Besoin initiatique, réponses maçonniques.

Initiation, (CC BY-SA 2.0) Mario T. 2010 flickr

Dans une société initiatique comme la nôtre, le rite de passage - de profane à initié – est vécu plutôt qu’analysé. Surtout en perspective historique. Le texte du F:. Jean-Charles Nehr, publié en juillet 2019 par la revue « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France est d’autant plus intéressant et porteur de réflexion. Nous avons eu la chance de le découvrir, reproduit dans l’excellent journal Le Bonnet Phrygien, de la G.L.S. Alpina (publié par notre F :. et confrère Silvio A.-W.) qui nous a aidé à contacter l’auteur. Jean-Charles, physicien ingénieur chimiste, auteur de l’ouvrage Symbolisme et Franc-Maçonnerie, nous autorise à publier ce texte à notre tour et nous le remercions au nom de nos lecteurs.  Bien entendu, c’est un point de vue, il y en aura d’autres, tant mieux. L’initiation est et reste, avant tout, un  musterion, un mystère, au propre.  

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​Besoin initiatique, réponses maçonniques.
​Jean-Charles Nehr

​Depuis une trentaine d’années, on assiste, dans les Loges maçonniques, au renouveau de la conception selon laquelle la franc-maçonnerie est une institution essentiellement initiatique. Or, un observateur attentif, pas tout à fait blanchi sous les cordons mais presque, ne manquera pas de remarquer que ce « besoin initiatique » était sinon absent, du moins très faible, dans les loges du Grand Orient de France il y a cinquante, quarante-cinq et même quarante ans.  C’est donc à ce phénomène, le besoin du renouveau initiatique, qu’il faut réfléchir. Comme cette aspiration semble variable dans le temps, et que nous constatons sa forte présence aujourd’hui, le chemin est tracé. 

Dans un premier temps, nous verrons comment ce besoin est né et a évolué jusqu’à nous. Nous pourrons ensuite nous attacher à l’analyse de ce besoin dans ces manifestations actuelles. Les réponses à notre questionnement, ou du moins certaines d’entre elles, s’inscriront d’elles même au fur et à mesure.

Masonnic Lodge -Goose & Gridiron 1717

​A sa naissance, la franc-maçonnerie est vide de toute préoccupation philosophique ou initiatique. Elle se présente comme une structure nouvelle qui se propose de rassembler les hommes dans le but de converser et banqueter donc de mieux se connaitre. En outre, elle met en œuvre un cérémonial très simple comme c’était la coutume dans toute les sociétés badines du XVIIIe siècle. Cependant, elle apporte deux « plus » un fort potentiel de fraternité et un petit arsenal de symboles et de rituels empruntés aux maçons opératifs. Comme, d’autre part, l’époque est une période d’intense bouillonnement intellectuel, les loges vont recueillir toutes sortes d’hommes et toutes sortes d’idées. 

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Royal Society, Crane Court, off_Fleet Street, London; Wellcome Wikim. 2018

​Et dans ces creusets où vont se réunir soif de connaissance, liberté de pensée et diversité des préoccupations, deux courants vont émerger différentiés par l’objet et la finalité de leurs recherches, deux courants aux besoins initiatiques différents : 

- Le premier regroupera les maçons qui veulent appliquer le résultat de leurs recherches à l’amélioration du sort de l’homme dans la société. De là naîtra le courant philanthropique qui deviendra plus tard politique. Dans ce groupe, le besoin initiatique sera faible ou nul.
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- Par contre, le second courant verra dans la franc-maçonnerie la possibilité d’accéder, grâce aux symboles, à un monde de connaissances allant au-delà des connaissances ordinaires. Ici, le besoin initiatique sera puissant, et chercher à atteindre l’initiation constituera même parfois l’unique objet de préoccupation. 

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