Gnose et gnosticismes
Le mot lui-même n’est pas défini, la chose qu’il désigne non plus, mais le Franc-Maçon est censé, à partir d’un certain stade de son évolution initiatique, en avoir fait l’expérience, en avoir la connaissance.
En fait, que signifie ce mot de « gnose », que désigne-t-il exactement ?
Il s’agit d’un terme, utilisé tant en philosophie qu’en histoire des religions, qui vient du grec
« gnôsis », il est traduit par « connaissance ». Mais de quelle connaissance s’agit-il ?
La langue grecque a un autre mot, dont la traduction française est aussi « connaissance » :
« épistème ». Entre ces deux mots, traduits de la même manière, il y a cependant une différence importante, qui ne peut être rendue en français qu’en leur accolant un adjectif qualificatif, ainsi on dira qu’ « épistème » est la connaissance scientifique, tandis que
« gnôsis » est la connaissance de dieu, à laquelle aspire l’initié.
La connaissance scientifique (« épistème ») s’effectue par déduction, d’après une méthode empirique d’approches successives, selon un processus continu et répété d’essais et de correction des erreurs que ces essais mettent en évidence.
La connaissance de dieu (« gnôsis ») ne s’effectue pas de la même manière. Il s’agit d’un processus double, qui implique d’un côté l’initié, lequel aspire à connaître dieu, et de l’autre côté dieu, qui veut se faire connaître par celui qu’il juge digne d’une telle connaissance.
Dans la connaissance scientifique la chose qu’on veut connaître appartient à la nature, et en tant que telle est passive, elle ne peut qu’attendre d’être connue ; dans la connaissance de dieu l’objet de connaissance est à l’origine du sujet qui aspire à sa connaissance, il ne peut donc être connu que si à son tour il désire lui-même se faire connaître. Ce n’est donc pas un objet mais un autre sujet, c’est même le sujet par excellence.