Nous vivons des temps déconcertants, avouons-le sans nostalgie ringarde du passé et sans défaitisme ; l’avalanche de mauvaises nouvelles, la perte de repères, le vide des têtes et des cœurs déroutent plus d’un. Plus dangereusement, ce sont les enfants et le jeunes, leur monde qui vient, qui se trouvent déstabilisés. Devant un tel monstre insidieux, devant la bête du fanatisme et de l’anomie qui monte, nos solutions bien pensantes ont souvent l’air de pieux souhaits..
Pourtant, dans ce paysage, voici quelque chose de concret, des initiatives –modestes et surtout pratiques – qui font quelque chose de réel pour nos enfants et pour notre civilisation.
Philosopher avec les enfants est effectivement une voie, un outil pédagogique applicable pour préparer quelques têtes bien faites, comme les voulait Montaigne, ouvertes et capables de pensée critique dans le déferlement…
A nos valeurs maçonniques, l’initiative de cette formatrice non-maçonne apparait digne à soutenir et faire connaître.
Philosopher avec les enfants: un enjeu sociétal !
Jocelyne Jacquet-Decompoix*
L’activité philosophique telle qu’elle se dégage des écrits des grands philosophes se présente généralement sous forme d’ouvrages assez ardus rédigés selon un niveau de langue élevé: vocabulaire précis et spécifique, argumentation rigoureuse et complexe, entrainant des phrases longues. Si l’on identifie l’activité philosophique à une pratique calquée sur ce modèle, on comprend que la pratique avec les enfants puisse être perçue comme une imposture, un abus de langage qui aurait la prétention de hausser à la dignité de philosophique quelques réflexions d’enfants, présupposées naïves et primaires. D’ailleurs, ce rejet de principe provient de certains philosophes ou professeurs de philosophie. L’enjeu se situe donc au niveau de la philosophie elle-même.
L’activité philosophique doit-elle être assimilée à cette unique conception élitiste réservée à une minorité d’intellectuels, ou peut-elle, en s’adaptant, être accessible au plus grand nombre ?