Tout d’abord, nous allons parler de la mystique en général, ensuite, nous développerons les deux sujets principaux : la kabbale et le soufisme. Enfin nous verrons dans quelle mesure on trouve des similitudes entre ces deux courants mystiques et la franc-maçonnerie.
En conclusion, nous nous demanderons : la franc-maçonnerie est-elle mystique ?
Introduction
Trois questions me sont venues à l’esprit.
La première question est la suivante : peut-on comparer trois visions du monde extrêmement complexes sans les déformer ?
Lors d’un voyage profane au Japon, avec mon professeur et ami Jean-Pierre Lehmann (grand connaisseur du Japon), je lui ai dit : les japonais sont comme une secte.
Il me répondit : d’abord, tu ne connais ni le Japon, ni les sectes, ensuite, la complexité de la culture, de l’histoire et de la géographie japonaises est telle qu’on ne peut la comprendre et la juger autrement que par elle-même, toute comparaison deviendrait une simplification, voire une trahison.
La deuxième question : peut-on parler des courants mystiques en général sans bien connaître les religions qui les sous-tendent ?
Les kabbalistes et les soufis pensent que cela est impossible sans connaître la trame religieuse spécifique à chaque courant. Sans une foi profonde, ils pensent que notre vision restera désincarnée. Bien sûr, encore une difficulté dont nous devrons tenir compte.
Le mystique est celui qui s’approche directement de Dieu sans l’intermédiaire des rabbins, des imams ou des prêtres. Il les consulte, les interroge, mais cherche lui-même le contact direct avec Dieu.
Spinoza, qui considérait, par exemple, que les prophètes étaient simplement des personnes avec beaucoup d’imagination, s’est fait mettre à la porte de toutes les synagogues, et même actuellement il est tenu en dehors de sa religion.
Il est intéressant de noter que Spinoza a trouvé une exception dans la personne du Christ. Pour lui, le Christ, était le plus grand mystique, car il s'est fondu en Dieu.
On trouve là, peut-être, la définition du mystique.
La kabbale
La kabbale est connue pour être le courant mystique de la religion juive. Les kabbalistes lui donnent un sens plus général en la présentant comme une "science de vivre". Elle a influencé d’autres courants mystiques et philosophiques. Il s’agit de la kabbale chrétienne de Pic de la Mirandole, de la kabbale soufi ou des philosophes comme Spinoza et Bergson.
L’objet de la kabbale est d’ordonner le chaos de la vie et celui de l’humanité. Le monde des conséquences n’est pas imprévisible, il est fonction des causes que nous avons-nous-mêmes générées ; la kabbale nous apprend à planter personnellement et collectivement les bons grains qui donneront les plus belles plantes. L’homme est responsable d’accomplir ainsi l’œuvre du créateur ; il devient créateur lui-même.
Pour cela, il tente de déchiffrer les mystères de la création.
Étude et action
La kabbale nous enseigne que l’étude des mystères ne suffit pas, il est essentiel d’agir en fonction et dans la direction indiquée dans les livres saints, en l’occurrence la bible.
Étude et action sont les mots clés de la kabbale.