Une Loge ou l'esprit maçonnique fleurit, éduque une maitrise tout à fait inhabituelle. La Maitrise et son perfectionnement de sagesse, nous doivent ouvrir des horizons toujours plus hauts et plus riches en possibilités. Je cherche ici, l'outil pratique de pensée pour accroitre cette richesse en naviguant les vents contraires d'un monde "moderne" mécanisé par les causalités apparemment inexorables des faits, des nombres et des technologies.
Au lieu de promouvoir une pensée unique "maçonnique" notre Fraternité cherche à réunir une pluralité de libertés de d’esprit, des choix personnels riches, opposés aux dogmes et aux dictatures. L'art du choix nourrit une de ces libertés. La vocation du symbole "Liberté" est justement de ne pas réduire cette multiplicité de choix, mais de l'encourager en harmonie.
Le choix des choix
Comme il semble, il n’y a pas de liberté absolue, sauf dans les rêves et les théories. Il apparait que nos vouloirs ne peuvent que se mettre en accord avec ce qui est donné, ce qui est nécessaire, plus haut, autour, au-delà, plus profond que ce que nous voulons. La Pañchatantra écrit si bien :
« Ah ! ce qui ne doit pas être ne se produit pas,
Et ce qui doit être arrive sans effort.
Même à portée de main, vous échappe
Ce qui ne doit pas exister. » (1)
Pourtant, nous gardons l’optimisme, notre vécu n'est pas réduit à la fatalité des causes et des effets ; comme dit Spinoza ironique, même une pierre jetée se croirait – si consciente – voler librement [2]. Tels cette pierre, les gens rêvent d’un libre arbitre qui dit « Je le veux, car j’ai mes raisons ou parce que c’est mon bon plaisir ! ».
En fait, notre liberté mesurable est minuscule, limitée par les besoins de nos corps, la fragilité de nos santés, la brièveté inexorable de la vie; les inévitables obligations et devoirs, l’argent, les lois, les frontières, les us et coutumes nous tiennent bien en laisse.
Même nos raisons et notre volonté – surtout quand elles se sentent libres (car qu’on les laisse battre la campagne) – ont plein de causes et biais qui nous échappent, cachées dans les angles morts de notre nature trop humaine et de notre mental faillible. Pire, elles sont limitées en plus à ce que nous pouvons concevoir. Il paraît qu’on veut ce qu’on est capable de vouloir... L’horizon de nos libertés compare nos désirs et nos valeurs avec nos devoirs et nos moyens.
Ceci est bien entendu une réflexion dans l’absolu. Heureusement, nous ne vivons pas dans l’absolu. C’est l’homme qui est la mesure de toute chose humaine. À chaque moment de la vie. La liberté vécue de l’individu humain n’est pas un objet mesurable de l’Univers matériel, elle n’est pas une question de physique ou de mathématiques mais de pensée, d’action, de morale et de biographie ; les frontières de notre propre vouloir sont, bien par-delà des contraintes matérielles, les limites de notre conscience, d’imagination et de notre capacité à penser dans le temps long.
En notre for intérieur et dans la vie de chaque jour, ce mot, liberté, a son sens authentique bien au-delà du plaisir et de l’avoir, qui nous asservissent plutôt que de nous libérer ; l’idéal de liberté porte aussi loin que ce que nous concevons avoir l’intention, faire et vivre. Les autres grands discours nous miroitent de belles philosophies ou de la démagogie creuse.
Au monde profane, notre image de la liberté est à son tour, et encore plus, de dimension sociale et pratique ; nous ne rêvons pas nous libérer de toute causalité mais plutôt de la peur, des tyrans, des empêcheurs, et aussi de l’akrasie, l’impuissance dans la conduite de notre vie ; notre liberté y est présente, par la faculté de trouver et de créer des choix dans la sphère d’espace et de temps qui est notre histoire de vie. Modeste comme elle est, cette sphère est néanmoins l'espace et le temps ou passe notre vie entière.
*
Dans le trop grand débat de la Liberté en général, je dévoile ici un petit ilot d’ingéniosité, pour ceux qui agissent afin d’agrandir la somme de leur liberté individuelle par la multiplication de leurs choix.
*
Je propose qu’individuellement, nous n’avons pas excuse d’être fatalistes ; la personne habile, qui apprend, qui comprend, et qui prend initiative avec un brin de courage, trouve et se crée beaucoup de liberté, par ses choix.
Qu’il est triste pourtant que tant de liberté potentielle reste inaccessible à autant de gens, simplement parce qu’ils ne savent même pas ce qu’ils peuvent vouloir !
*
Qu’est-ce que la liberté humaine, en fait ?