Un Maçon se construit lentement. Il faut du temps pour polir sa pierre, encore plus de temps pour trouver la place de sa pierre dans le temple hétéroclite et harmonieux que nous reconstruisons sans cesse. Peu importe l’âge profane du nouveau apprenti, on sait que le voyage va durer... ou s’égarer. Ainsi, le “vieux” Maçon est une “ressource rare” et vitale, une pierre vivante qui a une histoire difficilement remplaçable.
Pourtant, parfois, le miracle arrive, un F:. Nous rejoint déjà initié, déjà mûri, chargé comme une bonne abeille du miel d’égrégores d’ailleurs, qui nous enrichissent sans mérite de notre part.. autre que de savoir le reconnaitre et de faire notre sa différence. Si son voyage n’était entièrement libre et responsable, on dirait qu’on a dérobé une bonne pierre taillée d’un chantier voisin. Heureusement, le voyage, ou le retour, est d’un homme libre sincère.
Chacune de ces planches de maturité Maçonnique porte une expérience unique, c’est pour cela que nous les avons invités dans notre trésor des planches, pour qu’elles ne s’oublient pas. Ensemble, elles expriment en vérité qui nous devenons et de qui nous sommes faits.
I
Planche d’affiliation à Mozart &Voltaire
Vénérable Maître, Dignitaires qui décorez l’Orient, mes TTCCFF et TTCCSS en vos grades et qualités.
Après avoir dit «vous» durant plus d’une année, je vais désormais penser «nous».
Nous, cela sonne bien pour moi, j’ai besoin du regard d’autres –idéalement des FF- pour tailler ma pierre, l’homme ne pouvant pas voir le sommet de sa propre tête, comme nous le rappelle ce très vieux proverbe du soufisme africain.
J’ai dix ans de boutique, autant dire rien, comme aimait à me le rappeler le F:. trickster de ma Loge Mère, c’était un atelier laboratoire de Georges Kleinmann, également membre fondateur de M&V, deux ateliers au même Rite Français, le Groussier, celui où je me sens le plus confortable pour travailler. Une même acclamation aussi : Liberté ! Égalité ! Fraternité !
Le laborantin en chef, mon maître Vénéré, s’en étant allé porter son baryton puissant vers les étoiles, d’autres événements aussi ont fait, qu’un midi, j’ai toqué à votre porte et bien que je fusse un Maçon sans attaches, vous me reçûtes es qualité.
Il est vrai que vous appliquez, après les avoir co-rédigés au titre du Grand Orient de Suisse, les considérants de l’appel de Strasbourg de 1964, mon credo, socle de la FM libérale, qui stipule notamment : «est reconnu Franc- maçon tout homme libre et de bonne mœurs, initié dans une loge Juste et Parfaite».
Durant plus d’une année, bien que j’aie pris la parole plus souvent qu’à mon tour, je vous ai aussi écouté, vu pratiquer avec élégance et succès notre méthode, observé avec acuité et ai ressenti cette vraie et profonde fraternité à laquelle nous sommes en droit et en devoir d’aspirer, en droit car nous partageons des valeurs fortes et en devoir, puisque la tâche qui nous attend est immense et qu’on le vaut bien.
C’est un choix intéressant.
A Mozart et Voltaire, les différences créent de la richesse et dans un monde profane qui s’agrège par affinités, par ressemblances souvent électives, entre ces colonnes nos affinités sont nos valeurs et inversement. En substance, la maçonnerie telle que vous la pratiquez est pour moi un prototype du mieux vivre ensemble de la société en général. Car, quelles que soient les différences, il y a toujours de la bienveillance, ce moteur de la tolérance.
C’est une leçon intéressante.
Si la méthode maçonnique nous est connue, la compréhension des finalités de celle-ci vient après la vendange, malgré tous les efforts de notre raison. C’est en tous cas comme cela que ça se passe pour moi. Voilà qui pousse à l’humilité et bien mieux que l’humilité, à la réflexion objective. Celle-ci ne pouvant bien s’effectuer qu’en regard du cœur.
Avec St Ex, l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur et en un mot comme en cent : vous êtes un atelier selon mon cœur. Ce que j’aime aussi à M&V et plus largement en FM, c’est que nous sommes - contrairement aux systèmes de pensée où la croyance pèse de tout son poids et règne en tyran- nous sommes libres des contenus de notre pensée, avec pour garantie notre fraternité, notre recherche de cohérence. Tout cela, modéré par des consensus forts, dans lesquels les valeurs de chacun ont pu garder leurs poids, leurs mesures et leurs mystères.
Et pourtant, M&V s’est fondé sur la mise en tension improbable entre Mozart, l’artiste et le Voltaire penseur. De la dichotomie apparente naît cette puissante harmonie que je vous ai brossée plus haut.
J’ai eu aussi dans mon ADN maçonnique mon Voltaire et mon Mozart, feu Georges que les plus anciens d’entre vous ont connu et feu Serge Moro, artiste sculpteur, anarchiste et libertaire. Ensemble, ils ont produit de la valeur ajoutée, et notamment un tracé sur l’artiste et son art dont je vous tiens copie à l’issue de nos Travaux, Serge ayant réalisé la copie conforme des grottes de Lascaux que l’on peut voir en lieu et place de l’original.
Je ne vais pas conclure ce midi, mon tracé ne fait que commencer avec ces quelques mots, il continuera sa course entre l’angle et la courbe, par l’action que je veux féconde. Entre le logos, l’épistémé et la praxis.
J’ai dit, Vénérable Maître !
Di. Is. MV Le 27 novembre 6017
II
RL Le Labyrinthe
VM et vous tous MMFF en vos grades et qualités,
Il y a cinq ans, mon épouse et moi-même prenions la décision de quitter la région Nantaise et de venir vivre en Suisse ou mes parents résidaient depuis une vingtaine d’années.
Ce choix ne fut pas évident et à la difficulté de laisser mes enfants ainsi que mes amis, s’ajoutait la difficulté de quitter ma loge mère dans laquelle j’étais très impliqué et officiais en tant que Grand Expert depuis une année.
Il me restait une année à effectuer au service de mes FF et c’est la raison pour laquelle je me suis débrouillé pour me rendre à Nantes tous les quinze jours, faisant coïncider mes visites à ma plus jeune fille (alors âgée de neuf ans) avec les jours de tenues…
Cette situation n’était pas la plus simple mais cela me permettait de retarder le moment fatidique ou j’aurais à opérer un choix et couper symboliquement le cordon ombilical.
L’on dit que choisir c’est renoncer et je ne me sentais pas prêt à «quitter le nid » chaleureux et protecteur de ma loge mère.
De même que les couples aiment à se remémorer avec une douce nostalgie les circonstances de leur rencontre, j’aime à me remémorer ma rencontre avec la Mac :. :
Depuis ma majorité, j’avais toujours atteins les objectifs que je m’étais fixé et eu un contrôle assez précis sur ma vie.
J’avais embrassé la carrière militaire et durant toute cette carrière, je n’ai jamais connu l’échec.
Après quinze ans de bons et loyaux services, je montais une société de services dans le domaine de l’automobile et là encore, pas d’échec.
Puis, voulant allier montrer avec ma passion pour le sport, je créais un club de remise en forme à Nantes.
Au début tout allait pour le mieux et je trouvais cela normal. Mais il y a une douzaine d’années, face à la concurrence des clubs low cost, mon chiffre d’affaire a commencé à baisser de façon importante et la cessation d’activité devint inévitable.
Sur le plan personnel, ce n’était pas brillant non plus. Mon mariage battait de l’aile et là aussi la fin était inéluctable.
Alors pour la première fois, par la force des événements j’ai dû me poser et faire un point de situation. L’échec a ceci de positif qu’il force à la remise en question.
Après quoi avais-je couru pendant toutes ces années ?
Qu’avais je fait de ma vie ?
Sur quelles fondations avais-je bâti mon édifice pour qu’il soit fragile au point de s’écrouler à la première tempête ?
A défaut de solutions à mes problèmes, j’ai cherché des réponses à mes questions.
Il m’est apparu que j’avais toujours foncé pour atteindre des buts matériels ou de réussite sociale au détriment de toute spiritualité. Mais à l’approche de la quarantaine je ne pouvais plus me contenter de ces basiques. Je commençais à me dire que si ma vie se limitait à gagner de l’argent et de la reconnaissance, l’aventure de la vie était décidément bien fade et très fragile.
C’est sur cette faible intuition que je m’ouvrais à mon père de ma volonté de me rapprocher de la FM. Je pensais qu’il allait me dire que je me perdais et que mes questionnements m’égaraient, mais sa réponse allait me sidérer.
En effet, ce soir-là, mon père se dévoila et il m’apprit que lui-même avait effectué cette démarche quarante ans plus tôt !
Un an plus tard, je recevais la grande lumière et je devenais un fils de la respectable loge DADA à l’Or de Nantes. Je n’ai jamais eu à regretter ce choix, j’ai réellement ressenti la fraternité Mac:. L’amour sincère et bienveillant de mes FF, la magie de cet espace hors du monde profane ou l’on confronte les idées mais jamais ceux qui les défendent.
La Mac :., à défaut de répondre à toutes mes questions, m’a aidé à me tempérer, à ne pas juger, à écouter et non pas seulement entendre, à faire preuve de plus de patience et de tolérance y compris et surtout vis à vis de moi-même…
Ce midi Paul et moi-même demandons une affiliation, mais peut-être serait-il plus approprié de parler d’adoption. Car même si nous sommes tous des enfants de la veuve, et tous FF, chacun de nous est né dans sa loge mère et il en est donc le fils « naturel ».
Mais je sais par expérience que lorsque le destin nous sépare de ceux qui nous ont donné la vie, cela ne signifie pas pour autant la fin de notre histoire mais l’obligation de poursuivre son chemin du mieux possible, et savoir extraire des enseignements et de la force des épreuves qui nous ont été imposées tout comme lors de l’initiation… Lorsque l’on demande à s’affilier, c’est que l’on cherche à recréer un lien de filiation.
En Mac :. nous avons la chance de pouvoir visiter différentes familles avant de choisir sa famille d’accueil. C’est la raison pour laquelle, l’année suivant mon arrivée en Suisse j’ai commencé à visiter différentes familles d’accueil potentielles.
Sans flagornerie aucune et en toute franchise, il n’y a qu’au Labyrinthe ou j’ai retrouvé les éléments d’alchimie qui justifiaient que je choisisse de venir me ressourcer tous les quinze jours dans cet égrégore spirituel plutôt que de rester tranquillement chez moi avec ma famille.
J’ai vu ces colonnes garnies de FF d’un Labyrinthe aux effectifs plus fournis, je le vois aujourd'hui un peu plus clairsemé, mais j’ai pu constater que la chaleur et la qualité des tenues sont toujours aussi intenses.
Je suis motivé, mes intentions sont pures, je suis libre et je crois être de bonnes mœurs, ma volonté d’ajouter mon maillon à votre chaine est sincère. Ainsi et pour toutes ces raisons, mes FF je me présente devant vous ce midi pour vous demander de me faire l’honneur et la joie de m’accepter comme F :. et comme fils adoptif de votre respectable atelier.
J’ai dit
Mi. An :. Labyrinthe 2017
III
Pour mon affiliation au Labyrinthe
Merci du fond du cœur, mes biens Chers Frères de m’accueillir au Labyrinthe pour partager un bout de route avec vous.
Après avoir envoyé ma demande d’affiliation l’été dernier, je ne vous cacherai pas que j’ai eu un léger mouvement de recul au début septembre, en apprenant qu’à l’issue d’une réunion de travail de la Chambre du Milieu, il a été décidé que la Loge fonctionnerait pendant un certain temps sans Vénérable Maître élu.
J’ai laissé passer quelques jours, puis progressivement, il m’est apparu que cette Loge dans son état à ce moment-là, ressemblait à quelque chose que je connaissais déjà, qu’elle y ressemblait de manière frappante et qui m’était chère.
Il y a un an ou deux, alors que je m’étais retiré de toutes activités maçonniques depuis longtemps, j’ai réfléchi un jour à quoi pourrait ressembler la Maçonnerie idéale pour moi, celle qui me donnerait envie d’y retourner… Attendez mes Frères, ne vous crispez pas tout de suite, je sais bien que c’est là que tout se complique : la Franc-Maçonnerie idéale des uns ne ressemble que rarement et de très loin à la Franc-Maçonnerie idéale des autres. Je voudrais pourtant partager avec vous cette image qui s’est faite en moi, à ce moment-là.
Dans ma Loge idéale, il n’y avait pas non plus de Vénérable Maître élu. Les charges se répartissaient avant chaque Tenue, selon les envies et les disponibilités des uns et des autres. Il n’y avait pas d’ordre du jour préétabli.
Le rituel d’Ouverture des Travaux était effectué avec soin et concentration, puis la Parole et le Silence étaient mis ensemble sur les Colonnes.
Dans la maçonnerie de mes rêves, après avoir quittés les vicissitudes du monde Profane, nous entrions alors dans un moment de méditation, laissant opérer sur nous les effets du Rituel d’Ouverture. Un moment où chacun avait conscience qu’une Parole ne serait dite que si les mots prononcés étaient au minimum aussi beaux, profonds, nourrissants et indispensables que le Silence créé ensemble.
Le point culminant de la Tenue était évidemment la Chaîne d’Union, juste avant la Fermeture des Travaux. Durant la Chaîne d’Union, le Vénérable Maître, par ses mots improvisés ou par son Silence, rassemblait et resserrait énergie de égrégore créée ensemble.
Bien sûr, mon rêve de Maçonnerie idéale, n’est ni un objectif ni un dogme personnel que je voudrais imposer de quelque manière que ce soit autour de moi. J’entre simplement au Labyrinthe avec des désirs et de l’énergie, car je sais bien qu’il en faut pour mener à bien l’œuvre de construction que nous nous fixons.
Je sais aussi parfaitement que ma pierre doit s’insérer dans un édifice constitué de toutes les autres pierres présentes, et que si c’est la difficulté principale de l’exercice maçonnique, c’est aussi sa plus grande noblesse.
Mes Bien Chers Frères. Je voudrais profiter de ce moment de parole qui m’est accordé pour poser une question amusante, lancinante ou totalement anxiogène, suivant qui la pose et à quel moment de la vie d’une Loge ou de son propre parcours maçonnique :
A quoi sert la Franc-Maçonnerie ?
A mon avis, elle ne sert à rien. Si elle devait servir à quelque chose, en 300 ans d’existence, on aurait quand même dû en voir les fruits de son utilité. Et ce n’est pas l’alibi usé jusqu’à la corde des cuisines scolaires genevoises, qui contredira ma conviction.
En forçant le trait, je dirais que ceux pour qui la maçonnerie devait nécessairement servir à quelque chose, condition sine qua non de leur présence sur les Colonnes ou les Plateaux, sont partis. Ils ont quitté ce chantier avec leur besoin de Progrès et de progressisme, et avec des majuscules partout. Ils sont partis avec leur conviction qu’un chœur mixte c’est forcément mieux qu’un chœur d’hommes.
Dit comme cela, c’est un peu abrupt, j’en conviens. Alors, je vais reposer la question car il y a mille réponses possibles, et utiliser pour cela une analogie avec la musique. A ce propos, pardonnez-moi d’user de références musicales plus souvent que maçonniques : depuis les seize dernières années, j’ai beaucoup plus fréquenté le monde de la musique et des musiciens que celui du bâtiment et des outils de la construction, fussent-ils symboliques.
A quoi sert la Franc-maçonnerie ? C’est comme de se demander, à quoi sert la musique ? Et je parle bien de la musique qui ne sert à rien. Celle qui ne fait pas partie des musiques dites fonctionnelles. Les musiques fonctionnelles sont celles qui servent justement à quelque chose : à danser, à pleurer, à prier, à accompagner les images d’un film ou la déambulation des consommateurs dans les supermarchés. Non ; je veux parler de la musique qui ne sert à rien, qui n’a d’autre justification que celle d’exister et d’agir sur celui qui l’écoute ou la pratique : un concerto de Bach, un solo de sax ténor, une Symphonie de Mozart, ou un riff de guitare électrique.
A mon avis, la Maçonnerie, tout comme la musique ne servent à rien, hormis l’effet qu’elles produisent sur ceux qui les pratiquent. C’est désespérément peu en regard de tout ce qu’il y a à sauver dans le monde, à commencer par la planète elle-même… Mais c’est beaucoup à l’échelle de l’infiniment petit de ce que nous sommes, tous et chacun, individuellement.
La musique et la Maçonnerie sont inutiles et pourtant absolument nécessaires à ceux qui les fréquentent. C’est en laissant leurs pouls battre à leurs rythmes dans nos veines, C’est en les laissant agir sur nous simplement, qu’elles peuvent assurément affermir, approfondir, assagir, embellir et enrichir nos vies.
S’agissant de la Maçonnerie, il suffit de laisser agir sur nous les trois Lumières de la Sagesse, de la Force et de la Beauté, indissociables les unes des autres, les rituels que nous pratiquons en Loge, les silences et les paroles prononcées, les Chaînes d’Union fraternelles, que nous recevons notre Salaire. Le montant du Salaire dépendant évidemment de la texture, de l’épaisseur et de la qualité de notre désir.
Dans le fond, mettre nos habits maçonniques, faire le trajet jusqu’au Temple, mettre nos gants et notre tablier et passer ensemble ce moment si particulier qu’on appelle une Tenue, révèle simplement que nous sommes encore – et quels que soient nos âges symboliques ou celui de nos artères, quels que soient nos Grades et nos Qualités - des êtres de désirs.
Quand nous n’en aurons plus, nous ne viendrons plus. Nous en avons tous connu, des Maçons dont le désir s’est tari. Quand un désir nous quitte, il est remplacé par un autre désir, un désir d’autre chose. Il n’y a aucun mal à cela. C’est ce qui m’est arrivé à moi aussi durant seize ans. Puis un jour, quand tout désir aura disparu, nous serons morts, dans le si bien nommé état de repos éternel, et le monde continuera sans nous.
En écrivant ces lignes, je me rends compte d’une chose. Ayant pratiqué la maçonnerie avec passion durant seize ans de ma vie, puis en m’en étant tenu éloigné durant seize autres années pour vivre d’autres désirs, j’en suis arrivé aujourd'hui à un moment de mes aspirations personnelles où je me retrouve dans une sorte d’état d’urgence que je ne connaissais pas quand j’étais plus jeune. Quand j’étais plus jeune, j’avais l’éternité devant moi ; ce n’est plus le cas aujourd'hui.
Aujourd'hui, j’aspire à créer, à vivre et à recevoir de la Sagesse, de la Force et de la Beauté ici et maintenant, car il n’y a plus de temps à perdre.
A chercher encore et toujours le Centre, l’axe vertical, celui qui se déplace avec moi au gré de mes pas, de mes objectifs, et aussi de mes errances.
A réunir ce qui est épars, mais aussi éparpiller ce qui doit l’être comme les feuilles des arbres en automne.
A composer ou à improviser ensemble avec mes Frères des symphonies symboliques, en accepter les harmonies sommaires ou complexes, mais aussi les cacophonies qui pourraient en naître.
A Joindre mes mains à ceux de mes Frères, aux vôtres, pour sentir la chaleur de la Chaîne d’Union, mais aussi à boire des canons ensemble à la fin des travaux, fût-ce dans d’infâmes gobelets en plastique.
Et enfin, choyer un Atelier maçonnique en perpétuelles construction-deconstruction pour en faire - pendant un fragment de temps volé à Eternité - le Temple de nos aspirations spirituelles.
C’est pour tout cela et pour tant d’autres choses qui se dérobent aux mots, que je vous rejoins, Vénérable Maître et vous tous, mes bien Chers Frères, et que j’en suis heureux.
K Pa Labyrinthe, Automne 2017
IV
Mozart et Voltaire, en Novembre 6017
Vénérable Maître, Dignitaires qui décorez l’Orient et vous tous mes SS, dont je salue la sororité et mes FF :. B:.A:.
Mon affiliation, ce midi, à la RL M&V, simultanément avec celle de mon désormais jumeau en FM, notre B:.F:. Di :. restera désormais mon ancrage idéologique.
Si l’on en croit Paul Eluard, «Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous» Ce qui pourrait être un appendice à l’avertissement antérieur de Blaise Pascal selon lequel «Vous ne vous trouvez au monde que par une infinité de hasard. Votre naissance dépend d’un mariage ou plutôt de tous les mariages de ceux dont vous descendez. Mais ces mariages, d’où dépendent-ils? D’une visite faite par rencontre, d’un discours en l’air, de mille occasions imprévues».
Cet incipit a pour but de préciser que j’ai été conçu à Bordeaux, du temps où mon géniteur, comme disent les Italiens, avait fui la dictature de Primo de Rivera. En enlevant, en même temps la femme qu’il aimait. Qui est devenue ma mère bienaimée.
Puis a surgi la seconde République espagnole, le 14 avril 1931. Le jeune couple est retourné dans la province de León. Où je suis né sept mois plus tard.
Il serait trop long et mal venu d’évoquer ce midi le reste de ma vie, pleine d’heurs et de malheurs. Deux faits constants caractérisent ce long séjour terrien.
D’une part l’empreinte indélébile des bombes allemandes quand je me trouvais réfugié non loin de Guernica. Dont le syndrome est ancré en moi. D’autre part mon adhésion à la Franc-maçonnerie, il y a près de soixante ans. Dans ce domaine, j’ai erré jusqu’à me retrouver Orateur d’une loge d’une autre obédience.
Puis est intervenue la rencontre avec mon très très F:. Loup. Lequel m’a fait découvrir le GODS
Aujourd'hui, mon livre de vie a presque atteint sa limite de pagination et
approche du mot «Fin».
Mais je continue de me consacrer à ma drogue. Car j’ai appris à lire et à écrire. Dès lors j’écris…Il m’arrive même d’être «Nègre» pour autrui. Je continuerai d’écrire, tant que ce que j’appelle mon «locataire du dessus» continuera d’être un obéissant complice.
J’adore les jeux de mots. Au point de glisser, intentionnellement, des fausses fautes d’orthographe. Par exemple, dans un courriel envoyé à une amie, j’ai rédigé avec un seul S «je t’embrasse» Cédant ainsi, de la constante tentation de céder à l’envie de séduire tapie au fond de mon être.
Mais il est temps de quitter ces badineries, pour évoquer le temps où j’avais répondu à l’appel de nos BAF Laurent et Roger. De cette initiative était née une filiale de M&V portant le nom de notre F:. Victor Schœlcher. Dont la mémoire honore notre Ordre. Puisque c’est lui qui a obtenu l’éradication de l’esclavage. Cette RL, devenue exsangue, s’est éteinte.
Mais mon «héritage» constitue un «retour à la maison». Je le fais, habité par l'avertissement du poète William Blake:
«Qui lie à soi-même une joie
Détruit en fait la vie ailée
Mais qui embrasse la joie quand elle vole
vit dans l’aube de l’éternité»
C’est pourquoi j’invite mes SS et mes FF à partager la joie que j’éprouve ce midi.»
Car, lorsque je serai contraint de m’absenter des bienfaisantes tenues, M&V continuera de faire connaître dans le monde profane, les vérités qui en émaneront. Sous la triple devise de Liberté-Égalité-Fraternité.
Nicolas Munoz de la Mata Mozart et Voltaire 2017