Nous avions déjà salué l’année passée la parution du premier volume de l’ouvrage de référence exceptionnel qui est le GUIDE SUISSE DU FRANC-MAÇON. En voici le deuxième volume, une référence tout aussi précieuse. Si le premier volume présentait l’histoire et les rites de la Franc-maçonnerie, le deuxième est dédié à la diversité de ses mouvements et orientations, toutes attachées à leurs différences. Leur unité n’est pas moins présente, car la Franc-maçonnerie est universelle, nous le savons tous ; bien différents et pourtant convergents, en toute liberté de conscience et d’expression. Universels et unis dans l’effort de « réunir ce qui est épars » d’associer les gens de bonne volonté, hommes et femmes, à l’œuvre tranquille d’amélioration de la personne et de la société. La comparaison nous semble justifiée avec la fierté de chaque Canton de chaque commune suisse, constants dans leurs traditions et spécificités, tout en participant de bonne foi à la magnifique (et enviable) construction fédérale qui est notre pays. Car, de toute évidence la maçonnerie suisse est bien à l’image de la Suisse, diverse mais en équilibre, tolérante et mutuellement respectueuse, capable de vivre ensemble et coopérer ; pourquoi ne pas rêver (prudemment) à voir un jour l’émergence d’une Confédération des Franc-maçons Suisses ? Le ton de l'ouvrage est donné dès l’avant-propos « Unis dans une même fraternité… » signé par le Grand Maître de la Grande Loge Alpina : « Et pourquoi ne pas le dire ? • Surprenant, le nombre de courants maçonniques nés et inspirés par le siècle des Lumières ! • Étonnante, cette Maçonnerie dans sa sensibilité et dans sa capacité à s'adapter au contexte historique, sociétal de ses nombreux environnements culturels! • Créatives, ces obédiences dans leurs approches de l'être et du monde ! • Importantes, dans leurs diversités et leurs convergences en affirmant l'homme dans sa liberté de conscience et d'expression ! • Remarquable, cet attachement aux Droits de l'Homme et à cette tolérance à l'égard de l'autre, qui en fait une S ou un F ! • Exigeants, ces Ateliers dans leur quête spirituelle ! • Attachant, voire émouvant ce respect du rituel qui donne sa personnalité et sa tradition à chaque obédience ou courant ! • Rassurant, de savoir que nous faisons partie de cette grande chaîne maçonnique qui nous relie, non seulement « à un lointain passé », mais surtout aux SS et aux FF qui travaillent à conforter et à réaliser nos idéaux ! • Intrigantes, ces crispations que notre Ordre suscite à certains mouvements religieux ! • Pertinente et judicieuse, cette démarche du GRA « de rassembler ce qui est épars ! ». » (Le Guide, pp 5, 6) Il nous semble que cette prise de position montre une ouverture et des principes auxquels nous, qui ne sommes pas membres d’Alpina mais du Grand Orient de Suisse, souscrivons, bien entendu. Oui, on peut rester nous-mêmes, sans concessions ni vassalités d’autres âges, mais nous reconnaître personnellement en tant que frères et sœurs, nous connaitre réciproquement de « cœur à cœur » et travailler ensemble dans le monde comme nous le faisons depuis de longues années. Nous n’avons pas besoin, il semble, de bousculer les traditions diplomatiques, les reconnaissances officielles, les règlements et constitutions dont les grandes Obédiences historiques sont si jalouses. Nous avons par contre besoin de respecter et chérir le trésor de l’altérité, de la diversité et surtout de la liberté de conscience et de conviction. Pour l’auteur de cette recension, l’expression sincère de ces convergences constitue le caractère remarquable, la valeur historique de ce livre. Car tout le reste du livre illustre avec cohérence cette même idée fédératrice. La synthèse (travail de bénédictin du F :. M. Jaccard) des données concernant les franc-maçons du monde (voir le chap.1 Combien de Franc-Maçons dans le monde, et 11.8 Statistiques sur les Francs-Maçons en Suisse pp 245-247) illustre bien ce que nous croyons être l’incontournable convergence des Franc-maçons en ce nouveau millénaire. En Occident, la FM vieillit en honorable vieille dame.. pardon, monsieur, et décroit en nombres ; n’est-il temps de fédérer les courants épars, de dépasser les divisions « historiques » ? N’est-il temps de devenir plus moderne, de mieux parler aux jeunes, avec réponses aux préoccupations qu’ils ont dans notre époque ? En Orient, la FM s’accroit avec l’émergence d’une grande classe moyenne; comment intégrer ces cultures si peu « Européennes » ces croyances si polythéistes ou de spiritualisme mais sans dieux, ces cultures qui montent ? Il y a des moments dans l’histoire ou un peuple entier est corrompu. Qui sait, la planète entière est peut-être corruptible. Vers le milieu du siècle passé, deux totalitarismes, fasciste et communiste, se préparaient à régner mille ans. Sophie et Hans Scholl et le mouvement de la Rose Blanche pendant le National-socialisme en Allemagne.Enfance et jeunesse insouciante En Allemagne, à la fin des années vingt du siècle dernier, vivait une famille heureuse et sans histoire. Il y avait la mère, le père et cinq enfants :. Inge, Hans, Werner, Elisabeth et Sophie. Le père, Robert Scholl, avait été maire de deux petites villes en Allemagne du Sud, puis expert comptable et conseiller fiscal à la mairie d’Ulm, une plus grande ville qui se trouve à env. 150 km au nord-ouest de Munich. La mère avait été, avant son mariage, Diaconesse de l’église protestante allemande. Chez eux, les enfants Scholl apprenaient les valeurs chrétiennes profondes, à respecter les personnes les plus faibles de la société en particulier et le respect de la vie en général. Leur vision chrétienne de l’existence s’étendait à d’autres aspects de la culture : la littérature, l’art et la musique faisaient partie de leur vie de tous les jours. Sophie avait une vraie disposition pour le dessin et illustrera par la suite quelques livres. Les enfants lisaient Heinrich Heine, Stefan Zweig, Thomas Mann, écrivains interdits par le régime National-socialiste, les classiques allemands mais aussi Saint-Augustin et les philosophes grecs. La famille, très unie, est néanmoins toujours ouverte aux nombreux amis, camarades et voisins. Ils aimaient beaucoup leur pays, les montagnes, les beaux forets, les fleuves de la Bavière. La patrie était pour eux l’ensemble des hommes et des femmes parlant la même langue et appartenant au même peuple. Jusque-là, on n’avait jamais eu besoin d’en parler. Et tout à coup, ce sentiment naturel devenait un thème important, souvent repris, des discours officiels. Ils apprenaient qu’Hitler voulait apporter à l’Allemagne la grandeur et le bien-être qui lui manquaient surtout après la défaite de la première guerre mondiale. Il entendait procurer à chacun du pain et du travail, en donnant à tout Allemand l’indépendance, la liberté et le bonheur. Ce programme leur plaisait et ils voulaient consacrer toutes leurs forces à le réaliser. La politique entrait dans leur vie en 1933, au moment de la « prise du pouvoir » par le parti National-socialiste d’Adolf Hitler. A ce moment, Hans avait 15 ans et Sophie 12. C’est alors qu’ils entendaient parler de « Patrie », de « Camaraderie », de « Communauté populaire » et « d’amour du pays ». Ces notions s’imposaient naturellement à eux et ils écoutaient, avec enthousiasme, ce que l’on disait à l’école et dans la rue. |
* Catégories
Tous
Archives
Octobre 2024
|