J’ai fait beaucoup de bénévolat à travers plusieurs associations ; défendu des causes humanitaires ; participé à des évènements comme le téléthon, la création d’un réseau d’eau au Burkina-Faso ou encore au Niger dans le cadre de coopérations internationales. Alors que j’essayais d’améliorer mon rang social par un travail acharné, je n’avais pas conscience que mon travail intérieur aurait dû être un de mes premiers chantiers.
Pendant ces deux années d’apprentissage (d’apprenti sage comme l’a si joliment expliqué mon « Tocayo Nicolas M.’. » à travers une de ses planches), j’ai découvert des rites ; j’ai découvert une approche de la réflexion par les symboles et j’ai découvert des personnes, plus que cela, j’ai découvert la fraternité. Il fut parfois difficile de garder le silence, mais aujourd'hui, il devient difficile de parler. D’autant plus difficile de vous parler de moi en pensant aux brillants orateurs qui se sont succédés et m’ont passionnés derrière ce plateau où je me retrouve ce midi.
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Dès mon plus jeune âge, ma mère a souhaité que j’apprenne à nager. Je me souviens du Maitre-nageur qui m’a jeté dans la piscine à l’endroit le plus profond avec pour seule consigne : « nage ».
Quand l’impétrant débute ses voyages initiatiques, on va commencer par le purifier en lui faisant passer l’épreuve de l’eau. Il y a un parallèle entre le baptême religieux et cette épreuve : le baptême religieux consiste à plonger le nouveau-né dans l’eau pour symboliser la noyade et la renaissance. A commencer par le liquide amniotique dans le ventre de la mère, n’est-ce pas un peu comme se retrouver dans le cabinet de réflexion avant de naître à la vie ? En tout cas l’eau est déjà un symbole fort.
L’eau fait partie des nombreux symboles et j’aimerais que l’on s’y intéresse un peu ce midi.
Et quand elle se sublime, elle me fait immédiatement penser à notre illustre modèle dont notre loge porte le nom : Voltaire, passé d’App.’. à M.’. en un éclair.
Cependant, dans les trois états de l’eau, les molécules s’organisent et se combinent de différentes manières pour être liquide, pour être invisible comme l’air ou pour être dures comme la pierre : les Inuits taillent la glace pour bâtir leurs igloos.
C’est pourquoi un cours d’eau est une chaine de molécules qui va de la source, devient une rivière, puis le fleuve jusqu'à former un océan.
Malgré tout, une rivière reste libre car elle va façonner elle-même son chemin. Mais avant tout, elle est fraternelle et elle me fait penser à nos chaines d’union ou chacun est égal, libre mais uni dans la fraternité et la communion.
Cette caractéristique confère à l’eau des vertus et des défauts. Ces vertus sont ses
capacités à « apprendre » en tout cas «à prendre» un peu de chaque élément rencontré sur son passage un morceau de bois, une feuille morte ou une particule de roche…
Ainsi, tel l’apprenti, elle absorbe tout : le bon et le moins bon. Mais lorsqu’elle s’infiltre pour passer à l’intérieur de la terre, le sol va agir tel un cabinet de réflexion et si le terrain rencontré est favorable, l’eau va se purifier et éliminer les impuretés qu’elle aurait pu emporter avec elle et ne garder que les minéraux bienfaisants. C’est l’objectif de tous ici ce midi en taillant notre pierre, éliminer nos impuretés et ne garder que le meilleur de nous-même.
LES OUTILS
Je suis plutôt cartésien, mais depuis que j’exerce ce métier, je dois admettre que les
méthodes scientifiques sont parfois encore limitées. En préparant cette planche, je ne
pensais pas vous amener sur ce terrain, mais force est de reconnaitre que certaines sciences parfois qualifiées d’occultes peuvent être d’une efficacité redoutable pour la recherche en eau.
Un premier usage auquel je pense est le fil à plomb. Bien connu des pécheurs à la ligne
(bien que, si celui-ci est exercé de manière professionnelle est bien un métier de l’eau mais je digresse), c’est plus sérieusement de l’outil rebaptisé PENDULE par les radiesthésistes dont je veux parler.
Cet outil, indispensable pour définir la verticalité depuis le centre de la terre,
indiquant la direction de l’infini va trouver une autre fonction.
En effet, à l’inverse de la recherche d’immobilité permettant de se recentrer et de trouver une direction, le sourcier va appliquer un mouvement de balancier au pendule et se mettre à parcourir le terrain. Pendant sa marche, quand il passera dans une zone où de l’eau est présente :
que ce soit en surface ou dans le sous-sol, le pendule va modifier son balancement pour décrire des cercles. Tiens des cercles... ?? J’y reviendrai plus tard. A ce moment, je pourrai considérer que je suis à la verticale d’un point d’eau.
Mais savez-vous qu’il existe un autre outil maçonnique qui va être utilisé par le sourcier pour le même exercice ? Il s’agit de l’équerre, ou plutôt de 2 équerres.
Pour revenir quelques instants sur le pendule, effectivement ce symbole détourné peut être amené à tracer des cercles. Des cercles cependant incontrôlés ne peuvent être associés au compas. Pourtant, je ne connais pas meilleur dessinatrice que l’eau : capable de tracer des cercles de tous les diamètres et de manière parfaite, ce que ne saura jamais faire l’homme ou la machine.
Ainsi bien que du Cœur et du Centre du monde
L’âme bouille et sourgeonne, et s’inspire à la ronde.
Parmi les intestins et membres du grand Corps
emboîtés l’un dans l’autre, et tous entre eux retors :
Et bien que main Esprit chantourne en son couvercle.
Comme la dormante eau peu à peu, cercle à cercle,
Par le jet d’un caillou commence d’ondoyer,
Et de là plus au loin pli sur pli déployer :
Ou comme du gosier la voix articulée
Est en l’air spacieux au compas tortillée :
Sans l’aide toutefois d’un Moteur plus caché,
Cercle spirituel à nul Corps attaché
Dont le centre est partout, et la circonférence
N’en est en lieu qui soit. l’Âme n’irait courant
Les pores entr’ouverts du Monde envigorant.
Chacun d’entre nous a dessiné en jetant un caillou dans l’eau des cercles dont la
particularité et d’être dessinés non pas avec un début et une fin, mais dans leur ensemble.
Cette mesure de l’eau, c’est aussi la mémoire collective : si vous passez à proximité d’un pont, il y a presque systématiquement une règle sur laquelle on pourra voir un repère qui correspond à la crue la plus haute. Ainsi, la règle est reliée au temps. Les traces du passé et l’hypothèse d’un avenir. Je vous propose un autre parallèle mais pour cela, il faut voir une petite étendue d’eau. Si on considère une petite surface d’eau comme par exemple un bassin ou un étang, une flaque, on peut constater que la surface peut être parfaitement plane. Cette planimétrie peut une nouvelle fois être comparée à la précision attendue d’une règle.
Je vais enfin aborder le Maillet et le ciseau : tailler sa pierre… qui mieux que l’eau est capable de tailler une pierre. Je n’ai pas trouvé un seul exemple d’utilisation du maillet et du ciseau dans les métiers de l’eau, mais pourtant, la symbolique est pour moi d’une évidence implacable. Je vais tenter de vous l’expliquer :
rivières pour laisser des galets parfaitement lisses pour ce qui est mobile, ou des parois à l’aspect lissé pour ce qui est fixe. Imaginez : des pans entiers d’une montagne peuvent s’éroder, se fissurer et se casser car l’eau possède cette propriété de variation de sa densité qui conduite avec le froid à une expansion irrépressible et sans comparaison. Sur la planète et pour ce qui nous intéresse ce midi, imaginez qu’il y a plusieurs millions d’années, les Vosges et le Jura étaient constitués des mêmes matériaux que les Alpes, à savoir pour simplifier et résumer : une roche mère en granit surmontée d’une roche calcaire. L’eau a fait son œuvre et a redessiné le relief de la même manière que dans plusieurs millions d’années les Alpes seront aussi des "Ballons ".
. Ce que je trouve extraordinaire, c’est qu’en plus, la nature a du talent : chaque année, des milliers de touristes se rendent dans le Colorado pour admirer les sculptures taillées de la « main de l’eau » dans la « Monument Valley » ou encore les bords de mer de la Corse de mon enfance ou les plages de sable sont entourées de rochers qui ressemblent souvent à des sculptures complexes dont l’équilibre laisse parfois rêveur !!
La musique de clôture que je vous propose est la Moldau Vltava de Bedrîçh SMETANA
L’auteur a imaginé la rivière qui prends source et va joyeusement déambuler des rapides torrents en méandres de plaine pour arriver jusqu’à Prague et donner cette œuvre magistrale.
Pl :. De passage au II, Nicolas W :. RL Mozart et Voltaire