* L’allusion un peu trompeuse de notre titre est intentionnelle. A quoi penseront nos lecteurs seniors en le lisant ? A la Vienne de 1910, la grande ville impériale avec la brillance de la cour des Habsbourg. Aux symboles de cette période élégante et insouciante à la veille d’une catastrophe, aux bals et cercles de la bonne société, dansante et intrigante. Les jeunes lecteurs penseront plutôt à la belle ville d’aujourd’hui, avec un passé glorieux, qui se trouve régulièrement à la tête du classement mondial pour sa qualité de vie. Ils connaissent une Vienne qui a pris l’ascenseur dans les décennies, après la catastrophe du 20eme siècle, la deuxième Guerre Mondiale. Les offices de tourisme et les tour-operators parleront beaucoup de Sissi et très peu de la période trouble entre les deux guerres. Notre « histoire de Vienne » montre une autre face de la réalité de cette période. C’est une histoire sans gloire, sans gaîté et sans chansons à boire au Prater et aux « Heurigen ».
La conscience qu’il n’y aura bientôt plus de témoins de cette époque ténébreuse et le fait de disposer, depuis l’année 2000, de nombreux documents de ma famille, ont rendu possible une analyse parfois douloureuse de ce qui s’est vraiment passé.
Afin de régler son départ au plus vite, Max avait l’autorisation de revoir ses parents, Gitel et Jakob Hoffenberg. Leur situation avait profondément changé: lors du terrible pogrom de novembre 1938 - la "Nuit de cristal" dans la terminologie nazie - mes grands-parents avaient été expropriés de leur petit magasin d’alimentation et se retrouvaient relogés dans un appartement qu’ils devaient partager avec trois autres familles.
Mais voir Milli maintenant… un homme à la tête rasée, maigre et marqué par le camp, obligé de s’annoncer à la Gestapo régulièrement ? Malgré tout, ils se sont donné rendez-vous pour une randonnée dans la foret de Vienne... et l’auteur de ce récit est né en février 1940 comme enfant légitime de Hans et Emilie Charaus, donc comme Peter Charaus. Hans Charaus était parfaitement au courant des circonstances, mais jusqu’en 1945-46 il a été mon père, impeccable et correct.