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La maçonnerie des Dames : les loges d’adoption

7/5/2025

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La franc-maçonnerie féminine est une conquête ! Il aura fallu plus de deux siècles pour que les francmaçonnes aient le droit à l’autonomie et soient reconnues des autres obédiences !
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ImageTenue dans une Loge d'Adoption, Kauffmann et Cherpin, (Lyon, 1850)
La maçonnerie d’adoption ou maçonnerie des Dames est le nom donné à une pratique mixte ou féminine de la franc-maçonnerie utilisant un rite maçonnique propre, qui apparaît en France au début du 18ème siècle sous la tutelle d’obédiences masculines – Grande Loge de France et Grand Orient de France.

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C’est de la survivance, dans la première moitié du 20ème siècle, de quelques loges d’adoption qu’est issue, en 1952, la Grande Loge Féminine de France, GLFF, première obédience maçonnique exclusivement féminine qui a abouti à la naissance et à la reconnaissance de la maçonnerie féminine.
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​Petit rappel historique. . En avril 1964, 11 SS :.  de la Grande Loge Féminine de France viennent à Genève – en 2 CV - et créent la 1ère Loge féminine en Suisse, Lutèce. Puis, avec les SS :. de Lutèce, trois autres LL :. en 1970, 1976 et 1981. En 1985, ces 4 Loges qui dépendent de la GLFF rejoignent la Grande Loge Féminine de Suisse, créé en 1976 par des Loges toutes issues de Lutèce.
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J’ai beaucoup d’admiration pour ces bâtisseuses et, dans la brochure éditée par la GLFS en 2016 à l’occasion de la célébration de ses 40 ans, je lis ce joli portrait tiré de la présentation de la L :. Alpha de la Carène : « Des pionnières, nous l’étions et nous le sommes encore. Des femmes obstinées, fraternelles, insupportables, tolérantes, aimant rire, progressistes, traditionalistes, intègres et bonnes, etc..»


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Il est un fait que le cheminement de la franc-maçonnerie féminine jusqu’à cette date de 1952 a été long et complexe.  
Au moment de la proclamation des Constitutions d’Anderson en 1723, textes fondateurs de la franc-maçonnerie masculine ... je cite  : Les maçons … doivent être des hommes de bien et loyaux. Nés libres et d’âge mûr et discrets, ni serfs ni femmes ni hommes immoraux et scandaleux, mais de bonne réputation.
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Image générée par Intelligence Artificielle
Alors que des hommes éclairés du 18ème siècle s’apprêtent à proclamer que tous les hommes sont libres et égaux en droit, les maçons ont fermé la porte du temple aux femmes considérées comme mineures, dépendant alors de l’autorité du père ensuite du mari et dont l’infériorité est triple : physique, intellectuelle et morale.
 
 Mais dès son arrivée sur le continent en 1726, les femmes pénétrèrent la franc-maçonnerie !...  L’interdiction de la présence des dames ne visait pas les banquets et divertissements qui suivaient les travaux des loges masculines, les cérémonies de deuil ou de la Saint-Jean ! Les épouses et parentes des maçons étaient invitées aux agapes non rituelles.
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​Les frères prirent alors l’habitude de nommer « sœurs » les femmes présentes à ces occasions, puis en vinrent à créer une « maçonnerie des dames » « ou maçonnerie d’adoption ». On considérait cette maçonnerie d’adoption comme étant une société paramaçonnique, une sorte d’amicale souvent ritualisée, un simple jeu de société, une parodie de la franc-maçonnerie masculine, un jeu concernant surtout les femmes de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie, ce qui fit dire à la reine Marie Antoinette que « toute sa cour en était ».

Mal lui a pris...

Cette Maçonnerie des dames était très différente sur le plan sociologique de la franc-maçonnerie masculine puisqu’elle n’était pratiquée que dans la haute société. Dans les salons, au milieu du 18ème siècle, les femmes cultivées de l’aristocratie qui étaient les seules à bénéficier de cet espace public mixte ne pouvaient se tenir à l’écart des idées nouvelles philosophiques et rationalistes qui circulaient pendant le siècle des Lumières.  

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L'« Ordre para-maçonnique des Mopses » au XVIIe siècle
Au cours de ce siècle, les filles apprennent à lire, certaines femmes des milieux aisés se passionnent pour l’astronomie, la chimie, Mme du Châtelet traduit Newton, d’autres sont journalistes et par le moyen de leur revue mensuelle « Le journal des dames », en 1795, espèrent créer un mouvement en faveur de l’égalité des sexes grâce à l’harmonie universelle issue de la franc-maçonnerie.
ImageElisabeth Aldworth, première franc-maçonne connue
Elisabeth Aldworth fut la première femme à être initiée en 1732 dans une loge masculine irlandaise. Ayant été surprise à suivre en cachette la tenue qui se tenait dans sa maison, son père qui en était le vénérable a dû choisir entre ...la mort ou l’initiation. Elle y resta jusqu’à l’âge avancé de 94 ans...
Dès 1740, en France, on trouve trace à Paris, en province et ensuite dans les grandes capitales européennes et même dans les colonies de ces Loges dites d’adoption autonomes dans leur gestion portant le nom de la loge masculine à laquelle elles sont obligatoirement rattachées, et dont le VM était un frère.
En 1747 à Brioude (Haute-Loire), 4 femmes sont initiées et vers 1750, pendant une courte période, nombreuses furent les femmes initiées comme les hommes.   
Les anciens manuscrits datés de 1761 conservés à la Bibliothèque de France (BnF) révèlent une maçonnerie structurée qui respecte les formes et les règles maçonniques et exprime le désir d’élévation morale et spirituelle des femmes et leur volonté d’émancipation. Les grades et les fonctions se déclinent au féminin. On ne peut douter que le caractère festif ou caritatif  fut le seul but des Loges d’adoption !

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​En 1782, le discours d’une sœur, préfigure une future émancipation féminine et un désir légitime de prendre part dans les responsabilités politiques, exemple Olympe de Gouge ! …  Je cite cette sœur :
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«la maçonne veut bâtir un nouveau temple où dépouillée de tous ses mythes la femme soit reconnue comme un être humain doué de ses propres déterminations, pour devenir un individu libre et naturel. Le sexe féminin est doué d’intelligence, de capacité autonome d’action et de pensée. La maçonne aspire à l’égalité, proclamant une même identité universelle qui lie les êtres humains... ».     

A partir de 1774, soucieux de centraliser toute la franc-maçonnerie française, le Grand Orient de France, issu d’une profonde transformation de la Grande Loge de France, met en œuvre une réglementation de la maçonnerie des Dames, dépendant de la Grande Loge de France, qu’il considère comme des ateliers de récréation. Il promulgue le Rite d’Adoption régissant ces Loges qui seront les seules à recevoir les femmes.

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Des "banquets maçonniques androgynes"
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​Utilisant des rituels n’ayant rien à voir avec le symbolisme de la construction, « ces Loges, comme relève Jan Snoek qui a accompli un travail important de recherche sur cette maçonnerie, sont de ce fait ni libres ni maçonniques et elles ne répondent pas à la définition de la franc-maçonnerie… et les décorations de ces Loges ne devraient avoir aucune relation avec celles de nos mystères »! 
« Il semble que l’on se rallie de plus en plus à cette idée que la femme dans l’accomplissement de son rôle social, peut faire plus de bien en dehors des loges et qu’elle reste la collaboratrice assidue et dévouée du Maçon en l’aidant dans ses œuvres maçonniques et profanes, sans pourtant être mêlée activement à la vie intime et secrète de nos temples.»
«....nous avons dû permettre les travaux d’adoption mais en même temps les tenir à distance. Ce sont travaux inférieurs qu’il n’est point permis de confondre, ce sont nos mystères dont on ne doit jamais s’occuper en Loges d’adoption. »
 « aussi nous les regardons moins comme des ateliers maçonniques que comme des assemblées de récréation qu’une loge se permet à la suite de travaux plus sérieux pour se délasser et se rapprocher des personnes qui lui sont chères.. et que leur sexe éloigne de nos mystères.»
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-Etes-vous vous compagnone ? -Donnez-moi une pomme, et vous en jugerez.
Le rituel des Dames se caractérise alors par un symbolisme misogyne biblique « histoire d’encourager leur penchant naturel pour la religion » … « les SS :. auront droit à la symbolique de la pomme d’Eve, pépins compris ».
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L’obéissance, la pudeur, le silence, la modestie et la fidélité sont les vertus à suivre auquel s’ajoute le tabou de la grossesse et des règles… Les épreuves de l’initiation étaient minimisées « afin de ne pas produire des impressions violentes et susceptibles de troubler l’équilibre nerveux des candidates » et étaient remplacés par des discours moralisateurs prônant la pratique ostentatoire de la bienfaisance….

Devenues ainsi loges régulières, le Grand Orient opère, à l’image du statut social des femmes, une mise sous tutelle masculine des Loges des dames devant être souchées sur une Loge masculine dont elles portent le nom qui en garantit la régularité et la direction. Sous le règne de Louis XVI, une douzaine de loges masculines possèdent une loge d’adoption.

Les femmes doivent attendre la fin de la tenue des Frères pour pénétrer dans le temple. Elles sont assujetties aux travaux organisés par eux qui les dirigent, ils sont chargés d’initier les profanes et de dispenser les passages de grades.
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Les Officières de la Loge d’adoption sont obligatoirement assistées des Officiers de l’Atelier masculin, tous les plateaux sont doublés, V :. Maître, 1er et 2ème surveillants, orateur, SS :. inspectrice (experte), trésorière et dépositaire (secrétaire). Les discours prononcés par le Frère orateur prônaient une égalité fictive.

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French Masonic Initiation Ceremony of a lady early 19th_century (MeisterDrucke)
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​En 1775, la Loge Candeur, de Paris, décida de travailler de façon autonome, les fonctions étant tenues uniquement par les SS.. La tutelle subsistera mais sera peu effective.

 Le cheminement initiatique suit-il une autre voie selon le sexe ?
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En pleine expansion, les Loges d’adoption sont suspendues à la Révolution. Elles reprennent durant l’Empire mais le Code Civil rappelle les femmes à leurs devoirs de mère et d’épouse…  En 1807, la Maçonnerie des dames a pour but des principes moraux qui ne tendent qu’à l’épuration des mœurs et du sentiment. Les compte-rendus de certains ateliers relatent que les activités essentielles étaient caritatives et des fêtes avec chansons et poèmes….
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Joséphine de Beauharnais fut la Grande Maîtresse de toutes les Loges d’adoption et Talleyrand a ironisé sur le caractère élitiste que certaines de ces Loges tentaient de maintenir.

Sous la Restauration, elles deviennent de plus en plus bourgeoises et commencent à décliner étant interdites par le Grand Orient comme contraires à la constitution pour s’éteindre progressivement sans toutefois disparaître complètement.
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Pourtant, aux côtés d’hommes féministes, les femmes ne renoncent pas et deviennent encore plus combattives ! Elles aspirent à travailler dans des Loges qui leur sont réservées, à se dégager de la tutelle d’une loge masculine dont leur loge porte le nom. A la fin du 19ème siècle se pose d’une façon aiguë la question de l’initiation féminine.
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En 1880, 12 Loges masculines rompent avec la Grande Loge de France - certaines de ces Loges ayant approuvé l’initiation des femmes - et constituent une nouvelle obédience sous le nom de Grande Loge symbolique écossaise.  Dissidente de cette Obédience, la Loge « Les libres penseurs », près de Versailles, proclame son autonomie le 9 janvier 1882 et initie le 14 janvier suivant au rite écossais ancien et accepté, REAA, Maria Deraismes. Elle fut la première femme symbolisant l’égalité initiatique.

Journaliste et militante féministe, elle avait été remarquée par les Frères du Grand Orient pour ses talents de conférencière et son engagement militant pour la reconnaissance des droits de la femme et des enfants et sa position anticléricale mais reconnue trop avant-gardiste par la plupart des Frères. 
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11 ans plus tard, en avril 1893, assistée entre autres de Georges Martin, Maria Deraismes initia rituellement 17 femmes au Rite écossais puis fonda le 4 avril suivant le premier atelier mixte nommé « Grande Loge symbolique écossaise mixte de France, le Droit humain » qui devint en 1901 « l’Ordre mixte international Le droit humain » qui permet l’accession des femmes en franc-maçonnerie, affirmant l’égalité de l’homme et de la femme devant l’initiation maçonnique..  Louise Michel sera initiée en 1904.

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Sous l’impulsion du Droit Humain, des loges mixtes se formèrent, la Grande Loge symbolique écossaise devint elle aussi mixte.
 
La Grande Loge de France réactive alors des loges d’adoption et en 1906 leur donne une constitution propre en rappelant toutefois que « toute Loge d’adoption doit être souchée sur l’Atelier dont elle porte le titre précédé des mots Loge d’adoption » avec une version rénovée du rite d’adoption.

 En 1935, on comptait 9 loges d’adoption. Espérant un rapprochement avec la Grande Loge unie d’Angleterre, qui sera refusé, la Grande Loge de France leur donne l’autonomie et les incite à se constituer en obédience libre et souveraine.   Avant 1940, la maçonnerie féminine comptait 8 loges et environ 300 SS..  La loi sur les sociétés secrètes de 1940 publie la nullité juridique du Grand Orient et de la Grande Loge de France, des Loges d’adoption ainsi que celles du Droit Humain.
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Juste après la libération, les maçonnes décident de réorganiser les loges d’adoption qui ont survécu. La Grande Loge de France vote l’abrogation de la constitution de 1906 qui leur permet de créer en 1945 une obédience l’Union maçonnique Féminine de France représentant 5 loges reconstituées. En 1946, élection de la première Grande Maîtresse, réflexions sur le symbolisme féminin dans la maçonnerie écossaise.
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​En 1948, à Toulouse, création de la 1ère loge féminine ...par des femmes…  pour des femmes ! et le 22 septembre 1952 de la Grande Loge féminine de France réalisant enfin leur aspiration à se réaliser au féminin et à l’égalité léguée par les Sœurs des Lumières. La S :. Gisèle Faivre, sera élue GM :. de la GLFF. En avril 1964, elle était à Genève pour la création de la 1ère loge suisse, Lutèce.

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Dès 1958, la Grande Loge féminine de France adopte le rite écossais, le R.E.A.A., excepté la loge indépendante Cosmos créée par des SS:. qui refusent de changer de rite.

​Intégrée à l’obédience en 1977 elle continue à transmettre le rite d’adoption.  Et dès 1980, la GLFF qui a adopté des rites et rituels spécifiquement maçonniques, a présidé à la création de 21 Loges - Lutèce portait le no. 16 - et 10 ans plus tard de 76 Loges féminines qui virent le jour en France, Suisse et en Belgique.

Le Droit Humain, ainsi que la Grande Loge féminine de France, dont est issue notre Obédience, ont pris leur essor dans les années 1970. La GLFF est la première obédience féminine mondiale. Elle compte aujourd’hui plus de 14.000 SS :. membres de 445 loges, en France, en Outre-Mer, en Europe, dans l’Océan indien, le Moyen Orient et les continents africain et européen.

Rite et rituels.
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​Le livre de Jan Snoek « Le rite d’adoption et l’initiation des femmes en maçonnerie des lumières à nos jours » (Ed. Dervy) restitue de nombreux rituels dans leur contexte historique. Cette analyse fut possible grâce au rapatriement de Moscou des archives confisquées par les forces allemandes à Berlin pendant la dernière guerre.
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La BnF dispose d’un grand nombre de ces rituels du 18ème siècle n’ayant pas encore été imposés comme ce fut le cas en 1774 par le Grand Orient. Ils s’appellent « Maçonnerie des Dames ou des Femmes », « Vraie Maçonnerie d’adoption ». Reconnus comme rituels de grande qualité, ils sont constitués de symboles, de récits, épreuves, mots et signes qui se perpétuent de nos jours.

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​La symbolique du rite d’adoption repose surtout sur des récits mythiques et des symboles tirés de la Genèse, illustrant l’ambivalence des forces multiples qui constituent l’énergie vitale pour s’inscrire dans le temps, avec le mythe d’Adam et Eve qui personnifie les désirs terrestres.. Connaître le processus de création, c’est approcher le mystère des origines, co - naître, naître avec le monde, naître à la vie. « Je nais à la vie » est l’âge des App. au rite d’adoption.

ImageSuivez-moi , Madame, et sortons au plus vite d'un lieu qui vous rappellerait sans cesse votre faute...
 
​Dans les plus anciens manuscrits on y retrouve les thèmes de l’échelle de Jacob, de l’Arche de Noé, de la Tour de Babel, du sacrifice d’Abraham, la femme de Loth, de l’allégorie du paradis terrestre, de l’arbre de la connaissance du bien et du mal associé au serpent et à Adam et Eve.  Le nom d’Eve (Eva) figure dans un triangle sur le cordon des Grandes Maîtresses (VM) et sur celui de la VM de Cosmos.
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 Au 19ème siècle le texte des rituels est surchargé d’éléments moralisateurs : couleur blanche associée à la pureté virginale. Fleurs à profusion, questions humiliantes sur la chasteté, la modestie, la douceur etc. très éloigné des figures allégoriques du 18ème siècle :  la candeur et l’innocence signifient un désir authentique d’accéder à la vertu par le travail sur soi.

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Dès 1901, les SS :. revendiquent la filiation et la tradition des Loges du 18ème siècle. Leurs échelles tracées (planches tracées) ? révèlent qu’elles constituent un dossier très important sur les Loges d’adoption. Elles réfléchissent à leur rituel et à leurs livrets d’instruction avec les Frères les plus haut gradés de la Grande Loge de France dont Oscar Wirth. Les 3 premiers grades seront fixés dans les années 1920, les livrets imprimés en 1932. 

 Le rituel de la maçonnerie d’adoption comprend sept grades avec les hauts grades : apprentisse, Compagnonne, Maîtresse, Maîtresse Parfaite, Elue écossaise, Chevalière de la lune, Amazone anglaise. Les quatre Hauts grades ne seront pas repris, le rituel de la Loge Cosmos en est très proche. Comme aujourd’hui les grades sont nommés au féminin : apprentisse, compagnonne, maîtresse, grande maîtresse (VM) ou inspectrice.

Selon un rituel de 1907, la Loge est un carré long dont les côtés se nomment climats, étapes particulières du voyage de la matière vers la lumière, traversées entre le monde matériel et le monde spirituel. Ce mot est toujours en vigueur et suggère l’orientation selon la course du soleil et selon l’axe polaire. La démarche initiatique est inscrite dans le respect des lois de l’univers.
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Les travaux sont ouverts à la gloire du GADLU, les commandements, les batteries, les santés se font par 5, addition du 1er nombre pair avec le 1er nombre impair, 5 étant l’union des complémentaires capables d’engendrer l’harmonie : 5 fois Vivat !  5 baisers, 5 points pour la signature maçonnique...
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Jusqu’au 20ème siècle, la truelle orne le cordon des Grandes Maîtresses (VM). Elle est suspendue à la boucle d’un serpent ouroboros au bout d’un cordon bleu et symbolise la recherche en toute circonstance de l’équilibre et de l’harmonie, et sert « à remuer et lier dans son âme les sentiments d’honneur et de vertu et les employer de façon qu’il s’y élève un édifice digne de la plus noble société ».

Avant sa réception, « l’aspirante est conduite dans un endroit obscur,  les yeux bandés, on la laisse à ses réflexions ». Elle est admise en Loge car elle est une « él-Eve » de la sagesse qui désire être reçue maçonne. L’orateur et la conductrice (MdC) lui lient les mains avec une chaîne.
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Au 1er grade, « l’appartement », le temple, est éclairé par « 5 terrines pleines d’odeurs ». Depuis le 18ème siècle une étoile éclairait l’orient couvrant le delta et portait en son centre un yod hébraïque, symbole de la parcelle divine qui nous habite.
Les officiers et officières portent un cordon bleu en sautoir auquel pend une truelle d’or ou d’argent. Tous les Frères et les SS ;. doivent avoir un tablier et des gants blancs et sont assis sur deux rangs, les SS .. devant, les Frères derrière.

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Tapis d’Adoption, brodé au petit point, XVIIIe Musée de la Franc-maçonnerie
Les outils symboliques de la franc-maçonnerie masculine sont présents ou représentés en loge mais pas inclus dans le rituel. Un tapis est étendu sur le carreau représentant quatre figures : Asie, Afrique, Amérique, Europe, la Franc-maçonnerie en s’étendant doit unir tous les continents, dit un rituel.
Le Grand Maître et la Grande Maîtresse (VM) ont devant eux un autel et à leurs côtés huit figures peintes, sagesse, force, prudence, tempérance, honneur, charité, justice et vérité.
Après s’être assuré de la sincérité de la candidate, le VM « ouvre la porte de la vertu » et fait tomber la chaîne « car il faut être libre pour entrer dans nos temples ». La chaîne dont ses poignets sont libérés lui suggère la « conquête de la liberté – liberté qu’elle cultive d’abord dans le coeur et l’esprit ».
La candidate est soumise à des épreuves rituelles traditionnelles qui sont, par un jeu de demandes et de réponses, orientées vers l’art de bâtir en soi l’être humain parfait et autour de soi la société idéale.
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L’arche de Noé occupe la place centrale avec Noé préparant les planches, elle est « un asile contre le déluge des maux et dangers qui occupent toute la terre ».
Identifiée à Eve, elle croque la pomme dans un « geste de curiosité consciente qui est désir de connaissance ». Le péché originel est retourné !

Elle prête l’obligation sur l’Evangile et reçoit des signes, une parole et un attouchement ainsi que le mot sacré (le même qu’aujourd’hui).

Gants en peau blanche et tablier doublé de blanc lui sont remis… ainsi qu’une paire de jarretière dans certaines Loges. Elle reçoit le baiser de la paix, le nom de Soeur au lieu de Dame.

 L’instruction se termine ainsi : Quels sont les devoirs d’une apprentisse ?   L’orateur prononce son instruction, suit une quête en faveur des pauvres et Réponse : « écouter, obéir, travailler et se taire ».      
                                                                                 
                                        

La vertu est le terme le plus répandu dans les rituels. La phrase « Vous êtes l’un des pôles de l’humanité, n’oubliez jamais que l’homme est l’autre pôle » apparaît dans le rituel d’initiation des LL :. d’adoption et sera reprise en 1958 par les SS :. de la GLFF dans le rituel d’initiation au REAA.  - il se trouve aussi dans notre rituel d’initiation .                               

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Ainsi est intégrée la loi primordiale de polarité qui régit notre monde sensible.
-  A chaque passage, elle est conduite dans le cabinet noir, les yeux bandés. Au 2ème grade, on lui demande sa jarretière, marquant son renoncement volontaire aux futilités de la vie et son entrée sur le chemin de la vertu.
- La loge de table qui est l’aboutissement de la tenue est très similaire aux banquets de la maçonnerie masculine.
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Voilà, mes TTCC:.SS:.,   l’origine de notre belle et lumineuse franc-maçonnerie féminine. Le rite d’adoption était un hymne à la vie, car la femme est transmission, elle est l’initiation même à la vie.
 
Les loges d’adoption qui furent créées il y a plus de deux siècles ont marqué,  « une prise de conscience collective maçonnique féminine ». comme l’exprime la S:. Denise Oberlin, G.M. passée de la GLFF.
 
Les Loges d’adoption n’ont-elles pas été les prémisses des mouvements féministes revendiquant, dès les années 70, les attentes d’égalité et de reconnaissance de la femme et de sa place dans la Société, comme l’avait déjà revendiqué en 1791 Olympe de Gouge avec sa « Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne » ?

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   Mes TT :.CC :.SS :., soyons les dignes héritières de nos  SS :.  des Lumières qui nous ont ouvert le chemin initiatique. Que leur détermination pour la conquête de leurs libertés soit à jamais inscrite dans notre mémoire.
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Christine Mouchet, RL :. Lutèce 2023

Bibliographie :                                                 
Gisèle et Yves Hivert-Messeca, «Comment la maçonnerie vint aux femmes – 1740-1940»
Jan Snoek «Le rite d’adoption et l’initiation des femmes en franc-maçonnerie
Yugo Colombara, GLFE, Luf «Maria Deraismes»
Françoise Moreillon «Au coeur de l’initiation féminine,»
Wikipedia, «La GLFF», les Loges d’adoption
Francesca Vigny «Aspirations féminines en maçonnerie»
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Y a-t-il un endroit de la Franc-maçonnerie qui vise plus loin que la Maîtrise ? Un sommet de paix et d'étude au-delà des différences de rite et de rituels, les embrassant toutes ? Une occasion d'apprentissages encore plus profonds ?
 
J'ai entendu souvent dire qu'on ne parle pas des Hauts Grades, au moins pour certains rites. Allons alors poser quelques questions tout au sommet, au Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Moderne, le seul qui régit à ce jour les Grades de Sagesse du Rite Moderne ou Français en Suisse.
 

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Un entretien avec le Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Moderne pour la Suisse, F :. F :..

IT : La question plutôt rhétorique semble éternelle : mais à quoi servent ces Hauts Grades de la Maçonnerie ? Qu’est-ce qu’on y apprend et fait ?
 
FF :  La réponse, en ce qui concerne ceux du Rite Moderne, est celle donnée par Roëttiers de Montaleau lorsqu’il les a établis :
 
Pour le Vème Ordre :
  1. Étudier et pratiquer tous les grades de tous les Rites connus (81 en son temps)
  2. Être une chambre d’administration pour le Suprême Conseil de la juridiction.
 
En ce qui concerne le point 1 il n’y a pas de discussion possible : chaque grade se pratique en Chapitre par les FF et SS qui le possèdent, tous les grades au-delà du 4ème Ordre (18 REAA) peuvent être étudiés et pratiqués en Suprême Conseil par tous les FF et SS en possession du dernier grade du Rite Moderne (V/9).
 
En ce qui concerne le point 2, le Suprême Conseil intervient d’autorité en tant que chambre d’administration pour régler tous les problèmes qui pourraient surgir entre les Chapitres de la Juridiction, il intervient comme médiateur, il ne s’impose pas aux Chapitres, qui sont souverains, sauf s’ils enfreignent les règles fixées par les Statuts et règlements.
 
IT : Quel est le rituel de cet ultime Vème Ordre ?
 
FF :  D’une manière plus générale, concernant tous grades au-delà de celui de Maître, ils sont un approfondissement personnel pour chaque F ou S de ce dernier grade, dans le cadre d’un Rite précis, celui que le F ou la S choisissent de pratiquer de préférence à d’autres parce qu’il leur semble mieux leur convenir.
 
Dans le Rite Moderne, le Vème Ordre n’avait pas de rituel particulier fixé à l'origine (1786) et les événements historiques (Révolution française de 1789) ont fait qu’aucun rituel n’a été retenu à l’époque. Le Rite ayant été transmis au Portugal sous Napoléon et de là au Brésil, où il a été pratiqué sans interruption depuis lors, le Suprême Conseil du Brésil a créé au XXème siècle un rituel pour le Vème Ordre, en deux grades. V/8 et V/9, c’est cette lignée qui a été transmise du Brésil à la Belgique et de la Belgique à la Suisse, l’aspect initiatique du dernier grade est évident au moment de sa réception et ne peut évidemment pas être transmis par écrit dans ce contexte ou dans tout autre.
 
IT : Ou pratique-t-on les travaux maçonniques de ces grades ?
 
FF : En Suisse il est aujourd’hui possible de pratiquer tous les grades du Rite Moderne, les trois premiers (Apprenti, Compagnon, Maître) en Loge bleue, les quatre Ordres suivants en Chapitre et les deux derniers du Vème Ordre en Suprême Conseil.
 
Il est pour moi évident que lorsqu’on choisit de pratiquer un Rite on devrait le pratiquer du début à la fin, parce qu’il y a une cohérence d’ensemble qu’il faudrait respecter. Il était cependant difficile jusqu’à récemment de pouvoir le faire en ce qui concerne le Rite Moderne dans sa forme d’origine, parce que le GODF, qui lui avait même changé de nom en l’appelant Rite français, en avait pratiquement le monopole et avec le temps en avait modifié tous les grades à différentes occasions, selon les modes philosophiques du moment.
 
Depuis les travaux historiques du F René Guilly, qui ont abouti à la création du Rite Français Traditionnel, pratiqué à la LNF, les publications des différentes versions successives du Rite Moderne d’origine se sont succédées jusqu’à la toute récente (2022) par Marc Meisner, avec le titre ‘’Rite Français en Version Originale’’.
 
En Suisse nous pratiquons le Rite Moderne selon la version que la Belgique a reçu par le Brésil en ce qui concerne le Vème Ordre ; en ce qui concerne les quatre Ordres selon la version reçue par Grand Chapitre Général Mixte de Belgique ; et les trois grades bleus selon la version reçue par la Loge ‘’Tradition et Progrès’’ de Mons (Confédération de Loges Lithos).
 
Dans tous les cas il s’agit de versions d’origine du Rite, auxquelles nous voulons rester fidèles parce que nous pensons qu’elles reflètent la conception de la Franc-maçonnerie de ses fondateurs au XVIIIème siècle, qui est celle que nous voulons pratiquer parce qu’elle nous parait encore valable de nos jours.
 
IT : S’agit-il de s’affranchir de l’approche opérative pour se consacrer à l’étude ésotérique ? Y a-t-il des choix pour le libre penseur ?         
 
FF : Il ne s’agit pas de faire un choix entre raison et foi, ou entre rationalité et ésotérisme, la Franc-maçonnerie n’étant pas une Eglise ou une religion, ni une approche scientifique théorique de la réalité, mais une pratique de réflexion symbolique qui devrait permettre d’appréhender au mieux le monde sous tous ses aspects.
 
La méthode maçonnique se base sur l’usage complémentaire de la réflexion intellectuelle et de celle symbolique, cette dernière étant vécue à travers la pratique des rituels, qui ont une base commune dans tous les rites au niveau des trois premiers grades, mais qui se différencient ensuite selon l’accent particulier de chaque rite.
 
Le Rite Moderne a la particularité d’avoir été créé par un travail en commun de plusieurs maçons sous la direction de Roëttiers de Montaleau, qui après examen de tous les rituels connus à leur époque en ont retenu les plus importants et les ont mis en forme dans un système qui du premier au dernier grade présente un suivi cohérent et fidèle à l’idée directrice de la Franc-maçonnerie de cette époque, dite des « Lumières » : être le Centre de l’Union entre des personnes qui sans cela auraient été les unes aux autres totalement étrangères.
 
 
IT : La maîtrise ne suffit pas au Maître Maçon ? Y a-t-il encore du chemin de cherchant après ?
 
Arrivé au grade de maître un franc-maçon a pour ainsi dire terminé sa formation opérative, et si cela lui suffit il peut sans autre s’en contenter. Il y a d’ailleurs des rites, comme celui créé par Friedrich Ludwig Schroeder (1744-1816), qui est devenu le rite de la Grande Loge provinciale de Hambourg en1814 et qui est aujourd’hui le rite de la Grande Loge allemande des AFAM, qui ne comprend que ces trois grades. Il est pratiqué aussi en Suisse alémanique et dans d’autres Pays européens.
 
Pour les maçons auxquels la maîtrise suffit et qui connaissent l’allemand cela peut les satisfaire. Mais pour ceux qui cherchent à approfondir leurs connaissances, d’autres possibilités se présentent, et ce dès le XVIIIème siècle déjà. Les choix sont multiples, selon les intérêts particuliers de chaque Maître.
 
En Angleterre on a créé plusieurs voies différentes de grades appelés « à côté » (Side Degrees) qui peuvent être pratiqués après la Maîtrise (comme la Maçonnerie de la Marque, un système opératif), sur le Continent on a choisi une autre manière de procéder, qui a donné la formation de diverses Juridictions de « hauts grades », appelés aujourd’hui « Grades de Sagesse ». Les rites les plus pratiqués sont aujourd’hui le REAA en 33 degrés (d’origine américaine) et le RER en 6 grades (qui impose à ses membres d’être fidèles à la religion chrétienne et qui est aujourd’hui devenu une « marque » suisse), les rites maçonniques égyptiens, nés au XIXème siècle, comme Memphis-Misraïm, ont multipliés les grades et étudient et pratiquent des formes d’hermétisme et d’occultisme.
 
Le Rite Moderne est quant à lui resté fidèle à l’esprit des « Lumières » et n’oblige personne à renoncer à son libre arbitre et à sa liberté de pensée.
 
IT : Quelle est l’attente initiatique des réceptions au Ve grade ?
 
FF : Je ne dirai rien par écrit, il faut l'avoir reçu pour savoir de quoi il s'agit.
 
 
Références :
 
Marc Meisner, Rite Français en Version Originale. Les 7 Grades de 1784-1785, Êphaestos Ltd, Londres, 2022
 
https://www.scrms.ch/index.html
 
https://www.scrms.ch/CHAP_BIBL.html
 
CB, Références et Opinions, Plaidoyer pour les Ordres de Sagesse

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Une mise en perspective

29/10/2024

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De la pertinence des outils maçonniques
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…
Pour la mise en bouche, permettez-moi de vous raconter une petite histoire qui en quelque sorte parle de ce que vais vous parler.
 
L’impertinence assoupit les croyances
 
Cela se passe dans une contrée onirique, aux confins de l’imaginaire, dans cet interstice entre le rêve et le sommeil, ces espaces et ces temps où tout paraît possible.
 
Tous les citoyens de cet état naissent aveugles
 
Le roi de ce pays, lors d’une assemblée avec ses ministres, entend parler d’un être fabuleux aux frontières de ses états qui soulève l’étonnement et la crainte de la population et, semble-t-il, personne n’a été capable de le décrire. Souhaitant savoir si cet être serait susceptible d’être une menace pour son royaume, le monarque décide d’y envoyer une délégation de trois de ses plus éminents scientifiques, afin qu’un rapport sur cette éventuelle menace lui soit fait et que l’on puisse décider des mesures à prendre.
Le voyage aux confins du royaume s’effectua sans encombre et le trio arriva dans les parages du phénomène, prit ses quartiers et se reposa.
 
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Or, il advint que durant la nuit un grand tumulte réveilla notre trio, qui prenant leur courage à 6 mains s’approchèrent de la source du remue-ménage et tremblants procédèrent à un examen minutieux, mais néanmoins sommaire de la situation, avant de rejoindre leurs quartiers.  Au petit matin, en se levant après cette nuit terrifiante, chacun regarda l’autre avec méfiance, et gardant leurs découvertes chacun pour soi, ils reprirent cahin-caha le chemin du retour. Mis en présence du roi, ils furent alors sommés de rendre leur rapport.
Le premier dit :
- Oh mon roi, c’est un temple vivant fait de chair dans lequel je suis entré, bordé de 4 colonnes vivantes et chaudes au toucher, le toit est également fait de chair, sèche, chaude au toucher et réagissant au contact. Le dieu adoré dans ce temple s’est alors exprimé par un terrible bruit de trompettes célestes, et ne voulant pas déranger celui-ci plus avant, satisfait de ma découverte, j’ai quitté les lieux au plus tôt.
Le deuxième le coupa et dit d’une voix moqueuse, : -Majesté, cet homme devait être ivre, il n’y a pas de temple de chair, car en réalité il s’agit d’un oiseau, de taille immense, de chair il est vrai je l’ai senti quand une de ses deux ailes m’a giflé en claquant avec fracas, l’autre émettant un bruissement de soie, je suis alors tombé à terre, puis me relevant, j’ai quitté ces lieux effrayants.
 
Le troisième prit la parole et dit au Roi : - Tout ceci est faux, en réalité, il s’agit bien d’un dieu, un immense serpent de chair suspendu dans les airs, chaud et sec au toucher, parsemé de quelques poils drus. Le dieu-serpent est amical, il s’est enroulé sur mon bras, m’a reniflé bruyamment et caressé doucement, puis il s’est emparé d’une pomme que j’avais dans ma poche et me quitta tout simplement. Pour manifester son plaisir, comme un immense tambour, il frappa le sol en cadence tout en s’éloignant. Je suis alors rentré dans mes quartiers, le cœur rempli d’allégresse après cette rencontre avec le divin. Ces deux prétendus scientifiques ont dû avoir peur, et ne se sont manifestement pas approchés du phénomène, ils racontent n’importe quoi, et te mentent pour se dédouaner.
Sur ces paroles, les deux premiers s’élancèrent le troisième, et tout en hurlant et vociférant à qui mieux mieux, ce petit monde s’étripa face à la foule médusée et au roi pantois.
 
Dans cette petite histoire, chacun aura pu – bien sûr- reconnaître un éléphant, car nous, bien sûr, ne sommes pas aveugles et nos différentes croyances portées à nos différentes perceptions du réel nous rassemblent plus qu’elles ne nous divisent. Notre méthode nous invitant à porter en permanence le regard vers notre système de valeurs pour orienter nos actes, que nous soyons mal ou bien voyants.
 
Une mise en perspective : ne pas confondre le but et les moyens

ImageTous les chemins mènent à Rome - YSKaw - Digital Art & AI, - ArtPal
Je vous invite donc à partager ici ma réflexion sur la pertinence de la mise en perspective des outils maçonniques et vous laisse juges de l’impertinence comme variable pour assouplir nos croyances. Car, et c’est mon hypothèse, nous sommes tous des croyants, et particulièrement ceux dont la croyance consiste à croire ne pas être croyant. Invités à cultiver un esprit critique en FM, nous sommes également des sceptiques à l’égard des croyances et conviés ainsi à être à la fois et sceptique et croyant, dans le tracé esthétique d’un dialogue des contraires.

Quand on a des valeurs communes – et que nous les mettons en pratique-, il n’y a aucun problème à ce que les moyens pour les atteindre puissent différer de l’un à l’autre et ceci constitue la première pierre à mon édifice : Il ne faut pas confondre le but et les moyens, comme nous le verrons plus loin. Et puis une métaphore a ses limites, la carte n’étant pas le territoire.
 
Pour nous FM de la Maçonnerie libérale et adogmatique, le siècle des Lumières est fondateur de notre démarche si particulière. Nous nous nous réclamons par exemple d’une démarche de la pensée qui se dit cartésienne, en référence à René Descartes et à sa méthode dans laquelle il est exposé : Tabula rasa et Nemo ante me, ce qui implique que dans un objet de la pensée cartésienne on repart de zéro : Tabula rasa et que toute considération préalable est nulle et non avenue : Nemo ante me.
​

Dans cet état d’esprit : Tabula rasa, si au lieu d’être des Francs-Maçons, héritiers des corporations de bâtisseurs, qui représentaient le niveau scientifique le plus élevé de l’époque, nous étions par le plus grand des hasards des francs-plombiers, héritiers des ingénieurs en canalisations de l’empire romain, nul doute qu’entre FF, nous nous donnerions des tuyaux pour éviter des fuites et être raccords les uns envers les autres, afin que le fluide vital puisse transiter et aller où notre volonté le porte et qu’il faille aménager avec minutie la pente naturelle du monde pour que nous puissions bénéficier de ses ressources. Vous voyez qu’on peut faire dire tout et n’importe quoi qui soit chargé de sens, quand on fait dans la métaphore.
 
La transcendance… vient de chacun d’entre nous…

ImageEn Buddha on se voit soi-même
Et celle-ci a ses limites, car la carte n’est pas le territoire. En ce sens, et comme l’a relevé Roger Dachez, historien du GOF, la FM est aussi une création s’inspirant et s’appropriant des sources diverses afin d’alimenter son propos, entre les outils de l’Art Royal, les Templiers, la gnose, les outils mémoriels des sociétés orales, l’alchimie, les pythagoriciens, et quelques pyramides, etc. etc. la liste reste ouverte.

Pour nous FM, un de nos objectifs tiendrait à contribuer à développer l’être humain dans son rapport au réel, encadré par un florilège de règles morales, voire éthiques, ce qui ressemble en apparence aux religions du Livre qui nous ont habitués à des mythologies sur lesquelles on fonde un socle de vérité absolue, incontestable et indéboulonnable. Pour faire partie de celles-ci, il faut faire un acte de foi, c’est donc la foi qui sauve pour la religion, alors qu’en FM c’est une transcendance qui vient de l’intérieur de chacun d’entre nous, au sens de Hegel, aufheben, c’est cela qui nous transforme. Notre méthode rassemble des moyens pour que l’homme se transforme de lui-même, par lui-même et en compagnie de ses FF et SS, ce qui n’est tout simplement pas acceptable pour les religions du Livre où le salut vient de Dieu, on pourrait chipoter ad eternam sur la pertinence de cette posture, mais nous Maçons, savons que l’on peut être à la fois croyant ET maçon, sans que cela soit antinomique. Que cette posture ne soit pas partagée par les appareils religieux, en dit long sur leur capacité intellectuelle à appréhender ce phénomène, ou pire encore, sur leur cynisme à ce sujet.

Car voyez-vous, une autre différence de taille avec les systèmes de pensée des religions, ces merveilleux outils de régulation sociale, tient à la nature de la transgression quant au système de règles et de valeurs. Dans la foi, celui qui transgresse pèche, des moyens lui sont alors donnés pour corriger cet état de fait, pour autant qu’il s’immerge encore plus profondément dans le système de croyances. Nous ne sommes envers ces systèmes que ou dedans ou dehors, il n’y a pas d’alternative, c’est ce qu’on appelle une pensée binaire, puissant moteur de la DOXA, cet ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée.

Ce qui importe aussi à mon sens, mes FF (et SS), c’est la finalité de nos valeurs, là où elles nous conduisent et avec quel véhicule pour nous y conduire, et vous conviendrez bien sûr qu’il serait absurde de confondre le véhicule avec sa destination.  Ou si vous préférez, la carte n’est pas le territoire.

De nombreux outils, mais ce sont des moyens, pas des buts...

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Il en va de même avec nos outils, tous les outils de l’Art Royal nous procurent de nombreux moyens, mais que des moyens, qui nous aideront, pour autant que l’on s’en serve, dans le rude chemin initiatique de la vie, ces moyens sont au service de nos valeurs, car la FM est, de par sa nature, téléologique, c’est à dire qu’elle n’existe que fonction de ses finalités. Les valeurs qui nous rassemblent et qui conduisent nos actions, ou tout au moins qui devraient conduire nos actions. Ce que nous sommes aussi appelés à ne pas faire en FM, c’est de confondre le but avec les moyens, comme par exemple sacraliser les outils de l’Art, le Temple et les cheminements dans ce dernier, et quand je dis sacraliser, je dis bien leur accorder un statut de finalité, un statut de but à atteindre.
Pour un maçon, il y a des horizons d’attente incarnés par nos valeurs, que nous voulons rejoindre, ce qui implique un trajet en direction de celles-ci, car notre philosophie est dynamique, et n’existe que par l’action, avec en conscience le trajet non pas accompli, mais qui s’accomplit ici et maintenant dans le fil de nos vies. Que nous ne soyons pas à la hauteur de nos valeurs ou pas encore, ou pas assez, qu’importe, nous y travaillons et nous allons dans cette direction, ou tout au moins nous devrions y aller, car nous nous y sommes engagés, par des serments solennels. On peut faillir, vaciller, se reposer en chemin, remettre en question nos modèles de référence, cultiver la foi et le doute, qu’importe, ce qui importe c’est le trajet et la constance, la récurrence de nos engagements :

Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage ! disait le poète (du Bellay)
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Que ton voyage soit long...

Ici c’est le trajet qui importe

ImageQue ton voyage soit long!
Ici c’est le trajet qui importe, et les bénéfices collatéraux de celui-ci, je dis bien collatéraux, car si on avait pu interroger Ulysse sur ses innombrables tribulations, je doute qu’il ait pu être aussi positif envers les innombrables tuiles qui lui sont tombées sur la tête.
 
Nous, Maçons, sommes porteurs d’une philosophie dont le cœur est l’action, la PRAXIS, concept de l’Antiquité, dont la source est l’Éthique à Nicomaque et la Métaphysique, ouvrage d’Aristote. Elle est définie comme action pratique, c'est-à-dire comme activités qui ne sont pas seulement contemplatives ou théoriques, mais qui transcendent le sujet. (wiki)

Si la différence de méthode entre FM et religion est patente, il n’en reste pas moins que, comme eux, nous nous sommes infligés des devoirs par la voie des engagements successifs,  des serments que nous avons prononcés, infligés, c’est le terme. Un cadre d’un poids considérable et chez nous les maçons adogmatiques, aussi pesant que celui de la religion, mais sans recours possible ni partage avec Dieu, si ce n’est dans le secret de nos cœurs, car nous restons seuls avec nous-mêmes. 
 
D’où la pertinence de la fraternité (et de la sororité) afin que le fardeau soit moins écrasant.
Vous êtes des vieux routiers du symbolisme, vous ne serez donc pas étonnés que la mise en perspective que je suggère ici soit du même type que celle de l’archer, qui doit aligner deux points dans l’espace pour en atteindre un 3eme. Le point le plus évident est la tenue ferme de l’arc le bras tendu à la hauteur des épaules et la visée au-dessus de la main gauche pour les droitiers et bien sûr au-dessus de la droite pour les gauchers, le corps est aligné dans l’axe de l’arc, 3 doigts de l’autre main imprimant une tension sur la corde, la flèche encochée entre les doigts d’une main et au-dessus de l’autre main, mais attention ! Le 2eme point n’est pas les yeux, mais bien et surtout la posture de notre corps physique et mental. Si celle-ci n’est pas bonne, même et surtout à notre insu, le tir sera raté et le 3eme point, la cible, ne sera pas atteinte. En fait, on ne peut pas savoir si on est dans la bonne posture ou pas, il n’y a que le résultat de l’action qui le dira. On est dans la cible ou pas, c’est binaire. Mais l’action qui consiste à aligner deux points en vue d’identifier, puis d’atteindre un 3eme, produit une équation à trois termes dialoguant entre eux, une équation ternaire. Ternaire, comme les gradins qui conduisent à l’Orient, ternaire comme le fil invisible qui sépare les carreaux noirs et blancs du pavé mosaïque, dans un dialogue improbable et silencieux. Ternaire comme le dialogue dynamique entre deux objets de la pensée, Bien Mal, juste faux, jour nuit etc., etc.
De la même façon, si au lieu d’être des francs-maçons, nous étions des francs-archers on pourrait se demander dans le fil de notre vie, si à tel moment ou à telle occasion, nous sommes dans la cible ou pas et quelle est, ou a été, notre posture d’être humain sur ce coup-là ?
C’est bien entendu absurde, nous n’avons jamais à nous demander quelle est notre posture, n’est-ce-pas ? Puisque nous sommes des francs-maçons et non pas des francs-archers et que travaillant avec des gants blancs dans un désir de perfection, nous serions également et par analogie porteurs et messagers d’une certaine perfection ?
 
Le messager n’est pas le message, la carte n’est pas le territoire

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Attention aussi ici, le messager n’est pas le message, la carte n’est pas le territoire et nous pouvons parfaitement être porteur d’un message de la plus haute valeur morale, en apprécier les contenus et les contours, les transmettre et être soi-même, à l’occasion, en contradiction notable et observable avec le message que nous affirmons porter. Ce qui implique nécessairement la tolérance envers les autres, mais aussi avec soi-même.

Un exemple bien de chez nous pour illustrer ceci ? François Arouet de Voltaire a été initié durant les derniers mois de sa vie, dans un paquet ficelé du un au trois durant une seule et unique journée et ce à l’initiative de Maçons « s’étant indignés que le  grand homme ne fût pas des nôtres », alors que les valeurs qu’il avait prônées et exposées à l’esprit de tous durant toute sa longue vie,  par le  menu, et avec son esprit affuté et moqueur, avaient contribué de manière irrémédiable à déconstruire les systèmes sociaux sous statut d’évidence ; je veux parler du pouvoir politique absolu, la royauté et la religion alors représentée par la toute puissante église catholique. Les trois derniers mois de sa vie. Puis Voltaire s’en alla. Comme l’a dit plus tard Alphonse Allais, partir c’est mourir un peu, mais mourir c’est partir beaucoup. Mais son œuvre resta, ses œuvres aussi hélas, car Monsieur le Roué, dans son irrésistible ascension sociale par le moteur de l’esprit, lui-même animé par la non-moins toute puissante raison, n’avait pas négligé la prospérité matérielle et s’était considérablement enrichi avec la traite négrière.  Ce fait historique est accablant pour le maître de la pensée, grand précurseur de l’égalité, chantre de la liberté, et cimenteur de la fraternité. Ces graves manquements n’enlèvent en rien la valeur et le patrimoine des travaux de Voltaire, mais peut-être et je dis bien peut-être que s’il était réellement passé par le laborieux chemin initiatique que nous connaissons et affirmons pratiquer, peut-être que Voltaire aurait trouvé d’autres moyens pour développer sa prospérité matérielle.

Comme Rousseau, dont on célèbre encore l’humanisme profond, mais qui avait abandonné sans remords et laissé dans la misère la plus profonde, femme et enfants au profit de sa carrière. Ici le besoin de reconnaissance avait taclé brutalement la simple humanité. Un autre exemple d’incohérence pour nous, ici et maintenant.

Nous pouvons également relever qu’aux époques de ces compères, la raison, nouvelle doxa - désormais effigie idolâtrée au firmament de la pensée universelle - avait omis de traiter : Il s’agit de l’intrication de la raison avec les affects, les émotions, dont il fallait alors absolument se distancier, credo cartésien oblige. Credo : Si j’ai raison, alors l’autre qui pense différemment a forcément tort, n’est-ce pas ?

Ce n’est qu’entre la 2e moitié du 19e siècle et la première du 20ème que les affects et l’émotion ont commencé en science et en philosophie à être intégrés progressivement à la raison, amenant ainsi une compréhension plus profonde de la si complexe nature humaine, notamment cristallisée dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.  

Article 1 : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Qu’il soit néanmoins dit, ce midi, qu’il existe une posture personnelle, en tension avec un deuxième point de visée, l’objet de notre réflexion et un objectif, plus commodément appelée la cible. Et celle-ci, en maçonnerie, est un assemblage hétéroclite de valeurs et de croyances, de choses belles et vraies que nous cherchons à atteindre pour les partager avec nos FF et SS en humanité.

Des horizons d’attente dans une articulation en trois points. Un début de réflexion ternaire.
 Et si la méthode maçonnique nous propose des outils pour penser, c’est bien parce que nous nous réclamons de la tradition des bâtisseurs, mythologiquement depuis le 1er Temple de Jérusalem, jusqu’aux cathédrales et pratiquement parce que nous en avons fait un modèle dans nos vies.

Néanmoins, toute chose a ses limites et le symbolisme aussi ou comme le disent encore et toujours les humanistes de l’Ecole de Palo Alto : La carte n’est pas le territoire. 
Le symbole n’est pas la chose qu’il représente, même s’il nous en donne une idée. Un aperçu, une ombre sur un mur, comme dans la caverne de Platon. L’ombre de l’idée de quelque chose à atteindre. Nous savons ce dont il s’agit par les valeurs transmises dans les différentes initiations du 1 jusqu’au 3 et avons des outils pour ce faire, nous avons donc le où et le quoi, mais ici il nous manque encore et bien sûr le comment. Tout semble si simple, bien qu’à l’usage, le symbolisme des outils maçonniques relève d’une telle évidence que se limiter à leur fonction symbolique première pourrait se réduire à enfoncer des portes ouvertes.

Sans rigueur ni solennité, la magie n’opère pas

ImageZen in the art of archery
Une autre de nos vertus cardinales est la rigueur. Nos maîtres vénérés qui formaient hier la chaîne d’union nous ont légué des outils symboliques sur le métier du bâtisseur, bâtissant eux-mêmes une mythologie de la construction de soi en analogie avec la construction de bâtiments conçus pour être eux-mêmes une analogie du rapport à Dieu, allant vers le ciel. Les bâtisseurs de cathédrales représentaient à l’époque la synthèse de toutes les sciences appliquées au réel, de grands scientifiques et en même temps de grands praticiens de leurs sciences, c’étaient des métiers prestigieux pour l’époque. Leurs outils étaient éprouvés, et leurs équerres étaient de vrais angles droits, qui faisaient non pas 87, 88 ou 89 degrés, ni même 91 ou 92 degrés, mais bien 90 degrés, deux angles droits formant une ligne droite sur un plan droit. La rigueur. Sans elle, les témoignages architecturaux du passé ne seraient faits que de Tours de Pise et de vieilles ruines. Leurs compas n’étaient pas rouillés et leurs écartements permettaient de varier les diamètres, et de créer des polygones, des points de fuites, etc, des formes nouvelles. De même ce qui nous garantit la fiabilité de nos outils symboliques, c’est la rigueur dans leur application et la pratique de leurs dialogues avec la réalité de nos existences. Enlevez la rigueur, puis les dialogues, reste la croyance, cette redoutable disposition de l’esprit qui nous fait croire que, parce que, et alors si le réel nous renvoie un constat de non-conformité, c’est que le réel est irréel et faux, puisque la croyance est vraie. Toujours et encore, la pensée binaire est hélas transversale dans les systèmes de pensée qui à défaut de simplicité, affectionnent le simplisme. En Maçonnerie, ceux qui nous ont précédés ont proposé de faire mieux par l’apprentissage d’une pensée à trois termes en dialogue permanent.
La rigueur et la dramaturgie scénique d’une Tenue, constitue un autre aspect de l’enseignement des Anciens
Dans la vie, à force d’emprunter les mêmes chemins, on devient inutiles, c’est ce que dit l’adage profane. Chez nous, pratiquer les mêmes chemins relève d’un Art sacré, qui nous vient de l’Antiquité. Cheminer dans le Temple est un acte dramaturgique et solennel, dramaturgique au sens historique du terme, quand les Anciens grecs, faisaient déambuler les dieux, incarnés et joués par des hommes, dans une temporalité hors du temps linéaire, délimité par l’espace sacré de l’amphithéâtre. Solennel, parce que dans ces moments, nous avons l’opportunité de rentrer à l’intérieur de nous-même, car l’acte se suffit à lui-même, pour autant qu’il soit parfaitement exécuté. Cette rigueur là nous permet de s’abstraire de soi et de visiter nos propres espaces sacrés. Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem.
Nous sommes bien dans une psychologie des profondeurs dont l’origine remonte aux Anciens Mystères, de la Crète à nos jours. 

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Attention aussi ici, sans rigueur ni solennité, la magie n’opère pas.
Un de mes mentors, Georges K, appelait cela « les bonnes manières » qu’un FM se doit d’apprendre et d’en jouer toutes les notes, la nonchalance étant proscrite. Il était pour lui nécessaire que la pièce soit parfaitement jouée dans le Temple, sans flous, ni approximations, sans erreurs négligeant le but recherché, qui nous déconnecteraient immédiatement de la dramaturgie qui se joue. Une dramaturgie où nous sommes à la fois et acteurs et spectateurs en co-constructions de nos spiritualités naturelles et personnelles. Le drame bien joué, il se produit alors un récit intérieur qui tisse un trajet lumineux dans l’obscurité et l’incertitude.
Sans la structuration de sens que procurent les récits mythologiques que nous nous plaisons à créer depuis la nuit des temps, on pourrait dire avec Blaise Pascal :
Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.
Pour conclure, nous Maçons, travaillons à être en plénitude, à devenir des hommes libres dans des loges libres destinées à une pensée libre agissant dans le monde, en espérant que ce dernier devienne également plus libre.
…
(Edmond Didier I., M.:)

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Le choix des choix

6/10/2024

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Le Maçon est par définition un ouvrier de l’émancipation - de soi et de la société. Mais avec quels outils realiser notre liberté ? Des voies, il y en a beaucoup. Ce petit essai esquisse la recherche personnelle d'un tel outil d’émancipation par la reflexion. Un parmi d'autres.

​Une Loge ou l'esprit maçonnique fleurit, éduque une maitrise tout à fait inhabituelle. La Maitrise et son perfectionnement de sagesse, nous doivent ouvrir des horizons toujours plus hauts et plus riches en possibilités. Je cherche ici, l'outil pratique de pensée pour accroitre cette richesse en naviguant les vents contraires d'un monde "moderne" mécanisé par les causalités apparemment inexorables des faits, des nombres et des technologies.

Au lieu de promouvoir une pensée unique "maçonnique" notre Fraternité cherche à réunir une pluralité de libertés de d’esprit, des choix personnels riches, opposés aux dogmes et aux dictatures. L'art du choix nourrit une de ces libertés. La vocation du symbole "Liberté" est justement de ne pas réduire cette multiplicité de choix, mais de l'encourager en harmonie.
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Le choix des choix


Comme il semble, il n’y a pas de liberté absolue, sauf dans les rêves et les théories. Il apparait que nos vouloirs ne peuvent que se mettre en accord avec ce qui est donné, ce qui est nécessaire, plus haut, autour, au-delà, plus profond que ce que nous voulons. La Pañchatantra écrit si bien :

« Ah ! ce qui ne doit pas être ne se produit  pas,
Et ce qui doit être arrive sans effort.
Même à portée de main, vous échappe
Ce qui ne doit pas exister. » (1)
 
Pourtant, nous gardons l’optimisme, notre vécu n'est pas réduit à la fatalité des causes et des effets ; comme dit Spinoza ironique, même une pierre jetée se croirait – si consciente – voler librement [2]. Tels cette pierre, les gens rêvent d’un libre arbitre qui dit « Je le veux, car j’ai mes raisons ou parce que c’est mon bon plaisir ! ».

En fait, notre liberté mesurable est minuscule, limitée par les besoins de nos corps, la fragilité de nos santés, la brièveté inexorable de la vie; les inévitables obligations et devoirs, l’argent, les lois, les frontières, les us et coutumes nous tiennent bien en laisse.

Même nos raisons et notre volonté – surtout quand elles se sentent libres (car qu’on les laisse battre la campagne) – ont plein de causes et biais qui nous échappent, cachées dans les angles morts de notre nature trop humaine et de notre mental faillible. Pire, elles sont limitées en plus à ce que nous pouvons concevoir. Il paraît qu’on veut ce qu’on est capable de vouloir... L’horizon de nos libertés compare nos désirs et nos valeurs avec nos devoirs et nos moyens.
Ceci est bien entendu une réflexion dans l’absolu. Heureusement, nous ne vivons pas dans l’absolu. C’est l’homme qui est la mesure de toute chose humaine. À chaque moment de la vie. La liberté vécue de l’individu humain n’est pas un objet mesurable de l’Univers matériel, elle n’est pas une question de physique ou de mathématiques mais de pensée, d’action, de morale et de biographie ; les frontières de notre propre vouloir sont, bien par-delà des contraintes matérielles, les limites de notre conscience, d’imagination et de notre capacité à penser dans le temps long.
​
En notre for intérieur et dans la vie de chaque jour, ce mot, liberté, a son sens authentique bien au-delà du plaisir et de l’avoir, qui nous asservissent plutôt que de nous libérer ; l’idéal de liberté porte aussi loin que ce que nous concevons avoir l’intention, faire et vivre. Les autres grands discours nous miroitent de belles philosophies ou de la démagogie creuse.
Au monde profane, notre image de la liberté est à son tour, et encore plus, de dimension sociale et pratique ; nous ne rêvons pas nous libérer de toute causalité mais plutôt de la peur, des tyrans, des empêcheurs, et aussi de l’akrasie, l’impuissance dans la conduite de notre vie ; notre liberté y est présente, par la faculté de trouver et de créer des choix dans la sphère d’espace et de temps qui est notre histoire de vie. Modeste comme elle est, cette sphère est néanmoins l'espace et le temps ou passe notre vie entière.
*
Dans le trop grand débat de la Liberté en général, je dévoile ici un petit ilot d’ingéniosité, pour ceux qui agissent afin d’agrandir la somme de leur liberté individuelle par la multiplication de leurs choix.
*
Je propose qu’individuellement, nous n’avons pas excuse d’être fatalistes ; la personne habile, qui apprend, qui comprend, et qui prend initiative avec un brin de courage, trouve et se crée beaucoup de liberté, par ses choix.
Qu’il est triste pourtant que tant de liberté potentielle reste inaccessible à autant de gens, simplement parce qu’ils ne savent même pas ce qu’ils peuvent vouloir !
*

Qu’est-ce que la liberté humaine, en fait ?
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La Franc-Maçonnerie libérale en Suisse

15/9/2024

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ImageCharte de la FM Libérale suisse (FMLS)

Voici un document de reference, à garder, la synthèse la plus à jour concernant la F.M. Libérale suisse. Nous reproduisons, avec permission d'auteur, le document original publié dans la revue Masonica du groupe de Recherche Alpina* et sur le site du Grand Orient de Suisse**

L'équipe "inter obédientielle" de la GRA rassemble en harmonie suisse bien fédérale, les points de vue propres des auteurs, un exemple dans ce monde maçonnique encore hanté par par les tristes habitudes d'anciens pouvoirs coloniaux qui persistent encore ailleurs. Mais nous, nous rêvons d'une Franc-maçonnerie universelle qui regarde vers le futur***.

Notes:
Reproduction de l’article co-écrit par MM Jacques Hermann et Michel Jaccard pour la Revue Masonica (de 2023) publiée par le Groupe de Recherche Maçonnique Alpina et le site GOS
*  https://www.masonica-gra.ch/fr/revue-masonica/articles-choisis-de-masonica
​** https://grand-orient-suisse.org/la-franc-maconnerie-liberale-en-suisse/
*** La Franc-maçonnerie Libérale Suisse est appelée à " ... à travailler à l’amélioration de la condition humaine dans le respect de la dignité de celle-ci par le rejet de toute discrimination et sans aucune restriction conformément au principe de la plus absolue liberté de conscience et de conviction. Ce principe est consubstantiel à la Franc-Maçonnerie libérale et adogmatique.
​La Franc-Maçonnerie Libérale Suisse (FMLS) s’engage à promouvoir, dans le monde profane sur le territoire helvétique, une image positive et constructive de la Franc-Maçonnerie. Elle entend travailler de façon concrète à l’amélioration matérielle et morale et au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité...
Par les rencontres inter-obédientielles telles que les colloques qu’elle organise, la FMLS entretient et consolide les liens fraternels qui unissent les Frères et les Sœurs résolument attachés à la liberté absolue de conscience, fondement du courant libéral de la Franc-Maçonnerie.

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Fraternité de forme, fraternité de fond

28/5/2024

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L’Art de critiquer

23/1/2024

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Intéressantes notes de recherche personnelle d'un F:. à la poursuite de la juste mesure en cette démarche vitale pour tout progrès, qui pourtant, souvent  mal comprise et malmenée, risque de désunir ce qui est réuni au lieu de réunir ce qui est épars…
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La critique bienveillante…et les autres…

23/1/2024

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Un noble métier ou un massacre odieux ? Si on sait ce qu’on fait. c'est pour aider... David, Michelangelo, Galleria dell' Accademia, Florence. in repair. Courtesy of ansa
Avant de lire, je vous prie, cher lecteur, de vous souvenir une occasion d’une critique que vous avez faite ou reçue jadis, et que vous n’allez pas oublier[i].
​
De votre souvenir, qu’est-ce qui était critiqué ? Vous ? Vos amis ou proches ? Quelqu’un d’autre qui méritait bien une critique ? Votre travail ? Ce que vous avez dit ? fait ? écrit ? Une opinion ? Une proposition ? Une idée ? Un point de vue ? Un état de choses d’intérêt commun qui requérait un changement ?

Nos vécus, parfois pénibles et couteux, définissent ce que le mot critique veut dire pour nous.
J’ai vécu des critiques comme tout le monde, mais j'ai aussi eu la chance d’apprendre un art de critiquer et de faire usage des critiques dans mon travail de consultant et conseiller en matière de crises institutionnelles. Car donner conseil et intervenir, donner du « feedback » ou assister, évaluer ou être mentor, impliquent inévitablement la pratique de critiquer. Tout comme aider un ami ou votre enfant. Par expérience, je comprends la contribution vitale de la critique mais sa difficulté aussi.
ImageTrois singes sages, eljueves.es 2013
Vous vous demandez probablement si la critique a sa place dans les loges maçonniques, dédiées par leur nature à l’harmonie et à l’amour fraternel. Tout sujet qui divise n’est-il déconseillé en nos rencontres ? À première vue il est fraternel de ne dire que du bien, sinon de se taire à la façon de l’apprenti.
​
Le sens commun préjuge sagement qu'il faut éviter de critiquer et de se faire critiquer. Mieux vaut ne pas voir du mal, ne pas entendre du mal, ne pas dire du mal... Comme les trois singes hindous. De plus, on ne sait pas comment s’y prendre ; le savoir-faire de la critique est rare et on n’apprend pas à l’école pourquoi, quand et comment critiquer.  

ImageLa Pierre, le maillet et le ciseau storyista.com 2017
Sans approfondir, on croit que critiquer c'est parler contre. Faux ! Ceci n’est qu’un choix tronqué.

Critiquer [ii] est tout d’abord un outil du mieux faire – pas pour faire du mal - tel que nos maillets et ciseaux. On œuvre pour ciseler la face encore brute. Le critiqueur qui sait ce qu’il fait, ne critique pas pour reprocher (inutilement) après coup, mais pour corriger, pour prévenir et surtout pour mieux faire par la suite. Ou alors, pour arrêter les pertes, protéger et éviter le pire qui s’annonce.

Le but d’une critique compétente est un progrès. Une critique complète, qui vaut la peine, est formative ; elle inclut sans les manquer, tant les points forts, pour les accroitre, que les points faibles, pour les corriger [i]. On peut même choisir d’encourager exclusivement ce qui réussit, en laissant oublier ce qui est faible.
                                *

En bref, je vais décrire trois sortes de critique qu’on peut reconnaitre par leur but :

I - la Critique Amicale, au service du conseillé - elle protège et aide

II - la Critique Objective assure le résultat et la conformité – elle conclut en solution

III - la Critique Hostile cherche à rejeter empêcher, nuire et punir, elle finit avec vainqueurs contre perdants (ou tous perdants, souvent)

Il est bien de comprendre que, pour nous humains, critiquer et faire face à quelque critique – au quotidien ou dans les occasions spéciales – n’est pas une discipline académique ou scientifique, un traité de morale, ni une spécialité d’érudition biblique ou littéraire. C’est agir et s’émouvoir.

Critiquer c’est faire des choses avec des mots, avec des mimiques, gestes et souvent avec des faits. Même le silence ou l’absence, là où on est normalement présent, sont des moyens puissants de critique.

Ce n’est pas de la théorie mais de la pratique. De plus, critiquer et recevoir une critique sont des situations…critiques. Le stress n’y est jamais absent.

Alors, pourquoi prendre ce risque ?


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Les Spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon - Marcel Bolle de Bal, ed La Pensée et les Hommes, 2023

19/1/2024

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« Cet essai de Marcel BOLLE de BALLE, sociologue et psychosociologue belge, professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, Président d’honneur de l’Association Internationale des Sociologues de Langue française, est d’abord un cheminement sur le sens de ses soixante années de vie maçonnique.
​

Le lecteur découvre dans : « Les Spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon »  un itinéraire structuré autour d’un symbole, la spirale, peu évoquée dans les rituels maçonniques,  qui lui offre une représentation du temps, entre deux notions traditionnelles de l’évolution temporelle : la flèche du temps (Prigogine) d’une part, la conception de l’éternel retour (Mircea Eliade) d’autre part. Un itinéraire qui est aussi une interrogation ; comme sociologue, sur le milieu maçonnique et en tant qu’humain sur cette sédimentation étrange que révèle dans l’esprit, un parcours initiatique. Le lecteur décèlera dans ce long cheminement, qui est aussi une quête, le témoignage d’un compagnon où il n’est jamais question de soi, mais bien de ce qui relie à l’Autre et au Pluriel. » Fr@ Eric
Ce livre a été dicté sur son ordinateur personnel par un franc-maçon âgé de 92 ans, ayant perdu la vue, devenu incapable de lire, d’écrire, de taper sur son ordinateur. Incapable aussi de relire et de corriger le texte dicté, d’en améliorer le fond et la forme, les redondances et le style.
Heureusement, Françoise son épouse et sœur, lui a proposé de procéder aux aménagements nécessaires pour que ce texte soit publiable. La forme de ce texte se rapproche naturellement plus d’un exposé oral que de celui d’un exposé écrit.
C’est peut-être ce qui en fait  sa valeur et son authenticité. 
​

En voici deux extraits du chapitre introductif  et de la Première Spire :

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La Franc-maçonnerie de l’ombre à la lumière - un ouvrage publié par la  Société vaudoise d’histoire et d’archéologie

12/12/2022

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Regroupant douze contributions, ce nouveau numéro de la Revue historique vaudoise, se penche sur l’évolution des loges en terre vaudoise, les rapports avérés ou fabulés entre politique et maçonnerie, mais aussi sur des domaines aussi divers que l’architecture des loges, la franc-maçonnerie féminine ou de la gestion et l’accessibilité des archives de cette société longtemps réputée secrète.

​Sylviane Klein : Introduction : Une société pas si secrète dans le canton de Vaud
Gilbert Coutaz : La franc-maçonnerie suisse : un trou noir de la politique des archives et de la recherche historique
Olivier Meuwly : Franc-maçonnerie et politique vaudoise : un parcours historique
Michel Jaccard : La Parfaite Amitié, une loge vaudoise à la fin du XVIIIe siècle (1779-1808)
Francis Thévoz : Espérance et Cordialité, deux siècles d’interactions entre une Loge maçonnique et son Canton
Michel Jaccard La naissance de la loge Liberté à Lausanne ou le legs de Ruchonnet
Catherine Courtiau : Architecture des loges et symbolisme
Robert Giroud : Le Valais catholique, terreau maçonnique ?
Dominique Freymond : Les libertés fondamentales, véritable enjeu de l’initiative Fonjallaz de 1937
Sylviane Klein : Franc-maçonnerie féminine, vecteur d’émancipation
Daniel Bolens : L’Ordre maçonnique mixte international Le Droit Humain ou la mixité en franc-maçonnerie
Jacques Herman : Le Grand Orient de Suisse et le courant libéral (lire la reproduction avec permission sur le site GOS https://g-o-s.org/v5/index.php/fr/historique)
Mélanges - Adrian Bastian 
: Les Ames intérieures : portrait d’un mouvement religieux
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Livres qui ont changé le monde L’épopée du Poème de Lucrèce

12/12/2022

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Un livre à ne pas manquer, publié par la RL "Le Labyrinthe et le G.O.S.

12/12/2022

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Un ouvrage précieux pour tout Maçon qui planche, et encore plus pour les Officiers des Loges: 388 pages de discours exemplaires pour inspirer et enrichir toutes les occasions de la vie en Loge. Apprenti, j'aurais bien aimé avoir dans mes mains un tel livre qui répond à tant de questions que n'osais pas poser …aujourd'hui, j'appécie encore plus...
De la table de matières: ...
Allumage des feux 11
Apprentissages 19
Compagnonnages 43
Maîtrises 53
Solsticiales: L’été 61,  L’hiver 97
Enquêtes et bandeaux 133
Affiliations 145
Instructions 149
Pierres taillées en chemin 159


​ Disponible au ​[email protected] ou [email protected]
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LE RITE FRANÇAIS EN 12 FICHES

28/11/2022

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Planche présentée le vendredi 25 novembre 2022 aux RR LL Mozart et Voltaire, Phoenix et Le Labyrinthe
…
J’ai l’intention de vous présenter ce que je considère comme l’essentiel du Rite Français sous la forme de douze fiches. Chacune d’elle résume un aspect du Rite : son histoire, sa symbolique, ses spécificités, son état d’esprit.

Il va de soi que ces fiches n’épuisent pas le sujet mais la relative brièveté de mon propos vous permettra de soulever les questions qui vous tiennent à cœur et auxquelles je ferai de mon mieux pour vous répondre.
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Commençons par relever que le Rite Français est le Rite majoritaire en France et en Belgique. On le trouve dans de nombreuses Obédiences telles que le Grand Orient de France qui en est le dépositaire, mais aussi à la Grande Loge Mixte de France, à la Grande Loge Nationale Française, au Grand Orient de Belgique, à la Grande Loge de Belgique. Il est aussi présent dans des Obédiences du Brésil et au Grand Orient de Roumanie, et dans plusieurs pays africains.
En Suisse, il n’en va pas du tout de même. Sur les 137 Loges maçonniques des 5 Obédiences nationales, 6 seulement travaillent au Rite Français : deux à la Grande Loge Suisse Alpina (une à Genève et une à Zurich), une à la Grande Loge Mixte de Suisse (à Genève) et trois au Grand Orient de Suisse (deux à Genève : Mozart et Voltaire et Le Labyrinthe, et une à Clarens : Phoenix). Ajoutons que des Loges d’obédiences étrangères mais établies à Genève comme La Fraternité (GODF), L’Amitié (Lithos CL) ou Equilibre et Prospective (GLMF).
Ce Rite est inconnu dans les pays anglo-saxons, dans les pays germaniques et dans les pays scandinaves.

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Durant la première moitié du 18e siècle, en Angleterre où elle est née, la Franc-Maçonnerie ne connaissait qu’un seul Rite. Il ne portait aucun nom puisqu’il était le seul.

A partir de 1754, des Maçons irlandais émigrant en Angleterre, sous l’impulsion de Laurence Dermott, y importent leur propre Rite. Il diffère à plusieurs égards du Rite pratiqué en Angleterre : inversion des colonnes, des Surveillants, des mots sacrés, mais aussi distinction entre de grandes et petites lumières, les grandes étant la Bible, l’équerre et le compas et les petites, les piliers sagesse, force et beauté.
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Le Rite anglais ne comptait que trois lumières : le soleil, la lune et le maître en chaire, représentés par les trois piliers positionnés aux angles nord-est, sud-est et sud-ouest alors qu’au Rite importé d’Irlande, les piliers sont disposés aux angles sud-est, sous-ouest et nord-ouest. La première disposition est de type héliocentrique, la seconde de type géocentrique. En outre, le Rite importé d’Irlande s’avère nettement plus religieux notamment par la présence de plusieurs prières et la prééminence de la Bible considérée comme la plus importante des trois grandes lumières.

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Par dérision, les Maçons souchés sur le Rite d’origine irlandaise qualifieront la Maçonnerie anglaise, pourtant antérieure à la leur, de « moderne » et la leur d’« ancienne », C’est ainsi que de 1754 et 1813, deux Rites (et donc deux Obédiences) seront dans une situation conflictuelle. Sans même caricaturer, on peut considérer cette dualité comme assez similaire à plusieurs égards à celle qui sépare la Maçonnerie « régulière » de la Maçonnerie « libérale ».  Par leurs rituels, les « Ancients » à cette époque, correspondaient, dans une certaine mesure, aux « réguliers » d’aujourd’hui et les « Moderns » aux « libéraux ». Mais comparaison n’est pas raison. En tous cas, il n’existait aucune relation entre ces deux courants maçonniques et leur conflit - souvent très âpre - a duré près de soixante ans jusqu’à la fondation en 1813 de la Grande Loge Unie d’Angleterre qui a vu la - en Angleterre - disparition des « Moderns » et la victoire des « Ancients ». 

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Il faut préciser, et c’est très important pour bien comprendre la suite des événements, que des Maçons anglais, antérieurement à l’arrivée des « Ancients » en 1754, avaient émigré en France où ils pratiquaient le Rite maçonnique d’origine, c’est-dire celui des « Moderns ». Les successeurs de ces Maçons émigrés qui sont à la base de la Maçonnerie française, ont continué à pratique ce Rite « Moderne » qui est le Rite original de la Franc-Maçonnerie, antérieur d’un demi-siècle au Rite dit des « Ancients ». Nous y reviendrons. Le Rite Français est donc le Rite les plus conforme à celui de la première moitié du 18e siècle en Angleterre et ne doit son nom qu’au seul fait de sa disparition en Angleterre en 1813 et de son maintien en France par des Maçons Anglais émigrés établis à Paris et dans d’autres grandes villes françaises.

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Restons encore un peu en Angleterre où la Maçonnerie se déchire donc entre le courant d’origine appelé « Rite des Moderns » et le courant plus récent appelé « Rite des Ancients ».

Ce conflit durera 60 ans, de 1754 à 1813.
Avant 1813, le prince Augustus Frederick Duc de Sussex (1773-1843), était Grand Maître des « Moderns » et son frère, le Prince Edward Duc de Kent (1767-1820) était Grand Maître des « Ancients ».
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En 1813, c’est le Duc de Sussex qui devient le premier Grand Maître de l’Obédience résultant de l’union des « Moderns » et des « Ancients » sous l’appellation de Grande Loge Unie d’Angleterre mais le Rite Emulation (fixé en 1823) et qui est issu de cette union est inspiré essentiellement du Rite des "Ancients". Le Rite des « Moderns » a dès lors totalement disparu en Angleterre. En revanche,  il demeure en usage en France où il avait été instruit et traduit par des émigrés anglais. Dès lors, en France (et en Belgique) ce Rite des « Moderns » prend le nom de Rite Moderne ou Rite Français. 

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Les Rites maçonniques ultérieurs seront constitués sur la base du courant des « Moderns » ou sur la base du courant des « Ancients ».
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Ainsi dérivent des « Ancients »: le Rite Emulation, le Rite d’York, le Rite Ecossais Ancien et Accepté et le Rite de Memphis-Misraïm tandis que dérivent des « Moderns »: le Rite Ecossais Rectifié, le Rite de Schröder ainsi que toutes les variantes du Rite Français.
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Le Rite Français tel que nous le connaissons aujourd’hui est donc le Rite le plus proche du Rite maçonnique des origines, même s’il s’est enrichi (nous reviendrons à la Fiche 10 sur ce concept très discutable d’enrichissement).
 
Parmi les caractéristiques du Rite Français nous relevons l’emplacement des colonnes J à gauche en entrant et B à droite, les deux Surveillants placés à l’Occident : le Premier Surveillant au pied de la colonne B et le Deuxième au pied de la colonne J. Le mot sacré du premier degré est Jakin et celui du deuxième degré est Boaz. Contrairement au Rite écossais Ancien et Accepté qui n’a pas de mot de passe au premier degré (considérant que le profane vient du monde profane et ne dispose donc pas d’un mot de passe) le Rite Français a Tubalcain au premier degré. C’était le cas, très brièvement du Rite Ecossais Rectifié mais pour une raison que nous ignorons, son fondateur, Jean-Baptiste Willermoz, l’a remplacé par Phaleg.

Le Rite Français de référence, tel qu’il a été fixé par le GODF (la dernière version date de 2018) a rendu facultatifs la présence du tableau de Loge et des trois piliers mais impose, s’ils sont présents, leur positionnement NE, SE et SO. Ce positionnement, qui est celui de la Maçonnerie des origines, n’existe qu’au Rite Français.
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Contrairement aux Rites anglo-saxons et au Rite Ecossais Rectifié, le Rite Français, à l’instar du REAA a recours au cabinet de réflexion avec les symboles qui s’y réfèrent dont le soufre et le sel, emblèmes de la mort se référant à la destruction de Sodome et Gomorrhe et non à la triade alchimique sel, soufre et mercure qui est une création de Maçons occultistes comme l’est aussi l’introduction du VITRIOL que nos prédécesseurs ignoraient. En revanche, parmi les inscriptions, la devise Vigilance et Persévérance est une spécificité du Rite Français mais elle sera empruntée plus tard par d’autres Rites.

Les épreuves par les éléments au cours des trois voyages du premier degré est une référence à la terasomia d’Empédocle d’Agrégeante. Elles sont inexistantes aux Rites anglo-saxons et le Rite Ecossais Rectifié procède au voyage par la terre au troisième voyage mais ignore l’épreuve de l’air conformément aux « principes spiritueux » de Martinès de Pasqually l’une des sources, avec la Stricte Observance Templière, de ce Rite.
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La marche du Rite Français, comme du Rite Rectifié et du Rite de Memphis-Misraïm s’exécute en partant du pied droit.

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Le Rite Français ne distingue pas grandes et petites lumières. Il existe trois lumières, ni grandes, ni petites, à savoir : le soleil, la lune et le Maître en chaire, respectivement pour éclairer le jour, la nuit et la Loge.
 
La sagesse, la force et la beauté ne sont pas des lumières au Rite Français mais des piliers qui soutiennent la Loge et qui n’ont pas d’existence physique. Les trois candélabres ne représentent donc pas la sagesse, la force et la beauté mais le soleil, la lune et le Maître de la Loge.
 
La Bible, l’équerre et le compas ne constituent pas un ternaire au Rite Français. 

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La Bible n'était présente au 18e siècle que pour la prestation de serment - comme dans les tribunaux américains - mais non comme lumière et encore moins comme « grande » lumière ! Quant à l’équerre, elle était brodée sur un coussin où l’impétrant posait un genou dénudé tandis qu’il tenait le compas ouvert contre le sein gauche lui aussi dénudé. Bible, équerre et compas n’étaient donc pas associés.

​Par la suite on a pris l’habitude, sous l’influence d’autres Rites, d’associer l’équerre et le compas à un livre blanc ou aux Constitutions de l’Obédience ou, plus rarement, à la règle. Mais pas à la Bible. En effet, celle-ci se réfère à une vérité révélée qui n’a pas sa place dans une Franc-Maçonnerie qui revendique la liberté absolue de conscience. Relevons que les Loges au Rite Français de la Grande Loge Nationale Française qui s’inscrit bien entendu dans la dépendance de la Grande Loge Unie d’Angleterre ont réintroduit la Bible comme ce qu’elle comme étant la principale des « trois grandes lumières ».

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Deux éléments « centraux » dans le Rite Français, on l’a relevé, sont devenus facultatifs, comme le précise le « Rituel de Référence ». Il s’agit du tableau de Loge et des trois candélabres mais, on l’a aussi signalé, s’ils sont présents, ils doivent correspondre au Rite Français.  Des Maçons d’autres Rites s’étonnent souvent de cette absence dans beaucoup de Loges du Rite Français.
 
On peut l’expliquer aisément. Pour le tableau de Loge premièrement, les Loges d’aujourd’hui disposent d’un matériel visible contrairement aux salles d’auberges à l’aube de la Maçonnerie. On y trouve toute la symbolique des grades dans l’espace du Temple : soleil, lune, voûte étoilée, colonnes J et B, pierre brute, pierre cubique, marches, etc. Le tableau central peut donc être considéré à juste titre comme un doublon. 

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Deuxièmement, les trois piliers porteurs de bougies au Rite Français ne correspondent pas aux concepts de sagesse, force et beauté contrairement aux autres Rites, mais aux trois lumières, à savoir le soleil, la lune et le maître en chaire.
 
On ne le répétera jamais assez : dans la Maçonnerie d’origine, c’est-à-dire celle des « Moderns » (et le Rite Français, historiquement, est le plus ancien Rite maçonnique comme on l’a souligné), on ne connaît pas de grandes et de petites lumières mais seulement trois lumières représentées par les bougies des angles NE, SE et SO de la Loge.

​Les concepts de sagesse, force et beauté ne sont donc pas des lumières au Rite Français. 

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Tous les Rites évoluent au fil des siècles.

Cette évolution n’est presque jamais soustractive. A quelques exceptions près on ne simplifie pas un Rite, mais on le complexifie par l’ajout d’éléments empruntés au fil du temps à d’autres Rites. C’est indiscutablement l’immense extension géographique du REAA depuis sa fondation en 1804, qui a exercé la plus grande influence sur d’autres Rites qui lui ont fait des emprunts parfois dommageables, parfois peu significatifs. On considère souvent ces emprunts sous un regard très critique et il n’est pas rare d’entendre parler de contamination. Concernant le Rite Français, elle est particulièrement significative dans la version de ce Rite en usage en Belgique. Mais en France aussi, au fil du temps, le Rite Français a subi de nombreuses variantes voire des altérations, cependant suivies d’un retour considéré comme salutaire. 

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La version originelle du Rite est due à Alexandre Louis Roëttiers de Montaleau sur la base des rituels pratiqués par les premiers Maçons établis en France comme émigrés anglais. Il importait de fixer des rituels communs à toutes les Loges d’autant plus que la Maçonnerie Française disposait dès 1773 du Grand Orient de France comme organe fédérateur issu d’une première « Grande Loge de France ».  Les rituels des trois degrés sont fixés par ce que l’on appelle le « Régulateur du Maçon ». Les Loges du GODF reçoivent des copies manuscrites de ces rituels qui seront imprimés en 1802. Ce régulateur du Maçon est le Rite de référence.

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Par la suite, des variantes apparaîtront sous le nom de Murat et de Blattin, mais surtout de Louis Amiable, avocat et membre du Conseil de l’Ordre du GODF qui rédige une version positiviste en accord avec les courants scientistes de la fin du 19e siècle.

​Beaucoup d’éléments symboliques passent à la trappe et les Loges ressemblent beaucoup à des sociétés de pensée laïque et anticléricale si bien des Frères quittent alors le GODF pour rejoindre la Grande Loge de France qui ne pratique quant à elle que le REAA. 

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Face à ce qui risquait de devenir une hémorragie, et désireux de revenir à une dimension plus respectueuse de la symbolique maçonnique, le GODF, deux ans avant la Deuxième Guerre Mondiale, adopte la version du Grand Maître Arthur Groussier qui sera amendée en 1954 et qui deviendra le Rite Français de référence. Nous en sommes aujourd’hui à la version 2018.

A la fin des années soixante, sous l’impulsion du Frère René Guilly, des Loges du GODF adoptent le Rite Français tel qu’il figure ans le Régulateur de 1785 et ce Rite des origines, réanimé, prend le nom de Rite Français Rétabli ou Rite Français de Tradition. Il existe donc schématiquement trois Rites Français aujourd’hui: le Rite Français Groussier (Rite officiel du GODF) pratiqué par la majorité des Obédiences françaises, le Rite français Rétabli ou de Tradition et enfin le Rite Français belge (appelé Rite Moderne) en usage au GODB et à la GLB.

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De nombreux ouvrages maçonniques ont été rédigé par des Maçons occultistes dans la première moitié du 20e siècle. Ils contiennent beaucoup d’interprétations erronées et fantaisistes, souvent axées sur un ésotérisme de pacotille et sur une lecture fantaisiste propre aux historiens amateurs qui n’ont aucune formation en matière de critique historique mais qui assènent avec l’aplomb des incultes des contre-vérités qui ont eu un impact dommageable sur plusieurs générations. Ainsi Oswald Wirth et Jules Boucher. Il convient donc de se pencher préférentiellement sur les ouvrages d’auteurs sérieux au bénéfice d’une formation intellectuelle solide.

​Pour ce qui concerne le Rite Français, on peut citer parmi les auteurs les plus qualifiés Ludovic Marcos, Pierre Mollier, Cécile Revauger, Alain Bauer et Roger Dachez.

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Tous ont mis en lumière la spécificité du Rite Français et c’est sans doute Ludovic Marcos qui en a le plus clairement résumé l’esprit en ces termes : « le Rite Français ne vise pas la révélation, mais l’émancipation ».
 
Le Rite Français résulte en effet dans la droite ligne du Siècle des Lumières au sens français du terme, ce qui est très différent de l’Enlightenment anglo-saxon et de l’Aufklärung germanique. Il est laïc, il est humaniste, il est progressiste et républicain en ce sens qu’il ne reconnaît pas la sacralité des titres et des fonctions. Il respecte toutes les conceptions métaphysiques mais n’en proclame aucune. Il ne connaît aucun « Livre sacré ». Il ne connaît aucun dogme. Le concept de révélation est exclu de la Loge et les prières en sont bannies contrairement aux Rites issus des « Ancients ».
 
Pour le Maçon du Rite Français, toute activité maçonnique s’enracine dans l’émancipation de ses membres avec pour seul moyen d’y parvenir la liberté absolue de conscience.
 
Le Rite Français est par excellence celui qui convient le mieux à un Maçon progressiste, laïc, humaniste, et républicain. Il existe d’autres Rites qui correspondent mieux à des Maçons qui se situent dans une perspective religieuse ou dans une perspective de type occultiste. Mais, à l’exception du Rite Français en usage dans des Obédiences inféodées à la Grande Loge Unie d’Angleterre, comme la Grande Loge Nationale Française ou la Grande Loge Suisse Alpina, le Rite Français est, par sa nature même, éloigné de toute référence religieuse. Il est aussi éloigné de toute référence occultiste.
 
On peut considérer qu’une Maçonnerie de type anglo-saxon (Rite Emulation et Rite d’York principalement), qui ignore tout de la pratique des planches en Loge (d’où l’inexistence du plateau d’orateur) est une société hautement ritualisée qui n’exécute que ce que l’on appelle dans les Eglises un « liturgie » et où il ne peut pas exister de discussion autour d’un thème, de quelque nature qu’il soit.
 
Les Rites qui nous sont plus familiers comme les Rites Français, Ecossais Rectifié, Ecossais Ancien et Accepté, Memphis-Misraïm, Ruchon ou Schröder, correspondent davantage au concept de société de pensée dans un contexte ritualisé. Le Rite Français est celui qui, considéré dans une perspective historique, répond sans doute le mieux à l’état d’esprit de la Maçonnerie des Lumières au sens français du terme davantage qu’au sens de l’Enlightenment anglais ou de l’Aufklärung allemand.
 
L’article premier de la Constitution du Grand Orient de France (Obédience cependant multirites) résume parfaitement cet esprit des Lumières.
Je cite :
« Institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, la Franc-Maçonnerie a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité.
 
Elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité.
Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience.
Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique.
Elle attache une importance fondamentale à la Laïcité.
La Franc-Maçonnerie a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. »

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Dès que l’on parle de Rite, on pense à l’ensemble des degrés qui le constituent, à l’exception - pour ce qui concerne la Suisse- de deux Rites : le Rite Ruchon fixé à Genève en 1936 et le Rite de Schröder fixé à Hambourg en 1811. On ajoutera que le Rite de Schröder, majoritaire dans les pays de langue allemande, avait été conçu en réaction contre la prolifération des hauts grades.
 
Le Rite ou Régime Ecossais Rectifié codifié en 1783 au Convent de Willelmsbad, compte trois degrés bleus et trois degrés supérieurs.
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté fondé à Charleston en 1801 compte 33 degrés soit 30 degrés au-delà des degrés bleus.
 
Au Rite de Memphis-Misraïm, établi dans sa forme actuelle en 1961 par Robert Ambelain, tous les records sont battus avec un total de 98 degrés dont 85 sont donnés par communication.
 
Le Rite Français, outre les trois degrés de la Maçonnerie bleue, comporte quatre « Ordres de Sagesse » fixés en 1785 sous l’impulsion d’Alexandre-Louis Roëttiers de Montaleau. Ces Ordres de Sagesse, jadis appelés Ordres Supérieurs, sont numérotés comme suit : 1er Ordre ou Elu Secret, 2e Ordre ou Grand Elu Ecossais, 3e Ordre ou Chevalier d’Orient et 4e Ordre ou Souverain Prince Rose-Croix.
 
Dans chacun des Rites pourvus de degrés au-delà du degré de Maître, on relève une étanchéité absolue entre les degrés bleus et les degrés suivants. Au Rite de Schröder et au Rite Ruchon, il n’y a d’autres degrés que ceux d’Apprenti, de Compagnon et de Maître. Cependant, les Maçons de ces Rites, comme tous ceux de n’importe quel autre Rite maçonnique sont libres d’adhérer à un système de hauts grades (appelés « side degrees » ou « degrés annexes » en Grande-Bretagne) différent de celui des degrés bleus qu’ils pratiquent.
 
Jacques Herman
 
 
 
Définition de la Franc-Maçonnerie par Georges Serignac, Grand Maître du Grand Orient de France
 in:  « L’Humanité » 28 octobre 2022
 
La franc-maçonnerie est un objet complexe qui agrège plusieurs éléments apparemment éloignés. C’est un espace de liberté d’expression, un lieu de réflexion, de construction de la pensée, qui utilise une méthode particulière, certes initiatique, mais surtout faite d’écoute, d’échange, de respect de la parole de l’autre.
C’est aussi un lieu de convivialité, de sociabilité, dont l’un des piliers fondateurs est la solidarité. Toutes ces dimensions se mettent au service de valeurs nées des Lumières au XVIIIe siècle, qui substituent la raison à la croyance, et seront source un siècle plus tard de la liberté absolue de conscience, et, finalement de l’idée républicaine avec « Liberté, Égalité, Fraternité », la devise commune à la République et au Grand Orient de France.


​Bibliographie sommaire

Roger Dachez, L’invention de la Franc-Maçonnerie, Ed. Vega, 2008
Ludovic Marcos, Histoire du Rite Français au XVIIIe siècle, Editions Maçonniques de France, 2017
Ludovic Marcos, Histoire du Rite Français au XIXe siècle, Editions Maçonniques de France, 2016
Alain Bauer et Gérard Meyer, Le Rite Français, Que Sais-Je? N°3018, PUF, 2012
Roger Dachez, Histoire de la Franc-Maçonnerie Française, Que Sais-Je? N°3068, PUF, 2011
Alain Bauer et Pierre Mollier, Le Grand Orient de France, Que Sais-Je? N°3607, PUF, 2012
Guy Chassagnard, Le Memento de l’Apprenti Franc-Maçon au Rite Français, Ed. Segnat, 2019
David Stevenson, The Origins of Freemasonry, Cambridge University Press, 2010
Ludovic Marcos, Histoire Illustrée du Rite Français, Dervy, 2012
Maurice Bouchard et Philippe Michel, Rit Français d’origine 1785, Dervy, 2017
Alain Mucchielli, Vade-Mecum du Rite Français, Ed. de la Tarente, 2019
Cécile Révauger et Ludovic Marcos, Les Ordres de Sagesse du Rite Français, Dervy, 2015
Pierre Mollier, Le Régulateur du Maçon, Dervy, 2018
Pierre Mollier, Les Hauts Grades du Rite Français, Dervy, 2018

Voir aussi l'essai  "De la diversité des Rites" et dans la rubrique TRÉSOR DES PLANCHES, le projet "TUILEUR  comparatif pour l’instruction au 1er degré", du meme auteur. 
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Communiqué du Suprême Conseil du Rite Moderne pour la Suisse

20/6/2022

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Christophe Habas PTRGM du GODF, Membre d'honneur du GOS, est parti vers l'Orient Eternel ce 27 mai 2022

16/5/2022

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Christophe Habas Le Figaro fr
Christophe Habas, Passé Grand Maître du Grand Orient de France, en 2016-2017, est passé à l'Orient Éternel hier soir.

Christophe était un ami du Grand Orient de Suisse, et aussi mon ami. Les mots semblent bien vains face à l'implacable réalité.

Un lien naturel et immédiat s'est créé dès la première heure de ma grande maîtrise puisque nous avons été élus Grands Maîtres à 3 mois d'intervalle seulement, en 2016. Ce lien n'a cessé de se renforcer au fil des années.

En 2016, grâce au GOS et au dynamisme de son Grand Chancelier, Christophe Habas avait été heureux de pouvoir rencontrer Jérôme Clément alors président de l'Alliance française. Nous avions partagé des échanges délicieux, sur la défense de la défense de la langue française, les valeurs des Lumières, et leur diffusion dans le monde. Christophe voulait que la Franc-maçonnerie s'engage sur plusieurs chantiers, le culturel n'étant pas des moindres. 

En 2017, des FF:. Et des SS:. Balois souhaitant créer une Loge mixte à dimension européenne, par le choix des sujets, la diversité des langues, et l'origine des membres, Bâle étant au carrefour entre la Suisse, la France et l'Allemagne, j'ai contacté Christophe Habas pour lui parler de ce projet qui l'a immédiatement enthousiasmé. Il aimait les idées nouvelles, celles qui rassemblent au delà des frontières et des préjugés, c'était un universaliste convaincu. C'est ainsi que le 2 juillet 2017, Christophe a allumé les feux de ce nouvel atelier du Grand Orient de France, à l'identité et aux origines bien particulières. J'y représentais le Grand Orient de Suisse qui parainait cette création, et dont le premier Vénérable Maître était lui même un professeur de philosophie. Christophe était tellement joyeux, enjoué, positif, sur l'idéal européen, et sur le combat que nous devions mener contre le repli sur soi, le matérialisme, et la course au profit qui écrase implacablement l'humain. Il croyait en une autre Europe, et la Franc-maçonnerie devait y jouer un rôle clef en "recolonisant l'imaginaire". La loge Erasmus était née... 

Il nous a honoré de sa présence à plusieurs convents, en particulier le dernier que j'ai présidé en 2019, convent où il est devenu membre d'honneur du Grand Orient de Suisse. C'est le seul à avoir reçu cette marque de considération et d'affection de la part de notre obédience depuis 10 ans.

Christophe Habas nous a aussi honorés de deux conférences à Genève.

Le 1er Avril 2017, sur le transhumanisme, un de ses sujets favoris. Lui qui nous parlait avec tant de passion et d'érudition de ce vieux rêve de vie éternelle, comme s'il savait que son existence serait un jour écourtée...

En 2018, j'avais, aux côtés de Guy Haarscher et Christophe Calame, été conférencier avec Christophe Habas lors d'une croisière maçonnique et philosophique. Partager toute une semaine à quatre, a été l'occasion de conversations passionnantes, sur la nature de notre identité et de notre engagement, mais aussi sur la spiritualité. Les échanges qui nous ont animés nous quatre, nous ont littéralement enivrés. Ivresse d'une complicité partagée, d'un enrichissement mutuel, d'un échange en toute simplicité, spontanéité, comme on peut le vivre trop rarement dans une existence.

Le 10 novembre 2019 pour la clôture de notre convent, il nous fît l'honneur de partager avec moi une conférence publique sur l'intelligence artificielle, lui qui brillait par son intelligence naturelle et qui ce matin-là, inoubliable, a ébloui le Grand Temple de Genève bondé comme jamais. 

Enfin, pendant le confinement, à la demande de nos frères portuguais, nous avons donné une conférence en direct sur youtube avec pour thème l'intelligence artificielle, Christophe développant depuis Paris un prisme scientifique, et moi depuis Lausanne une perspective philosophique, tout cela pour égayer l'isolement de nos frères lusitaniens, en traduction simultanée. 

Je me souviendrai aussi des visites partagées de vestiges, qu'il commentait avec passion car il était passionné d'archéologie et aimait donner une âme aux vieilles pierres. Je me souviendrai aussi de conversations animées autour d'un café à Genève et Paris sur les arcanes du cerveau, et ses mystères... Passionnant!

Je me souviendrai de moments bien doux en Espagne, car il affectionnait tout particulièrement, comme moi ces ateliers qui avaient choisi une maçonnerie faite d'action et pas seulement de méditation, une maçonnerie qui défend les Droits Humains, la laïcité, la lutte contre les totalitarismes.

Je me souviendrai de son grand bureau à l'Hôpital des quinze vingt où il me recevait parfois pour boire un café et où il me faisait partager son univers de recherche empreint de curiosité infinie et d'humilité devant les mystères de la nature... 
 
Je me souviendrai de ses conseils de lecture, des ouvrages d'Alain Berthoz, notamment.

Je me souviendrai de son sourire, de son regard pétillant, de sa naturelle bonté.

Le Grand Orient de Suisse vient de perdre un des ses membres les plus emblématiques de ce que représente la Suisse, et la franc-maçonnerie en Suisse, être sans jamais vouloir paraître. 

La Franc-maçonnerie universelle vient de perdre un de ses membres les plus emblématiques de ce que représente le parcours initiatique, être pétri de curiosité, d'écoute, d'aspiration à l'idéal.

Et moi, je viens de perdre un des êtres pour lequel je puis remercier l'existence, pour peu que cela ait du sens, d'avoir eu l'opportunité d'être un de ses compagnons de route, même pour un bref moment, bien trop bref, mais si précieux. 

Antonio Machado disait qu'il n'y pas de chemin, que le chemin se trace en marchant. Mais la route est tellement plus belle lorsqu'on a comme compagnons de voyage des êtres aussi lumineux que toi mon frère, mon ami ! 

Tu m'écrivais la semaine dernière encore, que tu seras bientôt admis aux soins palliatifs. Qu’on ne peut plus rien contre ton cancer, que tes traces seraient uniquement scientifiques et dans quelques articles du Grand Orient de France. Comme toujours tes paroles étaient pétries d'humilité. Je t'ai répondu que tu serais aussi présent dans nos cœurs pour toujours. 

​Oui pour toujours, car tu nous auras rendus meilleurs, tout simplement. Une des grandes énigmes qui t'habitaient était le paradoxe entre l'absence de croyance en Dieu, et ton goût pour la spiritualité. Nous avions un projet d'écriture en commun qui allait aborder ce sujet. Ne nous quitte pas avec un sentiment d'inachevé, car comme tu le sais l'œuvre n'est jamais achevée et fait l'objet d'une transmission qui défie le temps.

L'être échappe au périr s'il a un jour aimé.
 
Alexandre Rauzy

​Un ami vient de m’écrire… 

16 mai 2022
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Un ami vient de m’écrire qu’il sera bientôt admis aux soins palliatifs. Qu’on ne peut plus rien contre son cancer. Mon ami, vous ne le connaissez pas, peut-être, mais il pourrait être le vôtre. Ou il pourrait être vous. Comme il pourrait être moi.
 
On sait tous qu’on va partir un jour. On en a du moins une conscience vague. Mais la mort, c’est comme la guerre, plus on la sent loin, moins on se sent concerné. Cette existence va s’arrêter un jour, son existence, celle de mon ami, la mienne, la vôtre, la nôtre...Comme on clôt un roman. Pire comme si on nous le fermait brutalement... Ou bien comme si une panne de courant interrompait le film de notre vie, sans générique de fin, sans l’opportunité d’un dénouement, sans chute, si ce n’est la nôtre...
 
Je n’ai pas demandé à vivre, je n’ai pas demandé à mourir non plus. On m’a offert une existence que je ne réclamais pas, et sitôt que j’y prend goût, on me la retire. Oui la vie est tragique parce que la seule liberté qui soit mienne est de vivre l’instant présent comme si c’était le dernier. De lui donner sens, pour ne pas que, comble de l’absurde, cette vie offerte, on ne sait par qui, on ne sait pourquoi, soit gâchée.
 
Le présent est un joyau, mais cette conscience si importante est trop souvent balayée par l’insouciance. Nous ne sommes que des enfants, et c’est peut-être mieux ainsi finalement car cette insouciance nous fait oublier la contingence de l’être.
 
Et mon ami dans tout ça ? Une intelligence brillante, une culture fascinante, une bonté d’âme admirable, une humilité sans pareille. Tant de qualités humaines, qui m’ont fait m’égarer à le croire immortel. On cherche toujours une logique dans la vie. Les méchants meurent à la fin des films, et le bien est ainsi victorieux sur le mal. Les héros survivent. Et mon ami est un des héros que j’ai la chance de connaître dans ce grand et mystérieux labyrinthe, ou dédale selon les perspectives, de mon existence…
 
Alors pourquoi lui ? Pourquoi si tôt ? Et que faire si ce n’est lui dire que je tiens à lui et que je ne l’oublierai jamais, tant que ma propre vie durera bien sûr. Il est des êtres tellement lumineux que lorsqu’ils disparaissent ils laissent une part de lumière chez ceux qui ont eu la chance de les rencontrer. On ne cesse de transmettre sans le vouloir même, sans leçon ni tableau, juste en étant soi, tout simplement, pour peu qu’on soit paré de qualités humaines.
 
Merci l’ami, merci mon frère, d’être ce que tu es. La seule pensée que tu sois encore là, la seule pensée de ce que tu m’as transmis, en toute pudeur et sans même en avoir conscience, devrait me réjouir. Et pourtant, pas suffisamment pour retenir mes larmes.
Les mots de Gaston Berger raisonnent en moi. Le philosophe disait qu’accompagner un ami mourant est une épreuve de solitude. Pour l’ami et pour nous. J’ai beau tenir la main de mon ami qui va mourir, je ne suis pas à sa place. Et je souffre tout autant de sa disparition prochaine que de mon impuissance à partager sa souffrance. « On meurt comme on est né, tout seul ».
 
« Il pleut dans mon cœur comme il pleut sur la ville » disait le poète, et mes larmes à l’heure où j’écris sont le prix de l’amour. Car s’attacher, c’est s’exposer à souffrir, et être détaché non pas de tout, qui est un signe de sagesse, mais de tous, c’est perdre l’humanité qui nous rend beaux et lumineux comme l’est et le sera à jamais mon ami, dans les arcanes de ma conscience et de mon cœur.
 
Bon, cela m’a fait du bien d’écrire ces quelques lignes, mes amis, mes larmes ont séché, vous savez ces larmes qui ravinent sur nos joues d’enfant et qui salent nos lèvres ? On y goûte l’amertume de la vie et la valeur du lien…
 
Alexandre Rauzy
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Fidéliser les Sœurs et les Frères en Loge

9/3/2022

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Vous avez dit Gnose ? Quelle Gnose pour nous, maçons ?

16/2/2022

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Gnose et gnosticismes

Fabrizio Frigerio
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Vendimian of Bythinia receiving the Knowledge 985 Bibl Vaticane DP Wikipedia
​La Gnose est explicitement évoquée comme faisant partie du patrimoine maçonnique, en commençant par un moment central du rituel de passage au deuxième degré.

Le mot lui-même n’est pas défini, la chose qu’il désigne non plus, mais le Franc-Maçon est censé, à partir d’un certain stade de son évolution initiatique, en avoir fait l’expérience, en avoir la connaissance.

En fait, que signifie ce mot de « gnose », que désigne-t-il exactement ?

Il s’agit d’un terme, utilisé tant en philosophie qu’en histoire des religions, qui vient    du grec
« gnôsis », il est traduit par « connaissance ». Mais de quelle connaissance s’agit-il ?

La langue grecque a un autre mot, dont la traduction française est aussi « connaissance » :
« épistème ». Entre ces deux mots, traduits de la même manière, il y a cependant une différence importante, qui ne peut être rendue en français qu’en leur accolant un adjectif qualificatif, ainsi on dira   qu’ « épistème »  est   la   connaissance   scientifique,   tandis que
« gnôsis » est la connaissance de dieu, à laquelle aspire l’initié.
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Dieu, qui veut se faire connaître par celui qu’il juge digne d’une telle connaissance... Michelangelo, La création d'Adam, 1511 Chap. Sixtine Vatican
​Entre ces deux types de connaissance la différence ne réside pas seulement dans l’objet de leurs investigations, mais aussi dans la méthode de leurs démarches.

La connaissance scientifique (« épistème ») s’effectue par déduction, d’après une méthode empirique d’approches successives, selon un processus continu et répété d’essais et de correction des erreurs que ces essais mettent en évidence.

La connaissance de dieu (« gnôsis ») ne s’effectue pas de la même manière. Il s’agit d’un processus double, qui implique d’un côté l’initié, lequel aspire à connaître dieu, et de l’autre côté dieu, qui veut se faire connaître par celui qu’il juge digne d’une telle connaissance.

Dans la connaissance scientifique la chose qu’on veut connaître appartient à la nature, et en tant que telle est passive, elle ne peut qu’attendre d’être connue ; dans la connaissance de dieu l’objet de connaissance est à l’origine du sujet qui aspire à sa connaissance, il ne peut donc être connu que si à son tour il désire lui-même se faire connaître. Ce n’est donc pas un objet mais un autre sujet, c’est même le sujet par excellence.

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Motifs qui poussent certains Frères à la demission...

25/1/2022

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​Lire dans l'Espace Membres - ceci regarde tous les Maçons.

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La Franc-maçonnerie genevoise et la révolution grecque de 1821

27/10/2021

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Qui aurait su que la revolution qui a résulté en l'independance Grecque a eu aussi des racines parmi les Franc-maçons genevois? L'etude minutieuse que l'historien Fabrizio Frigerio a la générosité de publier dans nos pages rappelle un episode significatif de l'histoire de la FM Romande.

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L'archimandrite Theophile Thésée C 2003 Musée Bénaki, Athènes
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De la diversité des Rites

14/8/2021

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Par Jacques Herman, PTRGM  du GOS
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En regardant ce qui parait épars… (Gabriel-Crismariu-2019-unsplash)
L’apparentement et la différenciation des Rites maçonniques sont à considérer dans une double perspective: celle de l’histoire et celle du contenu.

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Perspective de l’histoire

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​Dans une perspective historique, on distingue les Rites issus des « Moderns » et les Rites issus des « Ancients ». Le Rite Français,  le Rite Ecossais Rectifié et le Rite de Schröder, sont issus des « Moderns » tandis que le Rite Ecossais Ancien et Accepté, le Rite Ruchon et le Rite de Memphis-Misraïm sont issus des « Ancients ». Les Rites anglo-saxons - dont celui dit « de style Emulation » sont issus de la fusion des « Moderns » et des « Ancients » en 1813 avec une dominante d’emprunts aux « Ancients ».

Perspective du contenu

​Dans une perspective de contenu, le Rite Français, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, le Rite Ruchon et le Rite de Memphis-Misraïm, du point de vue de Sirius, se différencient pourtant moins entre eux que par rapport au Rite Ecossais Rectifié, au Rite de Schröder, ou  aux différents Rites anglo-saxons. A l’évidence, un Maçon du Rite Français est moins dépaysé en visite dans une Loge travaillant au Rite Ecossais Ancien et Accepté que dans que dans une Loge travaillant au Rite Emulation ou à d’autres Rites anglo-saxons comme Bristol, Logic, Stability, York ou Oxford.
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R:E:A:A.
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Rite Schroder

​Modification des Rites au fil du temps

PhotoRite Français

​Au fil du temps, les Rites font l’objet de modifications parfois très sensibles comme le Rite Français dans ses versions successives: Régulateur de 1785, Murat (1858), Amiable (1887), Blatin (1907), Gérard (1922), Groussier (1938, 1955 et 2009), sans compter - avec René Guilly -  la création du Rite Français dit Traditionnel (1955).

PhotoRite Emulation



​Le Rite Émulation, en revanche, est intouchable depuis sa création en 1823 et les variantes des Rites Schröder ou Ecossais Rectifié résultent plutôt de retouches. 

Les modifications rituelles que l’on observe dans les diverses versions des Rites au cours de ces trois derniers siècles, proviennent d’emprunts réciproques. Aucun Rite n’est créé ex nihilo. 

Ainsi, la version actuelle du Rite de Memphis-Misraïm  a été rédigée par Robert Ambelain au début des années 1960 et résulte d’emprunts aux Rites Français, Ecossais Ancien et Accepté et Ecossais Rectifié avec des gloses relatives à la mythologie égyptienne et  le Rite Ruchon des années 1930 est une version abrégée du Rite Ecossais Ancien et Accepté avec des emprunts au Rite Français.
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Rite de Memphis-Misraïm
PhotoChapeau tricorne RER
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Les variantes entre les Rites  ne touchent parfois qu’à des points de détail, comme l’usage de l’épée droite plutôt que de l’épée flamboyante, l’existence ou la non existence d’un mot de passe au premier degré, la couleur des décors ou encore la manière d’entrer en Loge ou d’en sortir. 

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Épée Flamboyante, BnF

​Trois degrés d’importance des variantes entre les Rites

PhotoLes 4 éléments

​Sans doute plus importantes sont la présence ou l’absence du cabinet de réflexion ou des épreuves par les éléments associées aux trois voyages, l’emplacement des deux colonnes et des Surveillants, ou celui des trois colonnes autour du tableau de Loge. 

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Pieter Claesz, Still Life with a Skull and a Writing Quill DP Wiki
En revanche, il semble que l’on touche à un point essentiel dans ce qui différencie  les Rites anglo-saxons des autres. En effet, dans les Rites anglo-saxons les Loges ne procèdent qu’à des cérémonies de réception aux trois degrés et ignorent le concept des planches: planches de passage pour accéder à un degré, planches d’Orateur (cette fonction n’existe d’ailleurs pas dans ces Rites), et a fortiori planches de type conférence.

En outre, le dépaysement d’un Maçon visiteur d’une Loge d’un Rite autre que le sien propre est assuré quant au rapport au religieux. Ainsi, le Rite Suédois, fondamentalement chrétien et dont le but assigné est  « la connaissance de Dieu par la reconnaissance de l'esprit divin que chacun porte en soi, par l'appréhension de la dimension trinitaire et par la foi en Jésus-Christ » (sic). 
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Rite Suédois

​Savoir où l’on va

​La diversité maçonnique au plan des Rites et au plan de l’esprit qui les sous-tend est un fait. On peut sans doute s’en féliciter. Mais il semble à la fois utile et nécessaire qu’avant qu’une Loge, à quelque Rite qu’elle travaille, accepte la candidature d’un profane, elle soit parfaitement au clair relativement à son profil et a ses aspirations. 
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Mur du Temple de Salomon -une diversité de pierres de taille... (Photo Kotel)
Il relève de l’évidence que la question de l’adéquation du profil du candidat à celui d’un Rite est évidemment simplifiée dans une métropole que dans une ville de taille plus modeste vu l’offre de la diversité des Rites, proportionnelle aux dimensions urbaines. Par ailleurs, on a aussi conscience de la rareté dans les pays germaniques, anglo-saxons et scandinaves de la plupart des Rites qui nous sont familiers en France, en Belgique et en Suisse.

Jacques Herman PGM du GOS
​©  Jacques Herman 2021/Cahiers Bleus
(A suivre)

​Références

​Concernant le Rite Français, son évolution et ses variantes jusqu’à nos jours:
Bouchard Maurice  et Michel Philippe, Rit Français d’origine 1785, 2e éd., Dervy, Paris, 2017
Concernant l’ensemble des Rites Français, Ecossais Rectifié, Ecossais Ancien et Accepté, Anglo-saxons et Egyptiens:
Alain Bauer et Roger Dachez (sous la dir. de), Le Livre de la Franc-Maçonnerie, Presses Universitaires de France, Paris, 2019
Concernant le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm:
Caillet, Serge, La Franc-Maçonnerie Egyptienne de Memphis-Misraïm, Dervy, Paris, 2003
Concernant la composition des rituels:
Perenne, Sophie, Vivre, Lire et Ecrire les Rituels, Ed. E.M.E., Bruxelles, 2011

De la diversité des rites (2) 

De la théorie de la transition à la théorie de l’emprunt
et du regard porté sur la diversité des Rites maçonnique

Planche présentée à la R.’. L.’. MOZART ET VOLTAIRE LE 26 NOVEMBRE 2021 et à la R.’. L.’. LE LABYRINTHE LE 7 DECEMBRE 2021
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...
Je me suis intéressé à la diversité des Rites maçonniques dès mon entrée en Maçonnerie en 1973. Dès lors, je n’ai cessé de scruter les pratiques rituelles tout au moins pour les Rites pratiqués en Suisse: Français, Ecossais Rectifié, Ecossais Ancien et Accepté, Memphis-Misraïm, Schröder et Emulation.
La planche que je vous présente ce soir en résume l’essentiel. Elle est née de ma confrontation directe aux Rites - et donc aux rituels qui les constituent - ainsi qu’à l’étude des travaux d’ordre historiographique, publiés entre les années 1970 et aujourd’hui.
Le thème que je souhaite aborder avec vous est double: la première partie portera sur le passage de la théorie de la transition à la théorie de l’emprunt et la deuxième partie, qui lui est liée, concernera le regard que nous pouvons porter sur la diversité des Rites.
 
 
La théorie de la transition
 
Commençons par la théorie de la transition.
C’est celle qui a eu cours jusqu’en 1978, année où elle fut remise en cause par l’historien anglais Eric Ward.
La théorie de la transition affirme l’existence d’une filiation directe entre la Maçonnerie opérative et la Maçonnerie spéculative. Dans un contexte de déclin, principalement dû à la fin des grands chantiers de construction, ces Loges opératives auraient accepté des gentilshommes et des bourgeois devenus « Maçons acceptés » et ces derniers, au fil du temps,  seraient devenus majoritaires. Finalement, au début du 18e siècle, il n’y aurait plus eu dans ces Loges que des Maçons spéculatifs qui auraient conservé la symbolique et les rituels de leurs Frères opératifs.
Cette théorie dite de la « transition » paraissait à certains égards assez prestigieuse puisqu’elle était ancrée dans le savoir des bâtisseurs de cathédrales qui bénéficiaient d’une certaine aura liée à la détention de « secrets » réservés à une élite professionnelle à l’aise dans  les arcanes d’un ésotérisme ancestral.
 
Des historiens anglais et français  qui font autorité aujourd’hui dans les milieux universitaires (Eric Ward, René Guilly, Roger Dachez, entre autres) ont démontré, à partir du dernier quart du 20e siècle, que cette théorie de la transition relevait du mythe et non de l’histoire.  Elle supposait en effet l’existence de Loges opératives au 17e siècle ce qui n’est pas le cas puisqu’elles avaient complètement disparu à la fin de l’époque des Tudor vers 1600.
Dès le 17e siècle, à quelques exceptions près, en Ecosse principalement, quasi toutes les Loges opératives ont disparu.
 
 
La théorie de L’Emprunt
 
Abordons la théorie de l’emprunt.
On sait donc,  depuis la fin des années 1970 que la Franc-Maçonnerie est un pur produit des Lumières (Enlightenment en anglais) et que les inventeurs de la Franc-Maçonnerie telle que nous la connaissons se sont appliqués à emprunter un certain nombre de formes opératives (d’où l’expression de « théorie de l’emprunt »). Cette théorie est issue des travaux de l’historien anglais Eric Ward. Elle sera reprise en France par Roger Dachez, historien de la Franc-Maçonnerie et président de l’Institut Maçonnique de France.
 
Mais avant de poursuivre, évoquons ici le mot « Franc-Maçon » et rappelons-en l’origine.
Lorsqu’il est question de « Freestone Mason », référence est faite à un Maçon qui travaille la pierre tendre (free stone) employée pour des sculptures, des gargouilles, des corniches et des éléments décoratifs. Ce terme s’oppose à celui « Roughstone Mason »  qui désigne un tailleur de pierre dure (rough stone). « Free » dans « Freestone Mason » se rapporte à « stone » et non à « Mason ». En revanche, dans  le terme de « Freemason », « Free » se rapporte à Mason, ce qui signifie « Maçon libre ». Mais libre de quoi? Libre du métier, dans le sens de dispensé du métier, donc non opératif ou, conséquemment, spéculatif.
 
Cette précision terminologique posée, revenons à ces Maçons « libres du métier », donc « Francs-Maçons », dans le sens encore en vigueur de nos jours.
 
Qui étaient-ils ces Francs-Maçons à l’aube du 18e siècle? D’où étaient-ils issus? Comment se sont-ils organisés? Comment travaillaient-ils dans le cadre des Loges qu’ils ont fondées?
Nous ignorons encore pour l’heure comment des Maçons que nous connaissons tous - comme le pasteur anglican Jean-Théophile Désaguliers et le pasteur presbytérien James Anderson -  furent « faits Maçons ». Nous sommes certains en revanche de l’appartenance des premiers Francs-Maçons  à des sociétés savantes. Nous connaissons en particulier la Royal Society qui regroupait des érudits, des savants en divers domaines, et qui ont posé les fondements de la philosophie des Lumières Outre-Manche. Parmi eux, Isaac Newton qui était à la fois passionné de physique et d’alchimie mais qui, lui, n’était pas Maçon. Ces hommes avaient en commun un idéal de fraternité universelle, de paix et d’humanisme, et ils partageaient une foi intense en la perfectibilité de l’homme et de la société. L’heure était à l’optimisme. Vous savez, cet optimisme que Mozart a si bien traduit dans sa Flûte Enchantée. Un peu dans l’esprit de l’Ode à la Joie: « Alle Menschen werden Brüder… ».
L’esprit ambiant reposait sur la réduction des conflits religieux (alors très marqués entre catholiques et protestants)  par le recours à un concept plus générique qui sera nommé Grand Architecte de l’Univers, conçu comme puissance créatrice.
Ces « Maçons fondateurs » appartenaient  pour beaucoup à l’élite sociale et/ou à l’élite intellectuelle. Mais pas seulement. On trouvait aussi dans ces premières Loges spéculatives des commerçants, des artisans, des bourgeois.
 
Permettez-moi d’introduire ici une remarque concernant la terminologie maçonnique du 18e siècle. On n’y trouve pas ces terme d’ « initié » ou d’ « initiation » qui nous sont si familiers. On était « fait Maçon » ou « reçu Maçon » au cours d’une cérémonie dite de réception et non d’initiation. Parenthèse fermée.
 
Nous ne disposons pas des rituels en usage avant les deux premières décennies du 18e siècle . Mais il est aisé d’en comprendre la raison. Comme c’est encore le cas aujourd’hui dans les Rites anglo-saxons, le rituel était appris par coeur. Cela ne doit pas nous impressionner: il était en effet extrêmement court (sans doute de l’ordre d’un quart d’heure). Tous les Frères étaient debout, à l’exception du Vénérable de la Loge. Les premiers rituels qui ont été rédigés témoignent encore de la brièveté de leur exécution. Je reviendrai aux rituels dans la deuxième partie de ma planche.
 
Je reviens à la théorie de l’emprunt. Celle-ci, aujourd’hui scientifiquement incontestable et considérée désormais comme telle, expose une construction progressive, au-delà des querelles politiques et religieuses, par des emprunts de symboles, de signes et de coutumes à d’anciennes corporations de Maçons telles qu’elles apparaissent, entre autres, dans les « Old Charges » ou « Anciens Devoirs » et auxquelles sont ajoutés des récits partiellement ou totalement légendaires.
 
Quoi qu’il en soit, la théorie de l’emprunt souligne clairement l’aspect exclusivement culturel et symbolique emprunté à la Maçonnerie opérative.
La théorie de l’emprunt invalide évidemment la théorie de la transition.
 
Quoique universellement admise aujourd’hui, la théorie de l’emprunt rencontre une certaine résistance dans quelques courants conservateurs de la Maçonnerie qui lui reprochent de réduire un Ordre initiatique pérenne à une société philosophique et humaniste issue du courant des Lumières. Les Maçons réfractaires à la théorie de l’emprunt  préféreraient considérer la Maçonnerie comme une étape d’un continuum initiatique issu de la haute antiquité, égyptienne notamment. Ils la rattachent aux mystères orphiques et pythagoriciens, comme aux incontournables Ordres chevaleresque du Moyen Âge et en particulier celui des Templiers. Ce courant maçonnique récuse d’autant plus vivement les résultats des travaux de la recherche universitaire qu’il veut ignorer les fondements mêmes de la critique historique.
 
LA DIVERSITE DES RITES
 
Je vais entamer à présent,  si vous le voulez bien, la deuxième partie de mon exposé. Il portera sur la diversité des Rites.
Chacun d’entre nous, à l’occasion de visites que nous effectuons dans des Loges, prend conscience du large éventail de Rites maçonniques pratiqués de nos jours. Nous allons tenter de clarifier cette diversité mais je vous propose de ne retenir que les Rites les plus connus et pratiqués en Suisse romande.
 
La suite de la théorie de l’emprunt
 
Nous revenons à la théorie de l’emprunt parce qu’elle explique aussi le processus d’élaboration des Rites maçonniques au cours des 300 dernières années.
Partons d’un exemple, celui de Rite de Memphis-Misraïm, sans doute le plus complexe. On y trouve les trois candélabres, Sagesse, Force et Beauté, placés aux angles Sud-Est, Sud-Ouest et Nord-Ouest. C’est donc un emprunt au Rite Ecossais Ancien et Accepté. Les Surveillants sont placés au pied des colonnes J et B. J attribué aux Apprentis et B aux Compagnons. C’est donc un emprunt au Rite Français. On note la présence d’une bougie sur le plateau du Secrétaire (à l’origine, dans le but de faciliter l’écriture), c’est donc un emprunt au Rite Ecossais Rectifié. Sur l’autel du Naos, on relève la présence de la règle de 24 pouces, c’est donc un emprunt au Rite Emulation.
 
Des emprunts assez hétéroclites peuvent - hélas - concerner des Loges qui pratiquent un Rite maçonnique indéterminé. La Loge Le Progrès à l’Or. de Lausanne où je fus initié en 1973, était l’une d’elles. Dans son rituel d’initiation par exemple, on percevait très clairement des emprunts au Rite de Schröder , au Rite Ecossais Rectifié  au Rite Français et au Rite Ecossais Ancien et Accepté. Tous les rituels faisaient l’objet de réécritures diverses au fil des lustres.
 
La cause de l’indétermination de ces Rites est bien connue: après avoir rendu visite dans une Loge, tel élément symbolique ou tel autre opérait une sorte de séduction sur le visiteur qui suggérait à sa Loge propre de procéder à son incorporation. Celui qui vous parle a passé deux fois l’épreuve de la terre (cabinet de réflexion et récipient contenant du sable), deux fois l’épreuve de l’eau (la main plongée dans un bassin d’eau puis une aspersion), deux fois l’épreuve du feu (la main passant au-dessus d’un bassin contenant de l’alcool à brûler et trois flammes issues d’une pipe à lycopode), mais l’épreuve de l’air m’a été épargnée pour une raison qui m’échappe.
 
Dans les années 1930, ces rituels constitués d’emprunts à des Rites divers gênaient quelques Frères genevois de la Loge Fidélité et Prudence de l’Alpina à l’Orient de Genève. Plutôt que d’opter pour un Rite bien défini, ils ont décidé de mandater une commission présidée par le Frère François Ruchon pour créer de toutes pièces un Rite nouveau, qui fût une sorte de Rite plus épuré et plus cohérent. En 1936, l’Alpina a intégré ce Rite sans difficulté. Il est encore en usage dans cette Loge ainsi que dans quelques Loges du Grand Orient de Suisse.
 
Les Modernes et les Anciens
 
Il nous faut aborder à ce stade la querelle des « Modernes » et des « Anciens ». Pourquoi? Parce qu’elle va nous aider à mieux saisir la formation des Rites maçonniques.
Au début du 18e siècle, il n’existait en Angleterre qu’un seul Rite maçonnique. Il ne portait alors aucun nom. C’est à ce Rite que travaillaient notamment les quatre Loges de Londres et Westminster (L’Oie et le Grill », « Le Pommier », « La couronne », « Le gobelet et les raisins »). Ces Loges ont choisi de se rassembler en une sorte de fédération qui portera le titre distinctif de Grande Loge Unie de Londres et de Westminster et qui deviendra par la suite la Grande Loge Unie d’Angleterre, Obédience qui régira le fameux concept de régularité maçonnique jusqu’à nos jours et qu’il me plaît de ne pas aborder aujourd’hui.
 
Vers 1750, les iles britanniques voient l’implantation d’un Rite légèrement différent. Ce Rite nouveau est produit par l’arrivée en Angleterre de Maçons irlandais et donc catholiques sous la conduite d’un marchand de vin, Laurence Dermott. Une querelle entre les tenants de ces deux Rites va s’activer très rapidement. Les membres du nouveau Rite se proclament - paradoxalement-  les « Anciens » et par dérision accusent leurs prédécesseurs d’être des « Modernes » alors qu’en réalité c’est le Rite des « Modernes » qui est le plus ancien.
 
A mes yeux, cette querelle qui va durer jusqu’en 1813, repose sur des fondements relativement anecdotiques, tout au moins pour un Maçon d’aujourd’hui. La différence entre les deux Rites concerne essentiellement l’emplacement des deux Surveillants, l’attribution des mots J et B aux deux premiers degrés et le positionnement des trois candélabres.
Pour le reste, tout ou quasi tout est identique.
Après des décennies d’invectives et de querelles parfois très violentes, les Frères ennemis se réconcilieront en 1813 dans une seule Obédience: ce sera la Grande Loge Unie d’Angleterre. Cette union doit peut-être son existence au fait que les deux Grands Maîtres, le duc de Sussex et le duc de Kent étaient frères de sang. En 1823, la Grande Loge Unie d’Angleterre se dote d’un Rite en s’inspirant de celui des Anciens: le Rite Emulation et le Rite des Modernes disparaît du paysage maçonnique.
 
Mais, lorsque la Franc-Maçonnerie s’établira en France, c’est-à-dire à partir de 1725, c’est donc le Rite des Modernes qu’elle adoptera et conservera et c’est ce Rite qui, du fait il n’est désormais plus pratiqué qu’en France, prendra tout naturellement le nom de Rite Français.
 
Si nous lisons les divulgations maçonniques anciennes comme « La Maçonnerie disséquée » (Masonry dissected) de Samuel Prichard qui date de 1730, ainsi que les premiers rituels écrits, nous prenons conscience des éléments constitutifs du symbolisme maçonnique de la première moitié du 18e siècle. En voici un très bref aperçu.
 
La Loge est un lieu couvert, extérieurement et intérieurement. Les Tenues se tiennent dans une salle très ordinaire où l’on découvre au centre un tapis de Loge, élément essentiel puisqu’il réunit tous les symboles maçonniques du degré concerné: portail du Temple de Salomon, pavé mosaïque, colonnes J et B, équerre, niveau et perpendiculaire, pierre brute et pierre cubique, soleil et lune, etc. Autour de ce  tableau, trois piliers, aux angles Nord-Est, Sud-Est et Sud-Ouest. A l’Orient, le plateau du Maître en Chaire et son siège. Sur le plateau, une Bible et un compas. Tout autour du tableau, debout, les Frères. Chaque Officier porte un sautoir avec l’attribut de sa fonction. Le couvreur, épée à la main, près du porche d’Occident, le Premier et le Second Surveillants respectivement au Sud-Ouest et au Nord-Ouest.
Le profane est préparé dans une pièce séparée du Temple, et sa vêture est identique à celle qui est encore en usage aujourd’hui. Remarque importante: le cabinet de réflexion est inexistant. Le profane fait le tour de la Loge, les yeux bandés, conduit par un Expert vers le Maître en Chaire. Remarque importante: il n’y a aucune épreuve au cours de son déplacement. Il prête son obligation, on lui retire le bandeau et il accède à la lumière. Remarque importante, la coupe d’amertume n’existe pas. Il est vêtu d’un tablier de cuir et reçoit des gants blancs. Une exhortation est donnée en fin de cérémonie puis on passe à la fermeture des Travaux. Remarque importante: le rite de la chaîne d’union est totalement inconnu.
Voilà pour le Rite des Modernes. Celui des Anciens inverse les colonnes, modifie l’emplacement des Surveillants et des trois candélabres.
On estime que la durée du rituel ne devait pas excéder un bon quart d’heure. Remarque importante: toutes les Tenues sont axées sur les cérémonies de réception aux trois degrés et la pratique de la lecture de planches est totalement inconnue. C’est encore le cas, aujourd’hui, dans tous les Rites anglo-saxons comme un moyen d’éviter des discussions d’ordre politique ou religieux.
 
Deux facteurs importants vont se manifester entre la fin du 18e siècle et la fin du 20e. Le premier, c’est l’extension géographique: des Loges vont s’implanter sur quasi toute la surface de la terre et les cultures sont différentes d’un pays à un autre. Si je devais me résumer en une seule question, comment un Maçon suédois, chrétien et monarchiste, peut-il s’y retrouver dans une Maçonnerie française laïque et républicaine? Et réciproquement, évidemment.
Le second, est d’ordre rédactionnel: à mesure que les années passent, les Rites se complexifient.
Les Rites ne cessent de se multiplier mais beaucoup finissent par s’étioler avant de disparaître. C’est le cas notamment du Rite de la Stricte Observance Templière fondé en 1755 et disparu peu après le décès de son fondateur, le baron von Hund, en 1776.
 
Voici une brève chronologie des principaux Rites maçonniques:
 
Vers 1725, c’est naissance de la Franc-Maçonnerie en France. Elle est importée par des émigrants anglais et pratique intégralement le seul Rite alors en usage en Angleterre, celui qu’on qualifiera de « Rite des Modernes » à partir de 1751 et qui, en France, prendra plus tard le nom de Rite Français.
 
1751 Des Maçons irlandais émigrent en Angleterre. Sous la houlette de l’un d’eux, Laurence Dermott, on assiste à la création du « Rite des Anciens ». Dermott qualifie, par mépris, le Rite existant de « Rite des Modernes » alors qu’il lui est antérieur de près d’un demi-siècle.
 
De 1751 à 1813, en Angleterre, on assiste pendant plus de soixante ans à un conflit des Anciens et des Modernes qui s’achèvera en 1813, par l’union des Anciens et des Modernes aboutissant à la création de la Grande Loge Unie d’Angleterre.
 
1755 marque la fondation de la Stricte Observance Templière en Allemagne par le baron von Hund et qui influencera le Rite Ecossais Rectifié. Ce Rite disparaîtra vers 1776.
 
1785 Sous la direction de Roëttiers de Montaleau, le Grand Orient de France procède à la fixation du Rite Français : le Régulateur du Maçon qui sera imprimé en 1801.
 
1759 Fondation du très chrétien Rite Suédois pratiqué en Scandinavie et dans le nord de l’Allemagne.
 
1782  Fondation au Convent de Wilhelmsbad du Rite Ecossais Rectifié, inspiré  des Modernes, de la Stricte Observance Templière et de Martinès de Pasqually.
 
1801 Fixation du Rite Ecossais Ancien et Accepté fondé en 1801 à Charleston et inspiré des Anciens.
 
1810 Le Rite de Misraïm, inspiré des Anciens, est développé par les Frères Bédarride.
 
1811 Création du Rite de Schröder, inspiré des Modernes et pratiqué en Allemagne, Autriche, Hongrie et Suisse.
 
1823 Fixation en Angleterre du Rite Emulation, inspiré des Anciens.
 
1838 Rite de Memphis, inspiré des Anciens, codifié sous l’influence de Marconis de Nègre.
 
1881  Fusion par Garibaldi des deux Rites égyptiens sous l’appellation de Rite de Memphis-Misraïm. Il sera réformé en profondeur par Robert Ambelain en 1960. Ce Rite, dans sa version Ambelain, est issu des Anciens avec de nombreux emprunts aux Modernes.
 
1931 Codification à Genève du Rite Ruchon.
 
1974 Fondation par Jacques de La Personne du Rite Opératif de Salomon, rite composite inspiré de plusieurs Rites, entre autres : Français, Emulation, York et Ecossais Rectifié.
 
Les Rites ne se complexifient par uniquement par des emprunts à d’autres Rites mais aussi par l’apparition de grades nouveaux. C’est ainsi qu'on a vu apparaître peu avant 1730 le 3e degré avec le mythe d’Hiram, totalement inconnu de la Maçonnerie originelle qui ne connaissait que les deux degrés d’Apprenti et de Compagnon.
 
Au fil du temps on a vu apparaître le cabinet de réflexion et son symbolisme moral et alchimique, le breuvage d’amertume et les quatre éléments dont trois caractérisent les « voyages ». Plus récemment, on a assisté dans beaucoup de Loges de différents Rites à l’introduction du fil à plomb à la verticale du centre de la Loge ainsi que celle  de reflets compagnonniques à l’issue du rituel du 2e degré. On a vu apparaître beaucoup d’autres choses encore qui auraient étranges voire irrecevables au regard d’un Maçon de l’époque d’Anderson et de Désaguliers.
 
Plus le temps passe, semble-t-il, plus la Maçonnerie est encline à emprunter ici et là: à la kabbale, à l’alchimie, au Compagnonnage, aux Ordres chevaleresques. Il s’agit le plus souvent d’une kabbale de pacotille et d’un hermétisme de fantaisie, mais là n’est pas mon propos aujourd’hui.
Toujours est-il que la théorie de l’emprunt dont nous parlions au début de cette planche ne cesse de se confirmer par la continuité du recours à d’innombrables emprunts au fil du temps.
 
 
CONCLUSION
 
La diversité des Rites maçonniques n’altère en rien l’unité qui les caractérise.
Même si comparaison n’est pas raison, osons une double image comparative dans le domaine musical.
Un guitariste peut jouer de la guitare classique, de la guitare de jazz ou de la guitare électrique mais il s’agit toujours d’un instrument qui se compose d’un corps, d’un manche et de six cordes mi la ré sol si mi. Les effets sonores, aussi différents soient-ils, n’empêchent que quel que soit le type de l’instrument, il s’agit toujours d’une guitare.
Semblablement, les Rites maçonniques, pourtant si différents du point de vue formel, relèvent des mêmes concepts constitutifs: mêmes références au passage des ténèbres à la lumière, mêmes références à la symbolique de la construction et au Temple de Salomon, mêmes moyens de reconnaissance, mêmes recours à la symbolique des nombres, et ainsi de suite.
Comme des instruments de musique, ils diffèrent par des aspects formels, par des résonances particulières, par leur style. A ce propos, il est intéressant de relever que dans la Maçonnerie anglo-saxonne on a recours au terme « working » pour exprimer le terme même de Rite. Ainsi faudrait-il traduire « Emulation working » par « style Emulation » plutôt que par « Rite Emulation ».
Chaque Rite maçonnique correspond de fait à un « style » particulier. Un fauteuil Louis XV se distingue clairement d’un fauteuil de style Empire, mais il s’agit toujours d’un fauteuil et l’usager peut avoir une préférence pour tel style de fauteuil plutôt que pour tel autre.
La Maçonnerie offre une mosaïque de styles différents dont certains conviennent mieux que d’autres aux Maçons en fonction d’aspects culturels particuliers. Il se trouve des Rites plus ou moins déistes, plus ou moins chrétiens, plus ou moins laïques, plus ou moins spiritualistes, ou plus ou moins bien adaptés à une conception sociétale ou à une conception introspective de la Maçonnerie. Mais l’ossature ou, si l’on préfère, les fondamentaux, est commune à tous les Rites.

 Jacques Herman, 2021
 ​©  Jacques Herman 2021/Cahiers Bleus
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Jacques Herman - Une collection d'aquarelles

5/6/2021

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Les années passent la beauté reste...
​Herman, Jacques; peintre, poète, penseur...

Né en 1948 à Tirlemont (Belgique), il s’est établi en Suisse en 1970.  Jusqu’à sa retraite, il  a été professeur de français et d’histoire au Collège du Belvédère à Lausanne, au Collège Arnold Reymond à Pully et au Gymnase du Soir.

Il a publié une trentaine d’ouvrages d’histoire et de poésie* mais il se consacre surtout, depuis 2002,  à la technique de l’aquarelle.  

Il a été initié en 1973. Premier Maître en Chaire de la Loge René Guénon, profondément attaché à la liberté absolue de conscience et à la Maçonnerie libérale, il démissionnera de sa Loge aussitôt que celle-ci exprime des velléités de rejoindre l’Alpina.

Membre fondateur des Cahiers Bleus en 1985, il a été successivement Grand Chancelier puis Grand Maître du GOS. 
 
Il est membre de la Loge Horus-Râ (Fédération Memphis-Misraïm) à l’Orient de Lausanne, du Suprême Conseil du REAA du GO de Roumanie et de la Loge Alexandru Vaida Voevod (Grand Orient de Roumanie) à l’Orient de Cluj.

Toutes les images de cette collection sont protégées par le droit de l'auteur.
​
Œuvres:
De la Pierre Philosophale, Ed. Tetrasomia, Oubesk, 1984 (ill. de V. Agapiescu)
Les Gerfauts, Ed. G. Boulianne, Montréal, 2006 (préface de Philippe Lemoine)
Les Tartanes, Ed. du Madrier, Pailly, 2007 (Préface de Luce Péclard)
Les Couleurs de l'Amer, Ed. du Madrier, Pailly, 2007 (Préface de Jacques Tornay)
De Vlaamse Gedichten, Ed. du Madrier, Pailly, 2008
La Sittelle, Ed. du Madrier, Pailly, 2008
L'homme de paille, Ed. du Madrier, Pailly, 2009
Clouer le bec au temps, Ed. du Madrier, Pailly, 2009
De l'aube à l'aube, Ed. Flammes d'âme, 2010 (Préface de Jean-Marc Theytaz)
Finis Gloriae Mundi, Ed. du Madrier, Pailly, 2010 (Préface de Ronald Fornerod)
Les ateliers d'écriture. Éviter les pièges et progresser, Ed. Cabédita, 2010
Et un ciel dans un pétale de rose, Poèmes entrecroisés, coécrit avec Maria Zaki, Paris, L'Harmattan, 2013.
Le Phénomène Maçonnique Décortiqué, Ed. AVV Media, Cluj-Napoca, 2014.
Risées de sable, coécrit avec Maria Zaki, Paris, L'Harmattan, 2015.
Un tout autre versant, coécrit avec Maria Zaki, Paris, L'Harmattan, 2016 (Préface de Jacques Tornay).
Hormis le silence, Poésie entrecroisée, coécrit avec Maria Zaki, Bilingue (français-arabe), Paris, L'Harmattan, 2017.
Les signes de l'absence, Poésie entrecroisée, coécrit avec Maria Zaki, Bilingue (français-italien), Alberobello-Paris, Aga-L'Harmattan, 2018.
Introduction et traduction de Mario Selvaggio.
Comme l'aimant le fer, Poésie entrecroisée, coécrit avec Maria Zaki, Paris, L'Harmattan, 2020.
Dialogue en aphorismes, coécrit avec Maria Zaki, Bilingue (français-anglais), Paris, L'Harmattan, 2020. Introduction et traduction de Matthew Brauer.
Publications dans le domaine de l'histoire :
150 Documents d'Histoire Générale de 1789 à 1973, Ed. Payot, Lausanne, 1973 (avec J.J. et F. Bouquet et L. Hubler)
160 Documents d'Histoire Générale de 1789 à 1983, Ed. Payot, Lausanne, 1973 (avec J.J. et F. Bouquet et L. Hubler)
Mémento d'Histoire Universelle, Ed. R. Bettex, Lausanne, 1978
Leitfaden der Weltgeschichte, Klett und Ballmer Verlag, Zug, 1981
La ville au moyen âge,DIPC, État de Vaud, 1983 (avec P. Isoz)
Quelques pas dans l'Histoire, DIPC, État de Vaud, 1983 (avec P. Isoz)
Histoire de la Commune de Préveranges, Ed. Foma, Lausanne, 1984 (avec P. Isoz)

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Plaidoyer pour les Ordres de Sagesse

6/3/2021

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Un appel qui vient du cœur et un document de reference pour les Hauts Grades du Rite Français. L'auteur, l'I:.F:. Alain Druart, Grand Conservateur du GCGMB, auteur de plusieurs écrits et reflexions qui font reference pour le développement des Ordres de Sagesse, a eu la gentillesse de nous permettre de reproduire ici ce texte publie initialement par UMURM.
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Sept signes de la Bête...

3/12/2020

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© Ioan Tenner 2012-2020 *
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Homo homini lupus? Graphisme de Jean-Paul Bielmann 2016 - 2021
​Le monde bouge. Les peuples se regardent de plus près. Trop près pour des cultures asynchrones. Les roues de l'histoire se remettent-elles en marche ?

La mondialisation des technologies, de l’argent sans pays, et des fléaux sans frontière, gouverne incontrôlable pour les états encore démocratiques. Les inégalités, les misères, les injustices débordent, face-à-face, les gagnants et perdants vocifèrent, ils réclament de nouveaux équilibres, leur propre ordre du monde.
Une jeunesse frustrée, a soif d’espoir, d’émotions fortes et de solutions à portée de main.

Des idéaux, des certitudes et des valeurs ont vieilli, des autorités trahissent et déçoivent. D'autres promesses se lèvent.
 
Vous les voyez venir, pleines de foi et d'énergie; c'est peut-être vrai, comme dit Victor Hugo,  que rien ne peut arrêter une idée dont le temps est venu. 

Mais, s’agit-il vraiment d’idées ? Les populismes du jour ont plutôt l’air de contagions de mentalité primaire et de mauvaise humeur , 
qui n’ont que faire de la Raison et des idées claires.

C'est le moment de bien ouvrir nos yeux et comprendre les signes précurseurs du nouveau monde qui nous envahit, si on laisse faire.

Tel mouvement qui nous interpelle, si plein de conviction authentique et de vigueur, si critique des maux du présent : 
​
•  Apporte-t-il lumière ou obscurité ?
• Est-il un choix ou une voie unique qui ne tolère pas la différence?
• Aime-t-il ou déteste-t-il les humains? Méprise-t-il notre civilisation? Est-il suspicieux et hostile au monde entier?
• Voit-il sa foi plus vraie que toute autre, plus précieuse que la vie et le bonheur des personnes?
• Respecte-t-il ou cherche-t-il à contrôler, notre ultime intimité, notre vie privée, notre liberté de croire et de penser?
• Invoque-t-il les émotions qui réunissent ou la haine et la violence ? 
• Construit-il quelque chose de bénéfique, ou propose-t-il seulement d'être contre et de détruire?
• Propose-t-il plus de  liberté, ou plus de contrainte ?

Si les réponses à ces questions sont défavorables, méfiez-vous ; c’est une rencontre avec la Bête.

Mes pages, écrites entre 2012 et 2020, proposent des signes pour reconnaître un mal humain collectif qui a déjà ravage notre civilisation le siècle passé : appelez-le déshumanisation, contagion de la mentalité fanatique, totalitarisme renaissant ou tout simplement, la Bête.  Mon vœu est que nous partagions cette 
compréhension, pour établir ensemble les moyens d'agir contre ce monstre.
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Laocoon_Pio-Clementino_PD
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​Je ne sais pas qui sera le porteur de la dystopie à venir; le fanatisme fondamentaliste, la haine primaire xénophobe ou raciste, le délire mondialisé du marché et de l'argent, la rapacité de la «propriété intellectuelle et génétique», l’idolâtrie et l'asservissement aux machines, la mort programmée de la vie privée ? Serait-ce peut-être une renaissance biologique de la haine de tous contre tous, incarnation de la misère, de la peur, de l’inégalité, l’exaspération d’une démographie galopante ? Ou plutôt un choc des civilisations ? Une dégénérescence populiste de la démocratie occidentale? Est-ce notre avidité qui dévore la planète, les pandémies nées de notre irresponsabilité, ou au contraire l’idée que l’homme doit périr pour sauver la vie et le paysage ? Est-ce tout bêtement le banal et éternel retour des anciens démons qui ont déjà sévi ? Que sais-je ?

Ce que je crois savoir est que tous ces monstres se ressemblent dès qu’ils arrivent au pouvoir et même leurs indices avant-coureurs ont un air de famille. 

Pour arrêter les nouvelles Bêtes qui se lèvent parmi nous, il nous faut mettre en évidence leurs signes annonciateurs; ceci permettrait aux innocents qui n'en ont pas eue déjà la mauvaise expérience, de distinguer tôt la vraie face du mal. Car la Bête se déguisé sans cesse en idéal pur et en critique engagée des maux du présent. Ses adeptes sont souvent jeunes, idéalistes, sincères, prêts à se sacrifier.
֍
Pour discerner la Bête qui approche, je propose sept signes précurseurs. Je cherche aussi les mots pour les démasquer. 

Dans l’appel passionné des mouvances qui hantent l’Occident de ce début de millénaire, vous allez souvent retrouver ces sept signes de la Bête: ​

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Le Monde Demain, thème de reflexion G:.O:.S:. de l’année 6020-21

3/12/2020

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En attente de la synthèse des travaux des RL du GOS au sujet de l’année 2020-21 « Le Monde Demain », nous gardons ici telle-quelle, la collection des contributions reçues qui continue à s'accroitre. 

Le sujet initial, Le Monde apres...le Covid... a déjà glissé, par une série de malentendus. Il est devenu "LE MONDE, DEMAIN"  L'intention du sujet est pourtant d'inviter les pensées de chacun sur l'après pandémie: en quoi notre monde, atteint par la pandémie, s’annonce diffèrent de notre monde maçonnique habituel?

Une grande crise menaçait de remettre en cause tant de choses! Notre vie de citoyens et maçons sera-t-elle changée ?

Avec les mois vides qui ont passé, les travaux qui avançaient un peu au printemps 2020 sur « Le Monde de demain » ont tari. Ils semblaient aussi un peu naïfs dans ce «Monde avec…» qui persistait (et persiste) à n’en plus finir. Il apparaît même qu’il est trop tôt pour discuter du «Monde après le Covid». Surtout, avant de refaire le Monde-en général, comme d’autres Orients qui pensent, visionnaires, à la société du futur, il nous faut déjà repenser notre travail en Loge et reconstruire notre chantier intérieur de maçons. La charité commence à la maison.

Au printemps 2021, le thème réel qui s’impose-t encore pour toute l’année maçonnique semble être le ¨Monde avec¨ plutôt que celui d’après le Covid. 

Quelques contributions nouvelles ont été reçues, l'une après l'autre, nous les enregistrons en mémoire ici, elles sont des témoignages précieux. D'autres contributions de reflexion continuent à nous parvenir, elles sont bienvenues. Les préoccupations du printemps 2020 étaient focalisées sur les conséquences ressenties et un avenir imaginé, un peu utopique ; les reflexions récentes rajoutent à ces documents qui seront une référence intéressante. 

Maintenant on voit qu’il ne faut pas se dépêcher, le changement est en cours. De plus on commence à voir une perspective positive.

A la fin de l’année 6020, le GOS était devant une situation assez dramatique dans ce « Monde avec le Covid » qui qui confinait tout. Il est peut-être temps, avec l'été 2021, de continuer une réflexion – individuellement, dans les Loges et au niveau de l’Or :.,  entier - sur ce que nous devons faire et changer pour que notre GOS revive et fleurisse ... 

Nous avons consigné ce que nous avons reçu. Bien entendu les envois ultérieurs seront bienvenus et inclus. (Red.)
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