Tout commence par un songe.
Vous savez ces moments où l’esprit peut s’évader et aller à la rencontre de mille choses.

Cette fois-ci elle m’interpella plus vivement ou avec plus de conviction :
« Hello » … J’ai eu beau regarder autour de moi, mais rien, je ne voyais pas qui me hélait ainsi.
Un rire d’enfant se fit alors entendre… « ha haha je me cache et tu ne me vois pas » Nouveau tour d’horizon et toujours rien…
« Connais-tu l’histoire de Pinocchio la marionnette ? »

Je me décide à répondre même si mon interlocuteur est invisible.
« Oui je connais, enfin un peu… honnêtement très peu… Pourquoi ? »
« Si tu le souhaites je vais te la raconter »
« D’accord »
« Mais tu devras me suivre, en toute confiance, afin de bien tout comprendre »
Un peu désorienté je finis par accepter.
C’est ce voyage, avec des parfums, de la chaleur, des moments tristes et la musique des mots que je vous propose de vivre. Il vous mènera jusqu’en Toscane et plus précisément à Collodi.
En route !
Votre imaginaire prend possession de cette fable vivante. Parcourez-là. Devenez Pinocchio car c’est votre parcours initiatique que vous allez revivre.
Il était une fois… un morceau de bois, une buche toute simple comme il y en des centaines que l’on met dans l’âtre du foyer. Pas un bois d'une essence de luxe, un bois courant et utilitaire, sans valeur. Comme la Pierre qu'ont rejeté les bâtisseurs et qui est devenue la Pierre d'Angle. Et par quel miracle ? Je vous le demande, ce morceau de bois arrive à parler.
Le début de son histoire commence dans l’atelier d’un Vieux menuisier. Maître Cerise.

« Ne me frappe pas si fort » « Aie tu me fais mal » « tu me chatouilles »
Pris de panique, Maître Cerise s’éloigne de l’établi. C’est à ce moment que l’on heurte la porte.
« C’est Geppetto Maître Antonio »
« Entrez »
Geppetto est tout surpris de voir le Maître avec un regard plein de peur qui fixait son établi.
« Mais qu’avez-vous ? »
Il lui expliqua la situation brièvement.
« Et vous Geppetto que venez-vous faire ? »
« Je suis venu vous demander un service, j’aurais besoin d’un morceau de bois, car j’aimerais fabriquer un beau pantin à qui je donnerais la vie, et nous pourrons ainsi parcourir le monde et gagner notre vie.
« Bravo » cria la petite voix.

Pourquoi croyez-vous que Geppetto pourra mieux s’en sortir que le Vieux Menuisier ? Et bien tout est dans les mains.
Geppetto a des mains fortes et pures, celles d’un homme capable de tailler, polir et de donner vie à son œuvre.

Il donna le nom de Pinocchio à sa marionnette. Mais pourquoi ce nom ? La racine de Pinocchio en Toscan (Pinolo en Italien) veut dire Pignon, la graine du pin. C’est une graine comestible. Voilà donc le symbole que Geppetto voulait donner à son petit garçon, un enfant bon et vivant, protégé par un corps en bois telle une coque…
Malgré ce beau nom, Pinocchio ne faisait qu’à sa tête et n’écoutait pas. Geppetto voulait lui enseigner la valeur du travail, la valeur morale, la valeur du métier, mais rien ni fait, ce pantin était un vrai rebelle et refusait toute autorité. Ses frasques on même conduit son Père Geppetto en prison.
Lors de cette mésaventure, il se retrouva seul, il en était presque heureux.
Pinocchio fait alors la connaissance du Criquet parleur, un sage philosophe, qui va essayer à son tour de le raisonner, de le ramener sur le bon chemin, mais là encore ce fût un échec à un tel point qu’il l’écrasa à l’aide d’un Maillet.

La journée se passe et il se dit qu’il serait bien de se préparer à manger car son estomac commençait à crier famine. Mais son Geppetto n’était plus là, et toutes ses tentatives n’aboutissaient pas. Résigné il se dit qu’il devait aller voir au village.
Mais dehors c’est la tempête, l’orage qui gronde avec fracas, au point de faire trembler la terre, Pinocchio à peur et son pas est mal assuré. Mais la faim c’est fait plus forte encore et il continue son chemin dans la nuit la plus complète.

Pinocchio appelle, appelle, et une fenêtre s’ouvre et lui demande ce qu’il veut. Le volet se referme un instant, pour se rouvrir, et Pinocchio reçoit le contenu d’une bassine d’eau, au lieu d’un peu de pain.
Le sommeil le gagne et il s’endort, avec ses pieds posés sur le poêle.
Avec la chaleur des flammes, ses petits pieds de bois commencèrent à se consumer….
Devant ce spectacle Geppetto lui demanda ce qui s’était passé. Pinocchio lui parla des trois épreuves qu’il dû affronter l’air (avec la tempête et l’orage), l’eau (avec la bassine) et le feu (avec le Poêle) pour trouver à manger.
Mais ces épreuves ne lui suffirent pas à le faire réfléchir et l’histoire qu’il raconte, est sa version, mettant la faute notamment sur ce pauvre Grillon et les autres….
Geppetto a bien sur refait les pieds de son pantin, mais en le laissant un peu dans l’attente afin de lui faire comprendre que son attitude à mentir et jouer des tours pendants n’était pas celle d’un petit garçon. Il souhaitait qu’il réfléchisse sur lui-même, et seul.
Pinocchio promit de ne plus recommencer et même d’aller à l’école.
Geppetto très heureux de cette nouvelle et malgré sa pauvreté, arriva à confectionner des habits pour que Pinocchio puisse aller à l’école.
Il alla jusqu’à se démunir de son manteau pour lui acheter un Abécédaire.
Geppetto ne s’est pas posé de question et dans sa richesse de cœur et d’esprit il donna ce qu’il avait.
Voilà notre Pinocchio plein d’entrain et de promesses.
Mais sur le chemin qui doit le mener à l’école il va rencontrer moult tentations...

Il sera mis à l’épreuve du monde profane.
Son égo sera flatté lorsque Pinocchio rencontrera le théâtre des marionnettes, où il recevra une ovation à son arrivée.
Il ira même jusqu’à sauver Arlequin des flammes du montreur de marionnette Mangefeu.
Devant cet acte, Mangefeu est pris d’affection pour Pinocchio et il l’interroge sur qui il est, où est son père… Pris de pitié et en guise cadeau il lui donna 5 pièces d’or en lui recommandant de les remettre à Geppetto.
Malgré l’intervention du merle blanc et de l’ombre du Grillon-qui-parle, qui lui conseillèrent de retourner chez Geppetto et de ne pas se laisser compromettre par l’appât de l’argent et qu’il devait abandonner toute passion vénale.
Pinocchio s’entête à continuer son chemin voulant rendre riche son Papa Geppetto. Le Grillon-qui-parle disparu, la nuit devient encore plus noire qu’auparavant.
Pinocchio fera la rencontre de brigands de grand chemin qui voulaient lui voler son argent. Il cachât ses pièces d’or sous sa langue, puis lutta, courut, mais il fût rattrapé et pendu par les pieds pour que ses 5 pièces d’or tombent.

Pinocchio était à l’agonie et ne bougeait plus, il semblait déjà mort… C’est alors q’apparut une belle Fée aux cheveux bleus, qui trouva Pinocchio pendu. Elle le détacha et le ramena chez elle.
Le Corbeau et la Chouette oscillaient entre l’avis que Pinocchio était bien mort ou alors encore vivant.

Le Corbeau et la Chouette oscillaient entre l’avis que Pinocchio était bien mort ou alors encore vivant.
Quand le Grillon qui parle, il prit la parole, il leur expliqua qu’il connaissait bien le pantin et qu’il était un sacré coquin, un petit voyou, un tire-au-flanc et un traîne-savates…. Et qu’à force de désobéir il fera mourir de chagrin son pauvre Papa.
Au départ des 3 médecins, la Fée prit soin de Pinocchio. Mais pour cela il fallait qu’il boive un breuvage.
Pinocchio demanda s’il était doux ou amère.
La Fée lui proposa un peu de sucre et ensuite lui dit qu’il devrait prendre le breuvage amer, et le boire jusqu'à la lie…
Le pantin lui dit alors les avoir perdu.
A ce troisième mensonge son nez s’allongea si fort qu’il ne pouvait plus faire de mouvement sans cogner les murs.
La Fée se mis à rire de ses mensonges et pour lui donner une leçon elle le laissa ainsi avec son long nez un bon moment.
Prise de pitié, la bonne fée, rendit au nez du pantin sa taille normale et lui dit qu’elle serait heureuse qu’il devienne son petit Frère.
Avec toutes ses aventures Pinocchio était envahi de remords et ne pensait plus qu’à retourner vers son Papa Geppetto. Mais les tentations ne se feront pas attendre, avec la 2eme rencontre du chat et du renard. Ayant raté leur forfait la première fois et étaient bien décidé de réussir cette fois ci.
Pinocchio s’est donc fait voler ses pièces d’or au pays des Nigauds. Voulant dénoncer le vol qu’il avait subi, il se retrouve lui-même en prison.
Heureusement, lors d’une grande célébration l’Empereur du pays des Nigauds ordonna que l’on délivre tous les bandits. Et c’est ainsi que Pinocchio retrouva la liberté.
Sorti de prison, son envie était de retourner à la maison de la Fée et aller voir son Papa. Sur le chemin il se remit en question et pris la résolution de changer et de devenir un petit garçon obéissant. Mais d’autres tentations, d’autres mauvaises rencontres l’attendaient avec le serpent, le fermier et les fouines…
Dans toutes ces nouvelles mésaventures, il y a comme un changement ou plus précisément comme un juste retour des choses. Ce n’est plus Pinocchio qui fait les bêtises et paye les pots cassés. Il se fait réprimer alors qu’il essaye de vouloir être mieux. Nous sommes à un tournant, de l’histoire, les premières transformations s’opèrent.
Pinocchio va vivre une terrible épreuve.
Le voilà donc parti à pleine enjambée pour rejoindre le château de la Fée. Mais à son arrivée, plus de château… il n’y avait plus qu’une pierre gravée où il put découvrir que la Fée était morte de douleur d’avoir été abandonné par son Frère Pinocchio.

C’est à cet instant qu’un pigeon s’approche de lui et demande s’il ne connaît pas un certain Pinocchio ? Devant une telle question il bondi et répond « mais je suis Pinocchio, comment connaissez-vous mon nom « ?
Le pigeon lui explique avoir laissé un pauvre homme, qui fabriquait une barque pour aller chercher son fils Pinocchio à travers les pays lointains.
Devant une telle annonce, Pinocchio demande au pigeon de l’y conduire. Après un long voyage, le pigeon posa le pantin au bord de mer. Il y avait là des gens qui hurlaient en faisant de grands gestes tout en regardant au large. Pinocchio interroge et on lui répond que c’est un Papa qui est parti à la recherche de son fils. Mais la mer est démontée et la barque est sur le point de chavirer.
Le pantin reconnait au loin Geppetto et lui fait des signes. Geppetto reconnait son fils, mais la mer était tellement démontée qu’elle semblait engloutir la barque.
Ne voyant plus la barque, les pêcheurs conclurent tristement à la disparition du Papa. Dans un hurlement de désespoir, Pinocchio se jette à la mer. Les pêcheurs le perdirent également de vue et chacun rentra chez lui bien triste.
Malgré toute l’énergie qu’il put mettre, il ne retrouva pas son Papa et échoua sur l’île des Abeilles. Marchant sur cette île, il fût surpris du fourmillement des gens, tous s’activaient, tous travaillaient, tous avaient quelque chose à faire. Devant tant de labeur, ce fainéant de Pinocchio eu peur et se dit que cet endroit n’était pas pour lui.
Mais la faim le gagne à nouveau. Il mendie mais ne reçoit rien, à chaque fois il doit fournir un travail pour recevoir. A chaque fois Pinocchio refuse. Finalement il accepte de porter des cruches d’eau contre un bon repas pour une jolie Dame. Arrivé chez elle et après avoir dévoré le repas, il reconnaît la Fée, sa sœur… La chaine a-t-elle retrouvé son maillon….Il se jette alors à ses pieds et lui demande comment elle a fait pour grandir si vite ? C’est comme si elle était devenue sa maman.
Elle lui explique que c’est un secret. Mais de toute façon il ne pourra jamais grandir car il est un pantin et non un enfant. A moins qu’il commence à devenir un bon petit garçon sage et obéissant.
Une fois de plus Pinocchio promet mais sa promesse s’envole bien vite et le voilà de nouveau embarqué dans des mésaventures. Il revient une énième fois vers la Fée, qui accepte de le pardonner mais pour la dernière fois.
Pinocchio a tenu sa promesse pendant le reste de l’année et il reçoit même la distinction du meilleur élève.
Devant une telle amélioration, La Fée, enchantée lui promet que demain, son désir sera enfin exaucé et il deviendra un vrai petit garçon et qu’elle organisera une grande fête. Pinocchio fou de joie, veut aller prévenir ses copains et les inviter. La Fée accepte, mais lui demande de revenir à l’heure et de ne pas faire de bêtises… Et voilà que toute cette belle euphorie s’envole à nouveau car Pinocchio va désobéir et se laisse entrainer.
Le temps des épreuves est de retour. Il devait faire route vers la lumière qui lui était donné par l'instruction, la connaissance des mystères s’ouvrait à lui et il allait devenir un enfant, mais il s'égare une fois de plus.

Il succombe aux mirages de la facilité et part au pays des récréations. Après un temps de cocagne, voilà que Pinocchio se rend compte qu’il se transforme en un Ânon…, symbole de l’humiliation. Il sera acheté par le directeur d’une troupe de funambule afin qu’il danse et saute pour faire rire le public.
Mais un soir il se blesse et le directeur le vend pour en faire un tambour avec sa peau. On lui passa une corde au cou et le jette à la mer pour qu’il meure noyé. Délivré in extrémis par la bonté de celui qui l’avait acheté, Pinocchio repart en mer pour chercher son Papa Geppeto.
Sur son chemin il croise le terrible poisson et se fait engloutir.

Pinocchio va se retrouver dans une cavité, une matrice, semblable à une grotte.
Il y voit Gepetto qui est assis à la lueur d'une bougie.
Pinocchio comprend enfin qu’il doit se projeter en tant homme et pour cela il devra passer par le cabinet de réflexion, duquel sortira un Homme nouveau.
Il va donc aider Gepetto à quitter cette grotte, quitter le ventre du requin. Cette épreuve sera celle de la mort et de la renaissance et donc de la transformation. Pinocchio n’aura plus de fils pour tenir ses membres, comme si ses chaînes étaient tombées.
Il deviendra un Homme. Il ne sera plus une marionnette manipulable, mais un Homme libre qui fait ses choix et les assume.
Nous voilà au bout d’un sacré voyage ou d’un voyage sacré…
Mais alors ses références maçonniques, les a-t-il écrites par choix, par facilité ou par ironie ? Ce qui est sûr, c’est que son succès (qu’il ne trouva pas avec ses œuvres ultérieures) reste une histoire universelle, cohérente et intemporelle, tout comme notre méthode maçonnique qui va passer 3 siècles d’histoire sans avoir une ride.
Michel Huwart RL Mozart et Voltaire 2017
Carlo LORENZINI; (1826-1890) Pinocchio
Jean Marie GOURIO L’Arbre qui donna le bois dont on fit Pinocchio