorbereitet, wenn wir in ein Ganzes aufgehen werden als Teil eines Grösseren. Es sind natürlich auch die Veränderungen die wir durch die Maurerei erleben, die grossen Erkenntnisse und Fortschritte, doch eben auch die kleinen Banalitäten, die uns wachsen lassen, denn die kleinen Dinge sind häufig schwieriger beizubehalten, weil sie eben so klein sind.

Geht zurück in die Welt, meine Brüder. Wehret dem Unrecht wo es sich zeigt, kehrt niemals der Not und dem Elend den Rücken, seid wachsam auf Euch selbst. Es geschehe also – ziehen wir hin in Frieden.


Alan B:. Groß Orator/ GOS Konvent 14.11.2015