Est-ce que nous naissons F.M. ou le devenons-nous ? et qu’est-ce qui doit s’accomplir en nous spirituellement pour y parvenir..
J’aimerais d’abord vous parler de ce sujet que j’ai proposé et qui a été affiné avec le 1er surveillant.
Je pense que le sujet de l’inné et de l’acquis est une réflexion qui est présente en moi depuis plusieurs années et qui aujourd’hui me demande une réflexion plus approfondi.
En effet, j’ai grandi dans un environnement, les années 5090-6000 notamment, ou la part belle a été faite à la génétique et donc à la prédétermination des caractéristiques de l’être humain, ainsi il s’est ancré dans cette génération l’idée de tout ce que l’on est, serait lié à un patrimoine génétique.
Ainsi 80 % de de ce que nous sommes serait figé et tous les efforts que nous ferions me servirait qu’à activer des caractéristiques déjà définies et ce jusqu’à des limites déjà prédéfinies. Ainsi pour devenir un champion de course à pieds, il faudrait avoir un bon patrimoine génétique ; pour devenir un champion d’échec, de même..
C’est à la fois pratique comme excuse, mais à la fois triste de limiter nos rêves à cause des caractéristiques de nos ancêtres, non ?
Et d’un autre côté, j’ai pu étudier ces dernières années la Programmation Neuro Linguistique: PNL, et constater les changements psychiques et physiques lié à nos expériences, notre gestion émotionnelle de ces expériences…Donc rien n’est prédéfini, tout dépend de notre vécu…
Alors sommes-nous ce que nos parents nous ont transmis ou sommes-nous ce que nous vivons ?
Le tuilage d’apprenti précise cependant cela par la question « êtes-vous maçon ? » et on répond que ce sont les autres FF qui nous reconnaissent comme tel.
De plus, je pense que l’usage du verbe être est très souvent abusif. On dit facilement « Il est c.. », mais je pense que cette expression défini plus un comportement ; avec des aspects de c…erie élevée, plus qu’une définition complète de l’identité de la personne ainsi considéré. Quoique.. ?
En dehors de ces considérations entre identité et comportement, je pense que mes interrogations se concentrent sur : Qu’est-ce qu’être franc maçon ? Est-ce une définition de notre identité ?
J’essayerai donc d’inclure dans cette planche des éléments concernant cette réflexion.
Cette réflexion entre l’innée et l’acquis liée à la franc-maçonnerie s’est donc naturellement imposé à moi, que je compléterais par l’importance de la spiritualité.
Inné :
Même si la notion d’hérédité était connu depuis le 17eme siècle, la découverte de l’ADN date de 5944 et le décodage du génome des années 90. Depuis cette époque la propagande scientifique a largement contribuer à la croyance que l’être humain est entièrement déterminé par son code génétique et toutes ses caractéristiques et ses capacités sont écrites dans un livre de 20000 génomes. Ainsi nous serions le produit de notre patrimoine génétique, de l’héritage de nos parents.
Mais notre identité ne se résume pas à nos caractéristiques physiques et même si la science génétique était tentée d’étendre sa prédétermination à d’autres caractéristiques, elle ne peut rien prouver concernant l’âme. Il est alors intéressant de parler de notre âme.
Et cette réflexion rejoint un de mes souvenirs d’étudiant : alors que j’avais 17 ans, et que j’écoutais d’une oreille distraite mon professeur de philosophie, une notion a retenu toute mon attention.
Platon posait le postulat que l’être humain possède toute la connaissance possible en réalité, et qu’il la juste oubliée lors de sa naissance, ceci car l’être humain possède une âme immortelle qui voyage de vie en vie.
Cette notion a d’ailleurs donné lieu à un échange avec Socrate. Socrate décrit la maïeutique : c’est-à-dire l’art de faire accoucher n’importe quel homme d’un savoir qu’il croyait ignorer, simplement en lui posant des questions. Il prendra pour exemple un problème mathématique dont il fera découvrir la solution à un esclave sans aucune connaissance mathématique.
J’aimerais vous citer un extrait de « Ménon » de Platon, que j’ai retrouvé, Ménon est le récit d’un dialogue entre Ménon et Socrate au sujet de la nature de la vertu. Cet extrait dit : « L’âme immortelle qui a oublié lors de sa renaissance, alors qu’elle savait tout. Ainsi, immortelle et maintes fois renaissante, l’âme a tout vu, tant ici, ainsi que dans l’Hadès, et il n’est rien qu’elle n’ait appris ; aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que sur la vertu et sur le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement » Ménon, 81b
Donc, notre âme possèderait toutes nos caractéristiques.
Ces deux philosophes établissent alors un postulat fort. L’homme dans sa vie actuelle est le produit de ses vies précédentes et de tout ce que son âme a appris. Notre âme nous définirait alors bien plus que notre génome. D’ailleurs la notion de Karma, très populaire dans les religions orientales, reprends bien ces éléments.
Personnellement, la notion d’âme immortelle me plait bien. Je me plais à croire que mon âme, que toutes ces expériences et que les connaissances que j’aurais l’occasion d’appréhender, auront l’occasion de se confronter à un nouveau chemin, un nouveau contexte.
Je peux alors penser qu’être franc maçon est une caractéristique de l’âme avant même ma naissance. Nous naissons franc maçon car notre âme est juste, libre et de bonne mœurs. D’ailleurs Socrate et Platon, indiquait que notre âme possède ces vertus.
En revanche, notre âme, dans son incarnation, peut être pervertie, peut s’éloigner de la Vertu, ne pas se souvenir de tout ce qu’elle sait ; et rester, toute une vie, dans son ignorance.
Mais je pense qu’une âme de franc maçon trouvera très probablement le chemin d’une loge.
Acquis :
J’aimerais vous parler de L'épigénétique (par étymologie ;« au-dessus de », de la génétique) c’est la discipline de la biologie qui étudie les mécanismes moléculaires qui modulent l'expression du patrimoine génétique en fonction du contexte.
Alors que la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique s’intéresse à une «couche» d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule ou ne pas l’être. C'est un concept qui dément la "fatalité" des gènes.
On peut sans doute comparer la distinction entre la génétique et l'épigénétique à la différence entre l'écriture d'un livre et sa lecture.
C’est dans les années 6000 et 6010, que cette science s’est développée et a mis en avant l’influence du contexte sur l’expression de nos gênes.
Nos expériences, notre lieu de vie, notre nourriture, nos activités sportives, nos émotions, changent nos caractéristiques physique et psychique au plus profond de nous-mêmes, dans l’expression de notre patrimoine génétique.
D’ailleurs l’épigénétique nous indique ce code de lecture, cette couche d’information supplémentaire, peut être transmis par héritage parental, ou créée par notre environnement ou modifiée par celui-ci.
Les recherches sur le cancer, très liées dans les années 2000 à la génétique, prouvent maintenant l’influence de notre environnement.
J’ai récemment entendu une conférence indiquant que 80% de notre santé, serait lié à notre contexte externe et interne.
Mais notre caractère ne reste-t-il pas notre caractère ? nos qualités restent nos qualités intrinsèques ??
J’aimerais alors vous parler de l’effet Pygmalion ou effet Rosenthal & Jacobson. Peut-être connaissez-vous cette expérience, mais je voudrais vous l’exposer :
Rosenthal & Jacobson choisissent pour leur expérience un quartier pauvre, délaissé de la politique et où habitent un nombre important de familles immigrées vivant dans des conditions très difficiles. Ils se présentent dans une école de ce quartier avec une fausse carte de visite et expliquent qu’ils dirigent une vaste étude à Harvard. Cette étude porte sur l’éclosion tardive des élèves (simple test de QI). Toute cette expérience se fait dans un contexte dans lequel l’intelligence a donc un caractère inné.
Rosenthal et Jacobson font passer le test à l’ensemble des élèves, puis s’arrangent pour que les enseignants prennent connaissance des résultats. Mais ces résultats ne sont pas réellement ceux du test de QI, ils comportent des notes distribuées aléatoirement : vingt pour cent des élèves se sont vu attribuer un résultat surévalué.
À la fin de l'année, Rosenthal et Jacobson font repasser le test de QI aux élèves. Le résultat de l'expérience démontre qu'une année après la divulgation des faux résultats de QI, les 20 % surévalués ont amélioré de 5, à plus de 25 points, leurs performances au test d’intelligence. Le hasard a créé un nouveau type d’élèves grâce au regard qu’ont porté les enseignants sur ces élèves.
Donc, en pensant que quelqu'un possède une caractéristique, nous changeons notre propre attitude vis-à-vis de cette personne, et l'influençons de telle sorte qu'il va effectivement acquérir cette caractéristique ou l'exprimer de plus flagrante façon.
L'effet Pygmalion est une prophétie auto réalisatrice qui provoque une amélioration des performances, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d'une autorité ou de son environnement. Le simple fait de croire en la réussite de quelqu'un améliore ainsi ses probabilités de succès.
Ainsi le développement de notre âme dépendrait bien de ce qu’on vit, mais aussi de ce que les autres nous font vivre.
Et tout un autre champ de recherche va dans ce sens. Le mathématicien Richard Bandler et le linguiste John Grinder ont développés la Programmation Neuro Linguistique, dans les années 6970, aux États-Unis. Il s’agit d’un vaste sujet, mais dans le domaine qui nous occupe, on peut s’intéresser à l’analogie du cerveau Humain, de son inconscient, avec un disque dur et un système de programmation, tout comme l’informatique.
Ainsi l’homme se programme depuis sa naissance, au travers de ses expériences et de tout son système limbique émotionnel. Il va ainsi créer des modélisations et des schémas lui permettant de se mouvoir dans ce vaste monde inconnu, en créant une carte et des chemins. L’ensemble de ces habitudes seront la cartographie de ces futurs comportements.
Je suis convaincu que chacune de nos expériences, filtrées par nos émotions ; c’est à dire que l’on vit et comment on le vit, s’inscrira dans ce que nous sommes, dans nos capacités et construira notre identité.
Ainsi devenir Franc maçon ne serait-il pas la conséquence de ce que nous avons vécu jusqu’ici ?
Toutes mes expériences de l’enfance jusqu’à aujourd’hui, toutes mes rencontres ont construit l’homme que je suis. Tous ces éléments ont forgés mon caractère, mon identité ; m’ont amené à la porte d’un temple. Et ainsi mes frères me reconnaissent comme franc maçon.
Mais je m’interroge : Qu’est ce qui fait de moi un franc maçon ?
Est-ce : Etre juste ? Etre libre ? Etre de bonnes mœurs ? Ou est-ce reconnaitre l’universalité de l’être humain, et l’amour fraternel comme ciment de l’humanité ?
Personnellement, Je pense que c’est un peu tout cela. Car aucun frère n’est identique, aucun n’est venu frapper à la porte du temple pour la même raison. Cependant nous avons tous un, ou des points communs, et nous nous reconnaissons comme tels. Je pense que La PNL aborde ce phénomène en le liant à la notion de Valeurs, Valeurs communes, Valeurs partagées.
Rôle de la spiritualité
Que ce soit par le travail de l’âme au cours de ces nombreuses vies, ou dans la création de notre chemin de vie ; la spiritualité est présente.
D’un point de vue philosophique : c’est en se dégageant de tout ce qui est matériel et matière ; En se rapprochant de quelque chose de supérieur et universelle, que l’on brise les limites liées à notre naissance et à son patrimoine génétique.
De même, c’est également en surpassant également nos habitudes, et l’influence de ce qui nous entoure, que l’on peut alors franchir tous les niveaux logiques, exprimé dans l’étude de la PNL. Ces niveaux logiques sont les suivants :
L’environnement, le comportement, les capacités acquises, les croyances, pour atteindre ce qu’est notre identité et finalement aborder le niveau supérieur : la spiritualité, défini dans ce contexte comme étant : le sentiment d’appartenance universelle.
Spirituel « Qui d'autre ? » C'est le niveau d'appartenance et qui répond à la question : « À quel monde je me sens appartenir ? »
Identité « Qui ? » C'est le niveau qui identifie une métaphore illustrant l'identité et la mission du sujet
Croyances « Pourquoi ? » C'est le niveau des croyances et des valeurs, sur soi, sur les autres ou sur la vie.
Capacités « Comment ? » C'est le niveau des compétences et de l'organisation.
Comportement « Quoi ? » C'est le niveau des actions qui sont réalisées ou non.
Environnement « Où et quand ? » C'est le niveau du contexte dans lequel le sujet évolue.
La spiritualité, nous affranchi de notre lieu de naissance, de notre contexte socioprofessionnel. Elle est la clef de notre évolution ; ou l’objectif de cette évolution.
Elle surpasse toutes les analyses de causes/conséquence que nous pouvons faire, elle surpasse la logique de tous nos raisonnements. Il s’agit juste du tout, et de l’universel.
Conclusion personnelle :
Je suis heureux d’avoir eu l’occasion de réfléchir, et d’avoir pu vous présenter cette réflexion sur cette interrogation profonde pour moi.
Ce sujet qui peut paraitre anodin, ou purement technique, de prima bord, se révèle extrêmement important car il touche à l’identité. Qui suis-je ? Le résultat d’un patrimoine génétique ou la somme de mes expériences et de mes ressentis.
Personnellement, Je crois les deux..
Comme la métaphore de la génétique et de l’épigénétique, avec le livre et la lecture du livre. L’un ne va pas sans l’autre. Nous sommes le livre et la manière de lire le livre. Je crois que l’un de nos Frères, impliqué dans l’art du théâtre, partagera mon avis. Il pourra même me confirmer que le meilleur de moi-même ne pourra apparaitre, que par une bonne interprétation de ce que je pense être, le livre de ma vie.
Alors peu importe, mon patrimoine génétique livré par mes parents. Peu importe tous les évènements qui surviendront dans ma vie. J’exploiterais au mieux toutes les capacités que m’ont léguées mes ancêtres ; j’accepterais et je profiterais de tous ce que mon environnement placera sur mon chemin. Et ainsi, je développerais ma spiritualité et l’utiliserais pour mon évolution…L’évolution de la loge…Et l’évolution de la franc-maçonnerie universelle.
Si vous le permettez, je conserverais une croyance : Peut-être qu’une vie ne me suffira pas pour pleinement accomplir ce parcours, et plusieurs vies me seront nécessaires.
Alors j’espère que mon âme est immortelle et quelle aura l’occasion de continuer à évoluer…
Apprenti Damien, Atelier Evolution, le 6 octobre 6016
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