© Le bonnet phrygien N° 16 – mai/juin 2018 Journal de la Loge Liberté n° 21, GLSA
En maçonnerie, je n’ai pas trouvé ce que je cherchais, mais j’ai trouvé ce que je ne cherchais pas ! C’est peut-être l’aspect merveilleux de ma démarche : si j’avais trouvé simplement un espace de plus pour philosopher, un prolongement de ma salle de classe, je ne serais probablement pas resté en Maçonnerie. Quand j’étais à Toulouse, j’avais la société de philosophie ; ici, il y a la société vaudoise de philosophie et au départ, j’ai pensé que la Maçonnerie était une société savante. En fait, j’ai trouvé un espace où il y a des échanges intellectuels, c’est vrai, mais ce n’est pas l’essentiel ; l’essentiel, c’est l’échange fraternel, ce qu’on éprouve est largement plus important que ce qu’on prouve. Il y a en Loge à la fois un débat conceptuel et aussi des échanges émotionnels. C’est cette alliance au sein du moi intime, cette alchimie entre le cœur et la raison qui fait la spécificité de la Maçonnerie et qui rend pour moi la démarche maçonnique unique. Ce n’est donc pas un simple complément à ma vie d’enseignant de philosophie ou de philosophe chercheur.
B.P. : Ou as-tu rejoint la FM? En Suisse ou en France?
Alexandre : En Suisse ! J’ai été initié dans la Loge Le Labyrinthe [1] , Loge du Grand Orient de Suisse travaillant à l’Or:. de Genève. A l’époque, j’enseignais au Lycée français de Genève tout en habitant à Lausanne. Au tout début, quand j’étais Apprenti, j’étais très axé sur l’investissement dans la Cité, et la philosophie du Grand Orient de France était un peu mon modèle. Je me rappelle mes séances d’Apprenti où je disais à mon Second Surveillant : « Mais pourquoi on ne s’engage pas davantage…? » Le Second Surveillant de l’époque était très intéressé par la spiritualité, l’intériorité. Il a prononcé deux phrases formidables : « Tu viens d’arriver; la Maçonnerie que tu veux, c’est toi qui la feras, pas moi ! Si tu as envie que la Maçonnerie s’engage dans la société, elle s’engagera dans la société ! » Ces phrases m’ont beaucoup plu, et pas seulement parce qu’elles évitaient une possible confrontation. Je me suis alors dit qu’il ne faut pas râler qu’on est déçu, par une Maçonnerie qu’on voudrait différente.
La Maçonnerie qu’on aimerait est celle qu’on fait, parce que la Maçonnerie, c’est nous ! Chacun de nous en est responsable.